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@"adonis worrall"

l'sommeil se fait la malle au moment même ou amalia se pointe dans sa chambre. devon ouvre des yeux écarquillés, se redresse aussitôt et observe la gamine en pyjama devant son lit. il s'passe quoi ? qu'elle grogne, la voix rauque et les cheveux en bataille. j'veux plus dormir. d'une main maladroite elle attrape le téléphone posé à même le sol, émet un nouveau son de mécontentement en s'apercevant de l'heure. quatre heures du matin. quatre heures du matin, putain. que moi j'veuille dormir, j'suppose que tu t'en moques ? que t'en as rien à foutre voulait-elle dire, mais face à sa nièce willis tente de s'exprimer de manière convenable. c'est que sa belle-sœur ne plaisante pas avec les injures, qu'elle s'est déjà pris quelques coups de savates pour les insultes qui se mettaient à sortir de la bouche de ses enfants. la môme hausse les épaules, l'air penaud. c'est de la triche. cette tête adorable pour une diablesse en devenir. ok. un chocolat chaud et après tu files te recoucher, ou ta mère va finir par m'tuer. elle se lève devon, le corps encore endormi et attrape la fillette pour la porter dans ses bras. tu pouvais pas aller réveiller eli, comme d'habitude. elle peste en descendant les escaliers qui mènent à l'entrée. j'y suis allée, il s'est pas levé. évidemment, c'est toutes les chambres qu'elle a du faire avant de s'arrêter dans la sienne.

dans le salon la télé piaille, elle passe la tête par la porte et observe le corps qui gît dans le canapé, une bouteille de bière encore à la main. ce n'est aucun de ses frères. elle s'approche à pas de loup, les yeux encore embués par le sommeil. amalia est la première à reconnaître l'individu, adonis qu'elle lui murmure au creux de l'oreille. fâcheuse habitude du type à se pointer à l'improviste, et elle serait incapable de dire depuis combien de temps il est là, à pioncer comme s'il était chez lui. c'est sa tenue à elle qu'elle inspecte, peut-être qu'elle aurait du enfiler un pantalon. tu l'réveilles ? ... moi j'vais chercher à boire. elle dépose sa nièce sur le parquet, un sourire satisfait sur le visage. ça lui apprendra. déjà elle s'élance jusqu'à la cuisine, entend les petits cris de la gosse qui s'est sans doute jeté sur les genoux de celui qu'elle appelle tonton. le grognement d'adonis est une satisfaction à ses oreilles. et voilà une victime de plus des élans insomniaque de la fille de son frère. parce qu'elle est bonne joueuse elle récupère deux bières fraiches dans le frigo, sort une boisson chocolatée par la même occasion. tant pis pour le lait chaud.

quand elle apparait de nouveau dans le salon, c'est un regard amusé qu'elle jette à l'homme. quoi ? t'as jamais vue une meuf en culotte avant aujourd'hui ? elle ricane. la fatigue s'accumule sous sa peau, elle devrait remonter pour terminer sa nuit, laissé amalia à adonis pour lui apprendre les bonnes manière. elle finit par lui tendre une bière puis se laisse tomber sur le canapé. pourquoi t'es là ? t'as vu l'heure ou quoi ? l'enfant attrape son dû et se pose à cinq centimètre de l'écran, déjà absorbée par les images de clips vidéos à la con. c'est pas que j'aime pas voir ta gueule, mais bon... au milieu de la nuit comme ça. si j'étais pas descendue avec la petite, t'aurai pu te prendre un coup de batte de baseball.

