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 je t'aime bancale. (ambroise)

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Message Sujet: je t'aime bancale. (ambroise)   je t'aime bancale. (ambroise) Empty Dim 27 Sep - 20:34


☾ ☾ ☾
{ je t'aime bancale }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ambroise Marshall

Je m’approche tout près de notre feu et je transpire d’amertume
Je vois danser ces flammes jaunes et bleues, et la passion qui se consume
Pourquoi lorsque l’amour est fort il nous rend vulnérables et fragiles ?
Je pense à nous et je vacille, pourquoi depuis rien n’est facile
Je t’aime en feu, je t’aime en or
Je t’aime soucieux, je t’aime trop fort
Je t’aime pour deux, je t’aime à tord
C’est périlleux, je t’aime encore
Alors c’est vrai ça me perfore
Je t’aime pesant, je t’aime bancale
Évidemment ça me dévore
Je sais tellement que je t’aime, mal




Elle est là,
elle est toujours là,
grandissante,
lancinante,
elle est en train de la dévorer.
Elle est acide quand elle s’immisce dans ses veines comme un poison meurtrier. Elle est aiguisée quand elle vient transpercer son cœur amoché. Elle est étouffante quand elle vient assombrir ses pensées tourmentées,

c u l p a b i l i t é

elle hurle son nom, elle l’appelle dans les nuits d’insomnie. Toutes celles qu’elle ne passe pas avec lui. Elle la submerge aussi en plein jour comme des éclats de foudre ravageurs. Elle prend possession d’elle ; de tout son être ; chaque fois que ses paupières se ferment ; chaque fois qu’elles sont ouvertes.

Elle est en train de bouffer.
La tuer,
alors qu’elle reprenait tout juste vie,
grâce à lui,

Ambroise,
l’amour comme rédemption
Ambroise,
l’amour comme damnation.


C’était probablement plus facile, avant de l’avoir à ses côtés. Quand elle savait se laisser croire qu’elle se fichait du monde dans sa globalité. C’était presque trop facile de se dire qu’elle n’était qu’une âme maudite ; qui condamnait avec elle les esprits les plus naïfs.

C’est différent avec lui.

Avec Ambroise, t’arrives pas à faire semblant. Il a retiré le voile que t’avais posé sur ton âme à l’instant même où il a pris ton cœur en otage. Il t’a redonné vie sans le soupçonner, juste en se risquant à t’aimer. Mais avec le souffle retrouvé, Ella, t’es incapable de t’évader. Incapable de fuir cette foutue culpabilité.

T’es condamnée.


L’âme en perdition se noie dans les remords torrentiels qu’elle n’arrive pas à contrôler. Elle essaie, autant qu’elle peut, d’y arriver. Dans les prunelles imprégnées de tendresse de l’être aimé ; dans ses sourires qui savent trop bien la faire craquer. Elle la noie, avec lui, chaque fois qu’elle se laisse consumer par sa présence plutôt que par ses propres émotions. Mais la tempête repoussée pourrait devenir cataclysme. Ella, elle pourrait devenir apocalypse.

Mais elle ne se focalise plus que sur lui.

La fin d’un après-midi pluvieux passé dans le lit, elle n’a presque eu aucun mal à le tenir tranquille. Âme toujours sur le qui-vive, en permanence dynamique, le médecin supporte mal le repos qui lui est prescrit. Mais quand ils sont tous les deux, c’est plus facile.
Quand ils sont tous les deux, ils sont invincibles.
L’écorchée vive garde cette idée bien ancrée dans son esprit ; elle se remémore ses mots apaisants chaque fois que ses démons reviennent l’envahir. Et retrouve, grâce à lui, la sérénité qu’elle ne connaît pas sans la présence de l’amour de sa vie. Tellement et si bien que c’est elle, en fin de compte, qui a fini par s’endormir devant ce film. L’esprit tranquillisé par le corps chaud d’Ambroise contre le sien toujours plus glacé, la belle endormie sent soudain quelque chose remuer. Elle aime trop dormir pour ne pas tenter de rester plongée dans les bras de Morphée. Ou plutôt, dans ceux, de l’être aimé. Seulement elle finit par ouvrir ses paupières délicates pour laisser apparaître les iris embrumés. Et le voir, lui, tenter de se lever. – Hé… tu fais quoi, là ? elle s’insurge, Ella, et se relève déjà. La moue fatiguée, la chevelure emmêlée, l’empreinte de sa position contre son minois encore mal réveillé. – Tu ne dois pas bouger de ce lit sauf urgence, je te rappelle. elle le sermonne, elle, la môme qui ne fait jamais ce qu’on lui dit ; celle qui ne suit que ses propres envies et fait tout à sa guise. Mais elle a trouvé en Ambroise aussi têtu qu’elle, peut-être même plus encore qu’elle. Il essaie, tout du moins, mais c’est à elle de prendre soin de lui,
car c’est sa faute à elle s’il se retrouve cloué au lit,
sa faute à elle s’il a manqué de perdre la vie.
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Message Sujet: Re: je t'aime bancale. (ambroise)   je t'aime bancale. (ambroise) Empty Lun 28 Sep - 9:49

Il avait expliqué combien cela l’embêtait que ses collègues aient récupéré ses jours et nuits aux urgences, elle avait répondu que c’était comme cela et qu’il n’avait pas d’autre choix. Il avait négocié pour sortir le plus rapidement possible de la chambre d’hôpital froide et inconfortable et aux odeurs aseptisées, le jour-même pourquoi pas puisqu’il pouvait aussi se reposer chez lui, elle avait sans hésitation suivi le côté des chirurgiens. Les chirurgiens justement il les trouvait trop prudents dans leurs consignes, il lui avait expliqué qu’il se sentait tout à fait bien, qu’il savait ce qu’il faisait, mais qu’il fut lui-même médecin ou pas du tout n’y aurait rien fait : elle les écoutait eux, il resterait bien sage qu’il le veuille ou non. Il était encore un peu fatigué oui, quoi qu’il dise, il avait repris une couleur de peau plus proche du vivant que du morbide, oui mais cela ne changeait rien. Il n’avait pas mal prétendait-il, il prendrait garde à ne pas tirer les points chirurgicaux promettait-il : mais il avait trouvé en Ella aussi têtue que lui, peut-être même plus encore que lui.

Il ne savait pas rester en place, Ambroise. Il ne savait pas conjuguer avec le repos forcé, il tournait en rond comme un fauve en cage – le ventre très récemment ouvert en plus, à la différence du fauve. Il dormait déjà plus qu’à l’accoutumée (ce qui en soi n’était pas réellement un exploit) et à son sens c’était déjà très bien et le reste du temps, il pouvait bien vaquer à ses occupations sans tirer sur la cicatrice fraiche. Il avait expliqué à Ella qu’il avait mille choses à faire chez lui, puisqu’il y était enfermé autant en profiter, tenez par exemple, pour changer la chambre à air qui attendait depuis des mois.

Elle avait papillonné des cils deux ou trois fois en plantant très nettement ses iris dans les siens, son orage son enchanteresse sa muse : pourquoi tu ne resterais pas plutôt au lit avec moi ?

Il n’en avait pas fallu plus pour qu’Ambroise laisse de côté son entêtement agaçant et la conviction qu’il allait mourir très prochainement d’ennui.

