sally’s song (freddie)

SALLY’S SONG I sense there's something in the wind It feels like tragedy's at hand And though I'd like to stand by him Can't shake this feeling that I have The worst is just around the bend And does he notice my feelings for him? And will he see how much he means to me? I think it's not to be @Freddie Flynn   --

dehors il fait nuit noire, l’hiver pointe de plus en plus le bout de son nez. la môme zigzague de trottoir en trottoir en évitant de chuter. le fond de l’air est frais, assez pour faire frissonner son épiderme en dessous de son perfecto en cuir épais. si rien ne change, d’ici peu il se mettra sûrement à neiger. elle a connu les automnes froids et les hivers détrempés. errant dans la rue avec quelques épaisseurs humides pour tenter de se réchauffer. la tatouée a hanté les foyers de sans-abris comme tous les autres en ces périodes gelées. elle en a connu des gens qu’elle n’a jamais revu à cause d’une nuit trop froide passée sur le pavé. tout ça est loin d’elle maintenant, elle n’en a plus à s’en faire pour ça. scylla ne dort plus dehors, elle possède à présent ses propres quatre murs, son propre toit. c’est pas franchement le grand luxe, le plancher manque de s’effondrer au moindre pas. mais c’est chez elle et ça ne changera pas. elle possède assez de clients, gagne assez bien sa vie pour un minimum de confort bien mérité. alors elle ne s’inquiète pas et se permet même de souffler. il est aux alentours de six heures du matin et la gosse erre dans les rues désertiques du queens encore endormi. le quartier est calme, paisible et sans bruits. il n’y a qu’elle pour l’égayer.  nymphe cokée, déambulant joyeusement sautant de ligne blanche en ligne blanche sur ses talons perchée. elle aurait dû apprendre la leçon l’autre fois avec ismaël lorsqu’elle s’est ramassée. ses genoux en sont tout salement encore écorchés. sa cheville douloureuse et bleutée. mais quand tombe la neige la môme se sent invincible, comme si rien ne pouvait lui arriver. comme s’il lui poussait une paire d’aile puissante sur son dos aux arabesques foncées. elle est inconsciente, mène sa vie naïvement comme il lui plaît. après tout n’a t’elle pas souffert atrocement? ne mérite t’elle pas de souffler ne serait-ce qu’un instant? la jeune femme continue son chemin, ignore les regards qui lui sont adressés. évidemment qu’elle pue la prostitution à plein nez avec sa robe noire moulante et sa lingerie évidente, ses escarpins, son rouge à lèvre carmin et ses cheveux défaits. la môme s’assume pleinement, ignore et continue sur son chemin déjà tout tracé. il lui tarde de pouvoir traîner sous l’eau chaude sa vieille carcasse usée. s’y oublier pendant de longues minutes à apprécier la chaleur l’immoler. au fur et à mesure qu’elle progresse, les bâtiments lui semblent de plus en plus familier. elle traverse une rue puis une autre comme si la hâte commençait à la gagner. la tatouée s’enfonce un peu plus dans la pénombre jusqu’à l’impasse où elle réside désormais. il y a bien une silhouette qu’elle entrevoit au fur et à mesure que ses pas semblent la rapprocher. « je m’inquiétais de ne pas avoir eu de nouvelles de toi. » que lance faiblement scylla. elle finit par rejoindre ses côtés, s’appuyant contre un petit muret. elle regarde freddie en lui souriant, l’air paisible et toute fatigue envolée. « viens suis moi, le jour va commencer à se lever. » que son soprano chantant glisse à l’oreille du torturé. elle se contente de saisir sa main et d’y emmêler ses phalanges encrées. il est le seul et l’unique à qui elle offre le confort de ses draps en fin de nuit.
freddie.

freddie
le seul et l’unique à qui elle offre pleinement ses nuits. la môme serre entre ses phalanges celles qu’il vient lui offrir comme s’il risquait de s’échapper. son coeur bat un peu plus fort dans sa poitrine. l’effet provient bien du soulagement de sa présence et non la défonce due à la cocaïne. scylla pourrait bien bouder, lui reprocher de ne pas lui avoir donné de nouvelles ou de ne pas être passé. la femme et l’enfant les deux faces d’une pièce drôlement esquintée. un docteur jekyll et mister hide vendant son cul sur le pavé. cependant la gosse n’en fait rien. aucun mot ne traverse pour l’instant ses lippes couleur carmin. l’homme est comme amer, la possessivité comme l’un de ses principaux traits. on ne répond pas à la provocation si ce n’est par le silence et ça l’encrée ne le sait que trop bien pour l’avoir que trop expérimenté. dans les rues du queens il n’y a que ces deux âmes un peu esquintées. bancales et mal assurées. deux âmes qui cependant trouvent en l’autre une réelle raison de se débattre pour subsister. malgré les démons ou bien la culpabilité. « t’auras le plaisir de prendre la chaleur des draps alors tu me diras ça. » bien évidemment qu’ils seront froids. abandonnés par là succube un peu plus tôt en début de journée. freddie les retrouvera défaits mais accueillants, il fera sûrement une remarque à la gosse sur le fait qu’elle soit désordonnée. éparpillée. elle peut d’ores et déjà sentir le regard de son client qui n’en est pas vraiment un posé contre elle, la sondant discrètement dans le plus grand des secrets. la voix résonne à nouveau, demande comment la nuit s’est déroulée sans vouloir les détails qui viendraient le titiller. lui faire voir noir à proprement parler. « oh tu sais ça a été. » qu’elle répond simplement avec un sourire étirant ses lèvres maquillées. l’encrée ne donne pas plus d’informations que demandées. les clefs s’enfoncent dans le barillet. ça clic et ça clac jusqu’à ce que la porte en bois ne cède finalement à la volonté de scylla.

