Sujet: been running from it for the longest time (rayleigh) Mer 10 Mar - 18:31
Elle rêve d'une ville labyrinthe, d'immeubles rongés de fractures, où les rues s'agencent sans logique. Elle y marche en aveugle, les mains tendues devant elle. Elle se heurte au hasard des corps dont elle n'a rien perçu, des peaux inconnues, impénétrables. Elle les somme de la conduire à Ezia mais leurs voix sourdes ont des consonances bengali et, contrainte alors de pénétrer plus avant la noirceur périlleuse de la ville, elle est déjà vaincue par la certitude de s'y perdre et de ne jamais retrouver la trace de son amante. Ses gémissements l'éveillent, le coeur convulsé par l'emprise d'Ezia, l'ensorcellement dont elle doit être victime et par lequel elle se venge d'elle, de la sujétion à laquelle Shea a d'abord cru la réduire. Si elle avait su. Elle cherche en vain à dissiper le flou de son rêve. La lumière du jour l’éblouit. Shea se tasse par-dessus les couvertures et se protège les yeux jusqu’à ce qu’ils s’accoutument au changement. Elle croit entendre son nom murmuré à côté d'elle dans le lit et finit par lever une main pour contrer un bras qui vient se poster en travers d'elle, avant de sentir se refermer sur elle une main chaude et s'abattre sur son front des baisers. Sa peau lui semble moite, et le visage à peine visible qui la comble lui semble putride et corrompue. Elle se tient raide contre le matelas, et vomis une excuse comme quoi elle a autre chose à faire avant de déloger la femme.
Shea s’assoit sur le lit, se recroqueville, les bras serrés autour de ses genoux et observe le ciel par la fenêtre. Elle hésite. Peut-être que pour une fois, elle pourrait se rallonger, essayer de se rendormir, mais elle a déjà les pieds qui commencent à s’agiter. Elle sait que si elle n’était pas occupée à courir, ou à toute autre activité, elle se mettrait à cogiter, et elle ne s’en sent pas capable, physiquement et émotionnellement. Elle se lève hébétée et ouvre la fenêtre avant de s'appuyer d'une main contre la rambarde et faire rouler ses mâchoires en un craquement de mandibules, tendre les bras et dénouer ses muscles. La pièce baigne dans un jour atone et lourd, comme chargé de sable et elle hésite à désigner ce qui imprime en elle cette sensation de menace, ce pressentiment d'une perte inéluctable d'elle-même serrant sa poitrine et logeant sous ses côtes. Ezia. Il faut qu'elle la voit. Il faut qu'elle la voit pour ne plus jamais la revoir. Elle se saisit de son téléphone logé sur l'îlot du coin cuisine et compose un message qu'elle réécrit plusieurs fois. Quatre minutes plus tard, elle est vêtue d’un short, de chaussures de course et d’un débardeur, le message toujours niché dans ses brouillons.
Shea s’extirpe discrètement de son loft, pas mécontente d’échapper au réveil de son frère qui dort sur le canapé depuis plusieurs semaines maintenant. Elle porte une bouteille d’eau avec laquelle elle joue alors qu'elle attend l'ascenseur. Puis, un pied devant l'autre, les yeux rivés sur le titre de la musique qu’elle va choisir, elle avance lentement jusqu'au trottoir, mais une silhouette s'élance devant devant elle, et Shea perd soudainement tout son empressement. Elle retire un de ses écouteurs et regarde l'athlète approcher. Elle la reconnaît, mais est-ce qu'elle peut l'interrompre ? Shea ne raisonne pas, c’est l'instinct qui la guide, la témérité et l'intempérance. Même quand son corps et son cœur réclament sa raison, en provoquant en elle un incessant conflit interne qui l’épuise et la vide doucement. C'était ainsi, de ce même feu, que se déroule toutes ses relations : nourries à des excès qui peuvent surprendre, le drame mettant en scène des sentiments et de l'insensibilité extrêmes. Pas de demi-mesure. Pas de demi-teinte. C'est une fois à sa hauteur qu'elle se redresse pour l'accoster. Puis elle rit nerveusement, passe une main dans sa nuque comme elle fait souvent : « Pardon mais... on se connait non ? » Bel effort. Elle se reprend avec un demi-sourire : « J'veux dire, je crois que je t'ai déjà vue quelque part... »
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Ingrid Syrstad Engen ethereal avatar, capraccoon icons & gif, waldosia code signa 104 969 27 célibataire depuis toujours, plus par manque de confiance que par manque d'envie, elle espère passer outre ses inhibitions pour obtenir le Graal : une jolie femme au creux de ses bras joueuse de soccer professionnelle, milieu latéral droit du Queens FC depuis février 2020 queens traditionnel, un quartier qui lui rappelle celui de son enfance, chaleureux, accueillant... roy #1
Sujet: Re: been running from it for the longest time (rayleigh) Jeu 18 Mar - 20:19
Sans la moindre hésitation Shea s'autorise à se rapprocher légèrement de sa vis-à-vis, l'observant toujours obstinément, des pieds à la tête. « Mmh, je crois pas. » Elle déploie immédiatement un sourire sardonique pour éviter les malentendus gênants. « Je passe pas souvent par les mêmes rues. » explique-t-elle en plissant les paupières comme s'il lui permettait de mieux restituer son visage. Trop peur, qu'elle pourrait ajouter, d'y croiser celles qu'elle préfère fuir. Shea fait mine de passer en revue toutes ses conquêtes et connaissances récentes. Prise d'une illumination soudaine, son visage s’éclaircit. Elle ouvre la bouche prête à enchaîner à la fois le nom et les occupations de celle qui se tient devant elle mais son aplomb l'abandonne. Préférant la discrétion à l'annonce publique qu'elle a été sur le point de faire, elle abaisse son visage, murmure : « Tu... joues au foot, non ? Soccer, pardon. J'oublie que vous appelez ça autrement ici. » et son sourire s'élargit. Devrait-elle se présenter à son tour ? Ou s'excuser de son manque de tact ? La convaincre que ses intentions ne sont pas celles qu’elle doit croire ? Du moins pas avant un verre. « Mon colocataire adore regarder les matches. » Comme si en cette unique phrase se tenait toute l'explication à son audace.