Il ne savait pas rester en place, Ambroise : il ne savait pas faire, simplement être dans sa chambre quand les pluies diluviennes s’abattaient et lavaient les buildings sales de New-York, il n’y connaissait rien au septième art et s’endormait toujours avant la fin…

Et pourtant, Ella l’avait cloué sur les draps de son plein gré. Choisis le film qui te fait envie, lui avait-il proposé.

Quelques heures plus tard ils y étaient toujours, la jeune femme lovée contre lui et le souffle chaud endormi embrasant la peau de son cou à intervalles réguliers. Il avait dû somnoler lui aussi et louper quelques scènes de transition puisqu’au moment du générique de fin le brun se fit la réflexion qu’il n’avait pas tout compris aux images qui s’étaient succédées pendant plus de deux heures… Le reste du monde importait peu, quand Ella s’endormait contre lui, Ella qui obtenait toujours gain de cause sur son esprit à lui, il se contrefichait de tout le reste de l’univers, à commencer par l’écran redevenu noir et les histoires fictives à coups d’apocalypse et d’extraterrestres. Longtemps, il s’était laissé bercer par sa respiration discrète et la mélodie de la pluie fracassée contre les carreaux, longtemps il aurait pu rester les doigts sagement glissés sous son haut à caresser la peau douce de son ventre régulièrement soulevé par ses inspirations.

Personne ne savait – à part une très grosse grippe peut-être – le faire rester au lit. Avec Ella il découvrait cela. Il découvrait la tendresse infinie qu’elle faisait naitre en lui, inlassable et délicieuse, il découvrait qu’il était capable de s’abandonner complètement pour quelqu’un d’autre, lui qui n’avait jamais rien su faire d’autre que de s’amouracher et puis se lasser maladroitement, il découvrait le sentiment profond d’être enfin entier avec elle.

Il dormait mal, sans elle. Rêvait parfois à sa propre mort, lui qui ne s’était jusqu’alors jamais projeté dans la possibilité que tout cela puisse s’arrêter plus tôt que prévu et brutalement – aussi brutalement qu’un coup de couteau qu’il sentait encore très nettement dans les rêves qu’il n’avouait pas tout fort. Rêvait plus souvent, et c’était pire encore, à sa mort à elle, de plusieurs façons différentes, toutes aboutissant au même néant parce qu’il n’avait pas su, pas pu la protéger. Mais il n’était pas question de la solliciter toutes les nuits – elle était déjà suffisamment inquiète pour lui comme cela – alors il se disait que les mauvais rêves finiraient docilement par passer.

En attendant, Ella contre lui, les longs cheveux d’ébène étalés entre lui, le matelas et son visage à elle, et le souffle dans son cou et ses mains à lui dessinant son ventre plat, il s’enivrait d’elle. Il râlait un peu pour la forme… Pour ne pas trop facilement lui donner raison. Pour ne pas trop facilement céder à elle tout entier. Alors qu’elle avait déjà inconditionnellement tout de lui.

Une éternité plus tard, à la chérir de toutes ses forces dans une tendresse inédite, à s’efforcer de réaliser la chance qu’il avait de l’avoir elle, à épouser du regard les courbes parfaites de son corps, à mourir et d’amour et de passion et de désir et de sentiments, de peur encore un peu aussi, s’introduisit une pensée parasite : il avait oublié Steinbeck en bas des escaliers du duplex. Il hésita d’abord, l’enfant désobéissant, se ravisa initialement, mais la tête une fois remise en route à toute allure il avait très envie de la garder jalousement contre lui : mais avec l’ouvrage et le papier dans sa main libre. Avec un soin infini il démêla le corps de la belle endormie du sien, à la fois soucieux de la laisser assoupie (elle dormait au moins aussi mal que lui en temps normal) et de se dégourdir les jambes sans risquer de mettre sa propre tête à prix. Ses abdominaux étaient encore sacrément endoloris, l’épiderme contrarié au moindre étirement. Il grimaça en se redressant, mis sans doute plus longtemps que prévu à retrouver le sol avec ses deux pieds… Et, encore assis sur le lit, se fit couper très nettement dans son élan. Halte là ! La frimousse endormie et la crinière en pagaille lui arrachèrent un sourire. « Mes excuses madame l’agent, je ne voulais pas vous réveiller. » Joignant le geste à la parole il leva très innocemment les deux mains en l’air (personne ne bouge les mains en l’air), sans faire mine de bouger d’avantage. Steinbeck attendrait trente seconde supplémentaires. « J’avais peut-être vraiment une urgence, qui sait ? » Incorrigible tête de mule.
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Message Sujet: Re: je t'aime bancale. (ambroise)   je t'aime bancale. (ambroise) Empty Mer 30 Sep - 17:43


☾ ☾ ☾
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crédit/ tumblr ☾ w/@Ambroise Marshall
Intransigeante.
Il la rend intransigeante, Ambroise. Elle, âme galvaudeuse aux pensées vagabondes ; elle, carcasse errante dans un monde trop grand pour elle. Elle, qui ne tient à rien et ne se raccroche qu’à la came dont elle a beaucoup trop besoin. Elle, Ella, qui se fiche de tout et de tous – ou presque.
Il fout en l’air sa fausse désinvolture ; la nonchalance feinte de l’enfant qui se sait déjà perdue. D’un éclat d’amour, il a fait voler en mille morceaux toutes les barrières savamment installées ; d’une foudre au cœur, il a explosé tous les obstacles censés protéger son âme déjà trop écorchée. Il fait éclater tous les barrages de son cœur comme une bombe qui a tout fait exploser. Une bombe qui ne l’a pas tuée mais qui l’a sauvée. Une bombe à double tranchant, comme un retour de boomerang, qui, à tout moment, pourrait décider de la faire trépasser, pour de bon, de l’autre côté.

Il suffirait qu’on lui ôte sa lumière,
il suffirait qu’elle le perde,
pour la faire replonger en enfer,
plus loin encore dans les ténèbres.


C’est presque égoïste, tout compte fait. De vouloir à tout prix son bien-être et sa bonne santé. Le vouloir en vie, non seulement pour lui, mais aussi pour qu’elle, continue de survivre. Elle redécouvre les affres sentimentales ; l’amour si fort et si vital ; l’amour qui devient désespoir. Parce qu’à la seconde où elle s’est raccrochée à Ambroise, elle lui est devenue dépendante. Dépendante du moindre des maux visibles sur ses traits magnifiés, dépendante des douleurs lancinantes dont il essaie de l’épargner, dépendante de cet amour qui ne cesse de la consumer. Elle pourrait, Ella, finir dévorée. Mais elle l’aime trop pour tenter d’y échapper ; elle l’aime trop pour, ne serait-ce qu’y penser. C’est pour cette raison, aussi, qu’elle repousse aussi loin qu’elle le peut cette foutue culpabilité, le plus loin possible de son esprit déjà trop torturé.

Parce que l’amour est égoïste,
et qu’elle a beau se dire qu’elle est la pire chose pour lui,
elle n’arrive pas à se passer de lui,
elle n’arrive pas à vivre sans lui.


