Too late, too late Oh, not too late I believe that there must be a reason It's too latе, too late Oh, not too late Find the light to facе someday
sarasvati
ootd - Et dès l’instant où son regard crocheta le sien, il sut avec certitude qu’il était retombé amoureux de lui. Il le fuit, entraîna derrière lui cette jeune femme vers un endroit plus discret. Il avait terminé son service plus tôt et s’était engouffré à une soirée qui n’était pas terminé malgré les premières lueurs du matin. La fatigue l’avait depuis longtemps gagné, l’engouement de ses collègues l’avait aussitôt fait changer d’avis. Il avait souri et avait avalé d’une traite le premier verre. Il n’avait pas cours le jour suivant, il avait des projets pour la journée mais il s’en occuperait plus tard. Il avait participé à des jeux, s’était amusé et avait laissé ses yeux parcourir le corps du désir proscris à son âme. Quelle importance ? Tu n’as jamais quitté mes pensées. Perdu à des mains félines, il crut être capable de s’adonner au jeu nuisible sans y parvenir. Il la repoussa, se ficha de ses protestations et se rhabilla. Il n’était pas dans le coup et désormais, il préférait rentrer. Ses jambes le portèrent à l’extérieur et il leva le visage vers le ciel orangé. Le soleil avait pris du retard, il se dessinait à l’horizon avec faiblesse. Il sortit son paquet de cigarettes et s’en alluma une. Mains tremblantes, gestes incertains. Il l’entendait, il l’entendait parfaitement la petite voix lui murmurant d’y retourner et de le retrouver. De s’attacher à la chaleur de son corps et de humer le parfum des années passées. Celles où il n’avait appartenu qu’à lui, celles où la trahison était indétectable. Il déglutit et s’accroupit en passant une main dans ses cheveux. S’il les accrochait avec fureur, cela le garderait-il à la réalité bruyante ? Il se redressa et entreprit de rentrer. Il n’irait pas, il ne serait plus qu’une image dissipée à ses yeux. C’était terminé, il n’y avait pas de retour en arrière possible. N’est-ce pas ? Cependant, il se retourna automatiquement à l’appel de son prénom au son de sa voix. Elle transcenda son être, elle lui rappela à quel point il l’avait aimé et qu’il l’aimait toujours. Il plongea ses prunelles opaques dans les siennes et les battements du myocarde s’accélèrent furieusement.
Anan. De nombreuses jours se sont écoulés et ta beauté décadente me coupe une nouvelle fois le souffle. Crains-tu toi aussi de m’avoir retrouvé ? Je ne suis pas sûr d’avoir la force de repousser mes limites dans l’unique espoir de faire ton bonheur.
You’ll probably be surprised when you see me in order to not miss each other I see you from far away but when I called you, why did I say.
sarasvati
( ootd. ) Et dès l’instant où son regard crochète le sien, il sait qu’il n’a jamais cessé de l’aimer. Toutes ces années à braver le vent et la tempête pour ployer sous sa force.
Anan sent ses doigts trembler quand il saisit son verre, le porte machinalement à ses lippes gercées ; mordillées avec nervosité. Que fait-il ici ? Pourquoi aujourd’hui, pourquoi maintenant ? A ses oreilles, ce n’est plus la musique qui résonne avec insistance : ce sont les battements de son cœur. Effrénés.
