(wp #10) / niel hughes

Citation :

la personne qui se trouve en face de toi est la personne la plus gentille/douce/bienveillante qui puisse exister. pourtant, toi, tu l'exècres de toute ton âme.

Les azurées embrassent une peau déjà épousée des milliers de fois, dans un silence parfois étouffant, avant de s’entremêler à celles si souvent cherchées sans arriver à les trouver. Nathaniel retrouve soudainement un souffle qu’il ne savait même pas volé. C’est e l l e qui le lui rend, de la même manière qu’elle le lui reprend trop souvent, comme s’il n’était finalement qu’une âme si facilement dispensable. Pourtant, au fond de ses iris dans lesquels il n’a de cesse de se noyer, le plus jeune ne peut entrevoir que les contours de cet attachement qu’il ne comprend pas toujours, de cette adoration qui lui donne envie d’hurler à s’en détruire les cordes vocales, de cet amour dont les effluves éveillent une rage difficilement contenue au plus profond de ses entrailles. Dans ces instants, ceux où leurs lèvres s’aimantent et leurs dents claquent les unes contre les autres sous la passion de leurs baisers fiévreux, où e l l e murmure des je t’aime entre chacun d’eux, ses doigts plongés dans ses cheveux comme si son être entier lui appartenait et qu’e l l e refusait de le laisser ne serait-ce que penser s’en aller, Nathaniel ne peut s’empêcher de la détester dans son entièreté. Il se retrouve constamment au bord du précipice, entre un amour dévorant et une haine dévastatrice, perdu au beau milieu d’eaux dans lesquelles on ne lui a jamais appris à nager. Dans la finalité, il est forcé de naviguer dans l’obscurité, le sol sous ses pieds ne semblant qu’à moitié le retenir de tomber. Et si e l l e le rattrape toujours, sa main épousant la sienne comme si elles étaient faites pour être entremêlées, cela n’empêche pas ses sentiments de se confondre, de se mêler, de fusionner jusqu’à ce que Nathaniel ne puisse plus du tout les discerner. Parfois, ce dernier voudrait lui cracher :

Je te hais barre-toi,

Ce n’est que lorsqu’e l l e disparaît, comme un grain de sable se perd sur une plage, que l’esseulé prend conscience que cette haine n’a jamais porté d’autre nom que le sien. Elle n’était pas dirigée vers la femme qu’il a éperdument aimée, véritablement aimée comme aucune autre après e l l e, mais vers la personne que lui n’a cessé d’être depuis sa naissance. Son amour sonnait faux à ses oreilles parce que jamais personne n’avait ressenti quelque chose de si fort à son égard, pas même ses parents, encore moins sa fratrie, et qu’une partie de son être avait tout simplement décidé qu’il ne méritait pas d’être aimé si puissamment, finalement seulement aimé sans arrière-pensée. Ce n’est que lorsque Nathaniel retrouve ses draps froids, abandonnés de toute chaleur humaine, qu’il peut affirmer la haïr — ou quelque chose qui y ressemble. Quelque chose qui ne lui donnerait pas envie de s’arracher le cœur à chaque fois que son esprit divague un peu trop loin, vers un passé qu’il a encore du mal à conjuguer ainsi, lui qui le voyait au présent autant qu’au futur. Quelque chose qui ferait enfin du sens dans une existence qui ne semble jamais en faire, pas même lorsque le bonheur lui tend la main pour ensuite la lui retirer brutalement.