Elle a conscience du besoin exacerbé du sauveur des vies de garder la sienne aussi dynamique. Elle sait combien elle peut être stricte, avec lui, plus qu’elle ne l’y a habitué. Plus, même, qu’elle ne se connaît. Mais quand, enfin, il ose se risque à braver ses interdits, l’amourachée trop excessive ne tarde pas à réagir. Crinière en rébellion, mal réveillée, mais déjà bien éveillée, elle lui rappelle les préconisations. Celles des médecins, ses amis, ses collègues ; celles des personnes comme lui qui soignent et qui veillent. Il devrait comprendre, bordel. Il devrait savoir, mieux que personne, combien il doit faire attention. Mais la tête de mule se croit amusante alors qu’il s’essaie à une plaisanterie qui est loin de la faire rire. Elle se retient, juste, en réalité même si l’ombre d’un sourire apparaît malgré elle sur ses lippes. Mais c’est pour mieux affermer les iris fauves qui le fusillent. – Ah oui, et c’est quoi, ton urgence ? elle lui demande, la frimousse renfrognée alors qu’elle se redresse malgré la froideur environnante dans l’atmosphère quand elle n’est plus à l’abri sous les draps. Sans même lui laisser le temps de rebondir, la sulfureuse – qui veille sur lui comme une louve sur son petit- reprend beaucoup trop vide. – Et si tu m’parles d’un de tes bouquins ennuyeux à mourir, j’te préviens, je le jette par la fenêtre. Violente, Ella, dès le réveil. Elle ne s’est pas encore perdue dans ses prunelles. C’est à cet instant, généralement, qu’elle perd pied ; et égare ses pensées autant qu’il lui fait tourner la tête. Mais le corps frêle se rapproche déjà – si vite – de l’être aimé ; comme irrémédiablement attirée. Ambroise, elle lui est, comme, aimantée. – Bébé… tu sais que tu dois faire attention. elle glisse avec délicatesse ses bras autour de la taille du corps imposant mais, pourtant, si fragile à la fois. Elle dépose contre son épaule un tendre baiser avant d’ajouter. – Dis-moi ce que tu veux, je vais le chercher. elle murmure, la féline, la voix adoucie. Et la tigresse devient aussi douce qu’un chaton. De son esprit, il a ôté toute raison. De son cœur, il a définitivement pris possession.

Vulnérable.
Il la rend vulnérable, Ambroise. Elle, âme solitaire aux pensées lointaines ; elle, carcasse fragile dans un monde trop versatile pour elle. Elle, qui ne tient à rien et ne se raccroche qu’à cet homme dont elle a beaucoup trop besoin. Elle, Ella, qui se fiche de tout et de tous – ou presque.

Pas d’Ambroise, son éternel.

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Message Sujet: Re: je t'aime bancale. (ambroise)   je t'aime bancale. (ambroise) Empty Jeu 1 Oct - 13:29

Sans doute qu’il était passé à deux doigts de faire éclater le courroux de la louve encore un peu endormie, alors le grand gamin irresponsable resta bien sagement assis au bord du lit défait. Les deux bras retombèrent sur le matelas aussi vite que la plaisanterie échoua, ne réussissant tout au plus qu’à arracher un fin sourire à la belle – qu’il ne devina qu’à moitié, elle dans son dos. Il aurait fait un piètre humoriste, Ambroise, il pensait trop pour savoir tout prendre à la légère, il réfléchissait trop à tout ce qui pouvait être existentiel, il manquait d’imagination et de spontanéité. Avec Ella cela marchait assez souvent pourtant, mais moins ces derniers temps. Il la sentait inquiète. Il persistait. N’insistait pas lourdement, mais se disait que cela passerait vite : puisque tout irait bien, à présent. Et puisqu’elle était le plus précieux de ses trésors, il refusait catégoriquement d’avoir brisé quoi que ce soit à bêtement s’être fait poignardé avant de chercher à réfléchir. Le sourire provocateur ne s’atténua que très discrètement pourtant, cherchant les prunelles assassines s’il osait aller contre ses consignes inquiètes. Il voulut répliquer du tac au tac, elle lui cloua le bec aussitôt ; car Ella le connaissait par cœur… Anticipait le moindre de ses faits et gestes. Etait à deux doigts de pouvoir même lire dans ses pensées. Il arqua un sourcil faussement choqué, se scandalisa tout haut alors qu’il avait pourtant déjà fait passer Steinbeck à la toute dernière de ses priorités actuelles : « Héé ! C’est super violent comme menace ! » C’était un débat sans fin dans lequel il continuerait d’argumenter inlassablement. Son amour infini à lui pour les pages jaunies par le temps, ses tendances à elle à s’endormir en moins de cinq minutes quand il s’aventurait à lui lire tout haut les passages qui le faisaient vibrer. Ses capacités à se plonger patiemment dans les ouvrages parfois complexes pendant des heures et à faire totalement abstraction de tout l’univers environnant, la façon qu’elle avait finalement de briser tout effort de concentration le temps d’un battement de cils. Il pensait et répétait souvent qu’elle pourrait en aimer au moins quelques-uns, pas tous évidemment mais que quelques-uns oui sauraient la faire voyager. Elle clamait tout haut tout le contraire comme elle l’avait toujours fait, le taquinait le provoquait le chahutait… Et puis il finissait par perdre la page qu’il lisait, il n’aurait de toute façon pas assez d’une vie pour lire tout ce qu’il avait prévu de lire un jour, alors, tant pis, un peu de retard en plus pour Ella, il voulait bien.

