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 lie eternal (kemper)

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Message Sujet: lie eternal (kemper)   lie eternal (kemper) Empty Mer 15 Déc - 16:22


Ce soir, c'était le grand bal... C'était toujours le grand bal, parce que c'était Markey, et il était son propre meilleur pote, toujours à s'organiser des sorties et des distractions ; ça lui évitait de se sentir seul. Ce soir, il allait braquer un de ces gros brownstone taillés comme des palais souterrains, façade de pierre, entrailles dorées. Il allait entrer en se fondant dans les ombres de la nuit comme le dernier des stalkers. Les sécurités, il en faisait son affaire, il avait les codes. La peur, il la pressait au blender et il s'en faisait un shot d'adrénaline, même pas besoin d'alcool.

D'autres n'avaient pas cette chance. Juste avant de partir, il avait entendu des éclats de voix dans la  salle. Lil Cez dormait à l'étage, fallait pas le réveiller. Un peu d'animation en salle ça passait, c'était bien insonorisé et de toute façon y avait toujours la musique, il était habitué, comme tous les gamins du centre-ville. Mais les sirènes des flics devant le bâtiment, ça risquait de lui donner des cauchemars. Après tout, les vrais croquemitaines c'était les flics, et même à son âge tendre, le petit Cesarion le savait déjà jusque dans son sang. Il jouait assis par terre avec les gros pitbulls couturés de tonton Markey, mais il n'aurait pas approché un chien policier à dix mètres.

Tout ça pour dire, personne n'allait faire de scandale ce soir. Monsieur Donavon, propriétaire à 50% des lieux, allait s'arranger pour que tout soit calme pendant qu'il sortait. Il rejoignit Tash au bar et elle lui montra le nouveau venu qui cherchait la baston. Il avait déjà l'air bien embrumé. Et la clientèle n'était pas forcément du genre à supporter facilement les petits cons trop remuants. Les emos étaient rapides à sortir un cran d'arrêt, fallait pas se fier à leurs yeux maquillés ; les métalleux pouvaient te mettre KO d'un seul headbang, et là, on pouvait se fier à leurs nuques. Deux ou trois avaient déjà survécu à des accidents de voiture parce que le coup du lapin s'était heurté à cette barrière de muscles. Et quant aux bikers, n'en parlons pas. Eux, en plus, ils circulaient en meute. Il fallait dégager la cible de ce beau champ de tir, c'était pour son propre bien.

Alors que la nuit s'apesantissait sur la skyline aux dents longues, Markey referma le sous-sol à clé, et rangea le petit morceau de métal dans sa poche, comme un mini trésor dont lui seul avait le secret. Puis il partit en chasse. Le palais aux entrailles dorées l'attendait. Il allait au petit bonheur la chance, et il n'en rapporterait peut-être rien, mais sa curiosité lui ordonnait d'aller fouiner là-bas ; et pour la nuit, il jouerait à y habiter. Les occupants étaient à Hollywood cette semaine, mieux valait ne pas demander pourquoi. Le gardien serait momentanément incapable d'occuper son poste. Pauvre gars, Markey espérait qu'il ne se ferait pas virer. Ce n'était pas un boulot qu'il faisait pour faire du mal à quiconque.

De toute la nuit, il ne pensa plus au fauteur de trouble qu'il avait laissé endormi comme une masse sur le matelas du sous-sol.

Il s'en souvint au matin, en rentrant de sa petite promenade. Il était tombé sur un tiroir plein de billets de banque, rangés en jolies liasses côte à côte ; et il avait fait une tournée de distribution à travers les ruelles des mauvais quartiers, où cet argent serait plus utile. Maintenant, au grand soleil très relatif de New York, 7a.m. Eastern Standard Time et par temps de petite neige grise, il regagnait le bar qui resterait fermé jusqu'à midi. De bar, l'AAR devenait planque. Ce serait l'occasion de changer de vêtements, de prendre une bonne douche et de faire une sieste. Mine de rien, il était explosé. Les émotions fortes, c'était marrant tant qu'on était dedans jusqu'au cou, et dès qu'on en sortait, on se faisait insulter par divers recoins surmenés de son anatomie.