( Effrayé. )
Le jeune homme déglutit avec difficulté. A ses poignets, les manches de sa veste sombre lui paraissent tout à coup tellement lourdes ; rappellent avec douleur ce qui a suivi leur relation pourtant si agréable. Ses phalanges se resserrent autour de sa boisson, un peu comme sa mâchoire à l’instant où il disparaît de son champ de vision. Avec une fille. Mais Anan n’a rien à dire. Il a juste cette soudaine envie de pleurer qui le tétanise tout entier. On lui propose de boire encore, on lui dit de venir danser, de rencontrer telle ou telle personne. Il refuse tout en bloc. Maintenant qu’il l’a vu, lui, rien d’autre ne viendra hanter ses pensées. Peut-il seulement en conclure quoi que ce soit ? Pourquoi n’est-il pas parti le rejoindre, lui faire un signe, lui dire qu’il est là ? Mael l’a vu. Mael sait déjà tout ça. Et Anan s’effrite, peu à peu. Cette soirée n’est plus amusante du tout. Il repose son verre, le repousse pour pianoter sans aucune concentration sur son portable. Il ferait mieux de rentrer chez lui. Toutefois, cela semble attirer. Un homme bien plus âgé s’avance, tente une approche ou deux. Anan lui décoche un regard glacial, se renferme dans son attitude et s’efface complètement. ça dissuade assez, juste assez pour que, lorsqu’il l’observe s’en aller, il retrouve cette surprenante verve qui le transcende. Il manque de tomber en s’entravant dans les pieds de la table, ne se retourne pas aux maugréments de ses amis, se précipite à l’extérieur, le cœur au bord des lèvres et le corps secoué de spasmes qu’il ne parvient pas à réprimer. Et dans la nuit, Anan crie son prénom. Essoufflé, il reste à une certaine distance, voit sa silhouette se stopper, pivoter. Les iris s’agrippent les uns aux autres. Anan a l’impression que ses genoux vont finir par céder sous son poids. Il n’en est rien, pourtant. – Mael… C’est un murmure qui vient franchir ses nymphes abîmées. Un soupir né d’une vieille promesse. Fantôme d’un passé qu’il a fait voler en éclats. Lentement, le plus jeune s’approche de cet homme qu’il redécouvre. L’arête carrée de sa mâchoire continue de le séduire, la forme de ses larges épaules contrastant avec sa taille plus fine, joliment cintrée. Et toi, à quoi ressembles-tu, Anan ? A r i e n. Ses pas s’arrêtent. A un mètre à peine de Mael. – Je… Est-ce que je t’ai manqué ? Une légère brise de vent vient balayer le visage du garçon, repousse ses cheveux en arrière.
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sarasvati
ootd - Bien évidemment que tous les souvenirs remontèrent à la surface. Leur rencontre, leurs premiers fous rires, leurs premiers baisers, leurs premières folies, leur première fois, leurs premières disputes et les indispensables moments de complicité, de proximité et d’intimité incommensurable. Ils s’étaient liés l’un à l’autre dès l’instant où leurs regards s’étaient attrapés et ils étaient pourtant si jeunes à cette époque. Ils n’avaient pas eu besoin de jouer les timides, ils s’étaient entendus dès le premier mot entendu. Était-il tombé amoureux aux premières minutes écoulées ? Il savait au moins avec certitude qu’il se l’était fait sien à son plus jeune âge, cet homme serait sa marque vive pour l’éternité. Malgré les souffrances, la trahison, les pleurs et les cris incessants, et les vices mal contrôlés. Anan était sa kryptonite. Il aimerait sourire, lui faire croire que l’impossible était derrière eux. Cependant, il se contenta de soutenir son regard et de contenir son sang-froid. Devant lui, la statut réel se fissurait et s’effritait de ces sensations fulgurantes qui martelaient l’âme à coups de poings enchanteurs. Il ne recrachait que la fumée de sa cigarette sans bouger, il ne voulait pas être le premier à parler. Ce n’était pas lui qui avait fauté - t’ai-je malmené sans le vouloir ? Anan l’aimait, il n’avait aucune raison d’aller voir ailleurs. Une conversation qui avait mal tourné, une jalousie mal placée. Une foutue énième jalousie de trop. Et les petits mensonges qui ne formèrent plus qu’une boule indélicatement corrompue. Il n’avait pas cru, Mael, que cela puisse se produire et le pardon ne serait pas une solution au problème. Tant pis, déchirement de deux êtres jusque-là unis à la perfection et plongeon abyssal des éclats défragmentés.
Anan, je t’aime.
Il le laissa s’approcher, à bout de souffle. Beauté grandissante, iris brillants au clair de lune. Et ce petit grain de beauté propre à lui-même qu’il passait du temps à embrasser chaque jour. Silhouette inchangée, mais plus en vogue et évolué avec l’âge. Il avait toujours su qu’il deviendrait cette forme désinvolte prête à faire fondre les regards froids alors que sa jeunesse le poussait à ne pas aimer presque chaque personne qui l’approchait.
« Si je te réponds oui, qu’est-ce que tu feras ? »
Il souffla sa fumée de cigarette au visage, garda les mains dans les poches. Il pencha légèrement son visage vers le sien et il observa le vent balayer ses cheveux couleur de jais. Il se mit à sourire, sa cigarette coincée entre ses lippes, et il retira une main de sa poche. Il saisit la nicotine dévastatrice entre ses longs doigts méticuleux et la proposa à Anan. Comme avant.