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@devon willis

Un bras appuyé sur le comptoir, une main autour d’un verre, Adonis s’ennuie à mourir. Rien à faire pour le boulot ce soir, aucune peinture à tirer, aucune mâchoire à casser, et il est bien trop fier pour appeler Bee et lui proposer de se voir. Il s’est dit que ce serait une bonne idée de sortir mais maintenant qu’il est seul dans ce bar il réalise que c’était certainement l'une des moins bonnes qu’il ait pu avoir. Un coup d’œil sur son téléphone, l’heure à tourner, il commence à se faire tard. Pourtant, rentrer chez lui n’est pas une option qu’il envisage. Il sait qu’il y a de grandes chances pour qu’il y croise le fantôme de son connard de père ou de sa camée de mère, et il les a déjà bien trop vus ces derniers jours, il n’est pas sûr de se réveiller à nouveau s’il s’endort une nouvelle fois sous  leurs regards fumeux. Nouveau coup d’œil sur son téléphone, il réalise que la vitre est brisée, il se souvient même plus de comment il a fait pour la casser mais il en a pas grand-chose à faire, et vu les rares fois où il l’utilise même à moitié foutu il fera l’affaire. Il attire son portable contre son oreille après avoir composé le numéro de Tyron, la seule personne qu’il a envie de voir ce soir : avec lui pas besoin de parler. La sonnerie se répète, et sans surprise Adonis tombe sur le répondeur. Jamais foutu de répondre à son putain de téléphone. Le peintre peste intérieurement, en oubliant que lui aussi ne répond que rarement au sien.

Loin d’être arrêté par le silence radio de son ami Adonis se dirige maintenant chez lui. Il sait qu’il a de grandes de chances de le trouver affaler sur le canapé et qu’il ne se plaindra jamais de le voir débarquer sans prévenir, même passé minuit. Arrivé devant la porte il ne prend pas la peine de sonner et se contente de l’ouvrir. Les Willis n’ont jamais été du genre à apprendre qu’une forme fermée à clé est plus sûre et dans ce cas précis ça l’arrange. Pas de traces de Tyron dans le salon, alors Adonis s’octroie le droit de prendre une bière dans le frigo et s’affale sur le canapé devant la télé qu’il allume en attendant de voir débarquer son acolyte. À cette heure-ci y’a rien à regarder, que des pornos, des clips ou des chaines d’infos en continue. L’infos ça n’a jamais été son truc, il a jamais aimé les bimbos alors il choisit les clips. Putain d’américains avec leurs foutues voitures et leur rap à chier. Il s’enfile sa bière en critiquant tout seul ces videos dont il trouve l’esthétique et la réalisation vraiment douteuses, jusqu’à ce que le sommeil finisse par venir le cueillir.  

Il sent des petites mains se balader sur son visage et ça le ramène parmi les vivants. Il ouvre difficilement les yeux, voit le petit visage presque collé au sien et la malice qu’il lit dans les petits yeux lui décroche un sourire. Il a jamais été très à l’aise avec les gamins, mais il peut pas nier que les petits Willis sont plutôt mignons. Il attrape la petite en grognant comme un animal et fais mine de lui mordre le bras. Un rire cristallin s’échappe d’entre ses lèvres d’enfant et vient résonner dans la pièce. L’innocence à l’état pur. Et c’est quand il repose la gamine à terre qu’il voit Devon arriver, et sa tenue lui laisse comprendre qu’elle ne s’attendait pas à le voir chez elle.  « C’est surtout que j’ai tendance à oublier que t’es une gonzesse. » Il ricane avec elle en récupérant la bière qu’elle lui tend et se redresse sur le canapé.  « Je cherchais ton frangin, tu sais où il est ? » Il porte la bière jusqu’à ses lèvres et se ravit de la fraîcheur du liquide qui vient tapisser sa bouche déshydratée.  « Si tu fermais ta porte à clé tu trouverais moins de connards sur ton canap’, puis t’en fais pas, j’ai la tête dure. » Il dépose son bras sur le dossier et jette un coup d’œil amusé à la petite assise par terre face à la télé.  « elle devrait pas dormir à c’t’heure-ci ? » Puis ses yeux encore un peu collés se posent sur la sœur de son ami qu’il connaît maintenant depuis des années.  « T’as vraiment une sale gueule dev’, tu pourrais pas faire un truc ? Tu m’étonnes que la gamine dorme pas la nuit. » Il lui lance un regard rieur et un sourire malin s’étale sur ses lèvres, il a toujours aimé la taquiner, et sait qu’elle ne l’épargnera certainement pas en retour.

