encore un p'tit verre feat. moira marlowe

Lustre matinal désormais effacé sous ses cernes pâles ornant ses prunelles délicates, c'est le regard lourd qui désormais se plie sous la fatigue lorsque les dernières heures du jours tirent leur révérence. Cours interminable. Bouillonnement d'informations barbantes, répétées sans cesse pour tenter de se frayer un chemin dans les têtes blondes en veille, affalées dans l'amphithéâtre. Sa tête à elle est bien droite pourtant, minois retenu solidement par cette main fidèle accrochée à son menton. Regard perçant dressé dans le vide, divaguant presque sur la silhouette de son intervenant du jour, daron guindé aux accents de mystères et de clandestin débauché.

Les pensées se succèdent, pervertissent l'esprit critique, lorsqu'enfin, le tintement familier de la cloche annonce la fin de la journée de cours. « A demain. » Son timbre chantant vient s'élever dans la salle, désignant quelques connaissances d'un signe de main avant de se fondre dans la masse estudiantine et disparaître dans les couloirs. Heures qui s'effritent, se dilatent. Soleil couchant dévoilant de pâles lueurs safranées sur la ligne d'horizon, les derniers étudiants quittent l'université et Gaia se hâte en direction de son modeste appartement pour se préparer à une vie nocturne définitivement chamboulée. Mentalement éreintée par ses soucis personnels, sentimentalement hermétique à de nouvelles rencontre, c'est pourtant poussée par quelques proches qu'elle accepte de rejoindre le bouillonnement clandestin qui se masse dans une ruelle du Queens Effervescents.

Quelques parasites osent frôler sa carcasse frêle. En proie au doute, l'étudiante se contorsionne pour éviter ces mains baladeuses et ces regards en coin lorgnant son derme sous sa tunique. Ce ne sont pas ses yeux de biches, ses sourcils froncés, qui parviennent à faire fuir les troubles-paix, mais bien une présence familière, réconfortante, qu'elle aperçoit un peu plus loin. Elle se presse, se meut avec élasticité entre les corps en transe, et s'empare d'un gobelet rouge au passage. « Salut ! Je ne savais pas que tu viendrais ce soir. » S'empresse-t-elle de crier à la dénommée Moira pour faire porter sa voix sur la music électro-pop grondant dans la pièce. Même si elle semble aussi à l'aise que sa camarade ce soir, Gaia fait tout pour feindre une fausse sérénité. Elle a envie d'oublier ses problèmes le temps d'une soirée, d'étouffer ses pensées négatives et ce n'est clairement pas le moment d'embêter Moira.