Louison aimait surgir d'outre-tombe pour laisser des effusions de sa joie, de ses envies frapper le cœur de son interlocuteur.
Comme une âme qui aurait trop d'emphase et qui se cherche un univers dans lequel résonner avec force et vigueur.
Quoique, il se peut que ces derniers mois aient été moins réguliers. Auprès de Dusan, qui s'est égaré sur d'autres chemins, d'autres sentiers.
À sa manière il a joué aux artistes lui aussi. Il revêtait des visages, des expressions fausses, des sourires peints en blanc pour cacher les idées les plus noires.
Le capuchon couvrant ses boucles brunes, il pousse la porte métallique du plat de la paume, débarque depuis une entrée où l'on n'est pas censé arriver.
Alors Maillard l'aperçoit, s'annonce jusqu'à lui pour se saisir de ses mains et l'amener sur ce piédestal destiné aux comédiens. Ceux qui jouent la vie.
Dieu ce que tu es lent.
Oui, il y avait ce client exigent qui ne voulait pas le laisser partir si vite. La nuit a ses facéties aussi.
-- Maintenant, je suis là. Alors, que voulais-tu me dire ?
Louison se laisse aller à un rire de cristal qui résonne jusqu'à la hauteur du plafond. Un éclat d'enfant qui ricoche, crevé au plâtre des murs.
Le lycée, la pièce de théâtre.
Comme on aurait pu s'en douter, il réfléchit au souvenir qui correspond.
Son visage s'illumine, comme pour dire, oui, c'est vrai, je me rappelle.
Il apprend que la pièce est écrite, terminée, et qu'elle n'attend que lui pour être jouée.
Dusan s'approche des preuves manuscrites pour en découvrir le scénario.
La demande qu'on lui fait tombe comme le couperet.
Clignement des yeux, froncement des arcades.
-- Que je joue ? J'ai jamais joué dans une pièce. Jamais.
Il a fait pire,
il a joué dans la réalité.
-- Je sais pas comment on fait.
Mais la vérité, c'est qu'apprendre, il adorerait.