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@adonis worall

adonis il fait un peu partit des meubles de c'te barraque. elle sait même plus depuis combien de temps il traine dans les parages. elle se rappelle pas de la première fois que tyron l'a ramené entre ses murs, la seule chose qu'elle sait c'est qu'il s'y incrusté. que son rire s'est souvent mêlé aux leurs, qu'il a souvent assisté à ses crises de nerfs mémorables. que parfois c'est lui qui s'est ramené pour la calmer, jouant les traducteurs quand son frère ne parvenait pas à avoir les bons mots. chez les willis les liens se créaient sur le long terme mais restent pour la vie. elle ricane à sa remarque, pour les potes de ses frères, devon est tout sauf une femme, c'est une évidence. une perspective qu'aucun ne peut envisager au plus grand damn de la benjamine, quand dans son adolescence il lui arrivait de poser des yeux trop gourmands sur les fréquentations des uns et des autres. j'sais juste qu'il est pas là, ce soir, ni demain. les affaires, il parait. elle lève les yeux au ciel, joue celle qui ne sait rien alors qu'elle est au courant de tout. les trafics, les magouilles, toutes ces choses qui font qu'ils vivent plus que décemment. une barraque rempli de mômes qui ne manquent plus de rien depuis que kenny et tyron s'en sont chargés et s'en chargent encore.

tu vas m'dire que si la porte avait été fermé, t'aurai pas trouvé le moyen de rentrer ? ... tu rentres toujours. je préfère encore que tu passes par l'entrée plutôt que de te chopper à passer par la fenêtre de ma piaule. elle aimerait ajouter que ce n'est pas de son fait, que c'est sans aucun doute lamar ou eli qui sont rentrés les derniers, mais elle préfère rire franchement avant d'avaler une gorgée de bière. son regard s'attarde sur sa nièce, habituée elle aussi, depuis son plus jeune âge à voir les gens débarquer ici comme dans un moulin. bien sûr qu'si, elle devrait dormir. mais t'sais, elle en fait un peu qu'à sa tête. une petite peste avec une bouille d'ange, comme sa mère. à la remarque d'adonis, elle le regarde du coin de l'oeil, sa main libre choppe le premier coussin qu'elle trouve et elle lui écrase sur la tête. un rire lui échappe aussitôt. et toi, tu t'es regardé récemment dans un miroir ? tellement à la ramasse que c'est ici que tu viens pioncer. elle arque un sourcil, l'observe avec la plus grande minutie. l'âge le rattrape comme tout ses excès. ses traits témoignent de l'épuisement qui l'accable. j'fais ce que je peux. mais avec amalia qui vient m'réveiller toutes les nuits. mon boulot dans ce bar. comment tu veux que je garde la forme. en plus ça fait même pas deux mois que j'suis dehors... j'ai plus l'habitude de la vraie vie. elle grogne un peu, croise ses bras contre sa poitrine alors qu'elle s'enfonce un peu plus dans le canapé. la nouvelle gorgée de bière lui fait froncer le nez. et cette bière dégueulasse. elle serre les dents, se concentre sur le clip passant à la télé pour ne pas dévoiler toute son animosité.  

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@devon willis

Si Tyron a disparu de la vie d’Adonis pendant plusieurs années après la mort d'Anthea, lorsqu’il y est revenu, il ne l’a pas fait seul. Il était accompagné d'un bon gros traumatisme et de cette famille que le peintre n’avait pas eu l’occasion de rencontrer à San-Francisco. Dans le Queens, sur la terre de son enfance, son ami était entouré d’une vraie tribut qu’Ado avait dû apprivoiser. Cette proximité, cette structure familiale aurait pu lui faire peur s’il n’y avait pas trouvé une atmosphère cabossée qui lui rappeler la sienne. Les Willis en ont bavé, ils sont loin d’être parfaits. Mais c’est pour ça qu’il les apprécie aussi, et certainement pour ça qu’eux sont capables de le supporter et de l’accepter comme il est. Il hoche la tête quand Devon évoque les affaires de son frère. Ils savent très bien tous les deux ce que ça veut dire, et en parler plus clairement n’est pas nécessaire. « Pas foutu d’envoyer un texto pour prévenir. J’le reconnais bien là. » Parce que je suis exactement pareil.