Depuis longtemps, bien avant qu'elle n'arrive à New-York, Shea s’est lancée dans une ronde exténuante d'expériences stimulantes, et qui se résument à : sorties, alcool, sexe, grosses quantité d'alcool, encore plus de sexe. Sous la houlette de ses rencontres du soir, elle révèle parfois aux autres des facettes odieuses de son caractère. Une fois ivre, elle passe parfois d'un stéréotype à l'autre : la jeunette insensible et sans pudeur, l'idiote du village, l’anglaise prétentieuse, et la séductrice indienne. Mais ce portrait de Shea dépravée en permanence ne fait pas oublier la qualité de sa production. Et alors qu'on critique ses lacunes en sociabilité, elle ne semble jamais aussi attentionnée et disciplinée que lorsqu'elle se lève à six heures du matin, toujours sous l'effet des substances ingurgitées la veille. Je vais courir, annonce-t-elle alors à la fille qui dort dans son lit, en lui remettant ses vêtements en mains propres, avec sa grandiloquence habituelle. Mais les relations ont toujours été un dilemme pour Shea. Elle noue très facilement, voire trop facilement les liens qui l'unissent à quelqu'un et l'intensité de la relation sexuelle dépasse toujours la précédente, une nuit fusionnelle, compatible, presque trop parfaite, mais qui se termine toujours sur une déception, et peut-être que la peur de l'abandon la pousse à agir de la sorte, mais elle finit toujours par fuir l'autre, ou du moins, faire en sorte que la relation cesse totalement d'exister. Rares sont les femmes qui ont gardé une bonne image d’elle et elles sont paradoxalement celles qu'elle peut facilement quitter sans regrets. C'est pour cela aussi, qu'elle n'attend plus grand chose de ses rencontres, même fortuites et en apparence innocentes, découragée par son propre comportement. Elle fera quand même l'effort d’être convenable cette fois encore. « Pardon, je te laisse reprendre. » s'essaye-t-elle avant de se racler la gorge, plus très sûre de son coup. « Sauf si tu préfères aller boire un verre ? » Tant pis pour la convenabilité. Elle est curieuse et la regarde en biais et Shea est tentée de lui tendre la main, ou ses bras, elle n’est jamais certaine des conduites à adopter dans ce genre de situation, mais elle enchaîne simplement avec un sourire : « Shea. Enchantée. »
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Sujet: Re: been running from it for the longest time (rayleigh) Mer 24 Mar - 10:57
Shea sent son attention dévier vers leur environnement et ça lui décoche un sourire attendri. Elle scrute quelques passants avant de réimposer sa présence en se rapprochant. Elle s’est toujours jurée de s’amuser avant tout, et de profiter de vivre au maximum, quelles qu’en soient les expériences, où qu’elle le vive, et elle met en pratique, et ce malgré les conséquences, ce vieux principe. Stupéfaite de l'hétérogénéité de ses fréquentations, elle ne peut s’empêcher d’en rajouter en élaborant des représentations stéréotypées de ses conquêtes, et de ses concitoyens de manière générale. Elle sourit encore, simplement à cette seule pensée. Elles valent d’ailleurs probablement mieux que la caricature que Shea s’en fait. L’anglaise finit toujours seule, d’une quelconque manière, à s’endormir, ou le matin, à se dégager des couvertures, sur une excuse stérile si ça se passe comme elle l’a anticipé, ou bien à se laisser mener très loin par son égoïsme et sa cruauté.