Des deux, elle était l’intrépide, elle était la volcanique et la vaillante, l’effrontée et la provocante… Oui mais cette fois-ci les rôles s’étaient inversés, la téméraire se faisait douce et câline quand son entêtement à lui gagnait du terrain. Il la découvrait plus cajoleuse que jamais, tendre comme jamais elle n’avait dévoilé cette facette-là de sa personnalité. Une partie d’Ella qui le faisait fondre au moins aussi vite que les autres : eux qui jadis se moquaient ouvertement des surnoms au romantisme dégoulinant et des roses très rouges. Lentement elle se faufila dans son dos, et ses mains glissèrent autour de lui, et son corps vint l’envelopper doucement et possessivement. Tigresse aux griffes rétractées, ronronnant habilement à ses oreilles. Elle était maligne. Ella avait tout de lui. A commencer par les battements malhabiles de son cœur quand elle s’engouffrait sans prévenir tout contre lui… Alors il n’avait plus jamais envie ni de plonger dans le meilleur des romans, ni de quitter ce lit tant qu’elle y resterait, ni de rien autre qu’elle et elle seule. Il hésita toutefois à répliquer : qu’il savait ce qu’il faisait. Qu’il fallait simplement qu’il évite de porter des charges lourdes mais que pour le reste il n’y avait absolument rien qu’il craignait. Qu’il était bien placé, quand même, et elle le savait, pour savoir de quoi il parlait… Mais Ella n’entendrait pas ses justifications et Ella s’agacerait avec un entêtement inquiet qu’il ne pouvait pas lui reprocher. Qu’il ne pourrait jamais lui reprocher : avant de perdre connaissance pour de bon elle avait été la dernière image lucide à laquelle il s’était accrochée, Ella criant son prénom d’une voix brisée, Ella aux mains barbouillées en rouge écarlate et au visage déjà noyé de perles dévastées de peur. Il avait hésité… Et se ravisa rapidement. Il attrapa ses mains doucement et noua les phalanges adorées entre les siennes, les attira contre ses lèvres pour y appuyer un baiser. « Je fais attention, il reprit ses mots sans plus aucune provocation cette fois-ci. Promis. » Plus jamais Ella inquiète comme cela pour lui. Plus jamais. Il se dit qu’il était inutile de lui redire encore que tout irait bien (ils étaient invincibles), car elle serait méfiante et protectrice de la même façon, son ensorcelleuse : alors il embrassa une deuxième fois le dos de sa main et sans la lâcher conduisit ses mains à l’éteindre encore autour de sa taille. Il était fou de son parfum, l’amoureux possédé. Fou de la douceur de sa peau, de la chaleur de ses caresses, du son cristallin de son rire et celui plus suave de sa voix, mais peut-être de son parfum avant tout. « C’est toi que je veux », à la fois provocateur et sincère, à la fois joueur et la laissant accéder tout droit sans barrière à sa tête et à sa cœur. C’est toi que je veux, corps et âme, c’est toi que je veux, à mes côtés tout le temps, quand tu n’es pas là et plus fort encore quand tu es là : c’est toi que je veux sans arrêt. Ella dix points, Steinbeck zéro. L’attention toute ailleurs, il défit l’étreinte enfin, libéra les phalanges savamment emprisonnées contre les siennes pour pivoter face à elle  et l’entrainer jusqu’à s’allonger encore, lentement. Quitte à être contraint à rester dans sa chambre immobile jusqu’à ce la louve ait décidé qu’il était apte au service, l’urgentiste avait bien deux ou trois idées en tête. Il l’embrassa sagement d’abord, se dit qu’il la trouvait absolument terrible et irrésistible quand elle avait les cheveux en pagaille et les grands yeux sombres plantés dans les siens. « On dirait que mon urgence s’est volatilisée » Il eut un sourire amoureux et crétin parce qu’elle était déraisonnablement belle,  l’embrassa encore une fois, trouva absolument dingue le fait d’avoir à la fois mille choses à lui dire (mais des choses très importantes) et à la fois envie de profiter du silence pour se noyer dans ses traits parfaits et essayer d’arrêter le temps un instant. « Et toi, qu’est-ce que tu veux ? »
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Message Sujet: Re: je t'aime bancale. (ambroise)   je t'aime bancale. (ambroise) Empty Dim 4 Oct - 20:32


☾ ☾ ☾
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crédit/ tumblr ☾ w/@Ambroise Marshall
Légèreté retrouvée,
grâce à lui, toujours grâce à lui,
il vient l’illuminer,
comme une éclaircie attendue un jour de pluie.

Véritable gardien de sa lumière, Ambroise chasse les démons obscures qui émergent ; ceux qui, depuis trop longtemps la possèdent ; ceux qui l’attirent dans les abîmes de l’enfer. Il les repousse, juste par un sourire, un soupçon de malice. Une tentative de plaisanterie, même avortée, sur laquelle elle n’hésite pas à rebondir. Il lui fait retrouver, à elle aussi, l’insouciance qui lui a trop manqué. Les lippes de la ténébreuse nymphe s’étirent dans un rictus espiègle ; celui de la môme qu’elle a oublié d’être. – Je suis super violente comme femme, tu le savais pas ? Dommage pour toi parce que c’est trop tard. elle le nargue, la belle effrontée. Comme un contrat invisible qu’il aurait signé. Le pacte qu’ils se sont promis de ne plus jamais se quitter. Ne plus laisser la vie les séparer. Une promesse scellée qu’elle s’efforce de garder à l’esprit, se remémorer chaque fois que des songes trop obscurs l’envahissent. Incapable de rester loin de l’être aimé bien longtemps, la tigresse trop vite apprivoisée s’approche sans plus attendre. Son corps contre le sien, sa peau contre la sienne. Elle respire  les effluves masculines comme une fragrance devenue nécessaire ; aussi vitale que l’oxygène. La sirène tente de le garder au lit, sagement, précisément comme les médecins l’ont prescrit. La peur incontrôlée de le perdre, lui qui a manqué de laisser sa vie sur l’asphalte à seulement quelques mètres. Parce que tu ne le dis pas, Ella, tu gardes tout pour toi. Tu gardes toujours tout pour toi. Mais tu te rappelles trop bien de la scène. Son agresseur qui le poignarde et lui qui s’effondre par terre. Le sol qui se retrouve inondé par sa sève. Ambroise qui perd son fluide vital, toi qui crois que tu perds la seule chose qui t’es vitale, à toi. Tu te remémores, chaque nuit d’insomnie, tout l’hémoglobine que tu tentais d’arrêter. L’écarlate qui se mêlait à toutes tes perles salées, tes cris désespérés, et son corps inanimé. Tu te souviens de tout ça, Ella, et parfois, t’en pleures encore le soir. Mais ça non plus, tu ne le dis pas.  

Le désir trop fort de s’accrocher à lui,
juste pour le garder en vie,
juste pour le sentir en vie.

L’inquiétude voilée sous les iris enamourés, paupières closes, elle savoure son baiser. La douceur de ses lèvres venue chasser l’obscurité de ses songes alors qu’elle tente de croire aux mots qui veulent l’apaiser. Mais elle n’a pas le temps, pas la force en réalité, de se battre plus longtemps. Contre Ambroise, elle n’y arrive pas. Se laisser réchauffer par le corps brûlant de l’être aimé, c’est plus efficace que n’importe quoi au monde pour la rassurer. Les doigts fins glissent contre le derme adulé, comme un chemin qu’elle connaît par cœur mais dont elle ne se lasse jamais. Un rire léger s’échappe enfin des lippes de l’âme préoccupée alors qu’il profite de la situation pour mieux l’inverser. Lui sur elle ; lui contre elle. Les prunelles noires se drapent de cet éclat volé au soleil ; à son soleil ; celui qui se retrouve à cet instant au-dessus d’elle. Ses lèvres capturent les siennes dans une valse devenue naturelle. Naturelle et addictive à la fois. Entre deux baisers enflammés, deux battements de cœur qui ont sauté, elle vient à se féliciter. – Je préfère ça. elle confie, l’enchanteresse, comme satisfaite d’être arrivée à ses fins. Le garder au chaud sur son matelas, en sécurité, pour le remettre en état. C’est tout ce qu’elle souhaite, Ella, ça et – un peu – lui faire perdre la tête. Mais, à ce moment précis, c’est son amour qui l’envoûte ; lui dont elle continue à scruter le moindre de ses traits comme pour mieux les immortaliser. – C’est toi que je veux aussi. elle souffle, le ton plus sincère. Avec elle qui revient, toujours trop rapidement, la terreur de le perdre. – Et que tu sois bien aussi… surtout. Elle laisse échapper un faible soupir, à peine audible, alors que la crainte dans ses opales est encore bien plus visible. La souffrance devient trop accrue ; elle s’échappe de ses lippes sans prévenir. – Je sais pas si je l’aurais supporté. les mots s’évadent trop vite ; la culpabilité qu’elle peine encore à contenir. – Je sais que tu vas bien, je sais que… le pire est passé mais… j’arrête pas d’y penser. Tout le temps. Inlassablement. C’est sans répit. Un effroi constant, une angoisse lancinante. – Ambroise, je… c’est ma faute, ce qui t’est arrivé. elle confesse le péché criminel. Les remords deviennent trop lourds à porter sur des épaules qui en ont déjà beaucoup encaissés. Elle n’y arrive plus, Ella, elle est à bout de souffle. Condamnée et victime à la fois, l’impression constante d’être maudite, quoi qu’elle fasse. Elle en a conscience depuis longtemps d’être déchue, mais il est hors de question que son ange perde ses ailes à son tour. Hors de question qu’il se perde pour elle, pour elle et son amour. Elle secoue la tête et avoue, enfin. – Il voulait juste mon sac, et j’ai… j’ai refusé. Si je le lui avais donné… rien de tout ça ne serait jamais arrivé… Lui, surtout, n’aurait jamais été blessé. Il n’aurait jamais été en danger. La poudre qu’elle a préférée, à sa propre sécurité. À celle d’Ambroise, aussi, qui a tout fait pour la protéger.