Il joint son rire à celui de la jeune femme quand elle souligne le fait qu'une porte fermée n’aurait certainement rien changé à son atterrissage sur le canapé en pleine nuit, et elle n’a sûrement pas tort. « C’est vrai qu'une serrure m’a jamais arrêté. N’empêche que ce sera peut-être pas toujours moi qui essayera de rentrer, alors pense à fermer avant de te coucher. » Un conseil amical, vu les histoires dans lesquels traînent ses frères, un jour où l’autre quelqu’un de malintentionné pourrait finir par venir toquer à la porte et à ce moment-là il ne faudrait pas qu’elle soit ouverte. Leurs regards se posent sur la gamine assise à même le sol qui sirote sa brique de lait chocolaté complètement absorbée par les images qui s’animent sur l’écran de la télévision. Il n’est pas du genre à s’attendrir facilement mais l’innocence et la légèreté qu’elle représente lui décroche un léger sourire. « C’est pas une Willis pour rien s'tu veux mon avis. Et plus ça va aller, plus elle va vous en faire baver. Elle a l’air de savoir ce qu’elle veut celle-là. » Son regard se pose alors sur le visage de Devon et il ne peut s’empêcher de la taquiner sur son allure. « On change pas une équipe qui gagne, j’suis pas fait pour marcher droit, tu l’sais bien. » Il lève sa bière dans sa direction avant de boire une gorgée en l’écoutant parler. Elle fait allusion à son récent séjour en prison et Adonis ne peut pas le nier il est content de la savoir à nouveau dehors. La savoir piégée dans un trou à rat n’a été facile pour personne, car tout le monde savait très bien qu’elle n’avait rien à y faire. Mais c’est le risque quand on grandi dans une famille abîmée, on finit par se cogner soi-même, il en sait un rayon à ce sujet. Il voit bien que ce n'est pas facile pour elle, et ça l’embête car il l’aime bien Devon. « Moi j’pense que tu t’en sors plutôt pas mal, t’as du boulot et pas d’aiguille plantée dans le bras, j’ai connu des sorties de prison plus chaotiques. » Il saisit sa nuque avec sa main, comme pour essayer maladroitement de lui donner du courage. « Puis l’idée c'est pas de garder la forme, c’est juste de continuer d’avancer. » Il esquisse un sourire malin sur ses lèvres avant de de s’enfiler une nouvelle gorgée de bière bon marché. « Vous pourriez faire un effort putain, c’pas compliqué de pas prendre la premier prix non ? » il s’installe un peu plus confortablement dans le canapé. « Et sinon, c’pas trop la merde à la maison en ce moment ? » Sa manière à lui de lui tendre une perche et de lui faire comprendre que, même si c’est pas une référence, il est là pour elle si nécessaire.

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@adonis worall

oui, papa. qu'elle minaude, plus pour le faire chier qu'autre chose. elle n'a jamais aimé les leçons de morales, qu'elles viennent de son père ou de ses frères, ou de n'importe qui d'autre. devon n'en a toujours fait qu'à sa tête, depuis l'enfance jusqu'à maintenant. exactement comme la gamine qui siège devant la télévision. c'est un peu leurs marques de fabrique au willis, ils vivent selon leurs envies en se foutant du regards des autres. c'est ce que leurs a appris la vie à défaut de leur paternel, qui n'était pas la meilleure source d'inspiration. m'en parle pas ... j'sais même pas comment on va faire quand elle aura seize piges putain... j'éclaterai surement la tête de tout les connards qui passeront cette porte. elle ricane, lui rend la pareille quand il se moque de sa tronche de déterrée. se mettre à penser à la prison la rend tout à coup morose, puis c'est la colère qui la guette. ce n'est que la faute de ses frères, celle de tyron particulièrement si elle y a passé trop de temps. une punition à la hauteurs de toutes les conneries qu'elle avait pu faire depuis sa tendre enfance. elle le vit mal et ne parvient que difficilement à le cacher. ouais j'sais bien mais, t'sais... j'sais pas, ça me chier d'être surveillée de cette façon, c'est un peu comme si j'étais encore en taule. les visites chez son contrôleur judiciaire tout les mois, tyron sur son dos en permanence, elle a la sensation de traîner un boulet à ses pieds les trois quart du temps. la main d'adonis vient serrer sa nuque et elle tourne un regard un peu triste vers lui, un sourire tout aussi triste nait au coin de ses lèvres, on fait que ça avancer, trois pas en avant, quatre en arrière, c'est d'un chiant. elle grimace en avalant une gorgée de bière.