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sarasvati
( ootd. ) Soutenir le regard de Mael est difficile. Toutes les fautes dans ses yeux le ramènent des années en arrière et il se rend bien compte que ce n’est pas si loin que cela. Les blessures demeurent réelles quand, à ses poignets, il a choisi de les camoufler pour des motifs moins effrayants. Anan déglutit, tiraille sur les manches de sa veste de ses doigts qui en dépassent à peine – mal à l’aise. Il l’a retenu pourtant, lui a couru derrière en l’appelant. Ne t’en vas pas. Il aimerait lui montrer combien il a grandi, l’homme qu’il est devenu malgré tous les événements qui se sont présentés à lui. Il souhaiterait lui transmettre cette aura qu’il a toujours transporter ; pour lui dire qu’il ne l’a jamais oublié, lui. Il lui a toujours manqué. Toujours beaucoup. Jamais peu. Perdre son premier amour signifie perdre la raison. Atteindre la folie. Pourtant, n’est-ce pas lui qui l’a trahi ? Anan fait un pas en arrière, baisse à peine le visage lorsque la fumée de la cigarette l’atteint. Me trouves-tu encore beau dans l’ombre de cette nuit sans fin ? Il frissonne de la réponse obtenue, de ce rapprochement qu’il n’osait même pas espérer dans ses pensées.
Foudroyé. Anan craint suffoquer. Peut-être à cause de la fumée. (Ou d’autre chose.)
Partager une cigarette, comme avant. En a-t-il seulement le droit ? Anan n’est qu’un gamin effronté qui recherche sa moitié. Pourtant il se hait. Ô combien il se hait – pour avoir fauté. Mais si Mael est là, s’il s’est retourné, qu’il a avoué ce manque… Le cœur battant, le cadet se redresse un peu, attrape la barrette de nicotine sans aucun contact. L’observe une seconde ou deux avant de la glisser entre ses lippes abîmées. Il tire une latte, tousse un peu. Cela fait aussi longtemps qu’il n’a pas fumé. Il n’en est pas particulièrement avare, a juste connu ce plaisir auprès de la silhouette de Mael enchevêtrée à la sienne. Son visage contre son torse, le rire au bord des lèvres, l’odeur qui emplit l’atmosphère. – Je n’ai pas su faire depuis longtemps. Un constat qui écorche sa bouche tandis qu’il rend la cigarette à son interlocuteur, rabat sa capuche sur sa tête. Anan relève le visage vers le ciel sombre dans lequel quelques rares étoiles parsèment l’éternité d’aujourd’hui, de demain. Sa mâchoire se crispe lorsqu’il retient l’océan dans ses iris. Que seraient-ils devenus s’ils étaient restés à deux ? Cette question hante l’étudiant depuis tout ce temps. Les scénarios ont été nombreux et variés pour qu’à la fin il ne lui en reste plus que la triste réalité.
I n f i d è l e.
Les lettres hurlent dans son crâne, le martèlent avec souffrance tandis que ses mains s’agitent, s’agrippent au pull noir de son aîné pour plaquer ses nymphes contre les siennes dans un ballet ardent. Les cils humides, la respiration saccadée, les souffles emmêlés. Il n’y a jamais eu que lui dans toute sa vie. Son âme sœur, son tout. – Je n’habite pas loin… Un nouveau murmure entre leurs deux âmes perdues, abattues par ces retrouvailles inattendues. Anan se sent fiévreux, brûlant de ce baiser qu’il a ravi. Ce goût d’alcool, de tabac ; le parfum de Mael, entêtant. Envoûtant. Ses phalanges n’ont pas relâché son pull, son corps a réduit à néant la distance qui les séparait.
