We used to be friend [w/ Adonis]

Cela faisait seulement quelques jours que Styx avait posé ses valises à New York. Et en quelques heures, il avait déjà semé un beau bordel autours de lui. Il avait recadré les membres du chapitre New-Yorkais, tabassé un mec dans un bar et notifié de sa présences quelques ennemis du club. Tous avait fait la même erreur : sous-estimé Styx à cause de son âge. Il était jeune mais il était entraîné. C’était un fils d’Hadès depuis sa naissance. Il avait grandi dans la violence et il avait appris à s’en servir. Le fait de passer beaucoup de temps sur un ring de boxe l’aidait aussi beaucoup. Le sang avait coulé et ce n’était que le début de sa mission.

Mais ce soir, il avait besoin d’une pause. De décompresser. La dernière fois, il avait fait l’erreur de choisir un bar dans un quartier huppé, plein de connard en costard qui le matait de travers. Il fallait éviter de finir en prison cette fois. Pas sûr que l’avocate du club vienne sortir ses miches de taule en plein milieu de la nuit encore une fois. En sortant du club, il avait déambulé dans les rues du Queens, clope au bec en cherchant un endroit pas trop crade où se bourrer la gueule en attendant Adonis. Enfin si son ami décidait de ramener ses fesses. Rien n’était jamais sûr avec lui.

Styx leva la tête vers une enseigne lumineuse. The Long Hop Pub. Un nom prometteur pour une soirée qu’il espérait à la hauteur. Styx jeta son mégot et l’écrasa de sa boots avant de pousser la porte du bar. Le brouhaha ambiant et une odeur de bière tiède lui sautèrent au visage. Parfait. Il choisit une place au bar et s’installa sur un tabouret haut. La clientèle était plutôt jeune et pas trop coincé. Il passait presque inaperçu même si son passage avait fait tourner quelques regards dans sa direction. Mais personne n’avait l’air suspect. Enfin, pour l’instant. Styx fit un signe au barman, qui s’approcha de lui. *Qu’est-ce que je te sers*. Styx s’approcha légèrement du barman avant de répondre *Un whisky. Sec. Et pas une merde de premier prix hein*. Le barman hocha la tête et disparu derrière son bar.

Quelques minutes plus tard, un verre apparu devant lui. La première gorgée le fit grimacer légèrement. Putain, pas moyen de trouver un bon whisky dans cette ville. Tant pis, ça ferait l’affaire pour ce soir.

we used to be friends

@styx shards & @adonis worall

Une clope au bec, le pied sur l’accélérateur Adonis s’éloigne du lieu de son dernier rendez-vous de la journée. La transaction d’une toile qu’il avait lui-même peinte, L’Étreinte d’Egon Schiele. Si Adonis est spécialisé dans la reproduction d’œuvre surréaliste au sein du Dark Mist, il lui arrive cependant de s’éloigner de son champ de prédilection pour se laisser aller à quelque détour sur une ligne qui n’a jamais été vraiment droite. Expressionniste, l’œuvre de Schiele a toujours capté l’attention du jeune Worall. Une peinture dérangée, des corps torturés, des postures d’épileptiques et de gisants ; un savant mélange de nus, de désir et de mort qui a fortement inspiré et inspire encore la peinture du faussaire.

Monet toujours à ses côtés quand il s’agit de la vente d’une toile, il s’apprête à la déposer devant chez elle. Mais quand la voiture s’arrête il peut sentir son regard bleu se poser sur lui et il entend déjà ses mots avant même qu’elle ne les prononce. « Souviens-toi que tu n’as pas le droit. » Elle n’a pas besoin d’en dire plus pour qu’il comprenne ce qu’elle cherche à lui dire. Elle lui rappelle qu’il lui a promis de ne pas lâcher prise avant qu’elle ne l'autorise à le faire. Elle qui l'a récupéré au fond des abysses il y a plus de dix ans et qui lui permis de maintenir le cap quand il pensait ne plus être capable d’avancer. Elle doit voir les ombres qui s’amassent depuis des semaines dans ses pupilles, elle doit sentir les vents qui annoncent l’orage. Elle les sent toujours. Il se contente d’hocher la tête, un léger sourire en coin dessiné sur ses lèvres, avant qu’elle n’ouvre la portière et disparaisse dans l’ombre.