t'as qu'à dire à lamar et à ton pote de pas finir les bières potables, ils pensent que les courses tombent du ciel, c'est certain, j'en ai jamais vu aucun des deux derrière un putain de caddie. elle s'exaspère, lèves les yeux au ciel avant de croise s'asseoir en tailleurs sur le canapé. c'est un son de kany west qui s'met à passer à l'écran, la faisant dodeliner sa tête au rythme de la musique. c'est comme d'hab'. precious est tout le temps épuisée à cause de ses gardes de nuits, c'est pour ça que je m'occupe des mioches sur mes jours de repos. les autres, ils font leurs petites vies. j'crois que lamar a une nouvelle meuf, un air de dégout s'affiche sur ses traits, une blonde, mais elle a la gueule d'une flic. je la sens pas. elle se tourne totalement vers adonis, l'observe avant de reprendre et toi alors ? pourquoi tu viens perdre ton sommeil ici ? t'as pas mieux à faire. t'es plutôt un gars occupé. de ce que j'en sais.

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@devon willis

Devon prend son conseil à la légère et Adonis n’insistera pas, tout simplement car ce n’est pas son rôle. Il sait qu’elle n’est pas non plus du genre à aimer en recevoir, et qu’elle a la tête aussi dure que la sienne. C’est qu’elle en a bavé Devon, même si elle ne dit rien, même si elle ne lâche rien. Il a une certainement admiration pour elle, qui a grandi au milieu de chaos mais qui s’accroche malgré tout. Et il l’envie aussi un peu, car elle a toujours ses frères, car elle n’est pas aussi seule que lui. Il a beau avoir aujourd’hui une nouvelle famille qu’il s’est choisie avec le Dark Mist, ils ne partagent pas son passé qu’il se retrouve à traîner seul. Ils s’imaginent ensemble ce que la gamine absorbée par la télévision deviendra dans quelques années et la réponse ne laisse aucun doute possible : une source à problèmes, comme ils le sont tous dans cette famille. « Peut-être qu’elle préférera les connasses, mais vu t’en es une toi aussi tu pourras toujours les cogner. » Ils rient, et se chamaillent sur les cernes qui grignotent de plus en plus leurs visages. Adonis sait que le temps passe et il laisse sa trace sur le sien, aidé par la drogue et l’alcool, le temps le rattrape, la nuit aussi.

Il voit bien que Devon ne va pas bien, et il aimerait pouvoir lui dire que tout va s'arranger, sauf qu’il sait que ça ne sera sûrement pas le cas. S’il a bien appris quelque chose dans cette putain de vie, c’est qu’elle est toujours capable de faire pire. Il pose sa main sur sa nuque et elle lui renvoie un sourire triste qui lui brise un peu le cœur. « On le saurait si c’était une partie de plaisir. » Il lui sourit en retour en retirant sa main et tente tant bien que mal de détendre l’atmosphère en émettant ses doutes sur la qualité de la bière. « C’est pas fait pour ça les gonzesses, faire les courses ? » Il sait déjà qu’il va s’en prendre une mais il le dit quand même. Devon semble apprécier la musique qui passe sur le poste et ça l’exaspère. « me dis pas que t’aimes cette merde ? » Plutôt critique sur la musique américaine en général, l’anglais n’a gardé de son patriotisme que l’aspect musical. Il demande à la jeune femme comment se déroule les choses chez les Willis ces derniers temps, et tout semble plus ou moins normal. « Tu dis toujours qu’elles ont des têtes de flics. Après, c’est peut-être c’qu’il aime. On sait déjà quelle stripteaseuse booker s’il vient à faire l’erreur de s’marier un jour. » Elle lui pose la même question en retour et Adonis prend un air détaché en haussant légèrement les épaules. « la routine. » Comment dire à quelqu’un à qui on tient qu’on est en train de complètement perdre la tête ? « C’est plutôt calme depuis mon déplacement à San Francisco, moins de connards à remettre à leur place, ma prochaine commande est presque finie... » On ne dit rien. « Et votre canapé est bien mieux que le mien, puis faut bien quelqu’un pour trinquer avec toi pour ta bière de 4h. » Il lui sourit en buvant une nouvelle gorgée. « Tu commences de plus en plus tôt. Tu vas finir comme-moi si tu continues. » Un rire lui échappe car il sait, aussi bien qu'elle, qu’il n’est pas un exemple à suivre.

