false sense of insecurity (lexa x gioia)

t’es bête, gioia. t’as oublié ton portable à l’appartement. t’es sortie ce soir, sur un coup de tête. t’avais envie de prendre l’air, envie d’être ailleurs que sur le canapé de ta meilleure amie. tu peux pas t’empêcher de te sentir de trop. tu connais charlie depuis bientôt vingt ans mais t’as pas l’impression d’être à ta place, bizarrement. peut-être parce que tu viens à peine d’arriver, peut-être parce que tu squattes dans un appartement où tu ne connais qu’une seule personne. tu sais pas vraiment. tu sais pourquoi t’es là. pour vivre. tu sais ce que tu as à faire, mais t’as pas la sensation que tout s’emboîte comme cela le devrait. y a un truc qui manque, tu sais pas vraiment quoi. alors t’es partie, t’as annoncé ça en souriant, sur le même ton enjoué que d’habitude. t’as refusé que charlie t’accompagne. peut-être que ça paraissait suspect, peut-être pas. t’en sais trop rien. ça te semblait tellement juste, tellement cohérent de venir ici. et maintenant, maintenant, t’en sais rien. tu marches sans but. t’es même plus certaine du chemin que tu as emprunté pour arriver jusqu’ici. tu vois des bars un peu partout, des gens qui fument et qui rient à s’en crever les poumons. t’as l’impression d’être minuscule dans cette grande ville. t’avais pas ce sentiment quand t’étais à londres. t’as des doutes pleins la tête, gi. y a l’anxiété qui te ronge alors que tu devrais être joie. tu vas retrouver ton frère. tu vas vivre, gi. t’es vivante, gi. tu sais pas trop pourquoi l’humeur n’y est pas ce soir. t’as connu des jours meilleurs. t’aurais peut-être dû prendre ton carnet de croquis et te poser sur le trottoir pour dessiner les passants. ou ta caméra pour filmer un peu. mais t’es partie trop vite. tu t’es enfuie trop vite.  t’as trop de choses qui envahissent tes pensées. c’est un peu brumeux là-haut. t’ignores un peu où tu te situes. t’as du mal à encaisser parce que tout s’est enchaîné assez vite. trop vite. comme les passants autour de toi. ils ne se ressemblent pas, mais aucun ne se démarque. des visages les uns après les autres. des cris de joie, d’alcool. t’as envie d’être comme eux, dans cette bonne humeur imbibée de spiritueux. tu devrais essayer, gi. ça te détendra. ça te fera du bien. peut-être que t’oublieras les angoisses de cette nuit. peut-être qu’elles disparaîtront pour la vie.  tu te décides d’entrer dans le bar suivant, mais un visage t’accroche le regard. celui-là, il sort du lot. « lexa ? » tu t’approches de la silhouette. tu fronces les sourcils à chaque pas. du rouge. rouge sang. « lex ?! mais qu’est-ce que ... ? » son faciès est défiguré par les traces de sang. tu cherches un mouchoir dans ton sac. tes mains tremblent. tu sais pas quoi dire, pas quoi faire. tu peux même pas appeler charlie pour la prévenir que sa petite sœur  est ... tu sais même pas. tu trouves un paquet, qui te glisse des mains. « putain ! » tu te baisses pour le ramasser. « il s’est passé quoi ? ça va ? » ton regard croise le sien. c’est très con comme question, gioia. évidemment que ça ne va pas. tu te dis que t’aurais fait une horrible grande sœur pour elio en fait, tu sers à rien. t’as l’air plus paniquée que la gamine. t’arrives enfin à extirper un mouchoir de son emballage en plastique. tu lui tends, toujours la main tremblante. c’est toi la gamine, en vrai, gi. ta capacité à gérer les situations stressantes est équivalente à zéro. et dire que t’es venue ici pour prendre un peu les choses en main, ta vie en main. ça commence bien ...

ça semble si facile pour tout le monde, croiser un regard, tomber amoureux, s’aimer, ça doit être facile, pourtant lex elle trouve pas cela facile du tout, parce qu’il est pas comme les autres nik et c’est peut-être parce qu’elle a des daddy issues qu’elle se retrouve un mec qui la traite comme une gosse, qui peut la laisser enfermée toute la journée, parce qu’elle le fera lex, parce qu’elle aime, parce qu’il est beau. mais c’est une enfant lex, alors si elle écoute parfois elle désobéit aussi et c’est pour ça qu’elle se retrouve dans un bar ce soir, alors qu’il lui a fermement interdit de sortir de l’appart, parce qu’elle a beau lui donner son âme et son corps, parfois elle étouffe lex, surtout quand les traces apparaissent quand les caresses deviennent trop forte. alors elle est là, presque spectatrice à boire son jus d’orange entouré de personnes qui sont devenues trop étrangères pour être encore appelé amies. rien que des filles et puis un simple gars qui s’installe à côté d’elle, il est mignon, il semble doux, mais d’un autre côté n’importe qui lui semble doux à lexa, maintenant qu’elle se retrouve avec des bleus sous ses vêtements, alors elle le regarde lexa, elle lui sourit, l’écoute et accepte le second verre qu’il propose de lui offrir. mais un enfant ça se fait punir quand on écoute pas les ordres, alors il arrive nik. il est furieux et malgré sa colère, elle ne peut pas s’empêcher de le trouver beau, même quand il lui attrape le bras pour l’emmener à l’arrière du bar, même quand il laisse sa colère exploser, même quand elle se retrouve avec un nez en sang, une lèvre ouverte et les larmes dévalant de ses joues. il met pas longtemps avant de s’en aller et elle sait lexa, qu’elle a pas intérêt à remettre les pieds chez lui avant qu’il ne lui demande de venir, alors s’enferme rapidement dans les toilettes pour sécher ses larmes et tenter de sauver les apparences, même s’il n’y a plus grand-chose à sauver à ce point là. alors elle ressort, le gentil a garçon a disparu, certainement chassé par son bourreau, elle croise le regard du barman qui part déjà lui chercher de la glace en soupirant, il est habitué à ce genre de spectacle. Et puis il y a une voix qui l’appelle et en apercevant à qui elle appartient, lexa ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel, le toutou de sa sœur, il ne manquait plus que ça. « gina ou peu importe ton prénom, il est trop bizarre de toute façon. je vais bien, j’ai trébuché, ça arrive. » elle a presque envie de rire à sa propre connerie alors qu’elle attrape le paquet de glace que lui tend le barman avant de l’appliquer sur sa pommette en grimaçant. « tu sais quoi, tu devrais rejoindre ma sœur chérie, vous devez bien avoir une soirée pyjama de prévue. » un shot de tequila pour éviter les larmes, comment est-ce qu’elle a encore pu se mettre dans une nouvelle galère.