Il traversa la salle déserte avec l'impression comique de cambrioler son propre établissement, et c'est alors qu'il ouvrait la cave qu'il se rappela son geste de la veille. C'est vrai qu'il avait collé un inconnu au dégrisement. Bon, il fallait espérer que le type n'était pas mort dans sa bave ou n'avait pas tout cassé en attendant son retour. Vu son état hier, il avait dû rester très sage, mais on ne savait jamais.

Markey descendit donc l'escalier avec prudence, posa son sac sur le sol en arrivant au palier en bas, écouta... mais n'entendit rien. Il alluma la lumière : tout semblait normal. Le bonhomme n'avait pas dû sortir du double-fond qui servait au recel des biens volés. Tant mieux, parce que le reste de la cave était une cave classique : là où on rangeait les bouteilles, quoi... C'était d'ailleurs le prétexte que Markey avait utilisé pour le faire descendre à l'amiable. Le mur pivota, et la cave dévoila son autre utilité : une grande salle où traînaient toutes sortes d'objets, posés à terre ou sur  des étagères, comme dans la pire boutique d'antiquaire imaginable. Des masques africains qui faisaient la gueule, le gramophone de ton grand-père et ses vinyls d'Elvis, les beaux bouquins à tranche de cuir et d'or, qu'on entasse et qu'on ne lit jamais, une table basse en ivoire sculpté de pièces d'échecs, des tableaux qui représentaient sans doute quelque chose... bref, un peu de tout et de rien. Certains de ces trucs, Markey les avait juste embarqués parce qu'il les faisait rire.

Des ramasse-poussière, comme les appelait Tash. Cette fille était d'un pragmatisme ! Il espérait que le gamin ferait preuve d'un peu plus d'humour, ou de poésie. Ou les deux. Enfin. Il referma le pan de mur pivotant, et s'approcha du lavabo qui sortait du mur de béton dans un coin moins encombré que les autres. Il y avait là un coin salle de bain, pour les jours où il devait faire profil bas et resté planqué là pendant que le monde s'agitait au-dehors. Et il avait besoin de se laver les mains, après avoir dû ramper sous la haie sur une demi-douzaine de mètres, quand il s'était échappé de la maison cambriolée un peu plus tôt et un peu plus vite que prévu.

Le sac qui contenait le restant de son butin traînait sur le sol, au beau milieu du capharnaüm. Il n'y pensait déjà plus. Et toujours pas de signe de vie du bonhomme ramené hier soir... Tash l'avait peut-être laissé sortir au cours de la nuit.
Pour bonne conduite, bien sûr.
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Tripp Kemper;

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Tripp Kemper



j. ruehlemann
waldosialaplusfab'
149
770
30
gendre infernal, parfum brandy. s'endort plus souvent dans la rue, plutôt qu'dans un lit. pas d'bras prisonniers, pas d'amour révolté.
la gueule de bois au-dessus d'effluves alimentaires; à la fois cuistot d'soirées à la concoction d'menus éphémères, légendaires et co-propriétaire du fine line.
amos* - nihjee - you ?

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Message Sujet: Re: lie eternal (kemper)   lie eternal (kemper) Empty Mer 5 Jan - 22:59