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@adonis worall

Devon n'ose même pas imaginer où en sera sa nièce dans quelques années. C'est la peur qui l'habite concernant cette gamine, dans une famille comme la leur il lui semble que les possibilités sont des plus réduites. Un père en taule, une mère infirmière, des oncles douteux comme exemple. Peut-être qu'elle aimera les femmes, peut-être les hommes, secrètement elle souhaite qu'elle n'aime personne. Ce sera un problème de moins à gérer dans sa petite vie. t'as raison, mec, fille, je cognerai tout le monde. elle plaisante seulement à moitié.

Elle ne sait pas si elle apprécie les questions d'adonis, elle aime garder son petit jardin secret, qu'il s'agisse de sa famille ou bien du reste. Pourtant, elle répond à chacune, par automatisme sans doute. j'savais bien que ce serait pas une partie de plaisir. mais tyron aurait pu me sortir de taule bien avant, c'est ce qu'il voulait, que j'y reste pour plus le faire chier. elle se referme presque aussitôt, le coeur lourd. Elle qui se pensait protégée de tout, il lui a prouvé l'inverse en la gardant enfermée si longtemps. Six mois, ce n'est rien, mais c'est déjà beaucoup trop. va te faire foutre, qu'elle siffle sans méchanceté, si precious n'était pas là, tu peux être sûr qu'ils passeraient leurs vies à se nourrir de fast food à la con et adieu leurs physiques de gros durs. elle ricanne en imaginant ses frères obèses. Amalia n'a pas bougé devant l'écran, s'est même allongée sur le tapis, Devon se redresse légèrement pour voir si le sommeil a fini par gagné, ou non. Elle roupille la gosse. j'suis sûre que c'est une flic... ça se voit, elle marche comme eux, elle fouine partout, tout le temps. je l'ai retrouvé dans ma chambre la dernière fois. elle fronce les sourcils, j'espère qu'il est pas si con quand même et qu'il nous a pas ramener un poulet dans la barraque. ce serait le comble.

willis se tourne complétement vers adonis, elle le scrute, ouvre la bouche mais n'ose pas poser la question qui la taraude. j'comprends pas pourquoi tu te couches pas dans un plumard, je t'imagine bien rejoindre tyron au beau milieu de la nuit, il serait heureux... elle avale la dernière gorgée de sa bière, abandonne la bouteille au pied du canapé, c'quoi ton taff, exactement ? ... vous en parlez jamais, comme si c'était un secret d'état. elle inspecte ses mimiques, tu fais quoi ? hum ? tu casses des genoux, ce genre de truc ? pourquoi ?

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@devon willis

La réaction de Devon lui décroche un sourire amusé. Il comprend son envie de cogner tous ceux que sa nièce pourrait ramener chez eux, il a déjà ressenti ce besoin incontrôlé et irraisonné de protéger l’autre mais peut-être pas pour les mêmes raisons. Lui c’était tout simplement parce qu’il lui était impossible de partager sa sœur avec le reste du monde, et s’attaquer à elle revenir à s’attaquer une partie de lui. Le seul qui a su un jour trouver grâce à ses yeux c’est Tyron. Bien que la première fois qu’elle l'avait ramené dans leur appartement sa première envie avait été de lui foutre son poing dans gueule, le frère de Devon avait finalement trouvé une place entre les deux jumeaux, et celui qui avait mérité d’être cogné in fine n’était pas Tyron mais Adonis.

