this is it, do or die

traits de caractère / Attentive, résiliente, contemplative, courageuse, intrépide, persévérante, blasée, légèrement kleptomane sans doute, cynique, froide, imprudente, impulsive, pessimiste, solitaire.

Dani, jamais Daniela, la dernière des Paredes. Sa mère, son frère et sa soeur sont ses points de repères en grandissant, malgré les privilèges que sa double-nationalité lui octroie. Elle développe très tôt un intérêt pour l’Histoire et se spécialise en histoire précolombienne à Columbia dans l’unique but de devenir archéologue. Elle a une vision romantique de l’archéologie et des historiens. Elle se voit comme la Indiana Jones portoricaine, parce qu’elle est constamment à la recherche de l’effet de l’adrénaline dans son corps, et la sensation de bien-être extrême qui survient ensuite. Dani, c’est l’ambivalence incarnée. Elle veut tout. Elle veut être sophistiquée et méchante, mais elle veut être humble et une personne convenable. Et comme un enfant peut-être l’un ou l’autre, elle était souvent les deux. Elle veut être avoir le mode de vie d’une athlète, mais elle veut passer ses nuits à écrire, faire des recherches et boire des bières. Elle est une contradiction pour elle-même. Elle a un conflit perpétuel dans sa tête. Elle veut à la fois la vie de l’aventurière et celle de l'historienne académicienne.

Le rêve américain des Paredes se voit rompu en 1993 à la déportation la plus sévère de son père, un bouleversement qui sera considéré par Daniela comme le début de la fin et un prélude aux tourments de la jeune fille, et même si à l’aube de sa naissance, elle ne connaîtra jamais son père : force est de constater qu'il a refait sa vie loin d'eux, loin d'elle. Contrairement aux tragédies classiques qu'elle affectionne, l’évènement se fait annoncer sans signes, sans messages, sans prémonitions, sans dieux. Pour elle, son frère, qui dispose d’un engouement dantesque pour la culture sud-américaine se verra propulsé au rang de figure paternelle, même lorsque Daniela commence à se spécialiser dans des jeux douteux et dangereux, et qui se confirmera lorsque dans son plus grand dévouement, paiera les frais de sa scolarité à Columbia. En 1999, c’est la chute de l’idole que représentait sa soeur, dans la confusion générale. Depuis le jour où elle a décidé de rejoindre le père, tout semblant de considération pour sa soeur a disparu. Il lui semblait qu’il y avait dans la décision de son aînée quelque chose de crucial, et que si elle pouvait le comprendre alors elle comprendrait tout et pourrait enfin leur pardonner et se reposer. Mais elle n’arrivait pas à penser, ses pensées s’entrechoquaient, se réverbéraient dans sa tête dans toutes les directions et à tous les niveaux. Malgré tout, elle a des souvenirs d’enfance merveilleux sur cette terre. Elle jouait dans les grands espaces, il y avait les parcs mais aussi les toits de New-York. Elle partait souvent le matin et ne rentrait que le soir. Malgré les apparences, c'était une ville fermée, elle courait jusqu’au bout de la rue, à son point culminant, et, de là elle regardait. Elle rêvait de voir plus loin, elle essayait d’imaginer ce qu’il y avait derrière l’horizon des gratte-ciels.

Ensuite, la majorité des Etats-Unis a vu la réémergence de factions qui regroupent des clans les plus infâmes de la planète, à l’image d'un président élu qui tente de sauver ce qui peut l’être de l’ancienne Amérique : blanche et raciste. Et au milieu, il y a Daniela - chez qui on assiste à une révélation identitaire - qui, simultanément à sa force de courage, à sa fierté pour ses origines, se dévoue à une vie déchirée entre ses souhaits académiques et ses désirs d’aventure. Daniela est jeune, déterminée et prête à faire le nécessaire. Elle vit à New-York lorsqu’elle fait de mauvaises rencontres, dont les plus notables sont les receleurs d'antiquités, devenant tour à tour complice et victime indirecte de la spoliation de patrimoine culturel : reliques, artéfacts. Elle parvint à la conclusion que deux choix s’offrent alors à elle : se résoudre à croupir dans des fouilles interminables avant que sa passion l’abandonne, ou bien vivre une vie frénétique qui lui permettrait de rembourser ses dettes envers son frère. Alors elle vend sur le marché noir pour la première fois, perd vraisemblablement la meilleure partie d’elle-même, et en fin de compte, revend beaucoup, par douzaine. Tout ce qu’elle accomplit à partir de cette première fracture est conduit par un acte de désespoir : elle a entièrement perdu foi en elle-même, et l’humanité. Daniela se sent coupable de ses collaborations, et pour cause, alors son épopée prend soudainement un but absolutoire, dans laquelle elle tente de se racheter. Elle en devient paranoïaque, ressasse le passé, et laisse place au scepticisme : si son propre père, sa propre soeur étaient prêts à l’abandonner, pourquoi pas le reste du monde ? Deuxième fracture. Elle prend plus de facilités à se mettre en danger, cède face à ses démons et embrasse pleinement la course vers l'adrénaline, lui assurant que c’est de cette manière que vivent les "archéologues" - qu'elle dépeint presque comme des chasseurs de trésors. La cicatrice qui orne son abdomen, coup de machette de pilleur dans les ruines d'un temple aztèque en est la preuve, et elle la chérit, cette vilaine marque, comme la preuve que ce jour avait bel et bien existé, qu’elle avait su aller au-delà de ses limites et s’en sortir quand même. Néanmoins, tel un signal d’alarme, se faisant à la foi gouffre abyssal et catalyseur d’espoir, sa mère, son frère, sa soeur, se trouvent au milieu de ces pérégrinations, devenant la raison pour laquelle ils devraient garder espoir de voir Daniela ne pas perdre de vue ce qui importe vraiment.