Il y a des jours où tu glisses hors de ton lit, et rien ne va. Où ta tête ne suit pas l’corps et que ta motivation se traîne au sol. Malheureusement avec le métier que tu t’es flanqué, tu ne peux pas être seulement “démotivé”. C’est un peu à coup d’revers au visage que t’essaies toujours de te sortir de cette léthargie. C’est souvent qu’une petite connerie de la part d’un de tes frères qui t’remet de bon train, et ça t’fait partir pour la journée. L’cul assis entre deux engueulades d’prépubères à tenter d’gribouiller une recette nouvelle qui plaira aux palais raffinés de la soirée. Tu sais qu’t’auras pas le choix d’aller au restaurant expérimenté. Surtout passé chez les commerçants acquérir les ingrédients pour n’pas mettre la clé à la porte. Personne n’voit vraiment ça d’toi; ce sérieux que tu peux avoir dans l’coeur lorsque les responsabilités vont plus loin qu’un retour d’appel pour un plan d’baise. T’as surtout bûcher comme un forcené pour en arriver là; ton succès n’est pas donné aux cons qui se sont permis d’juger tes capacités. Et t’as toujours l’poids d’savoir si ça s’est bien passé au non; seul les critiques peuvent l’dévoiler.
Assiettes cassées, insultes en salle ; un client déplacé, une serveuse révoltée. C’est toujours mal vu de mettre un invité à la porte, mais ce l’est encore plus d’engueuler son employée. Et il a suffit que la porte se referme derrière le dernier don d’argent avant qu’un peu plus de porcelaine ne retrouve la rudesse du plancher. T’es fâché, et c’est un autre côté de la médaille qu’il faut éviter de rencontrer. Elle est rare, presqu’inaccessible. Mais elle fait pomper les remords dans les veines et grimper l’coeur dans les tempes. Tout le monde est forcé à la corvée du nettoyage alors que tu termines acculé contre un mur, bouteille de vin à la patte. Elle se termine, s’envole dans chaque gorgée et ton pote t’renvoies chez toi, t’assurant qu’il allait bien préparer la cuisine pour le lendemain. ta cuisine. C’est au contact de l’air que tes traits s’atténuent. Que tu deviens plat et un peu pris au dépourvu. T’as pas d’autres choix que d’t’enfoncer dans la nuit, à la recherche d’un divertissement, à la découverte d’un certain ennuie.
Tu t’enflammes sur un territoire inconnu, avant qu’une âme pour le moins avenante t’attires vers des marches en promesse de meilleures saveurs. T’as déjà la barre au front, l’estomac qui n’existe plus et une incapacité à mettre un pied devant l’autre sans crouler sur le côté. Bien entendu que tu mords à l’hameçon d’accéder à d’autres bouteilles gratuitement. T’es aveuglé par tout, ta conscience n’a même plus d’nom. Même qu’à mettre le cul sur un matelas dans un endroit pour le moins inquiétant, ça t’fait marrer à t’en époumoné. T’assimiles pas le danger, ou la quiétude. Puis t’as à peine le temps de t’intéresser à l’environnement que tu valses sur le côté et qu’tu t’endors sous l’acharnement de ta journée. Le plus étonnant, c’est qu’tu trouveras conscience sans t’être étouffé dans la r’monter de tes consommations.
Cependant, il n’y a rien qui va. Entre l’épaississement de ta salive que tu ne parviens pas à déglutir, au coeur renversé qui t’promet de te sortir par les lèvres, à la tête qui tangue à exploser à la prochaine seconde; t’es mal. Inconscient de l’heure, inconscient du temps. T’as le rire nerveux qui s’éclipse lorsque tu te redresses et que tu tentes d’ouvrir une porte qui n’bouge pas. C’est pas la première fois que tu t’réveilles complètement dans l’néant à un endroit particulier; mais c’est la première fois que tu tombes nez à nez avec une porte verrouillée. Et n’étant pas prêt d’avoir les répercussions de ta voix dans l’crâne, tu décides seulement d’attendre. Caché. Parce que plus tu t’réveilles, plus tu t’dis qu’on t’a peut-être kidnappé. Alors tu regardes les environs, les mouvements lents, main au ventre. T’as envie d’vomir, t’es juste trop éclaté pour l’réaliser.
Il y a du mouvement, et tu trouves confort derrière un amas d’objets. T’as envie d’être plié en quatre, mais t’essaies de ne pas bouger un seul morceau qui pourrait chanter ta présence. Alors tu fermes les yeux et tu tentes de respirer par le nez. Et tu restes là, parce qu’un léger coup d’oeil sur l’homme qui vient d’entré dans les yeux; et tu sais que t’as rien contre lui. Tu pourrais t’prendre une pichenette sur le front qu’tu pourrais t’évanouir de douleur. Faut pas se mentir non plus. Mais la position que tu arbores reste inconfortable, et il n’y a pas long que tu t’dresses en faisant tomber quelques découvertes sur le sol. La situation te fait finalement crier, mais t’es bousculé par une toux et tes paumes de main prennent contact avec ton crâne. Tu souffres. - putainnn…. c’est soufflé, presque murmuré, lorsque t’ouvres difficilement un oeil sur l’individu. Il y a peut-être une tête de remplacement qui se situe à quelque part dans ce débarras. - j’pensais qu’fallais crier comme dans les films… genre j’suis innocent tout ça…. t’essaies de te mettre droit, acceptant la situation comme une normalité. Malgré tes mots qui se succèdent qui jettent un petit coup de folie sur les possibilités. - Si t’veux une rançon bonne chance pour trouver la bonne personne, j’dis ça comme ça. Finalement, tu t’installes en tailleur au sol, l’poids de la pièce et de son regard beaucoup trop lourd à supporter. T’es mou et accablé, c’est pas ta faute.