Adonis n’est pas vraiment du genre à s’intéresser aux autres, mais Devon fait partie du paysage depuis longtemps et elle est aussi une des rares personnes qu’il parvient à supporter plus d’un quart d’heure sans avoir envie de gober un somnifère. Peut-être parce qu’elle aussi a pas été épargnée par la vie. Ils évoquent son séjour en prison et il ne peut s’empêcher de se demander silencieusement comment ça se fait que lui n’ait encore jamais été enfermé. Avec toutes les conneries et folies qui trônent sur son tableau de bord, il n’aurait pas été étonnant qu’il se retrouve mis au placard. « Dis pas de conneries, il devait avoir ses raisons »  Des raisons que je ne connais pas, car c’est pas le genre de sujet qu’on aborde avec ton frère. En réalité Tyron et Adonis n’étaient pas du genre bavard, et les sujets sérieux ils avaient plutôt tendance à les éviter et leur préférer de longs silences arrosés de whisky.

Il sourit quand elle réagit à la bêtise plus grosse que lui qu’il vient de dire et s’étonne un instant de ne pas en avoir pris une. La gamine devant eux s’est endormie, apaisée par la chaleur du lait contre la paroi de son estomac et bercée par la musique que la télé susurre. « Hm.. ça serait pas la première fois qu’ils envoient des taupes faire le sale boulot, t’en as parlé à Tyron ? »  Il se retourne vers elle en attendant sa réponse. Les willis ont déjà un beau palmarès de séjours en taule, et l’idée d’en voir un repartir à nouveau en prison ne l’enchante pas plus que ça. Devon finit par se retourner vers lui, et il devine la curiosité qui s’agite en elle. Il ricane en s’imaginant la scène qu’elle décrit avant d’avaler une dernière gorgée de bière. « J’avais pas prévu de pioncer à la base. »  La jeune femme s’aventure alors sur un terrain encore jamais visité, et pose des questions sur la vie du peintre. Bien qu’ils se connaissent depuis des années maintenant, son activité n’a jamais encore été partagée avec elle. Il la regarde un instant. « J’vais finir par croire que c’est toi le poulet avec toutes tes questions. »  Un sourire malin se dessine sur ses lèvres en même temps qu’il décide de ne pas continuer à la mettre de côté. « J’suis un faussaire. Un artiste escroc si tu préfères. Je fais et vends des faux à des connards, et ça m’arrive aussi de leur casser la bouche quand ils font chier ma patronne. »  Il dépose la bouteille vide au pied du canapé. « Une putain de vie bohème quoi. »  Il lui jette un coup d’œil rieur en s’installant à nouveau contre le dossier. « Tu devrais passer à l’atelier si ça t’intéresse un de ces quatre. Je tirerai ton portrait. Pas sûr que ça puisse me rapporter grand-chose en revanche. J'suis doué mais j'sais pas faire des miracles. »  Un sourire taquin sur les lèvres, Adonis invite la jeune femme à découvrir son monde après s’être s’y longtemps imposé dans le sien.

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@adonis worall

tu seras toujours de son côté de toute manière. qu'elle grogne presque sans poser ses yeux sur lui. c'est un fait. tyron et adonis, toujours en accord sur tout. mais elle sait, qu'il ne veut pas se mêler d'histoires qui ne le concerne pas. devon l'a mauvaise, en ce qui concerne son frère. les deux cent jours derrières les barreaux comme une excuse supplémentaire pour lui mener la vie dure, à lui et tout les autres. malheureusement, la taule n'a pas fait d'elle une fille plus sérieuse, c'est même tout l'inverse. le sablier s'écoule lentement, mais bientôt elle refera des siennes. c'est une certitude. et lui en parler pour quoi ? pour qu'il me dise que je raconte de la merde, ils se font confiance qu'entre eux les mecs, je passe toujours en dernier, mon point de vue n'a pas pas la moindre importance. elle devrait lui parler de ses doutes, mais elle ne le fera pas, continuera à rester sur ses gardes pour son propre bien. on n'apprend pas l'individualisme chez les willis, mais en prison c'est tout autre chose.

