sortie en famille ? | Mattie & Chadwick

Même s’il ne fera sans doute jamais un marathon sauf pour un pari de l’un de ses amis, Ilenzo ne peut se passer de son footing quotidien. Ni le froid, ni le vent ni la chaleur ne peut l’empêcher d’aller courir. Bon, ok, la pluie a un effet repoussant alors c’est dans les salles de sport vers chez lui qu’il bifurque. Rien de tel pourtant que l’air frais pollué de New York pour aller courir. S’il a tendance à le faire au réveil pour se vider la tête avant la journée à venir, aujourd’hui il a dû aller au circuit tôt alors forcément il a dû repousser. Ce n’est pas bien grave, au contraire ça pourra le faire décompresser, ça lui fera oublier la pression qu’il se ressent à l’annonce de sa prochaine course. On ne dirait pas comme ça, avec son comportement désinvolte, avec son ego surdimensionné qu’il peut craindre pour la compétition mais en réalité il flippe. Il se met tellement la pression que chaque échec peut le faire flancher. Alors ça fait une bonne dizaine de minutes qu’il court dans le parc, la musique à fond dans les oreilles. Il a un bon cardio, une bonne respiration mais il s’arrêter quelques fois, pour faire des pauses, même s’il continu de marcher pour ne pas laisser ses muscles se refroidir. Quelque chose ou du moins quelqu’un attira son attention. Une brunette pas loin l’interpella. Il ne la connait pas beaucoup, seule une nuit passée ensembles, c’est tout ce dont ils ont partagé et pourtant il la reconnait. Son semblant de culpabilité fait qu’il se souvient d’elle plus qu’une simple relation sans lendemain comme une autre. Il vit bien sa lâcheté, il vit bien le fait de ne pas assumer mais ça serait mentir que de dire qu’il a totalement fait fuir toutes pensées à ce sujet qu’il pourrait avoir. Il est peut-être lâche mais sa mémoire quant à elle, est infaillible. Tournant les yeux, il voit un brun qu’il sait très bien son identité. Si Mattie est là et Chadwick également, il y a forcément… bingo, une poussette double. Le stress qui monte en lui à la vue de cette petite sortie familiale. Il est en forme pour effectuer le meilleur sprint de sa vie, il est même en tenue adéquate mais au lieu de cela il s’approche de cette joyeuse petite famille dont il n’en fait pas parti. « Salut ! » il ne sait pas ce qu’il lui prend, il ne réfléchit pas, sinon il serait déjà loin depuis longtemps. De longs mois qu’il n’avait pas donné signe de vie, mais là face à Mattie et Chadwick, il a fait son premier pas. Il ne sait pas comment ils vont le prendre, l’un comme l’autre mais il s’en fiche à vrai dire. Il n’est pas là pour faire souffrir, Mattie, il n’est pas là pour se battre avec Chadwick. Lui il n’a aucune animosité, au contraire ça lui permet de dormir sur ses deux oreilles en se disant qu’il n’a pas laissé une fille gérer deux mômes qui pourraient être les siens.

Un joyeux retour, une famille réunie.
C’était bon, si bon de pouvoir à nouveau passer du temps avec eux. J’aime travailler, j’aime les nouvelles aventures et, en même temps, être loin de mes proches, ça ne me réussi pas. Le truc, c’est que les contrats à New York sont assez serrés et la concurrence est rude. Mais c’est pas grave, parce que ça m’importe peu pour le moment. J’ai pris du repos, j’ai passé du temps avec Mattie, avec les enfants, j’ai revu ma dernière famille, ma vraie famille. On s’est décidé sur une balade aujourd’hui, tous ensemble. On s’est dit que ce serait sympa que les enfants prennent l’air puis au moins, ils dormiront peut être mieux plus tard. C’est toute une préparation une sortie, entre la poussette, les réserves, habiller tout le monde en conséquence … Et si ça semble fatiguant à première vue et bien moi, j’adore ça. J’adore ça parce que j’ai cette magnifique impression de faire partie de quelque chose. Je n’ai pas connu tout ça, cette constance, cette même personne qui m’habille et me déshabille pour aller me promener et j’aime l’idée de pouvoir l’offrir à quelqu’un. On ne se rend pas compte, mais c’est vraiment important. Il fait froid, mais nous n’avons heureusement pas cette petite brise glaçante qui nous ferait rentrer à toute vitesse. On discute de tout et de rien avec la jolie brune, parcourant les mètres et les minutes avec joie et bonne humeur. Jusqu’à ce que mes yeux finissent par se poser sur un élément perturbateur. Comme quoi, rien ne dure vraiment.

