Intervention Surprenante [Bronx - PV Nikolaï]

Je n’apprends pas.

J’ai toujours tendance à me mettre les pieds dans les plats. J’ai une grande maladresse, certes, quand je tente de discuter, d’élargir mon entourage. La timidité l’emporte me faisant, parfois bégayer et ainsi douter de mes moindres paroles. Accélérer le rythme de mon élocution ne fait qu’empirer les choses causant, parfois, bien des rires. Quand ce n’est pas mes paroles, ce sont mes gestes que je ne contrôles pas, m’accrochant souvent aux obstacles dans mon environnement. La timidité à le dos large avec moi, mais elle me cause beaucoup de désagrément.

Sinon, c’est quand je tente de bien faire pour mes proches, ou des innocents, voyant une injustice sous mes yeux.

Je me mêles de ce qui me regarde pas voulant aider mon prochain. Et malheureusement, les conséquences de mon dévouement retombent, souvent, contre moi. Elles sont, même, dangereuses.

Dangereuses dans un tel quartier.

Ce n’est pas cliché de dire que le Bronx est un endroit difficile et risqué. Cela dit, pas dans sa globalité. Il y a des gens bons, généreux et cordiales, qui veulent, tout comme moi, changer cette mentalité.

Par des fêtes, des événements qui nous rassembles voulant donner une toute autre couleur dans les rues. Ne plus avoir peur de s’y aventurer, de craindre des gens aux mauvaises intentions. On tente de collaborer avec la police. De faire disparaître cette vilaine impression de l’autorité envers nous, gens de quartier défavorisé et vice versa. C’était tout un défi.

Quand nous les voyons, c’était souvent pour des interventions, des enquêtes nous accusant souvent, gens du Bronx, d’être dérangeant et nuisible pour les autres quartiers. Difficile de les apprécier se voyant constamment surveillé…

Mais quand nous avons des ennuies, par contre, ils sont rarement présents, devant se débrouiller nous-mêmes…voulant protéger les plus faibles.

Ce n’était pas la première fois. Elles devenaient de plus en plus rapprochés…De plus en plus difficile à gérer.

Je devrais m’en éloigner. Ne pas m’en mêler…étant moi même à risque dans cette histoire, mais de voir ce gang tenter de recruter près de chez moi, près de ma boutique, je ne pouvais pas laisser cela passer. Je ne supportais pas l’intimidation.

Les jeunes venaient ici, car ils se sentent en sécurité. Ils végètent dans ma boutique, écoutant des vinyles, écrasés dans les divans entre les cours et les devoirs à la maison. Ils n’ont pas besoin de sentir une pression supplémentaire de gens qui ne désirent les diriger vers des ennuis et les problèmes.

Ces gangs profitaient de mon entreprise pour trouver des proies.

J’arrivais à les éloigner, à les repousser. Ma taille, ma carrure et mon apparence les avait tenu jusqu’à présent…

Cette fois-ci, je me suis fais surprendre…voulant arrêter une bagarre.

Je m’attendais pas à me battre autant pour me défendre dans cette ruelle. J’ai dû pousser le premier plus loin pour être capable de m’en prendre à l’autre. Je voulais juste libérer les gamins de ces deux revendeurs recruteurs.

Les 2 jeunes blessés ont pu s'enfuir pendant que je tentais de me sortir de l’emprise du plus grand. Loin de moi l’idée d’être aussi agressif, mais quand ils sont animés par la violence et manipulés par de belles paroles, je me devais de l’être pour ma sécurité…

Seulement, je n’en tenais qu’un, entre mes mains…ne voyant pas l’autre derrière moi.

Celui-ci voulait faire ces preuves au sein de son gang, défendre son confrère et ainsi mettre un terme à mes agissements contre eux. Cependant, dans l’énervement du moment, il avait du mal à ternir convenablement cette arme qu’on lui avait confié. Il tentait de me viser…, mais hésitait.

Allait-il prendre un risque, me voyant si près son partenaire ?

Ce sont des jeunes. Des jeunes innocents…

Des âmes fragiles qui se font attirées par des promesses et des solutions à leur vie difficile. Le sentiment d’appartenance, de soutien d’un groupe et la possibilité d’obtenir une liberté. Une liberté illusoire…

Des initiations grotesques, dégradantes, voir violentes. Tout cela pour s’assurer que leur proie sont suffisamment noyés dans leur croyance, leur espoir de reconnaissance. Être capable d’autant de cruauté et ainsi les amener encore plus loin. Complètement embrouillé par leur objectif, l’intérêt de respecter leur engagement, leur groupe pour s’assurer d’obtenir justice.