People cannot live alone Don't leave me now, don't leave me now Oh, take me home Take me please out of the dark
Too late, too late Oh, not too late I believe that there must be a reason It's too latе, too late Oh, not too late Find the light to facе someday
sarasvati
ootd - Parce qu’Anan lui avait jeté un sort, il avait cru qu’ils s’appartenaient. Il ne lui avait pas fallu longtemps avant de tomber amoureux et d’entendre se fissurer l’endocarde à son approche. En fait, c’était ridicule, Anan n’avait pas eu besoin de superpouvoirs pour qu’il tombe entre ses bras, le tout qu’il représentait avait fait son effet tout seul. Il l’avait apprécié au premier coup d’oeil, il l’avait aimé au son de sa voix, il l’avait dévoré face à sa jeunesse entêtante et il s’était enivré de son amour infini. Il avait tracé un cercle à travers les matières et ne les avait inclus que tous les deux, aucune substance n’aurait dû s’y infiltrer. Aucune. Il avait composé un avenir pour eux, il les avait vus grandir loin ensemble. Ils auraient été à l’étranger, certainement, ils serait restés accrocher l’un à l’autre, inséparables qu’ils étaient. On les avait mis en garde plusieurs fois, on avait jaugé de très haut leur relation fusionnelle. Ils étaient deux garçons, jeunes, ce n’était qu’une passe. Ils prendraient un jour conscience de la réalité et ils se remettraient à leurs places dans les codes. Ils leur avaient ri au nez parce que ce n’était pas tant de par le sexe qu’ils étaient amoureux mais plus que cela. Au fond, peut-être ne se seraient-ils pas aimés différemment, cependant, Mael aimait à croire que leurs destins se seraient liés dans tous les autres univers aux possibles changements. Anan était son âme soeur, il était soudé à son âme et il ne le laisserait pas s’échapper. C’était ce qu’il s’était promis jusqu’à comprendre que, effectivement, ça ne marchait pas comme ça. Et, au final, la personne qu’il avait le plus détesté pour ses erreurs, c’était lui. Pardonne-moi, Anan. Au travers de ses prunelles, il ressentit la constante fragilité de son âme, brisée en même temps que la sienne le jour où il avait tout mis fin. Il vit le manque le saisir comme il le prit à la gorge parce que l’avoir auprès de lui lui faisait réaliser à quel point sa présence lui était indispensable. Les cieux étaient obscurcies, non dégagées, néanmoins, un filet de lumière perçait à travers les nuages. Y avait-il un espoir ? Alors il se plongea dans ce baiser, lui offrit de l’oxygène volé par la nicotine mal digérée, bien que ce fut à l’intérieur de lui que cela se propagea. Chaleur non négligeable, qu’il agrippa, doigts qui connaissaient le chemin. Qu’est-ce que ça importait ? Il se laissa entraîner, referma la porte derrière lui d’un endroit qui lui était inconnu. Avant, je connaissais pourtant tout de toi. Il n’y avait rien à dire, à décrire si ce n’était le brasier fiévreux qui les posséda tous les deux durant cet instant. Son corps pressé contre le sien, en réclamant toujours plus, avide, affamé, désireux d’y retracer leur histoire, et insatiable. Oh que oui insatiable de ces cicatrices invisibles comme visibles. Je ne suis pas aveugle, Anan. Il ne ferma pas les yeux, il souhaitait que ses prunelles capturent et gravèrent à son essence toute la beauté dévastatrice de cet être qui l’avait rendu heureux comme malheureux.
It only takes one or two so stop taking me out I don't want to be shaken, I'll just disappear like this Killed and alive, don't make me feel mad 'Cause I want to throw it away without any regrets Can you see why?
« Anan, murmura-t-il en glissant une mèche de cheveux derrière son oreille, tu dors ? »
Il pencha son visage vers le sien et déposa un baiser sur sa tempe. Te souviens-tu, mon amour, de nos tristes chroniques ? Des nuits passés à ressasser et à pleurer avant qu’on ne décide de vivre égoïstement pour nous deux. Il se mit à sourire et se redressa. Sa main souhaita partir attraper la sienne, s’arrêta d’abord en chemin à ses nouvelles inscriptions. Pulpe de doigts pressant, caresses déroutantes et il amena le poignet à ses lippes. Souffle délicat et il l’y mordit gentiment.
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sarasvati
( ootd. ) Et il sait, Anan, qu’il est probablement déjà bien trop tard. Quand leurs corps se rencontrent, qu’ils s’étiolent à la chaleur de leurs baisers. Leurs caresses enivrent chacun de leurs sens, détournent la réalité sur des rêves qui n’ont pourtant jamais d’exister. (De subsister.) A travers le temps et les années. Anan a toujours su que toute son âme ne serait à jamais tournée que vers une seule et unique personne. Un prénom qu’il n’ose gémir entre ses lèvres gercées qui recherchent leurs jumelles. Mael. Il est son ange et son démon autant qu’il peut être le sien. A quel moment tout s’est explosé ? Anan a perdu la raison durant une soirée. Il a tout envoyé valser à cause de cette dispute qui n’aura jamais donné de sens à personne. Le cœur en miettes, les prunelles braquées contre celles de son amant, il déborde de la satiété insatisfaite depuis tellement de mois. Ses phalanges sont autant faites de caresses que de rancunes qu’il possède envers lui-même. Il ne mérite pas ce qui est en train d’arriver. Pourtant il s’en nourrit comme un damné, aspire la véhémence de ces ébats qui ne sont que le résultat de leurs déboires d’antan. Et quand les mains s’accrochent plus fort, que les reins se tendent sur ses propres draps blancs qu’il abhorre seul dans le noir, Anan a l’impression que ce moment signe la fin de l’histoire. Dans sa chute, les yeux clos, il laisse sa respiration revenir à la normale. Prendre son temps. Il se sent effrayé de sentir la chaleur de Mael le quitter, entendre la porte claquer, retrouver le calme pesant de cet appartement. Il ferme les paupières plus fort, le dos tourné à la silhouette de son âme sœur, tétanisé de peur de le voir partir. Que vient-il de se dérouler ?
