(art, ewa) comme deux étoiles

comme deux étoiles, @art windell
( les cheveux en bataille, la journée prend fin
mais le soleil se lèvera de nouveau demain
libre, comme une accalmie à la tombée de la nuit
pour quelques étoiles, le sommeil ; tant pis )

t'as à peine pris le temps de ranger ton bazar dans ce maudit cagibi. c'est qu'ici, on s'ennuie. t'as simplement balancé tes affaires comme ça. pris une douche avant de filer de ce trou à rats.
y'a tellement plus beau à voir dehors.
tellement mieux avant l'aurore.
le vent fouette ton visage dès l'instant où tu franchis le seuil de la porte, la fraîcheur du soir ravivant ton esprit. si on t'avait dit un jour que tu vivrais de la sorte. t'y aurais peut-être réfléchi à deux fois, avant de débarquer ici.
mais après tout, que vaut la beauté du monde ? que vaut l'expérience de la vie ? si ce n'est une parade d'obstacles avant la tombe. des étincelles avant la fin de cette grande loterie.
au final tu n'es pas tellement à plaindre. c'est vrai quoi, y'a tellement pire dans la vie. c'est bien pour ça que toi tu souris. t'as encore trop de belles choses à étreindre, et ton rire pas prêt de s'éteindre.

un pas, puis deux, puis trois. tu te rapproches à grands pas.
mais de quoi ?
à marcher sans savoir où tu vas. à rêver, tête dans les nuages, sans te rendre compte que les plus beaux songes se réalisent ici-bas. à rêver sans dormir, à marcher sans faiblir ; c'est ainsi que vient se poser à nos pieds l'avenir, derrière nous les souvenirs.

"oh, un chat noir. minouuu.." mais le félin n'a pas l'air de vouloir de ce rendez-vous. tu fais la moue. tant pis, tu le croiseras peut-être un autre soir, en espérant que cette fois il ne changera pas de trajectoire.
est-ce qu'il te portera malheur ? toi tu ne crois guère en ces histoires.
à vrai dire, tu t'amuses même à passer sous les échelles. en espérant que jamais le mauvais sort ne t'ensorcelle.
du genre à contredire les règles, telle une enfant, le regard toujours rieur.

tu continues d'avancer sur ton chemin, t'enfonçant dans un parc que tu ne connais point. les allées sont multiples, mais ce n'est pas grave, il y aura bien d'autres périples.
un lampadaire grésille, avant que tout le long du sentier les lumières se mettent à l'éclairer. ça y est, la nuit est là, ne manque plus que l'étoile du berger pour être la première à briller. s'en suivra le bal de celles dont l'on dit appartenir aux gens de l'au-delà.
tu finis par t'arrêter près d'un lac, sur l'herbe poser ton sac. tu lances un caillou. qui sait ? tu pourrais peut-être réussir à faire quelques ricochets.
plouf.
raté.
fallait s'en douter.
faut dire que ton galet n'était même pas plat, que t'es même pas très douée.

"If the sun don't shine on me,
I'll look to the stars ahead
And send a message from the sea."

envie de marcher, ce soir, envie de t’évader. comme souvent à la fin de journée, t’avances là où le vent voudra bien te mener. là où on pourra peut-être pas te croiser. et y’a les lumières qui s’éclairent, l’atmosphère qui s’assombrit. c’est le moment où tout change, où tout paraît un peu plus joli. et y’a tes pas qui te ramènent inlassablement vers le même endroit. ce petit bout d’herbe où tu t’assois à chaque fois. ce lieu témoin de tes pensées, l’univers qui te regarde réfléchir et tout analyser. parce que t’es pas de ceux qu’on déchiffre correctement, art, carapace qu’on arrive à briser petit à petit en prenant son temps. véritable soleil la journée, qui perd sa lumière une fois la nuit tombée. et y’a des démons qui viennent te rendre visite, les démons du passé qui sont à ta poursuite.

et quand t’arrives là où tout peut enfin commencer, y'a le regard qui se perd sur une inconnue déjà installée. ton endroit préféré du parc déjà pris, tu te demandes quelques secondes si tu vas pas changer de place pour le début de la nuit. et retourner là d’où tu viens. continuer à errer dans les secrets du soir, les bruits des sirènes et des voitures comme unique compagnie. et y’a tes yeux qui se plissent pour mieux voir, comme si en quelques secondes, t’allais pouvoir aller au-delà du miroir. parce qu’elle est là, à l’endroit où tu sens d’habitude un peu chez toi. et ça serait dommage de t’en aller, de pas saisir l’opportunité de la rencontrer.

"cet endroit a du succès à ce que je vois."

la voix est douce. et le sourire vient habiller les lèvres quand tu te rapproches un peu plus d’elle. corps qui s’assoit aux côtés de la belle inconnue, dont tu parviens mieux à distinguer les traits. et t’espères qu’elle prendra pas peur si tu t’installes, qu’en te voyant, elle mettra pas les voiles.

"art, enchanté."

que tu dis en lui tendant la main. et t’attrapes une cigarette, que tu glisses doucement entre les lèvres. paquet tendu vers l’inconnu pour qu’elle se serve aussi si elle en a envie. et y’a tes yeux qui se perdent sur l’eau qui dort. la nuit est belle, le vent est pas trop fort. et t’es là en bonne compagnie. tu sais pas combien de temps ça va durer. uniquement ce soir ou peut-être bien pour la vie.

"If the moon don’t rise again,
I watch the water beneath my feet
And the world to bring you to me."

@ewa janik (art, ewa) comme deux étoiles 3227196488

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