la môme suivie de son acolyte pénètrent dans le bâtiment aux allures austères, elle l’entraîne jusqu’à l’escalier grinçant sous leurs poids tant le bois est usé par les années. « rassures moi tu ne m’as pas trop attendu dans ce froid? » depuis combien de temps était-il là? venait-il d’arriver? était il sûr le point de partir, agacé? son petit corps s’arrête soudain malgré l’élan qu’elle lui avait donné. la tatouée se retourne la mine concernée. la main dans laquelle celle de freddie n’est pas liée vient trouver son visage dur et fatigué. avec une douceur infinie la pointe de ses phalanges trace les contours de sa mâchoire jusqu’à sa jugulaire où la caresse se meurt finalement. elle oublie la coke, le boulot, jusqu’au sommeil qui l’appelait également. la gosse peut sentir son souffle chaud, celui qu’il ne lui a jamais offert elle qui passe ses nuits à en cueillir auprès des âmes la monnayant. tout ce qu’elle lui vend est un peu de repos, au chaud et hors du temps. la succube devient sirène au chant hypnotisant. l’unique capable d’attirer morphée pour lui offrir sur un plateau d’argent. après tout scylla n’est-elle pas ce maudit monstre marin que tous redoutent tant? une fois encore la môme se perd dans les yeux sombres face à elle, ils l’intimident autant qu’ils la fascinent et ça la môme ne le sait que trop bien. il est un piège prêt à se refermer au moindre mouvement autant qu’elle n’en est un. « j’suis désolée si t’as dû patienter. » qu’elle finit enfin par lâcher. il n’y a qu’eux, à quelques marches d’écart dans cet escalier prêt à s’écrouler. elle ouvre la bouche puis la referme dans la seconde d’après. il vaudrait mieux pour eux qu’ils continuent avant qu’une autre ânerie lui vienne à l’idée ou bien qu’ils traversent le plancher. la bulle qu’ils se sont crée n’est pas loin quelques étages au dessus de leurs têtes, une poignée d’enjambées. « mais la prochaine fois qu’tu disparais pendant plusieurs jours sans prévenir j’te laisse pas rentrer. » tenir sa langue scylla n’a en définitive pas su le faire et voilà qu’elle la tire comme une enfant vexée. perchée sur ses hauts talons, dans sa robe qu’il lui tarde d’ôter.

@Freddie Flynn

la voix calme et posée de la sirène est torture à ses oreilles. lui qui voudrait qu'elle gronde, qu'elle s'insurge et lui donne une raison de faire demi-tour, ne trouve aucun répit dans sa quiétude. non, sa douceur lui retourne les entrailles, provoque sueurs froides et chaud dégoût. celui qui se veut maître de tout ne gouverne plus rien. les messages sont contraires, les pulsions de fuite sont violentes et les mécanismes de défense se relèvent. le loup montre les crocs, salivant à l'idée de répandre son venin, d'épancher sa bile. l'orage gronde dans son crâne, la mâchoire se crispe. piégé entre la volonté de déverser sa bile et de faire flamber tout le quartier sous la flamme de sa cruauté et le besoin primaire de trouver un refuge pour y reposer ses synapses engourdies sous le poids de la fatigue.
freddie n'est plus sûr d'être au contrôle, comme à chaque fois qu'il la rejoint. scylla. son regard la suit dans la pénombre du hall de la lumière et il sent sa conscience se rétracter, sent ses inhibitions reculer dans un coin de son esprit. freddie se laisse guider, se laisse porter par les syllabes qui résonnent dans les couloirs traversés, écho de la submission de son être. son bourreau et sauveuse s'arrête et lui fait face et l'espace d'un instant, l'emprise sur la réalité lui échappe, assujetti à une volonté qui semble être une version alternative et distordue de la sienne. la chaleur irradie sur son visage alors que des doigts parcourt la surface de son visage. freddie se demande ce qu'elle ressent scylla sous la pulpe de ses doigts. il se demande si elle peut sentir la surface de marbre, si elle se doute qu'il se complait dans le froid, lui qui s'applique à entretenir la couche glaciale qui l'abrite et le sépare du reste du monde. le contact étranger réveille des nerfs endormis et un frisson le parcoure, un soupire manquant de s'échapper de ses lèvres. les yeux noirs de scylla l'interrogent, inquisiteurs et freddie sent sa carcasse se tendre, prêt à trahir sa patrie en un geste impulsif. alors il ferme les yeux et les rouvre avec une inspiration qu'il espère salvatrice. ce n'est pas comme si je m'attendais à te trouver chez toi à m'attendre.il ne trouve le calme que dans l'assurance de son fiel freddie, ne trouve la paix que dans les bras rassurants de la noirceur. je serai déçu si c'était le cas. un sourire habille le coin de ses lèvres alors qu'ils reprennent la route dans les escaliers tortueux. alors qu'ils arrivent enfin à la destination aussi espérée que redoutée, la phrase de scylla lui fait hausser un sourcil. en un mouvement, il se place en travers de son chemin, son dos barrant la porte de l'appartement alors qu'il observe sa réaction. pourquoi, je t'ai manqué peut-être ? la tête légèrement penchée, ses yeux se promènent sur la jeune femme, détaillant sans vergogne sa silhouette et son visage. lui qui doit partager le corps et l'attention de sa muse avec des dizaines d'autres visages sent l'envie et la jalousie naître dans ses tripes et alimenter le monstre de son ego. t'es sûre d'avoir le temps de t'en soucier ? j'me doute que ton agenda est chargé quand t'es pas avec moi. avidité et caprice comme maîtresse, paradoxe et convoitise comme muse. freddie veut le courroux de scylla et sa tendresse. sa haine et sa présence. son absence et son toucher. aucune absolution pour son âme, vouée à se perdre dans les tréfonds de la contradiction. punition qu'il s'inflige, flagellement qu'il accueille comme un pêcheur accueille les derniers sacrements.  