son humeur commence à se faire la malle, alors elle s'intéresse à l'ami de son frère, plus que de raison. un rire lui échappe, elle, un flic ? j'serai vraiment mauvaise dans un uniforme, je peux te le confirmer. elle écoute, avec trop d'attention peut-être, essaye de comprendre ce qu'il lui raconte. les faussaires et tout ce genre de trucs, elle n'a vu ça que dans des films sans se douter que cela pouvait être un réel métier. t'as une patronne ? elle arque un sourcil, a du mal à se l'imaginer sous les ordres d'une gonzesse, c'est une meuf qui te donne des ordres, à toi ? elle rit de plus belle, se laisse absorber un peu plus par l'assise du canapé, malgré elle la fatigue se pointe, l'horloge de la box internet lui rappelant que demain elle ne sera pas en état de se réveiller à l'heure pour aller bosser. t'as pas la gueule d'un artiste, sans vouloir te vexer... qu'elle enchaine en glissant son regard sur sa peau marquée, il a plus la tête d'un revendeur de câme, l'allure aussi. d'un geste elle se saisit de la main qu'il laisse trainer sur le fauteuil, examine ses doigts dans la faible lueur apportée par la télévision. les phalanges abîmées, la peau rêche, elle laisse son index glisser contre les diverses cicatrices à moitié effacées. t'as pas non plus les mains d'un peintre. plus d'un fermier ou d'un homme de main. elle relève son regard vers lui, la petite elle a de la peinture et des pinceaux dans sa chambre, tu peux me tirer le portrait tout de suite si tu veux, j'verai si tu dis pas que des conneries comme ça. le défi illumine son visage.

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@devon willis

Elle évoque la complicité qui existe entre lui et son frère, et il se contente de hausser les épaules en guise de réponse. Elle a raison, ils sont d’accord la plupart de temps, certainement car ils prennent surtout soin de ne jamais vraiment aborder les sujets qui fâchent. Et le sujet dans ce cas précis, est un sujet épineux qu’Adonis ne prendra pas le risque d’aborder avec son ami. Mais il voit que c’est pas facile pour Devon, et ce constat lui fend un peu le coeur. Il comprend dans ce qu’elle lui dit qu’elle a parfois l’impression d’être mise de côté, de se sentir hors du cercle et ça lui donne envie de foutre une calbote derrière le crâne de Tyron et de lui demander d’arrêter ses conneries. Malhabile et peu doué quand il s’agit de parler à coeur ouvert, Adonis prend un cousin coincé entre lui et le canapé et le lance au visage de la jeune femme. “et si t'arrêtais de te plaindre comme une gonzesse un peu ?!” Il accompagne ces quelques mots d’un sourire malin espérant réussir à en provoquer la réplique sur les lèvres de Devon.

Elle se met à lui poser des questions qu’elle n’avait encore jamais prononcées. Elle s’intéresse étrangement à lui et à ce qu’il fait, et bien qu’il pourrait décider d’éluder ces dernières, il se dit qu’après toutes ces années passées à le voir squatter sa piaule elle mérite de savoir la vérité. Il lui dessine l’esquisse de son activité, et la seule information qu’elle semble retenir est celle concernant Monet. Son rire se joint au sien quand elle s’étonne de le savoir sous les ordres d’une femme. “Je suis plus son associé que son sbire, t’en fais pas, mais j’vais pas te mentir c’est elle qui porte la culotte.” Son rire s’intensifie et résonne dans la pièce. Il sait que Monet ne le considère pas comme son employé, et lui la considère plus comme une mère ou une soeur que comme sa patronne, mais ça ne change rien au fait que ce sera toujours elle qui aura le dernier mot, et ce malgré la place qu’il partage à ses côtés depuis la création du Dark Mist. Et cette vérité ne lui pose aucun problème. Devon l’observe et lui indique qu’elle ne lui trouve aucunement l’allure d’un peintre, ce qui ne l’étonne pas vraiment. “Ah ouais, et je ressemble à quoi d’après toi ?” Elle saisit sa main et examine ses doigts comme pour y chercher des indices. “Est-ce que t’as seulement déjà rencontré un peintre dans ta vie ? c’est quoi au juste ton référentiel ? Je t’ai pas dit que je jouais du piano.” Leur regard se croisent à nouveau et elle le met au défi. Un large sourire se dessine sur ses lèvres avant qu’il ne relève légèrement le menton dans sa direction. “Qu’est-ce que t’attends ?” la questionne-t-il, “tu crois qu’en plus c’est moi qui vais aller les chercher tes foutus pinceaux et ta putain de peinture ?!” Il sait qu’elle mordra à l’hameçon, et en réalité l’idée de se prêter au jeu, bien que le matériel ne soit pas vraiment adapté, n’est pas pour lui déplaire.