Il a tout fait pour la protéger, quand elle, ne l’a pas fait,
voilà la vérité,
voilà la réalité,
et elle est laide, la réalité,
si laide qu’elle a du mal à soutenir ses prunelles.


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Message Sujet: Re: je t'aime bancale. (ambroise)   je t'aime bancale. (ambroise) Empty Lun 5 Oct - 23:29

Avant, dix ans plus tôt, il n’aurait pas su faire. L’aimer de tout son être et vivre en osmose avec cet amour à la fois infini et incandescent, sans se brûler les ailes, sans s’embraser et sans tout faire éclater. Il n’aurait pas su l’aimer haut et fort comme elle le méritait, mais plus les jours passaient, imprévisibles et rocambolesques tant qu’elle était à ses côtés, plus ses pensées s’éclaircissaient : elle lui faisait perdre la tête oui mais il était clair qu’il l’aimait depuis le commencement. Il n’aurait pas su lui dire, il se disait que ça avait été plus sage d’attendre, il se disait qu’il n’aurait pas eu la maturité nécessaire qu’elle méritait, il se demandait aussi s’il n’avait pas simplement manqué de courage. Depuis toujours il la trouvait à la fois très belle, très intelligente, très drôle, très lumineuse et vivante, remarquablement forte et authentique, et séduisante comme jamais aucune autre fille avant elle. Alors sans doute que dix ou quinze ans plus tôt, il s’était laissé intimider alors qu’en deux ou trois phrases, guère plus, elle elle s’était faite indélébile sous sa peau. Aux autres filles, il était resté imperméable. Ou éponge, plutôt : filtrant vaguement les sentiments, aussi vite qu’ils apparaissaient et disparaissaient. Ella était différente. Ella était toujours différente. Elle était l’unique, à la fois la première et la dernière pour laquelle il savait combien, dans dix ou quinze ans, dans cinquante ou mille ans, il la trouverait belle et intelligente, drôle et lumineuse et vivante, séduisante à lui en donner le tournis aussi rapidement qu’un sourire ou un battement de cils. Il était prêt maintenant. N’avait plus peur de rien, avec elle, pour elle. Elle le voulait lui et cela tombait divinement bien parce qu’il n’avait jamais voulu qu’elle (jamais aussi fort, jamais au point que c’en devienne presque douloureux).

Kidnappé de son plein gré contre son être brûlant, elle lui arracha avec une facilité déconcertante un énième sourire avant qu’il ne capture ses lèvres encore et qu’il ne lui laisse finalement la liberté de terminer sa phrase...

La légèreté insouciante s’estompa le temps d’accorder toute son attention sur les mots qui suivraient, sur la voix soufflée, les phrases hésitantes articulées péniblement, les grands yeux sombres luttant pour s’enfuir un instant quand son cœur à lui luttait en silence pour que les larmes n’y apparaissent pas.

Avec Ella, c’était l’osmose. Comme une géométrie sans fin, délicieusement vertigineuse, parfaite. Ca avait été harmonieux dès le départ, ça avait été dès le début l’osmose, même avant, même dix ou quinze ans plus tôt. Elle pensait tout fort le contraire mais elle était le jour et la lumière et lui la nuit beaucoup plus calme et surtout moins colorée ; il était un semblant de stabilité ou de sérieux quand elle représentait toute l’intensité indispensable à vie qui valait véritablement la peine d’être vécue. Osmose parfaite, mêlée à un bonheur lui tout nouveau, découvert en même temps que le parfum intime de son épiderme et la chaleur de ses baisers. C’aurait été bien trop puissant pour eux quand ils étaient encore tous jeunes, quasi-gamins : maintenant il avait la robustesse pour l’aimer de toutes ses forces... Mais il la sentit encore à deux doigts de lui dire qu’il serait peut-être mieux sans elle, malheureux rien qu’au début et puis ce serait plus prudent car elle lui ne ferait plus de mal (sottises, sans Ella il n’était plus rien qu’un abysse monumental) – il pensa qu’elle pouvait encore imaginer des foutaises pareilles, et ça faisait un mal de chien. L’amoureux bascula tout près d’elle sur le côté sur le matelas, le cocon de l’après-midi ; les doigts bien sages caressant distraitement les phalanges adorées et inertes.

Il lui laissa tout le temps dont elle pouvait avoir besoin pour articuler les aveux, sa belle était aussi maladroite que lui, peut-être même plus, quand il s’agissait de laisser accès au fin fond de ses pensées. En ce qui le concernait il essayait de faire des efforts pour elle... Elle, il ne l’aurait pas brusquée, jamais. Il marqua une pause, chercha ses mots dans le capharnaüm de ses pensées. Mais aucune d’elle ne trouvait de raison valable d’en vouloir à Ella.

« J’ai eu peur, il avoua enfin après une éternité. J’y pense dès que t’es pas là et je me dis que si je ne t’avais pas fait attendre dans l’une des ruelles les plus pourries du Queens, tout ça ne serait jamais arrivé. Depuis plusieurs nuits je fais en boucle le même cauchemar dans lequel j’arrive toujours trop tard. » Trop tard après l’avoir laissée toute seule se noyer allègrement dans ses démons quand tout allait bien pour lui, juste parce qu’il avait manqué de courage, depuis dix ans. Trop tard pour un sac à main. Ambroise soupira lentement et laissa complètement sa tête retomber sur le matelas, divaguant au fil des aveux mais sans abandonner ses iris des siens. « C’est toi que je veux, pour de vrai, pour tout le temps, et je t’ai laissée attendre sans réfléchir dans un endroit qui craint, je t’ai laissée te faire menacer toute seule après t’avoir laissée toutes ces années... » Les doigts s’immobilisèrent un instant sur le dos de sa main, le temps d’un sourire en coin, amoureux oui, penaud surtout. « J’ai eu si peur d’arriver trop tard. »

Si tu la touches, je te tue !

Il ferma les yeux cette fois, soupira à nouveau, le myocarde malmené par la vision bien trop réaliste d’un monde absurde sans Ella, Ella à peine retrouvée. Il estima que les souffrances étaient suffisantes pour cet après-midi, qu’il voulait surtout lui répondre à elle. Pas juste taire des peurs, les effacer et les solutionner pour de bon.