Il sait déjà où il va se rendre ce soir, prêt à en découdre avec la nuit il sait qu’il est attendu. Styx, un gars aussi fréquentable que lui a débarqué en ville et l’idée de le voir n’est pas pour lui déplaire. Ça fait un moment qu’ils ne se sont pas vus, et il ne s’attendait pas à sa visite. Mais il a une sale envie de s’anesthésier le cerveau et il sait que le jeune Shards est plutôt doué en la matière, alors il n'a pas décliné son invitation. Arrivé à la destination indiquée il gare sa voiture sur le parking, et jette son mégot sur le bitume humide avant de pénétrer dans le bar. Un rapide coup d’œil lui permet de voir son invité surprise accoudé au bar. Il marche jusqu’à lui, et arrivé à ses côtés lui tape un grand coup dans le dos. « Alors comme ça t’as ramené ta sale gueule dans le coin ? » Il lui sourit avant de faire signe au barman de lui servir la même chose qui se trouve dans le verre de son voisin. « Qu’est-ce qui nous vaut l’honneur de ta présence en ville ? » le questionne-t-il en s’asseyant sur le tabouret à côté du sien. « Me dis pas que tu restes plus de deux jours, j’suis pas sûr d’y survivre. » Il ricane tout en saisissant le verre que vient de déposer le serveur devant lui, curieux de découvrir les raisons de la vue de Styx à New-York.

(c) corvidae

W/ @Adonis Worall

Alors qu’il déguste le liquide ambré qu’on tente de faire passer pour du whisky, Styx sent un regard sur lui. Sans même lever les yeux de son verre, il sait que le barman tente de bruler sa sale gueule de con juste avec le regard. Il n’a pas du aimer sa réflexion sur la merde premier prix. C’est peut être pour ça qu’il lui a servi exactement la merde dont il parlait. Et aussi surement pour ça qu’il a craché dans son verre. Styx aurait craché dans le verre d’un mec qui lui aurait parlé comme ça. Mais Styx a un foutu caractère qui l’empêchera de faire n’importe quel boulot… Classique dirons-nous.

Alors que le jeune homme passe sa langue doucement sur sa lèvre inférieur, des plans sont en train de se mettre en place dans son cerveau malade. Sauter par dessus le bar et exploser le nez du barman d’un coup de poing. Prendre de l’élan et faire atterrir sa boots dans les dents du mec… Strike ! Lui demande d’approcher et lui éclater la gueule contre le zinc. Du sang qui coule, des dents qui sautent, des os qui craquent. Un sourire en coin apparaît sur le visage du jeune homme et ce n’est jamais bon signe. Alors que sa bouche commence à s’entrouvrir pour lancer les hostilités, une main vient frapper son dos. Adonis. Le messie qui arrive pile au bon moment pour l’empêcher de passer une nouvelle nuit en cellule.

Un sourire sincère fait son apparition sur son visage. Arrête de me baratiner, je sais très bien que je t’ai manqué ! Il regarde autours de lui. Ce bled est beaucoup trop calme sans moi. Styx avale une nouvelle gorgée de whisky avant de se tourner vers son ami. Je sais pas trop combien de temps je reste, surement quelques mois. Il laisse échapper un rire sonore. Ouai, tu vas m’avoir sur le dos pendant un petit moment. Alors qu’il laisse retomber bruyamment son verre sur le bar, il se tourne en direction du nouveau venu. Alors raconte moi tout, comment se porte ton… Business ? Le dernier mot est ponctué d’un haussement de sourcils entendu.