queens don't compete with h*es (becca)

traits de caractère / des regards sur toi. ils croient savoir quelque chose de toi, des traits angéliques qui composent ton visage. ils croient lire en toi comme un livre ouvert. fausse route. tu te tais. tu en dis le moins possible de toi, même si qu'est-ce que tu es chiante à te plaindre pour un rien. tu t'en fous. le courant d'air qui s'échappe, aussi insaisissable que le vent. tu es libre. libre de tout. quelqu'un ou quelque chose te déplaît ? tu le dis, tu râles même si besoin. besoin ou envie de quelque chose ? tu disposes. tu es l'électron libre qui s'arrache au monde. certaines personnes te trouvent égoïste mais tu ne le vois pas de cet œil. tu es toi-même. tu laisses ta créativité être ton souffle de vie. les lignes que tu griffonnes au fusain sont vitales pour ton esprit en ébullition. tu t'en nourris, croquant chaque seconde comme si elle était la dernière. chaque instant est un battement de cil et tu le consommes, un sourire mutin sur tes lèvres. sociable, souriante, beaucoup trop bavarde, pétillante. le petit soupçon de grâce qui te rend irrésistible. c'est peut-être ça, alors ? ce petit quelque chose qui ne s'explique pas chez toi, qui te rend si différente. tu ne cherches pas à savoir. tic-tac. le temps s'écoule, tu dois vivre. intensément. à en crever sous le poids du bonheur. tout sauf celui du regret. jamais.

anecdotes / tu manges vraiment très peu, ça effraie beaucoup tes proches mais tu n'en as jamais souffert, c'est juste ton métabolisme ─ tu n'as pas le permis, tu ne sais pas si tu le passeras un jour ─ il ne faut pas parler de politique devant toi, ça te fait partir au quart de tour ─ ton appartement est rarement rangé, il est un enchevêtrement de piles de livres et de feuilles dessinées. c'est ton côté bohème ─ tu as un chat noir, berlioz de son prénom ─ tu fumes trop, on te le dit souvent ─ tu adores starbucks, tu pourrais y passer ta vie ─ tu aimes voir new-york sous la neige, la période hivernale est sûrement ta préférée ─ tu cuisines les pâtes à la perfection, seule fierté culinaire notable que tu sais faire ─ tu aimes trouver certaines de tes affaires dans des friperies, tout le monde à le droit à une seconde vie ─ un jour, tu t'es étalée dans le métro, ton genou gauche a toujours une cicatrice de cette glissade. ça a valut un beau fou rire aux passants au moins ─ tu es toujours celle sur qui la capote craque, c'est comme ça. heureusement que tu as une bonne contraception ─ il t'arrive d'emprunter à durée indéterminée des livres à la librairie, tu aimes les avantages en nature de ton boulot.

tu penses à ton passé, souvent. il fait parti de toi, tu ne peux pas lui tourner le dos. tu arrives à mettre des mots dessus. avec le recul, tu peux dire que tu as vécu dans une cage dorée toute une partie de ta vie. toi et ton jumeau, vous avez toujours eu tout ce que vous aviez envie. vous avez reçu une éducation des plus privilégiées. tu sais que sans ça, tu n'aurais jamais eu de faire des études comme celles que tu avais commencé à l'époque. Ta carrière déchue, tu n'y songe plus à présent. elle s'est envolée ce fameux jour où tout à basculer. tu t'en souviens comme si c'était hier, tu venais de prendre vingt-et-un ans. tu avais la vie devant toi, il a fallut que tu vois ce flash-info.

« nous interrompons le normal de nos programmes pour un flash-spécial. » tu as monté le son de la télévision en fronçant les sourcils. « Vittore Moreno, actuel premier ministre de la nation, vient d'être mis en état d'arrestation par les Carabinieri de la capitale. l'actuel homme d'état n'a pas souhaité s'exprimer sur l'objet des accusations qui planent sur lui. » les images de ton père, les menottes aux poignets, défilent sous tes yeux ébahis. « supposé membre haut placé pour la cosanostra, il devra répondre de ses actes. tout de suite, notre envoyé spécial à Rome. » tu coupes la son et les larmes aux yeux, tu composes le numéro de ta mère. tu demandes des explications, tu cherches à comprendre. « chérie, écoute-moi. tu vas partir. ton père et moi avions prévu ce jour, c'était inévitable. » ton monde s'est écroulé. « je suis en voiture, j'ai de l'argent avec moi et tu vas partir pour new-york, tout de suite. il faut te mettre en sécurité, ton frère et toi. vous êtes en danger. » tu perds le contrôle, les secondes passent sans que tu puisses comprendre comment tout ça a pu arriver. « Mais roman.. je ne peux pas le laisser comme... » elle te coupe la parole, intransigeante. « tu n'as plus de frère, becca. tu fais tes valises, j'arrive dans quinze minutes. » elle te raccroche au nez, sans rien de plus. tu as envie de lui hurler dessus, qu'elle n'a pas le droit. tu finis par t'envoler loin, tes envies d'artistes à jamais laissées en Sardaigne. pour toujours.

depuis ce jour, tu considères que tu n'as plus de famille. tu as suivi l'actualité dans la presse par la suite, comment ils avaient pu avaler un aussi gros mensonge ? ils avaient tout gagner. leurs deux enfants chacun à l'autre bout de la terre, une famille décimée et en danger. tu as préféré aller de l'avant plutôt que de te morfondre dans ton coin, c'est ton tempérament. l'argent que ta mère t'avait confié n'allait durer qu'un temps. tu as fait plusieurs petits boulot dans la ville avant de tomber sur cette librairie. séduite par ton prestigieux parcours, elle t'avait embauché. c'est ainsi que ta vie était à présent. tu as fini par t'habituer, tu vivais pleinement à vrai dire. tu sortais, tu rencontrais du monde. tu vivais. trois ans que tu vis ici et finalement, ta vie est bel et bien à new-york. ton jumeau est au abonné absent, tu espère encore croiser son regard clair au détour d'une rue. il te manque terriblement. tu essaie d'imaginer sa vie. est-ce qu'il pense à toi ? te cherche-t-il ou est-il passé à autre chose ? ces questions tournent encore dans ta tête, sans réponses.

il a fallu attendre vingt-cinq ans pour que tu aies une relation digne de ce nom. depuis quelques mois, il est à tes côtés. tu verras ce que ça donnera, même si c'est vraiment bancal pour l'instant. pourtant, une sale impression te suit. souvent, tu as cette sensation d'être observée et suivie. cette vilaine ombre que tu sens hors de ton champ de vision. tu sors moins depuis quelque temps, tu évites de sortir seule de nuit. ces petites précautions que tu n'as pas l'habitude de prendre. tu te demandes si tu es parano, tu te poses un tas de questions. une menace que tu sens planer, tu rationalises beaucoup finalement parce que si tu te mets à penser que ton passé te rattrape, tu vas devenir folle. tu préfères te dire que ce sentiment d'insécurité partira aussi vite qu'il est venu et que tu te sentiras mieux. tout va bien aller, tu le sais. tu vas l'avant, comme tu l'as toujours fait.