A nouveau, la pause entre ses mots s’éternisa. Il rouvrit les yeux pour s’abandonner à nouveau dans ceux immenses de son amour blessé, se redressa en faisant fi de la cicatrice qui tirait mais pas aussi fort qu’il avait eu peur alors ça n’était rien, l’embrassa encore et inlassablement, lui souffla enfin d’une voix plus assurée : « Et puis on en sait rien. Si tu lui avais donné ton sac, il aurait peut-être paniqué et t’aurait blessée, ou bien je lui aurais couru après et j’aurais été planté quand même... Ca s’est passé comme ça, on n’en saura jamais rien.  Et une fois de plus ce n’est pas toi qui tenait le couteau : ce n’est pas de ta faute. » Il se doutait bien que la réponse ne lui conviendrait pas franchement, alors à Ella il laissa tout le temps nécessaire pour hésiter ou fuir ses propres prunelles... jusqu’à ce qu'elle revienne finalement à lui au moment où il ajustait l’une de ses mèches d’ébène plus rebelles que les autres. Ils revenaient toujours l’un vers l’autre. « Comment est-ce que je peux t’aider à faire sortir toute cette culpabilité de ta tête ? »
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Message Sujet: Re: je t'aime bancale. (ambroise)   je t'aime bancale. (ambroise) Empty Mer 7 Oct - 21:10


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L’amour est osmose ; l’amour est passion. Il est sa plus grande force, parce qu’il lui donne la sensation de tous les possibles, la sensation d’être invincible, tant que leurs deux cœurs sont unis. Mais il est aussi sa plus grande faiblesse, car il se joue habilement de l’âme en détresse. Il s’imbrique dans les rouages déjà tumultueux de son esprit trop torturé. Il s’insinue en elle, dévorant, comme un poison acide qui s’immisce en elle. L’amour est insidieux, parce qu’il donne tout, mais prend tout, aussi, d’un revers. Ou peut-être, d'un travers ; un travers à elle.

Tu n’imaginais même pas, Ella,
qu’on puisse aimer autant,
aimer au point que ça puisse faire tellement de bien,
tellement de bien que ça finit par faire mal.


Le cœur enflammé par tellement de sentiments, elle ne sait pas s’il y survivra. Elle ne sait pas, combien de temps il tiendra. À bout de souffle mais, encore, le myocarde continue de palpiter. Il crépite en elle et renouvelle sans cesse les forces venues d’ailleurs. Venues de lui, l’élu de son cœur. Parce que chaque fois qu’elle se sent au bord d’un précipice, c’est à Ambroise qu’elle se raccroche, plus encore qu’à la vie. Chaque fois qu’elle frôle le gouffre qui l’attire inexorablement, elle n’a plus qu’à se laisser noyer dans ses iris, pour trouver la force de revenir à la vie. Chaque fois qu’elle se perd au creux de l'abîme, Ella, c’est lui qui vient la retrouver. Ambroise, jamais, ne semble envisager de la lâcher. Se libérer de ce poids trop lourd à porter. Comme si la vie n’était pas suffisamment dure à supporter, il doit tenir de ses seules forces la carcasse abîmée en plus de sa propre existence compliquée.

Et toi, tu ne peux pas t’empêcher de te demander,
s’il serait plus heureux sans toi,
peut-être pas,
il t’a assuré le contraire tellement de fois,
mais il serait libéré,
déchargé de tout le poids que tu peux représenter,
parce qu’il y a toi, et y’a aussi tous les démons qui t’accompagnent,
il y a toi, il y a lui,

presque invincibles,

invincibles, il te l'a dit,

mais il y a eux aussi,
tapis dans l’ombre mais toujours là.


Intelligent et intuitif, autant qu’il est perspicace, l’ange semble deviner les tourments qui accablent l’âme en perdition. Plus que la colère ou toute forme de rancœur qui devrait émaner de ses grandes opales cristallines, elle décèle l’air préoccupé, de celui qui sait. Comme s’il devinait, tous les mots qu’elle ne dit pas ; les maux qu’elle ne dévoile pas. C’est lui, finalement, qui évoque la peur terrible de la perdre. La culpabilité qui l’étreint. Elle réalise que, comme elle, il revit en permanence cette nuit terrible. Elle réalise que, comme elle, il se sent responsable alors qu’il n’est fautif de rien, si ce n’est de lui avoir sauvé la vie. Peut-être a-t-il manqué de prudence, ou peut-être que l’homme les aurait agressés tous les deux. Elle, c’est certain qu’elle a perdu toute clairvoyance, quand elle a choisi sa came plutôt que sa vie et celle de l’élu de son cœur. La gorge nouée par les perles qu’elle refuse de laisser couler – non Ella, elle n’aime pas pleurer, elle ne pleure jamais, ou c’est ce qu’elle prétendrait – l’écorchée vive écoute les confidences de l’être aimé, mais ne tarde pas à s’opposer. – Arrête, j’traîne dans ces quartiers depuis que je suis née. T’es pas du tout responsable de ça… et d’ailleurs, j’aurais refusé de remonter tous les étages avec toi. elle affirme, retrouvant l’ombre d’un sourire. Un sourire un peu fêlé, mais un sourire empreint de sincérité. Ambroise n’a aucune raison de s’en vouloir, elle ne supporte même pas l’idée qu’il se sente si mal. Si bien qu’elle ne perd pas de temps, l’amoureuse, pour se blottir dans ses bras. La frimousse posée contre sa poitrine, elle s’imprègne des battements forts, anarchiques ; elle s’imprègne de la vie qui bat encore en lui.

C’est drôle comme il sait t’envoûter,
te capturer comme il a pris ton cœur tout entier,
c’est drôle comme d’un baiser,
il sait tout éclipser,
c’est drôle l’amour,
comme ça paraît protéger de tout

même de toi-même.


Légèrement tranquillisée, parce qu’il possède le curieux pouvoir de l’apaiser même des souffrances les plus torturées, l’âme abîmée contemple cet homme qu’elle aime à devenir folle. Elle observe les traits qu’elle pourrait dessiner les yeux fermés tant elle les a admirés. Juvéniles, d’abord, quand ils n’étaient que deux mômes à l’amitié indéfectible. Elle les a vus changés, lentement, jour après jour, autant que l’amitié devenait amour inavoué. Et elle peut encore les contempler, maintenant, de ses yeux d’amante ; de femme qui l’aime, fort, si fort mais qui a encore trop peur de l’admettre. Ses prunelles amoureuses, pourtant, si visibles alors qu’elles s’arrondissent d’inquiétude quand il se redresse. Elle s’efforce de contenir ses craintes, puis c’est lui qui la fait taire, d’un baiser empli de fièvre. Elle ne peut pas nier, Ella, ils n’ont aucune idée de ce qui aurait pu se passer. Ils ne devraient pas, l’un comme l’autre, remuer autant le drame désormais terminé. Il y a sa conscience qui ne cesse de lui dire qu’il a raison, qu’elle doit l’écouter, que l’on ne refait pas ce qui est arrivé.

