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| Sujet: long island / le prix du sang (moira) Mer 21 Avr - 20:36 |
| le prix du sang@moira marloweelle a 23 ans, et il est 7h30. à peine lui a-t-il apporté son gâteau d’anniversaire et l’a-t-il regardée souffler ses bougies qu’il lui conseillait de s’habiller chaudement, la tirant presque du plumard sans rien expliquer. hormis une phrase que le grand-frère balance, alors qu’il semble déjà quant à lui frais et dispo, habillé, coiffé, lavé, l’air princier dans ses habits de week-end. allez bouge princesse, on va se balader. pas d’indication supplémentaire, ils sortent de l’immense baraque qui leur sert de résidence secondaire, passant au travers des salons qui ont porté leurs errances et leurs émotions il y a seulement quelques jours. les voilà balancées sur le papier peint, elles en suintent et james marche vite pour mieux leur échapper, les ignorer, les oublier, il a besoin de se barrer de là, il devient dingue à force de penser à tout ce qu’il aura loupé. son bras est en écharpe, et l’on sent bien que l’entrave lui pèse, car des gestes parfois excédés remettent en place la bande de tissu qui maintient sa blessure au repos, désormais convenablement soignée. un stigmate qu’il faudrait oublier, mais qui est bien trop neuf pour seulement s’y risquer. ça sera un jour une cicatrice, aujourd’hui c’est une faute et une honte à supporter. dans l’allée qu’ils empruntent la brume élève des volutes, le sol est caressé par le printemps, et l’on se croirait dans un tableau de constable, alors que la propriété dévoile son arrogance atténuée par un jardin à l’anglaise. rien de totalement taillé, les essences convoitent les espaces où elles apprennent à revivre après la morsure de l’hiver, qui ne les a pas saignées à blanc. vert, et orangé, deux tonalités qui s’accordent à ces espoirs et ces flammes qui grondent dans les iris de james. il arrive à une barrière, et au loin il y a une cible qu’on a visiblement plantée là. 25 mètres de profondeur au milieu d’une campagne encore assoupie. il a un petit sac avec lui, d’où il sort un thermos de café, et aussi un cadeau soigneusement emballé. il le lui tend en ajoutant : j’aurais préféré t’offrir autre chose cette année, gamine. joyeux anniversaire quand même. un glock argenté, comme celui que porte médée, et que james lui a d’ailleurs un jour offert. il a l’air fatigué son frère, les nuits blanches et les exactions commises pour les rattraper semblent épuiser ses rires et sa douceur, sauf quand il est auprès de celle qu’il cherche encore à protéger. je me suis dit qu’il était temps pour toi de bosser sur des matières plus triviales on va dire. histoire de… il hausse les épaules et regarde au loin, revivant l’angoisse de l’imaginer morte dans un coin. histoire de pallier au fait que je n’ai pas su te protéger, et que c’est bien trop tard désormais pour encore se raconter que je serai toujours là. car ça n’est pas la vérité, ça ne le sera jamais. sa main valide serre la barrière et ses jointures blanchissent, quand ses prunelles lui reviennent, il ne fait plus semblant. semblant de maîtriser la situation, de voir leurs avenirs autrement qu’endeuillés. je suis désolé. |
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