Après toutes ces années, ils se sont retrouvés sur le sol Américain. Qu’est-ce que cela signifie vraiment ? Jamais ils ne se sont croisés en Corée, plus jamais ils n’ont échangé de messages. Parfois, Anan s’est perdu sur les réseaux sociaux, à s’en briser davantage en cherchant à y lire quoi que ce soit de la part de son aîné. Ils ne sont plus que des inconnus qui viennent partager la souillure de leurs mémoires. Le plus jeune déglutit, remonte lentement la couverture sur sa poitrine qui brûle. Il ne sait pas s’il désire hurler ou pleurer. Mael fait tout remuer. Et lorsque la caresse glisse à son oreille, que les mots murmurés envahissent à nouveau, Anan rouvre les yeux. S’aperçoit que tout cela est bien réel, que Mael est toujours présent à ses côtés. Comme un cadeau qu’il n’aurait jamais dû déballer. — Non… Comment le pourrait-il dès l’instant où son amour reste près de lui ? Mael dépose un baiser à sa tempe, vient chercher sa main en courant le long de son bras, saisissant tout à coup son poignet. Anan s’est retourné pour le regarder, plonger ses sclères sombres dans les siennes, gémissant d’un souffle quand sa peau tatouée est mordillée. — Mael… Enfin, le prénom s’évade de ses nymphes, lui procure mille et unes sensations. Son corps tout entier le réclame encore, se consume de cette contiguïté un peu plus encore à mesure que son interlocuteur agit, parle, s’installe. Toutefois, Anan a honte de ses cicatrices. Bien que recouvertes par ses récents tatouages, il déteste savoir qu’elles sont là. Parce qu’elles font si mal. L’étudiant en audiovisuel se relève sur un coude, laisse ses phalanges tracer les courbes du torse musclé de Mael, remonter, recommencer. Les joues rougies de remarquer qu’il a changé. Qu’il est devenu encore plus beau ; comment est-ce possible ? Anan ne veut pas rompre ce moment, malheureusement, il s’égare, ne sait pas s’il peut oser ou se taire à l’infini. — Je suis perdu sans toi. Les larmes embrument ses iris. Il se relève brusquement, quitte le lit en s’enroulant rapidement dans le premier vêtement qu’il saisit – le pull noir de Mael qui engloutit sa silhouette. Les mains tremblantes, Anan se sert un verre d’eau et il sait qu’à l’intérieur de son petit studio, le regard de son amant ne peut converger que jusqu’à lui. Il se déteste d’avoir tout foutu en l’air.
