queens.

la porte que tu claques lorsque tu rentres chez toi. ton téléphone qui vibre. tu fouilles ton sac, il s'agit du personnel que tu n'as pas encore éteint. tu as dû oublier de le couper et de t'offrir l'habituel, et précieux, silence nocturne. tu remarques qu'il s'agit de lais, tes yeux se plissent tandis que tu observes l'heure. il est tard, trop tard. elle ne dort pas, ça ne va pas. tu remontes ta capuche sur ton visage tandis que tu sors de ton appartement. tu n'attends pas sa réponse, tu comprends ses mots avant qu'elle ne les écrive. elle a besoin de toi. vous devez être ensemble. tu attrapes ton vélo, prête à trembler sous la fraîcheur de la nuit pour la rejoindre. à cette heure-ci, tu ne possèdes pas d'autres possibilités excepté de payer, cher, trop cher, en prenant ton taxi. tu n'aimes pas dépenser ton argent pour rien.
tu roules, tu glisses. vérifiant ton téléphone lorsque tu dois t'arrêter à un feu. lais te confirme ta croyance, tu dois venir. la bercer, qu'elle puisse s'endormir dans la tiédeur de tes bras. parfois, tu te dis qu'il serait préférable que vous habitiez ensemble plutôt que d'être là, comme à votre habitude, en train de vous réunir tardivement dans la nuit. plusieurs fois par semaines. les terreurs nocturnes. le corps qui s'éveille en sueur. elle connaît, toi aussi. il faut chasser vos démons, ces ombres qui tournoient au dessus de vos rêves, pour les empêcher d'impacter vos quotidiens.
tu arrives.
et tu te presses, appréciant ta trajectoire. habituée à la parcourir. elle n'est pas si loin, quelques minutes. à cette heure-ci, la ville est calme. plus calme que d'ordinaire. tu aimes observer les lumières qui scintillent, te perdre à contempler la forme des rues et l'ondulation de l'architecture. tu avances jusqu'à atteindre son immeuble. parfois, souvent, tu te demandes pourquoi lais est venue se perdre dans cette tour, ce quartier. ce n'est pas pour elle. tu te gares, pénètres à l'intérieur afin d'atteindre son étage, tu connais le code ; tu connais tant de choses, la concernant. la porte est-elle ouverte ? oui. tu frappes, et tu entres, refermant à clef derrière toi. en quelques pas, tu te glisses à ses côtés, déposant tes lèvres refroidies sur sa tempe. viens vivre avec moi. que tu dis alors, sérieuse. et tu es là.

sur les trottoirs je pense à toi, sur les boulevards je pense à toi, dans la nuit noire je pense à toi, même s'il est tard, sous les réverbères je pense à toi, dans la lumière je pense à toi, tous les hémisphères je pense à toi. -- @isaure graham

ni repos, ni répit, prise entre sa culpabilité et l’envie de rechuter. l’envie qui se veut trop présente, trop pressante, alors même que son esprit lui susurre de ne pas replonger. alors même qu’elle se souvient encore de cette lutte acharnée pour ne pas craquer. de ces semaines passées en centre en espérant entrevoir, un jour, le bout du tunnel. mais une fois sortie, ce n’est pas la lumière, qu’elle a retrouvée. non, c’est l’incertitude, l’insécurité, qui sont venues pour la bercer. elle ne sait plus qui elle est ni ce qu’elle veut, lais. elle ne sait plus rien et dans ce genre de moment, il n’y a qu’un prénom à son esprit. qu’un visage pour venir calmer les sueurs. il n’y a plus rien, sauf son trésor, sauf son soleil, sauf celle qui l’empêche de définitivement tout abandonner. bien plus que ta meilleure amie, elle est le pilier de ta vie, lais. elle est celle sur qui tu peux te reposer, toujours. celle qui ne pourras jamais t’abandonner. isaure, elle est celle qui sait tout de toi mais qui t’aimes quand même. celle qui te prouve chaque jour que t’en vaux la peine. elle se sent chanceuse, lais, d’avoir quelqu’un comme elle dans sa vie. d’avoir quelqu’un qui n’a jamais pris le parti de la rejeter, ni lorsqu’elle s’est perdue dans la célébrité, ni après l’overdose.
elle est chanceuse et ce soir encore, elle l’est un peu davantage. parce qu’au beau milieu de la nuit, isaure lui promet de venir. elle lui promet d’être là, même s’il faut qu’elle traverse la ville en pleine nuit. même si ses plans étaient autres. même si elle souhaitait simplement dormir. elle vient, elle vient. elle connait le loft, sait entrer à sa guise et sait également qu’elle en a le droit. parce qu’elle est aussi chez elle, chez toi.
et soudain, l’angoisse s’évapore. soudain, les doutes s’envolent. elle est là. elle est bien là, les lèvres contre son front, les bras autour d’elle, l’entraînant ainsi dans un monde beaucoup plus doux, un monde d’amour. tu voudrais vraiment ? qu’elle lâche, encore embrumée par ses idées noires, par ses idées sombres. tu sais qu’elle mérite tellement mieux, isaure. tellement plus que de passer son temps à veiller sur une toxicomane. elle mérite tellement mieux que toi, lais.

(c) calaveras.

ne pas compter les heures passées à bercer lais pour lui permettre de rejoindre la bienveillante morphée. tu ne te questionnes pas sur ton rôle, c'est une évidence. lorsque son âme t'appelle, tu arrives. qu'importe l'heure, l'instant, ta réalité ou le rêve dans lequel tu es plongée. tu arrives parce que tes parents t'ont appris qu'il était important, précieux, de veiller sur le coeur des gens que l'on aime. ils ne sont pas nombreux. ils ne deviendront jamais nombreux, ces gens-là. parce que tu ne sais pas, tu ne peux pas donner, des morceaux de ton âme à la terre entière. mais ceux qui te touchent, ceux qui ont su se faire une place, tu les protégeras quoi qu'il puisse les tourmenter. ton rôle, une nécessité.
ton corps qui trouve, retrouve, celui de lais. tu te glisses déjà dans ses bras, déposant ton visage contre sa poitrine. ton bras s'enroule autour de son ventre. tu es là. tu ne bougeras pas. vivre ensemble ? tu aimes ton indépendance. mais, tu envisages avec sérieux avec possibilité. plutôt que de glisser dans les rues endormies de la ville lorsqu'elle s'inquiète, panique ; tu pourrais être là, tout le temps. ensemble. ensemble, vous êtes plus fortes. capables d'affronter l'extérieur. séparées, vous pouvez vous éparpiller et ne pas retrouver votre chemin. tu es tellement reconnaissante d'avoir rencontré lais, une si belle âme. une alliée. de la compréhension partagée. un quotidien ensoleillé, malgré tout. malgré ce qu'elle a vécu et traversé ; malgré ce qu'elle continue de vivre et de traverser. tu es là. elle est là. tu aimerais ? que tu réponds à sa question. toi, tu t'exprimes uniquement pour offrir des vérités. incapable de prétendre être ce que tu n'es pas. incapable de t'inventer des désirs qui ne sont pas les tiens. je crois que je suis capable de te supporter. tu souffles, le coeur rieur. oui, tu crois. tu n'es pas sûre. tu imagines. tu en possèdes l'envie, c'est suffisant ? oui. non. ou pas. peut-être. quoi qu'il en soit, tu as envie de son bonheur, du tien. votre quotidien serait plus simple en vivant au même endroit.

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