(tw - caliente mujer) you acting kinda shady

Sans tenir compte des protestations de sa raison, Shea ferme les paupières, se délecte dans le contact bref des doigts sur son dos. Elle ne résiste pas lorsque son corps est projeté de nouveau contre le matelas, et elle s'efforce de rien afficher de l'excitation qui la gagne peu à peu. L’air de la pièce s’est densifié et Shea a perdu toute sa superbe, toute son assurance face à une Devon bien plus confiante, bien plus entreprenante que de coutume. Elle tente tant bien que mal de guider tout son esprit à la tâche qui s’offre à elle, aussi frivole que la scène est surréaliste : la convaincre. "Je flippe pas." C'est un simple murmure, tandis qu'elle glisse un genoux entre les jambes de Devon pour y faire pression. Sa voix flancherait presque, et sa collègue va en jubiler, à n’en pas douter. Elle insiste sur son regard désormais : "je flippe pas. Je devrais ?" et son visage s'est dévêtu de toute expression espiègle. Le temps d'embrasser la pièce du regard, elle a détourné les yeux. L'air compact malgré l'heure matinale, l'odeur de son parfum, l'odeur sa peau, lèvres qui cherchent à fondre sur les siennes tandis qu'elle contracte sa jambe sous Devon : elle cherche un échappatoire, se sent de moins en moins confiante, elle a chaud jusque dans la gorge. Elle considère le peu de temps qu'il lui faudrait pour déguerpir jusqu'à la porte, les secondes à courir dans le couloir jusqu'à l'ascenseur. Elle parvient à libérer une de ses mains, et au lieu de repousser Devon, elle attire sa nuque vers elle, lui arrachant un baiser plus animal que les autres. La porte devrait être désormais plus proche que le corps de Devon et rien ne va, rien n'est à sa bonne place et c'est d'autant plus déboussolant que ça, cette évasion, elle aurait su la gérer. Enfant à la vie bardée de leçons, mais qui n'apprend jamais.

Stop. Elle mordille sa lèvre. "Tu savais que ça se passerait comme ça." C'est âpre, c'est violent, c'est un rejet total et inconditionnel de tout ce qui pourrait les unir, et pourtant, elle reprend sa lèvre inférieure entre les siennes. Les yeux de Shea se dirigent à intervalles régulières sur la porte, sur ses lèvres, et elle aurait envie d’afficher un sourire si elle ne se trouvait pas elle-même réduite à un état de profonde sidération. Elle est certaine que Devon doit percevoir que son discours demeure forcé, que son corps scellé contre le sien déclenche en elle une sensation délectable qu’elle ne connaît que trop bien et qui étreint son bas-ventre. Elle reconnait aussi l'attitude que Devon affiche impudiquement. Shea, elle, ne peut que lui répondre en se mordant la lèvre, comme approuvant le fondement de sa présence et de la suite des évènements qui semble désormais tracée. La dynamique entre elles a changé, elle n'est pas sans le savoir ; le désir strict et sans fioritures qui les unissait alors s'est mué en quelque chose d'autre, cette même chose qui la pousse à éviter son regard et à la distraire avec ses baisers, quand avant elle aurait soutenu son regard avec tout l’aplomb du monde. Elle gesticule, tente de se dégager de son étreinte sans réelle conviction. Elle a les lèvres encore brûlantes et il est pour elle hors de question de jeter un oeil devant elle pour jauger la réaction de Devon – c’est beaucoup trop risqué et si elle peut se noyer dans son égoïsme plutôt que de se rendre compte de ce qui est en train de se dérouler, honnêtement, c’est pour le mieux. "Faut que je parte bientôt." Des choses à faire, des gens à voir, une fierté à reconstruire. Son genoux ne daigne pas bouger, pourtant.

@Devon Willis

Elle l’écoute sans dire un mot, avec ce visage étroit que le temps et l’effort ont modelé. Les doigts qui s'ancrent dans son poignet suffisent à ce que Shea se ressaisisse. Elle secoue brièvement la main, mais son bras est maintenu fermement ; ce n’est pas comme si Shea ne pouvait pas se libérer. Devon la regarde avec trop d’intensité, et Shea veut lui dire d’arrêter. Si elle s’autorise à y penser, elle s’imagine que peut-être Devon éprouve plus que ce qu’elle ne partage, et en l'occurence, elle ne partage rien. Shea espère qu’elle ne l’étudie pas, ni ses mâchoires serrées, ni l'égarement dans ses yeux. Elle espère qu’elle ne se dit pas qu’il y a de l’émotion là quelque part, enterrée, mais que c’est quelque chose. "Si. Mais visiblement certaines sont dures d'oreille." Elle lui lance un regard à peine accusateur et finit par se redresser, le désir refoulé loin derrière sa gorge subitement serrée par l'agacement. "Qu’est-ce que tu veux ?" miroite-t-elle à quelques millimètres de ses lèvres si tentantes, parce que c’est Shea qui a toujours eu les réponses, qui a toujours semblé tout savoir mais aujourd’hui, elle espère que Devon en saura davantage qu’elle. Shea reprend possession de sa main libre. Très vite, ses paumes sont plantées sur la taille de Devon qu'elle immobilise contre son genoux, et elle se hisse de sous son emprise. Elle navigue à vue, saisit une serviette intacte qui trainait là avant de se poster devant l’une des baies vitrées donnant sur le boulevard. Mâchoire ferme, toujours, sourcils froncés, Shea ne peut se résoudre à parler maintenant, mais malgré elle, soutient la conversation, sans transition, pleinement consciente qu'elle ne fait que lui renvoyer la balle sans davantage d'explications : "Qu’est-ce que t'avais imaginé qu'il se passerait ?"

"J'ai beaucoup aimé...ça", finit-elle par avouer, ricane presque parce que c'est une évidence : Devon a dû s'en apercevoir, et elle ignore si c’est une bonne chose ou non. Elle apprécie le manque d’attentes claires du côté de sa collègue, parce qu'il lui semble n'avoir personne à décevoir et que si la conversation devait prendre un terme précoce, elle n'aurait pas à se demander si c'est encore sa faute. "Mais...", elle se retourne complètement vers elle cette fois, les bras croisés comme si ça lui permettait de mieux assumer la suite. La suite, Devon la connaît, elle a vraisemblablement dû l'entendre le répéter plusieurs fois. Elle hausse les épaules bêtement, accompagne un rictus contrit d'un soupir, et la conclusion ne vient pas. Et la barmaid est péniblement consciente qu'elle n'est sûrement pas la candidate idéale pour remplir le rôle diplomatique qu'une séparation exige. "Merde, je t'ai dis de rien attendre de moi, Dev'..." déclare-t-elle pince-sans-rire comme elle annoncerait je vais sortir la poubelle et son ton égal ne communique qu'encore davantage son inhabileté. La perspective que Devon l'ignore et quitte la pièce en claquant la porte ne lui est d’ailleurs pas étrangère. "J'ai pas envie qu'on s'ignore. Mais j'ai pas envie que tu attendes quoi que ce soit."

@Devon Willis fu sheaharrington