Oh, please, tell me the answer The reason why I can't escape alone
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sarasvati
ootd - C’était lui qui avait fauté. Il avait été faible et il n’avait pas su le garder près de lui. On parlait de deuxième chance et, le coeur en miettes, il n’avait même pas émis la possibilité qu’il puisse y en avoir une. Regarde-toi, Mael, incapable de t’assurer que ton amour ne s’échappe pas d’entre tes doigts. Tu as cru qu’il n’était que tien quand les yeux désireux mal attentionnés ont sauté sur l’occasion de le voir ne serait-ce qu’un instant s’égarer de toi. Il ne se le pardonnerait pas, il ne le lui pardonnerait pas parce que cela aurait dû être acquis. Ils s’était disputés plusieurs fois, des cris en plus, en moins, pourquoi est-ce que cette fois-ci cela avait-il grandement changé la donne ? Il n’avait pas compris, ne comprenait toujours pas. Et cela lui était monté à la tête. Il ne raconterait pas à Anan dans quel état d’esprit il avait terminé après leur rupture, il ne s’attendait pas à ce qu’il lui conte non-plus ses déboires. Il avait cru devenir fou, il s’était imaginé plusieurs scénarios et, par amour, oui par amour, il avait essayé de se mettre à sa place. Lui non-plus n’aurait pas aimé le voir se faire draguer ouvertement quand les jours écoulés de leur relation ne se comptaient plus sur les doigts de la main. Cependant, il aurait été bien incapable de toucher une autre personne, de s’adonner à une autre âme face à l’incompréhension suspendue. Il aurait attendu, ils s’étaient toujours attendus après tout. Et ce qu’Anan ne savait peut-être pas, c’était qu’il l’avait retrouvé. Un soir, il était tombé sur cet homme qui s’était vanté d’avoir brisé leur couple ouvertement. Tant pis sa stabilité supposée, il ne revoyait plus que son visage en sang et le sien couvert de larmes. Est-ce que, au fond, t’aurais-je rendu assez heureux à l’avenir ? Car Anan était un esprit plus libre que le sien et qu’il n’avait pas le droit de le retenir. Pourtant, il serait capable de graver son prénom sur sa peau rien que dans le but de le sceller à lui. Le retrouver le remplit de bouffée d’oxygène et il s’abreuva de son essence dans ses draps maculées d’innocence insatisfaisante. Il en souhaitait plus, ça ne pouvait s’arrêter là comme cette aiguille qui s’était figée dans le temps à la fin de leur histoire. Il revit la scène sous ses yeux, à cette soirée où les mots s’échappèrent et s’entrechoquèrent avec véhémence. Son regard avait croisé le sien, incapable d’y croire, car c’est de toi dont j’aurais dû l’apprendre. Il devrait s’en aller, ne pas rester auprès de lui. Éviter de s’accrocher à sa peau et de se complaire de ces soufflements destinés qu’à lui seul. Il poussa un léger soupir et sortit du lit. Il enfila son boxer et le rejoignit. Anan n’avait pas le droit de lui dire ça, il aurait dû les garder pour lui. Ça ne l’empêcha pas de se sentir une nouvelle fois attiré vers lui comme un aimant et de lui attraper son verre d’eau entre ses mains.
« La nuit n’est pas terminée. », souffla-t-il à ses lèvres.
Il était perdu sans lui lui aussi. Il s’empara de ses nymphes tentatrices et il glissa ses mains à ses hanches. Il les remonta sous son pull et frissonna lui-même de son propre contact.
« Te souviens-tu quand on jouait ?, sourit-il doucement, Je veux me remémorer ces souvenirs. »
Et qu’on se fasse mal. Il se détacha de lui et s’éloigna. C’était quand il attendait de lui qu’il ne montre qu’il en avait envie plus que lui parce qu’égoïstement, il aimait penser qu’il était celui qui désirait le plus. Il était avide de son corps, son âme et son coeur et il s’embrasait à chacune de leurs rencontres. Il fit le tour du petit studio et c’était nocif. Il n’y reviendrait pas, n’est-ce pas ? Parce que c’était lui qui avait décidé que tout se finisse.
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sarasvati
( ootd. ) Se tenir dans cette même pièce aux côtés de Mael est aussi douloureux qu’agréable. Parce qu’une minute, ou deux, Anan essaie de faire fi de tous les maux qui sévissent au sein de sa poitrine pour se rappeler avec tendresse de ces moments où il n’y avait réellement qu’eux. Mael a été son coup de cœur. Son coup de foudre. Son âme sœur et son tout. Il a été cette personne unique que l’on ne rencontre qu’une seule fois dans sa vie. Il a été l’essence qui lui a permis de s’élever, de briller, de grandir. Il lui a offert la chance de pouvoir comprendre ce sentiment incroyable qui s’est emparé de lui dès l’instant où leurs regards se sont croisés. Rien n’a jamais été faible entre eux, tout a toujours été intense. De leurs iris crochetés à la vitesse du temps qui s’est écoulé au cours de leur relation. Alors, en parler au passé est difficile quand le présent semble se confondre avec en un instant
é p h é m è r e.