Justice à leur condition…

Ils ne veulent que s’en sortir. Éviter le même destin que leur prédécesseur. Être le premier à franchir les portes pour quitter la pauvreté vers une vie modeste, sans soucis financier. Assurer la protection de leur famille, de leur proche. Refuser de se laisser entraîner dans le courant répétitif de leur destin. Ne pas voir autrement que prendre le chemin des gangs de rue…

Un choix facile…Un choix troublant.

Préférer se vautrer dans la méchanceté, l’intimidation et les agressions que rester dans les classes et se dépasser.

Les jeunes abandonnent facilement l’école voyant l’inefficacité de l’enseignement. Ne pas avoir le support nécessaire pour apprendre, comprendre et saisir l’importance des études.

Et ne voir qu’une seule issue pour espérer un meilleur avenir…celui du crime…

Je déplorais cette mentalité essayant, moi-même de leur montrer une avenue par la musique. Enseigner gratuitement à ces jeunes la maîtrise d’un instrument. Voir sa progression autant que sa confiance en lui. Comprendre qu’il est capable de s’améliorer, d’acquérir des connaissances…

Mais, parfois, l’influence extérieur est plus forte, plus malsaine…

J’essaie donc de l’éliminer. Du moins l’éloigner de mon territoire…Éviter de voir mes jeunes s’en approcher…

Malheureusement, seul, il est difficile d’y parvenir…

Plus vieux, plus grand, même plus fort, je ne pouvais pas me concentrer sur les deux en même temps…

J’avais rapidement remarqué le leader des deux. Celui qui manoeuvrait l’autre dans le recrutement. C’était sur lui que je me concentrais, le poussant contre ce mur essayant de le maîtriser.

“ Mais tu va te mêler de tes affaires oui ou merde !? “

Je dérangeais. Je les dérangeais depuis un bon moment refusant de les voir rôder autour de ma boutique. Je sentais la tension monter, mais je m’entêtais à garder mon terrain propre.

Je serrais ces poignets fermement gardant le contrôle sur lui. À répétition, je pulvérisais une de ces mains contre la dureté de la brique afin qu’il lâche son arme: un petit couteau qu’il avait sorti d’un coup.

N’ayant plus la résistance, il le lâchait. Le couteau tombait au sol.

“ MAIS TIRE MERDE !!!”

Tire ?

****

L’autre gamin, derrière moi…

Je me tournais légèrement la tête.

Il était armé…Il me visait.

Je reconnaissais son visage sous le capuchon; un de mes jeunes élèves. Cela faisait une semaine qu’il venait plus à mes cours. Je n’arrivais pas à y croire, me troublant durant un moment.

Son hésitation disait tout: il avait encore du bon en lui…ne voulant pas commettre l’irréparable…

Des gens bons se font rares, mais ils existent…dont cet homme.

Cet homme qui venait d’entrer en jeu, intervenant sur le plus jeune. Calme, sérieux, attentif aux moindres gestes suspicieux. Il était prêt à capter l’attention du petit, d’avoir cette arme  sous les yeux et prendre les devants contre lui. M’éviter le pire…

“ Ta gueule !!! N’a…n’approches pas ou…ou…je tire !!!

****
“ MAIS TIRE MERDE !!!”

Croyant faire agir son partenaire à son avantage, cela venait plutôt de le déconcentrer, de ne plus avoir l’attention sur ce bon samaritain. Alors que le petit voulait obéir revenant sur moi, l’homme avait saisit cette opportunité pour contrecarré son plan. Cela ne m’avait prit que quelques secondes pour comprendre que je n’avais rien à craindre, de garder mon attention sur le plus vieux.

Quelques instants plus tard, les deux délinquants se trouvaient à terre. J’étais au-dessus du plus vieux, dans une telle colère. Je le voyais comme le responsable d’avoir amener le plus petit dans son monde. De l’amener vers le mal…

“ VOUS ALLEZ LE REGRETTER, CONNARDS !!! VOUS ALLEZ VOIR ! ” hurlais le plus vieux.

D’un geste brusque, je poussais son visage sur l’asphalte rugueuse.

“ Tu crois que ton chef de gang va venir secourir ta petite personne…Il se fou de toi, mon vieux !!! “

Je remarquais mon égarement, sans avoir prit le temps de remercier cet homme venu de nul-part.

Je levais la tête en sa direction, tenant toujours le délinquant au sol.