C’est plus fort que moi, je ne peux pas m’en empêcher. Dans le fond, je ne le connais pas si bien que ça, Ilenzo, mais la panique, avec un soupçon de jalousie, s’empare de moi dès qu’il s’approche de ce que j’ai construit. Un claquement de doigt et tout se détruit. Un claquement de doigt et, d’un coup, une tierce personne s’ajoute à mon équation parfaite. Et il en a le droit en plus, c’est ça qui est encore plus difficile. Je me surprends à vouloir le faire disparaître des fois, pensées que j’enterre rapidement pour pouvoir considérer que je suis encore normal quand il s’agit de gérer ses émotions. Inspiration, expiration. Je me demande pourquoi il ne s’est pas enfui quand il nous a vu, fuyant notre vue comme il le fait le plus souvent. Un pas dans notre direction ? Peut être, peut être pas. Difficile d’interpréter les signes avec un simple salut. Salut. dis-je à mon tour, souriant à moitié. Que dire de plus, dégage de là ? Excuse nous mais nous sommes un peu occupé ? Un million de trucs meurent d’envie de sortir de ma bouche, mais je ne peux pas. Sourire et faire bonne figure, c’est tout ce qui importe. Personne n’a besoin d’un homme à l’âme de petit garçon qui a peur de l’abandon. Ou qu’on lui prenne ce qui lui appartient. Ça va ? finis-je par demander, ramassant le doudou d’un des enfants d’un geste automatique. J’ai l’impression que la conversation la plus bizarre, ou la plus gênante, de ma vie est sur le point de commencer.

Tes gestes toujours vagues, tu doutes encore de tes compétences, incapable de croire en toi. Pourtant tu avais réussi à survivre, même à vivre avec tes enfants, sans lui. Chadwick. Malgré ça tu peines à trouver la confiance que tu devrais avoir en toi. Heureuse de son retour, de ces moments partagés ensemble avec les enfants, sans que Teagan ne soit là, même si elle te manquerait la brune, sans que tu captes réellement pourquoi. Le froid hivernal est doux, loin du mordant habituel, alors sortir en famille était tentant, prendre l’air était plus simple à deux adultes et deux bébés qu’à un seul adulte. Toi qui ne te considères pas vraiment comme une adulte, encore à vouloir découvrir le monde, la vie. Cela faisait quelques mois que tu n’avais pas tourné, que tu n’avais pas profité d’entrer dans la vie d’une autre, retrouvant une confiance que dans la vie de tous les jours tu es incapable d’épouser. Bientôt tu devras jouer à nouveau la comédie, te conjuguer en une autre personne, te laissant guider par les scénaristes, le réalisateur et ça te plait. Ta vie était ainsi, tes moments à toi enfant c’était dehors loin de tes parents, loin de ces analyses médicales pour être ce pourquoi tu avais conçu de manière médicale, sauver. Le myocarde luttant contre cette peine à ses souvenirs, à leurs absences, réalisant qu’ils n’étaient pas un soupçon de parent, loin de chadwick, loin de toi. Tu voulais devenir l’une de ces mamans pouvant donnant sa vie à ses enfants, à être là pour eux. L’absence du père avait aidé à te donner un peu de plume pour te donner pour la première fois des ailes, pouvant voler en solitaire, incapable de fermer les yeux, de peur de te tromper, de t’écraser au sol. Incroyable moment qui laisse ton âme d’enfant s’ouvrir au monde, se mélangeant à celle d’adulte, heureuse d’être avec Chad, de l’avoir lui comme second dans cette aventure, t’épanouir à ses côtés peut être que c’était écrit dans vos chaires. Les lippes étirées pour offrir un sourire dansant au monde, tes opales dévorant le monde, voyant aussi mille et un dangers que tu n’aurais jamais soupçonné avant d’avoir ces deux merveilles. Ce danger-là, tu ne l’avais pas vu venir, tu l’avais ignoré, une conversation voilà ce qu’il avait eu quand tu avais appris ta grossesse, cette aventure qui t’avait tétanisé dans la seconde quand tu l’avais apprise. Presque un an que tu n’avais pas laissé ton esprit se retourner sur cet échange avec Ilenzo. Le cœur battant à une vitesse anormal, tes opales s’imposant sur lui, tu es comme inerte, incapable de bouger et de parler. Les iris plongées sur l’être du blond, tu finissais par le laisser un instant quand tu vis chad ramasser le doudou de Célian qui commençait du haut de ses onze mois à le semer partout. Cet instant t’avait permis de calculer comment réagir, à trouver ce que tu pourrais dire. Tu es gênée, sans doute le teint rongé par le pourpre.   «   salut …   » que tu lâchas à ce jeune homme blond, qui avait été clair, ne cherchant pas à savoir ce à quoi tu ne voulais songer. La paternité de chadwick était-elle réelle ? tu avais juste essayé d’effacer Ilenzo de tes pensées, tu avais aucune attache avec lui, c’était juste comme ça, t’étais perdue, déstabilisée par la vie poupée. Tes mots se bousculaient dans ta tête, sans même savoir quoi ajouter à ceux du beau brun.   «   je ne pensais pas te revoir …   » que tu lâchais la voix presque tremblante.