Il s’aperçoit bien, le cadet, que les mots qu’il a prononcés auraient dû être conservés. Il se mord la lèvre inférieure quand ses doigts enserrent le verre d’eau qu’il s’est servi. Il n’y boit qu’à peine, sursautant doucement à l’approche de Mael revenu le trouver. Il le laisse agir, secoue la tête : non, la nuit n’est pas terminée. Pourra-t-elle durer jusqu’à l’éternité ? Le baiser est retourné, le contact le fait vibrer. A l’intérieur de sa poitrine, son myocarde s’anime de cette mélodie que l’unique présence de Mael peut engendrer. Anan se sent nu dès lors que son aîné s’échappe de cette brève étreinte qu’il a lui-même instaurée. Il tend à peine les doigts, les referme sur le vide devant lui. C’est grisant, éreintant, toutes ces sensations qui lui font toucher les abysses profondes. Qu’il a tenté de refermer. Sans succès. A l’instar d’un automate, l’étudiant en audiovisuel abandonne la minuscule cuisine pour faire quelques pas en direction du brun qui découvre son petit logement. Sommaire, il n’est composé que d’une même pièce quand seule la salle de bain est séparée. Être à deux dans cet espace restreint est réconfortant. Mael est l’amant qu’il a choisi d’accompagner ici ; personne n’y est jamais venu depuis son arrivée en Amérique. Comme s’il avait attendu, Anan. Comme s’il avait toujours su. (Car il n’a jamais pu cesser d’espérer.)
Toutefois, les paroles du plus âgé se fraient un chemin dans son esprit embrumé. Il lui faut encore plusieurs secondes avant d’agripper son bras de ses phalanges et d’amener son corps à se coller contre la porte derrière lui. Anan ne le lâche pas, glisse ses prunelles dans les siennes, brûlant avec ardeur de ces flammes entre eux. Elles paraissent se raviver plus fort à mesure des touchers, des baisers, des regards. Anan est toujours effrayé de voir Mael s’échapper, alors il fera tout, cette fois, pour le garder auprès de lui – même si cela signifie se détester davantage. — Mael… Je ne veux pas me rappeler de tout ça. Pas maintenant. Pas comme ça. Il frôle son oreille de ses dents, l’embrasse tendrement. — Créons-en de nouveaux. Et son cœur palpite dès les premières secondes où sa main mutine revient trouver refuge sous le seul vêtement qui a rhabillé la silhouette musclée de son amant. Langoureuses caresses quand les gémissements s’évadent même de la gorge du plus jeune. Le désir irradiant son propre corps une nouvelle fois, il choisit bien sûr de répondre oui. Oui, il va jouer. Il fera tout pour Mael. Alors il finit par reculer, désireux d’observer la sentence qui lui sera accordée en frissonnant. Anan louvoie dans les yeux abîmés auxquels il a déjà succombé – pour ne pas tomber.
Too late, too late Oh, not too late I believe that there must be a reason It's too latе, too late Oh, not too late Find the light to facе someday
sarasvati
ootd - Il était sa seconde famille, il était son refuge universel. Il n’avait pas trop à se plaindre des relations familiales, elles n’existaient plus réellement depuis le décès de sa soeur. Anan était au courant, bien qu’il n’en parlait pas souvent, il connaissait les chaines qui pesaient lourdement sur le myocarde desséché depuis le début. Les obligations familiales, les charges indescriptibles qu’il trainait comme un boulet en s’échinant de continuer de clamer que ce serait lui qui tracerait son propre destin. Il y était parvenu mais l’âme morte, gisante derrière lui parce ses lignes d’avenir, il les avait esquissés avec l’essence d’Anan. Cet amour l’avait porté au-delà de son imagination qu’il serait incapable de l’expliquer à qui que ce soit, mis à part à son autre moitié parce que c’était ce qu’il était. Il était devenu une part de lui-même et on la lui avait arraché trop subitement. Les souvenirs s’évertuent à m’engloutir, Anan. Les matins d’automnes et d’hiver, tu t’es toujours levé avant moi. Tu préparais le petit-déjeuner dans l’aile qui jouxtait la demeure de ma famille et tu n’avais que faire des protestations des domestiques. Tu finissais par mettre ces musiques qui nous faisaient vibrer et ton corps s’élançait que je ne puisse espérer que tu t’envoles là où ton coeur serait plus léger. Je n’aspires qu’à ton bonheur, Anan, et s’il est sans moi, je l’accepterais. Ne t’inquiètes pas, regardes droit devant toi. Je m’assurerais qu’aucun obstacle ne t’entraves. Cet endroit était à son image et il l’y retrouvait comme il l’avait rejoint en son être dans ses draps immaculés. Il mémorisait chaque objet, chaque détail minime qui le ramenait à croire que tout n’était pas vain, et il appréciait de voir cette scène se déroulant sous ses yeux sans avoir mal de ne pas faire partie du décor. Peut-être avait-il fini par s’être fait une raison. Alors pourquoi entr’apercevait-il des images d’un futur peu probable à ses yeux où il se voyait s’accrocher aux murs insaisissables de ce logement précaire ? Elles se firent plus vives aux gestes de son interlocuteur, gémissements accrues brisant le silence ardent de leurs deux âmes passionnés de ce corps à corps essentiel à leurs survies dévastatrices. Moi, je ne veux pas créer de nouveaux souvenirs, Anan, ce serait douloureux et contradictoire à mes souhaits te concernant. Mais les esprits en contradiction étaient bien en peine d’autodérision durant ces quelques minutes. Il conserva la flamme qui l’élançait loin devant lui et l’entraîna dans sa chute, irrévocable. Il le garda entre ses bras et fixa le plafond avant de songer qu’il était égoïste. D’exiger plus que de souhaiter et d’aspirer ne serait-ce qu’une seconde qu’il ne souffre autant qu’il avait souffert. Il se retourna, la bouche entrouverte, la referma et ramena le drap pour mieux le couvrir. Il ne resterait pas auprès de lui, il s’échapperait. Il lui filerait entre les doigts, ça n’avait été qu’une trêve brève les ramenant l’un à l’autre afin qu’ils ne se rappellent tout l’amour qui les avait animé tous les deux durant des années. Désormais, c’était fini et il ne tomberait plus pour lui.