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Message Sujet: Re: lie eternal (kemper)   lie eternal (kemper) Empty Jeu 6 Jan - 15:02

Ah ! Monsieur était réveillé ! L'hôtel n'était pas normal, et la femme de chambre non plus, mais un semblant de normalité allait pouvoir s'instaurer dans leur rapport : le maître des lieux avait bien envie de savoir ce qui avait amené à une telle débâcle. C'était toujours une histoire intéressante. Et tandis qu'il déballait ses petites découvertes de la nuit, pour les mettre en place sur les étagères de garage. Il ne savait pas très bien comment engager la conversation, il était bien conscient de faire peur au petit gars et attendait que celui-ci lui tende une perche pour le rassurer.

Le venin de vipère se vend plus cher que l'or, par exemple. Il fallait être un cinglé dans son genre pour savoir ça. Ce n'était pas avec ce genre d'anecdotes qu'il allait faire la conversation, se dit-il en plaçant un flacon du précieux liquide, contenant un croc pour décorer et identifier la bouteille, même en l'absence d'étiquette comme c'était le cas en ce moment. Puis il alla ouvrir une bouteille d'eau minérale posée dans un coin de la salle, entre une boîte à outils et un rouleau de cordes. Et les verres étaient... dans le tiroir au-dessus des chaussures. Heureusement que Tash ne descendait jamais ici, elle aurait détesté sa manière de ranger ; celle que développent souvent les cambrioleurs, une manière qui décourageait les éventuels collègues, ou du moins leur adresserait un sacré pied-de-nez.

"Bien sûr que tu es innocent, l'ami. Tout le monde est innocent, tu sais ? C'est Jésus qui l'a dit."

A pas lents, comme s'il s'avançait vers un renard sauvage venu boulotter le contenu de ses poubelles, le voleur s'approcha de son prisonnier. Il n'avait plus aucune idée de pourquoi il était là, pauvre gars. Il était complètement à côté de ses pompes, et malade comme un chien, le renard. Il ne fallait pas le brusquer. Au moins il n'était pas hostile. Attentif à ne pas le toucher, Markey s'assit en face de lui. L'odeur d'alcool était aussi intense que s'il avait pris un bain dedans. Tiens, ça, ça ne lui ferait pas de mal. Un bain, pour se remettre les idées en place.

"Fais voir tes yeux. Pas brillant. Tu es complètement déshydraté. Tiens, prends un peu d'eau, tu me remercieras."

La grande main noire se tendit, un verre de la substance transparente serrée dans sa paume claire comme un joyau. Il se doutait bien que c'était lui qui devrait tenir le verre, pour éviter une catastrophe. Et peut-être aussi le buveur. D'abord il pouvait le laisser tenter seul, renverser un peu, et ça lui permettrait de jauger si c'était le genre de type qui préfère rater que d'être aidé, ou s'il était un peu plus raisonnable que ça.

"Tu te mets souvent dans des états pareils, ou c'était un gros chagrin hier soir ? Raconte pendant que je range."

Mais Markey ne faisait pas mine de s'éloigner. Mine de rien, il était fatigué, lui aussi. Il était bien là, assis par terre, dans sa planque, où rien du monde extérieur ne pouvait l'atteindre. Ali Baba dans sa caverne – enfin, elle n'était pas à lui au départ, certes ; mais de toute façon, cette cave était surtout à Tash, sur le papier. L'important, c'est qu'il ne risquait rien. Et il aurait bien voulu communiquer cette impression à son invité surprise. Conscient de la tête de tueur qu'il avait, il se doutait bien que ce ne serait pas si simple. Mais il avait appris à compenser en étant gentil et en parlant doucement. Avec les gosses, ça marchait très bien ; n'importe quel gosse ne demandait qu'à être pote avec un pirate. Les adultes se faisaient souvent d'autres idées.
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