@Scylla Velcoro

il est tout ce qu’elle n’est pas. tout ce que la môme admire de loin sans oser bouger le moindre petit bout de doigt. freddie sait ce qu’il veut, il sait où il va. il est maître de son destin. possède toutes les cartes en main. scylla ne sait pas jouer. elle ne joue d’ailleurs pas, elle se contente de mettre un pied devant l’autre et c’est déjà bien assez. elle n’est rien d’autre qu’un aimant à tragédies et autres odyssées. la gosse traque les épiphanies, guette le moindre signe qui pourrait lui être envoyé. en soi son existence a tout d’une épopée ratée. mais c’est pas grave elle s’y est accommodée à ce quotidien de damnée. la tatouée est abonnée à la solitude et au froid mordant des longues soirées. elle nage dans la neige pour rendre le voyage agréable et oublier le temps qui passe; parfois jusqu’à sa propre identité. « tu ne m’attends peut être pas mais qui te dis que c’est mon cas? » les voix s’emmêlent chaudement à défaut de leurs carcasses gelées. cependant la môme peut la sentir sous la pulpe de ses phalanges encrées. sa chaleur à lui alors que la nymphe trace les contours de ses traits parfaits. lorsqu’il est à ses côtés, son esprit devient plus léger. elle oublie tout ce qui peut bien la tourmenter, c’est comme si le temps s’arrêtait. Les deux errants reprennent leur ascension, gravissent les marches abîmées unes par unes en les faisant craquer. a l’intérieur de sa poitrine, son palpitant bat à chaque étage gravit un peu plus les rapprochant du confort tant convoité. ils continuent, les fous, a alimenter ce feu qui les ravage de l’intérieur secrètement. a lancer piques et sous entendus déguisés souvent en de vulgaires questionnements. de son côté scylla n’ose pas tout simplement. elle ne demandera jamais plus que ce qu’on lui donne, se contentera de ce qui est. elle laisse les choses faire et le vent la porter. elle sait la gosse que le destin ne peut être modifié. finalement arrivés sur le seuil de son appartement, freddie lui en barre l’accès. elle se tait, se contente d’écouter. l’encrée ne comprend pas la jalousie ou la possessivité. elle qui aime le monde et toutes les âmes qui viennent l’entourer. elle qui rêve de liberté tout en appartenant aux divers hommes qui la paient pour ses services une fois la nuit tombée. « évidemment que tu m’as manqué. » jouant avec les pans de sa veste, elle regarde ses pieds. comme une enfant qui aurait peur de se faire réprimander. « et toi? as tu le temps de penser à moi une fois le soleil haut dans le ciel lorsque tu quittes mes draps? » ou bien doit-elle supposer que lui aussi est trop occupé? la môme ne répond pas totalement, elle ne parle pas de ce qu’elle fait. tout le monde sait ce qu’elle est, nul besoin d’en rajouter. scylla se hisse sur la pointe de ses pieds. noue ses bras autour du cou de freddie qu’elle vient enlacer. d’une façon simple et tendre, silencieusement.  elle peut sentir son myocarde battre contre son palpitant. après quelques minutes plantés là à savourer elle lui glisse à l’oreille qu’ils sont arrivés. de l’une de ses poches en rompant ce contact si doux, elle déverrouille son appartement la clef glissant dans le barillet. la porte cède et la chaleur du deux pièces vient doucement les réchauffer. « allons, tu as besoin de te reposer. » qu’elle ajoute inquiète de son bien-être, prête pour lui à combattre morphée férocement jusqu’à triompher.

@Freddie Flynn