Mais il y a ton cœur qui continue de te détester,
te haïr pour tout ce que tu peux lui infliger.


Les deux lunes qui se relèvent, lorsqu'il glisse la main dans sa crinière, elle l'observe. Lui, douceur incandescente ; lui, lumière attendrissante. Il adoucirait les âmes les plus ombragées, Ambroise. Ou peut-être que c'est l'amour qui est si fort, si fort qu'il dépasse l'entendement. Si fort qu'il relève de l'envoûtement. Elle admire cet homme dont elle aime le moindre fragment, chaque infime partie de lui. De sa patience à toute épreuve à la bienveillance dont il fait toujours preuve. De sa gentillesse infinie à son pouvoir de sauver des vies. Pas juste des corps abîmés, mais des vies toutes entières, de sa tendresse, de sa lumière, de tout son être. Dans les ténèbres abyssales qui l'ont vue naître et grandir, Ambroise, il est le souffle de vie. La lueur d'espoir, la clarté retrouvée. Il représente à lui tout seul tout ce qu'elle voudrait de l'univers. Toute la souffrance intérieure d'être dans ce monde froid, égoïste et impersonnel. Toute la douleur de l'hypersensible de vivre dans un monde qui n'est pas fait pour elle.

Lui, assurément, il est fait pour toi.

- Tu le fais déjà. Je crois qu'il n'y a que ta présence pour apaiser tout ce qui peut se passer dans ma tête. La culpabilité, d'abord, mais pas seulement. Les affres vertigineuses, les tourments nébuleux, les démons permanents. Tous, c'est lui qui les fait disparaître. Juste d'un sourire une d'une caresse. Ou de son regard aimant, exactement comme en ce moment. - Quand t'es là, ça va. Je me sens... plus forte avec toi. Invincibles.

i n v i n c i b l e s
il l'a dit,
il l'a promis,
t'as besoin d'y croire, besoin de te raccrocher à cet espoir,
besoin, plus que tout, de t'accrocher à Ambroise.

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Message Sujet: Re: je t'aime bancale. (ambroise)   je t'aime bancale. (ambroise) Empty Ven 9 Oct - 10:14

« C’est pas du tout un argument recevable » Aussitôt il rétorqua, et il le pensait, même si les sourires d’Ella avaient sur lui inlassablement un effet miroir. Il le pensait, l’entêté, et n’en changerait pas d’avis quoi qu’elle puisse argumenter. Ce n’était pas parce qu’elle s’était battue depuis ses tous premiers jours qu’elle devait garder les poings serrés à n’en jamais trouver la paix, l’âme flamboyante. Ce n’était pas parce qu’elle s’était égarée qu’elle était condamnée à errer et tourner en rond à jamais, l’âme qui s’imaginait en perdition (mais lui ne laisserait jamais faire cela). Ce n’était pas parce qu’elle s’était toujours défendue toute seule, l’âme enragée, qu’il pouvait vivre avec la conscience tranquille de l’avoir si mal protégée. Ce n’était pas parce qu’elle avait grandi dans certaines des rues puantes de New-York qu’elle était faite pour y rester ou l’y attendre. C’était au contraire parce qu’elle s’était faite toute seule Ella, parce qu’elle manquait de remparts derrière lesquels s’abriter et parce qu’elle avait grandi sans les prises nécessaires auxquelles se raccrocher, et même si à lui seul il était tout bonnement incapable de combler toutes les brèches, qu’il était hors de question de la laisser toute seule encore. Elle était sans relâche en colère, Ella. Il l’avait deviné dès le tout début à travers ses grands yeux sombres. Même câline, même aimante, même riant aux éclats ; elle avait de la colère à revendre, qu’elle en ait elle-même conscience ou non. C’était facile, la colère, pour colmater le vide qui aurait dû être occupé par d’avantage d’amour que ça, et l’absence totale de confiance en soi comme dommage collatéral. Il aurait voulu lui faire goûter à la paix. Lui offrir l’harmonie entre ses pensées et toute cette lumière qu’elle dégageait – vivante. Vider, lentement, la culpabilité toxique des méandres de son esprit. La protéger, la protéger surtout, la protéger contre vents et marées, la protéger contre les autres, la protéger contre elle-même quand sa funambule instable s’embarquait au-dessus du vide, la protéger aussi souvent que c’était nécessaire. Sur ce point, il avait été médiocre. Et pas rien qu’à une seule reprise. Ca aussi, il le pensait assez fort pour que la conviction ne soit pas même ébranlée quand il affirmait qu’on ne refaisait pas ce qui appartenait déjà au passé.

Il voulait veiller sur chacune des parcelles de l’être blotti entre ses bras, car il adorait déraisonnablement chacune d’entre elles. Sans cesse, qu’elle soit blottie dans ses bras et qu’il la serre doucement contre lui à respirer encore et encore ce parfum qu’il aimait plus que tout au monde bien qu’il fut bien incapable de le décrire par les mots, qu’il l’embrasse possessivement, où qu’il ait les mains glissées autour de son corps,  elle l’étourdissait et lui faisait perdre le fil, à la fois du temps et de ses pensées.

Ambroise posa la question, à la fois comme si la réponse pouvait sortir comme par magie, à la fois comme une promesse entre les lignes de ne plus jamais la laisser repartir toute seule avec ces remords en vrac. Il était cartésien et méthodique, logique et pratique, il était meilleur mécanicien des corps avec ses mains que des esprits avec ses mots. La solution ne serait pas aussi géométrique qu’il l’aurait souhaité, mais c’était évident. Il était patient, aussi. Pour Ella et avec Ella, il avait tout son temps. Une éternité rien que pour elle. Car il la voulait elle en harmonie avant un « eux » sans dysfonctionnement. Elle était sa priorité absolue.

« Tu es forte », avant de se laisser totalement mener sous les battements désordonnés de son propre cœur enseveli par les avalanches de sentiments, il trouva primordial d’apporter une telle précision. Il eut un sourire très amoureux, parce qu’Ella déclenchait toujours ce genre de réaction quand elle lui laissait une place si importante, quand elle fondait contre lui – quand ils étaient invincibles. « Quoi que tu penses, quels que soient les tourments que tu traverses, quels que soient les sous-entendus qu’on ait pu te faire : tu es incroyablement forte. » Cette fois c’est sur sa tempe qu’il appuya un baiser, comme si toute la tendresse dont il était capable suffisait pour apaiser pour de bon tout ce qui se passait sous la boîte crânienne. Et il la garda possessivement blottie dans ses bras : il n’était plus jamais question de la lâcher. « Mais je suis là. Je serai toujours là. » Il promit, encore et encore, comme il l’avait déjà promis à plusieurs reprises. La certitude absolue, alors qu’au fond ni l’un ni l’autre n’en savaient rien, il ne laisserait plus jamais rien lui arriver de mal. Elle et lui, ils étaient invincibles. Invincibles à deux. Ses doigts partirent à tâtons le long de son corps pour glisser jusqu’à ses mains à elles, entrelacer ses phalanges entre les siennes et essayer de réchauffer, perpétuellement, le bout des doigts toujours glacé.

Il la garda un long moment comme cela, la respiration calée au rythme de la sienne qui soulevait sa poitrine entre ses bras. Ils n’étaient pas pressés.