Il y a un nouveau silence gênant jusqu’à ce qu'elle reprenne la parole. « Ça peut être un café. » Shea soutient son regard, et l’observant désormais, après ces révélations - ses gestes, son regard - elle voit quelqu’un de nouveau. C’est peut-être du bluff, lance-t-elle à la part d'elle qui garde son orgueil et son narcissisme tout près d'elle. A son tour, elle regarde autour de leur environnement. Les vitrines, les taxis, les grattes-ciel, puis, Shea veut conclure rapidement, et si possible se passer de mondanités. Elles auraient dû avoir la conversation de deux personnes qui se croisent ; quelques phrases banales et aimables conclues par un bon il faut que j’y aille. En fait, si elles ont bavardé pendant cinq minutes, Shea ne se souvient pas un mot de ce qu’elles se sont dit, mais elle sait qu’elle a pris conscience qu’à un moment donné, Rayleigh a dû être surprise de son invitation, sans en comprendre les réelles intentions. Elle hésite. Ça fait des années qu’elle est sa propre bête noire, elle se dit qu’elle pourrait se rendre service à elle-même - ainsi qu’au reste du monde - en lâchant l'affaire. Elle rit et accueille la plaisanterie comme une distraction. Eviter de trop se laisser happer par les éventualités à l'issue de cette rencontre. Elle regarde alors sa vis-à-vis dans les yeux puis avec un hochement de tête intéressé lâche un « Rayleigh. » mais qui entend plutôt : je note, et qu’elle est prête à relever le défi qu’elle s’est lancée. L’expression de son regard en dit beaucoup plus long. « Tu dois avoir tout le monde à tes pieds. » Une part d'elle, prédominante, aurait pu se montrer plus subtile. L'autre, sait exactement comment provoquer Rayleigh, et franchement, Shea n’a que faire de la finesse.
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Sujet: Re: been running from it for the longest time (rayleigh) Dim 11 Avr - 13:54
Shea rit de bon coeur. Pas un assez grand club, véritablement, et ça lui déclenche une moue. Amusée que Rayleigh soit passée à côté de la perche, elle ne peut s'empêcher de renchérir : « je faisais pas allusion à la taille de ton club. » Ce qu'elle entend par-là ? Il vaut mieux que Rayleigh n'en sache pas davantage pour l'instant. Prenant sa réponse pour une invitation à poursuivre la conversation, Shea plisse les yeux, les mains sur les hanches. « Et ça reste impressionnant, tout ça. » Elle esquisse un bref geste de la main entre elles. Elle ne connaît rien de cette vie que présente Rayleigh, alors elle acquiesce à tout, ne juge pas nécessaire de préciser le contexte de sa déduction, de ses phrases rentre-dedans, ni les détails qui pourraient devenir embarrassants.
« Un café alors... je t'invite. On y va ? » Elle s’efforce de les entraîner un peu plus loin sur le trottoir avant de bifurquer dans une rue qui offre une vue dégagée sur le reste du quartier. Elle se met à se balancer sur ses deux jambes comme elle l’aurait fait si elle avait été seule, se retient de jeter quelques regards en arrière pour vérifier que Rayleigh la suit bel et bien. Elle bifurque sur des rues parallèles, loin de la foule des grandes avenues, puis elle s'immobilise de nouveau, réajuste ses cheveux, et se tourne vers elle : « qu'est-ce que tu fais quand tu joues pas au foo... soccer ? » Elle ignore où elle va avec ses questions, ni à quel moment elle en fera trop avec cet accent, et son impatience commence à se voir.
Ses mouvements ne ressemblent plus à une série d’embardées spasmodiques ou de chutes suivies de surcompensations maladroites comme c’était le cas il y a vingt ans. Son corps possède à présent une fluidité qui renforce son assurance. Elle apprécie l’amélioration de sa condition physique, et aussi la sensation nouvelle de ne faire qu’une avec son environnement - un environnement qui, pourtant, lui avait paru si cruel à son arrivée. Elle contemple le mur de gratte-ciel qui se dresse devant elles. Elle se demande si sa famille aimerait l’Amérique. Pour la première fois de sa vie, elle se sent fortement loin de sa mère. Et, comme d’habitude, cette irruption d'affect soudain la déconcerte, alors elle se tourne vers sa vis-à-vis : « t'as un copain ? Une copine ? » Elle demeure aveugle aux autres : Shea Harrington n’a jamais été en couple qu’une journée sur deux, elle serait incapable de juger le degré d’enthousiasme avec lequel on est censé dévoiler sa vie privée. Elle sourit en se disant que c’est quelque chose qui ne lui a jamais traversé l’esprit. Voilà comment les gens vivent dans cette ville. C’est normal, même à son âge. Ils exercent des professions plus ou moins importantes, ont des parents normaux, des fiancés, parfois même un chien, ou mieux encore, un bébé. Leur normalité ne fait qu’accentuer son sentiment d’anormalité. Puis elle se retourne une seconde vers la vue du coffee shop devant elles : « après toi... » avant de reposer presque immédiatement ses yeux sur le visage de Rayleigh en lui ouvrant la porte, si bien qu'elle laisse planer de nouveau le doute quant à ses véritables intentions.
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