fallen - novais

à l’approche des fêtes, le monde du tigre aurait dû s’épanouir, la lumière revenir, les ténèbres s’en aller. Mais elle était toujours bloquée, dans une sorte de semi transe, à l’approche du cours… l’impression que le vide s’installait, son bébé qu’elle espérait tant revoir un jour, aurait dû avoir un an, cela aurait dû être son premier vrai noël, parce qu’un nourrisson ne pouvait pas apprécier les fêtes…
elle aurait tellement voulu lui faire un cadeau, lui donner de l’amour… ce petit qu’elle ne connaitra jamais, ce petit qu’elle aurait aimé connaître. Les douleurs qui revenaient, et qui la faisaient se tordre, elle n’avait plus envie d’être en cours, elle n’avait plus envie de faire classe, ne voulait cependant pas rentrer non plus. parce qu’il était toujours là. parce qu’il parlait haut et fort pour t’accuser, et que tu n’en pouvais plus. parce que tu l’avais tué, ce petit être, d’après lui… et que tu commençais à y croire… elle n’avait pas envie d’être à la fac, pas envie d’être chez elle, ne désirait que se retrouver avec son amie, sa seule amie. Cette vipère qui se glissait bien souvent contre le tigre déchu, pour lui donner la chaleur dont il avait besoin… malgré le sang froid du reptile, elle était toujours chaleureuse avec le félin… silene était toujours là pour elle…
si seulement elle pouvait quitter la salle… mais elle ne le pouvait pas, la classe arrivait. et parmi les étudiants, elle. elle, celle que tu gardais à l’œil, comme si tu sentais qu’elle allait encore te faire blêmir. Comme si tu sentais qu’elle allait avoir besoin de toi. elle ne savait pas quoi penser de miss thoma, se revoyait en elle, tout en la trouvant exaspérante. Elle était cette étincelle qui rayonnait dans son cours, que ce fut pour mettre le feu, ou pour préserver la flamme…
tu ne savais pas si tu l’aimais bien, ou ne l’aimais pas. mais tu voulais la surveiller, être là pour elle, aussi. elle ne voulait pas qu’elle se replie sur elle-même, elle voulait la voir persévérer. Elle espérait, tout du moins.
mais en ce jour, tu n’avais pas la même ténacité, tu n’étais pas dans ton état normal. les songes d’une vie passée et détruite par ta faute, les flammes de tes souvenirs qui revenaient te hanter… tu te perdais, ta voix s’enrayait, tu avais mal, ta gorge criait. les brûlures toujours plus fortes, l’impression de se perdre… elle ne voyait plus, elle n’entendait plus, il n’y avait plus rien, sauf ces paroles du fond de la salle. Tandis qu’elle perdait sa voix, qu’elle avait mal, elle ne pouvait plus passer outre les moqueries qui existaient à son égard. Seigneur de la jungle, déchu de son titre, les sujets se rebellaient, et le feulement plaintif du tigre ne pouvait que les y encourager…
Il n’y avait plus rien, sauf ça. Comme si elle ne pouvait plus entendre autre chose. Comme si en boucle, elle ressassait. Comme si elle se perdait à nouveau dans son esprit embrumé.
Quand soudain, elle n’en put plus. assez ! assez ! vous ne réussirez jamais rien, si vous passez votre temps à juger ! alors vous savez quoi ?! bon vent ! cria-t-elle, larmes sur ses joues, voix fracassée par sa gorge toujours brûlée, tandis qu’elle quittait la salle, en furie, pour aller se réfugier dans le couloir, là où les yeux des loups ne pouvaient plus la transpercer.
Là où le tigre abattu pouvait survivre.