“ …Merci...C’est très courageux de votre part, Monsieur…”

Je serrais son collet. Je le tenais bien afin qu’il ne bronche pas d’un pouce. Mon visage crispé par la colère et la déception.

De me rendre compte que je détenais un jeune homme qui avait l’intention de se débarrasser de moi. De me tuer en pleine ruelle. C’était peut-être sous le soulagement, ou la peur qui sortait de moi, mais je n’avais, encore, jamais été aussi colérique. Aussi, habité par la haine envers un autre être humain. Sentir cet esprit corrompu par la violence et l’égo. Croire que de tuer un être humain le remplira de fierté et de reconnaissance.

J’arrivais pas à croire que ce genre d’initiation existe. D’amener des âmes fragiles au pied du mur de cette façon. Les rendre vulnérable au point de les contrôler vers le chemin de la criminalité. Espérer que cela le sauvera de la pauvreté et du sentiment d’impuissance. Une vie meilleure en tuant d’autre.

J’aurais pu y passer. C’était un fait. Une question de circonstance où j’aurais pu me retrouver étendu sur l’asphalte sale et rocailleux sans que personne ne songe à approcher. Ici quand on entend des coups de feu, les gens disparaissent ne voulant aucunement être témoin, être interrogé.

Alors, croyez-moi que j’avais une chance inouïe d’avoir eu cet homme sur mon chemin.

Un homme qui semblait être très à l’aise dans la maîtrise d’individus agressif. Je le regardais du coin de l’oeil voyant bien ces manières et sa technique. Ce n’était pas la première fois qu’il employait sa force de cette façon.

Et ce vocabulaire aussi autoritaire…Je fronçais légèrement les sourcils.

“ Je ne joue pas. J’ai agis…pour éviter une catastrophe. On ne croit plus aux flics, ici…”

Mais une fois ce nom entendu…Ce nom de famille précis dans mes oreilles. Mon attitude cavalière changeait du tout au tout.

J’en perdais ma concentration me redressant légèrement sans, toutefois, perdre ma maîtrise du gamin sous moi.

“ Warren…?! Nikolaï…Warren…!?”

Je devenais soudainement tout drôle, ne pouvant pas le regarder en face…
Je ne pouvais pas ignorer qui était cet homme…Ce qu’il représentait.

Celui qui me scrutait constamment…étant très près de sa petite soeur.

“ Wilhelm…Wilhelm Cyranik…”

Avec un léger sourire…

“ Mais vous…vous m’appeliez Casper, parfois…”

C’est toujours trop tard qu’on se rend compte de nos erreurs, d’une gaffe.

J’avais osé le dire tout haut ce qu’on pense ici, tout bas…Enfin pas tellement tout bas. Certains osent même le crier devant eux voyant souvent l’injustice concernant le Bronx…

Qu’on est plus souvent les coupables que les victimes à leur yeux. Qu’il ne se déplace que pour nous embarquer ou nous mener sur une civière.

J’ai entendu plusieurs discours, plusieurs opinions. J’y ai même réfléchis jusqu’au même où je me suis mouler à leur conviction ayant été moi-même arrêté alors que je venais d’empêcher une demoiselle de boire un verre contenant de la drogue. J’ai été plutôt agressif avec celui qui avait osé posé le geste, mais c’était amplement mérité.

Pourtant, à leur yeux, j’étais aussi violent que lui, troublant l’ordre public…

Donc, pour moi les flics…

C’est toujours trop tard qu’on se rend compte de nos erreurs.

J’en avais un juste là…Devant moi, en train de m’aider à reprendre le dessus sur deux adolescents. Avoir ces réflexes, cette aisance et la technique.

Je venais de comprendre à qui j’avais à faire. D’autant plus qu’il venait de se nommer, me rendant encore plus bouche bée.

Cela faisait si longtemps…

“ Oui…j’ai encore grandit….” disais-je avec humour.

Le contraste que j’avais avec sa soeur. Elle; une ravissante princesse souriante et sociable avec moi; la grande échalote. Je ne serais pas surpris s’il se questionnait sur Cassey avec ces fréquentations. Devant Nikolaï, j’avais été toujours prudent…

La vie nous a changé, transformé…, mais le monde est petit. Que son frère apparaisse tout bonnement pour me sortir de cette emmerde. Je me questionnais souvent sur le destin ou le hasard…

C’était de plus en plus intriguant.

Les sirènes devenaient de plus en plus bruyant…et les deux gamins de plus en plus nerveux. Ils paniquaient voyant les hommes en habits bleus se sortirent de leur véhicules pour prendre la relève.

“ Vous les avez appelés ?…”