Peut-être. À l’instar de ce numéro de téléphone inscrit sur un bout de papier et faufilé entre ses doigts.
You’ll probably be surprised when you see me in order to not miss each other I see you from far away but when I called you, why did I say.
sarasvati
( ootd. ) Les phalanges qui se resserrent sur le papier, le cœur en vrac. La porte a claqué derrière lui et les genoux ont faibli. Que s’est-il imaginé ? La douleur hante l’âme, revient le chercher pour ce qu’il a fait des années auparavant.
C’est ta faute. Rien que ta faute.
Les larmes ruissellent sur son visage, silencieuses et difficiles à stopper. Elles s’échappent de ses prunelles quand les sanglots affaissent son dos. Prostré dans son lit, les draps ont refroidi depuis de longues minutes déjà. Il ne demeure plus que l’effluve de son parfum, l’image de son corps étendu à ses côtés – plus jamais. Anan se roule en boule, suffoque de cette absence qu’il a lui-même provoquée. Mael ne reviendra pas. Il ne s’est pas retourné. Il continue de croire, pourtant, au fil des minutes qui s’égrènent, qu’il n’a fait que s’amuser, qu’il va finir par revenir à son appartement pour le serrer à nouveau entre ses bras. Il se mord la lèvre, a l’impression de sombrer dans cette atmosphère immonde dans laquelle il s’est déjà perdu.
Tu as encore tout fait foirer. Il t’a abandonné car tu ne le mérites pas.
Il s’agrippe à ses couvertures, tient toujours le papier entre ses doigts sans savoir ce qu’il peut bien en faire. Il n’y a plus aucune promesse, il n’y a plus aucun jeu, il n’y a plus que ces souvenirs harassants qui agressent dans tous les sens. Mael ne veut pas en créer de nouveaux ; Anan aimerait tout reprendre depuis le début. A moins que ça ne soit pas tout à fait ça ? Il ne sait plus de quelle manière réfléchir. Les couleurs ont terni son cœur depuis qu’il a commis l’irréparable faute de le tromper. Avec un autre. C’est la pire chose qu'il n’ait jamais faite. Ses mains quittent tout pour s’accrocher à sa chevelure brune, étouffer ses pleurs au creux de son oreiller. Les maux résonnent à l’intérieur de tout son être, l’emmènent plus bas que terre – l’endroit où il appartient. Il n’aurait jamais dû quitter la Corée, il n’aurait jamais dû suivre Mael à l’extérieur de ce bar, il n’aurait jamais dû l’emmener jusqu’ici, il n’aurait jamais dû et tant et plus.
Je suis désolé d’avoir faibli. Je suis désolé d’avoir cherché à te rendre jaloux. Je suis désolé d’avoir voulu te ramener à moi par n’importe quels moyens. Je suis désolé de tout ça et tellement plus. Je me hais. Je me hais plus que tu ne pourrais l’imaginer. Les stigmates recouverts n’en sont que plus voyants encore avec ces signes à mes poignets.
( Entravés. )
Ce n’est qu’à l’aube, épuisé, que le jeune homme parvient à trouver le sommeil pendant quelques heures. A ses côtés, les draps défaits ne lui procurent pas la moindre chaleur. Il tremble doucement, renifle dans son sommeil ; chaque lendemain est pire qu’hier.