Il y avait bien eu d’autres filles, avant. A la fois dans ses bras et dans ses draps, les deux à la fois. D’autres filles, avant elle, pour lui dire qu’elles étaient bien là, contre lui, câlines, à se laisser bercer par les battements de son cœur très réguliers – il n’avait jamais été affolé que par Ella. D’autres filles, auxquelles sans exception, il n’avait jamais été fichu de répondre qu’il avait lui aussi envie de ne plus jamais bouger de là. D’autres filles, qu’il aimait bien oui, mais pour lesquelles il avait été incapable de sacrifier le moindre bout de son terrain de solitaire. D’autres filles qui l’avaient toujours terrifié dès qu’il sentait son indépendance totale se faire grignoter. Tout était différent, maintenant. Ella, il la voulait pour l’éternité. Elle était à la fois l’unique et l’authentique. Il avait besoin d’elle comme une atmosphère dans son univers. Elle lui manquait dès qu’elle s’éloignait trop longtemps – elle lui aurait manqué si fort que c’en aurait été éternellement irrespirable et invivable, un coup de couteau mal placé plus tard. « Pourquoi tu ne viendrais pas ici plus souvent ? » Il proposa sans précipitation, l’idée qui lui trottait dans la tête depuis un bon moment déjà. Ca n’avait plus de sens d’être seul, ça n’avait plus de sens que d’être seuls à deux. « Je peux te libérer quelques étagères dans l'armoire, il y a de la place dans la salle de bain pour que tu y laisses, si tu veux, toutes tes affaires de fille… Tu n’as pas le droit de vider la bibliothèque pour y mettre l'intégralité de tes chaussures, c’est ma seule condition. » Avec les derniers mots, il eut un large sourire taquin, mais le reste de la proposition était tout à fait sérieux. Il avait entre temps abandonné ses doigts pour camoufler ses mains sous le tissu de son haut et retracer distraitement les lignes parfaites de ses hanches. « J’ai très envie de passer plus de temps avec toi... » Il aimait toutes les parties de son corps, mais celle-ci était peut-être l’une de ses favorites. « Mais je peux aussi comprendre si tu me dis que tu as besoin de ton indépendance »
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Message Sujet: Re: je t'aime bancale. (ambroise)   je t'aime bancale. (ambroise) Empty Lun 12 Oct - 20:15


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Il n’y a pas un jour,
depuis qu’il est revenu,
pas un jour où elle ne réalise pas,
toute la chance qu’elle a, Ella.

La chance d’avoir dans sa vie un homme aussi fort qu’il est doux ; aussi courageux qu’il est compréhensif ; aussi tendre qu’il est passionné. Elle a cette sensation, pour la première fois depuis une éternité – peut-être même que ce n’est jamais arrivé, cette sensation d’être aimée. Il est, comme, un remède à ses plaies mal cicatrisées ; un baume empreint de chaleur qu’il dépose directement sur son cœur. Ambroise, il paraît prêt à tout lui donner. Il se battrait pour elle envers et contre tout, l’obstiné. Contre les démons qui peuvent l’assaillir, contre les souffrances qui ne cessent de l’envahir, contre tous les tourments irréversibles de l’écorchée vive. Il se battrait même contre elle, s’il le fallait, pour lui prouver combien elle peut se tromper. Pour la faire sentir, enfin, aimée.

Ambroise, sauveur de vies du quotidien,
Ambroise, guérisseur dont elle a cruellement besoin,
Ambroise, qui la soigne peu à peu,
chaque fois qu’il en tombe un peu plus amoureux.


C’est, comme, s’il lisait en elle ; mieux encore que les bouquins qu’il peut dévorer, les livres écrits par des écrivains décédés des siècles en arrière. C’est comme s’il restait attentif à chaque formule, chaque ligne, chaque mot à sa portée. Comme s’il scrutait chaque page pour y déceler tout ce qu’elle ne dit pas. Tout ce qu’elle ne dira jamais et qu’il sait déjà. Ambroise, il la connaît mieux que le monde entier. Mais, plus que tout, il la connaît mieux qu’elle se connaît elle-même. Alors quand il laisse échapper ce compliment, avec la sincérité touchante dont il sait faire preuve mieux que quiconque, l’âme en détresse esquisse un sourire beaucoup trop amer. Pas une seconde, elle ne pourrait croire qu’elle est forte, elle. Ella, elle est tout sauf forte, elle est si faible. Si frêle. Elle a la sensation d’être une poupée mal articulée qui ne sait plus bouger, perdue dans un océan de tempêtes ; noyée dans les abysses de l’enfer. Ella, elle est comme en équilibre sur un fil. Paralysée, elle ne peut plus bouger. Elle a peur, au moindre mouvement, de tomber. Mais elle a plus peur, encore, d’avancer.

Il n’y a que cette main tendue vers elle,
qui lui donne l’espoir d’un avenir meilleur,
il n’y a que son ange gardien,
pour veiller sur elle, croire en elle,
et lui donner l’espoir, d’y croire un peu.


La gorge nouée, le cœur serré, elle retient les perles salées qui menacent de la submerger. Les mots d’Ambroise ont leur effet. Car, chaque jour qui passe, elle le pense mille fois. Pas assez forte, pas assez résistante, pas assez stable. Pas assez, juste, pour affronter les méandres de sa propre existence. Plus que les âmes échouées qui ont pu la heurter, c’est son propre ressenti sur elle-même qui n’a cessé de la briser. Elle, l’enfant mal-aimée, la femme pas fichue d’aimer, elle, constamment en colère, contre les autres, mais surtout contre elle-même. Les mots d’Ambroise, ils la touchent considérablement, mais lui font peur à la fois. Parce que tu redoutes plus que tout, le moment où il sera déçu. Le moment où il verra, l’étendue d’une souffrance beaucoup trop noire. Le moment où il réalisera, comme il vaut bien mieux que toi. Ambroise, elle l’aime, elle l’aime tellement qu’elle ne sait plus tout à fait comment elle vivait, avant de le retrouver. Elle se souvient du chaos dans sa vie, elle se souvient des envies morbides. Mais elle ne sait plus ce qui la rattachait à la vie. Il y avait la culpabilité, l’impossibilité de laisser tomber, les inconscients qui se sont risqués à s’attacher. C’est pour eux qu’Ella, elle vivait.

Avec Ambroise, c’est différent.

Ce n’est pas la peur du mal qu’elle lui ferait si elle s’en allait. À l’opposé, les démons qui la hantent n’ont jamais arrêté de lui murmurer, combien il irait mieux sans elle à ses côtés. Lui, elle ne tient pas seulement à son bien-être. Elle tient à lui, tout entier, à lui qu’elle ne pourrait pas se résoudre à abandonner. Avec lui, pour la première fois de sa vie, elle tient à quelque chose, plus qu’à son agonie. Une manière, encore trop fébrile, mais déjà ancrée chez l’écorchée vive, de donner une chance à la vie. Alors, autodestructrice qui s’y refuse avec lui, Ella tait les maux qui l’animent. Elle refuse de lui dire, combien elle n’est pas d’accord avec lui. Combien elle a peur de ne pas trouver la force de survivre. Combien tout, en elle, ne tient qu’à un maudit fil. Elle tait tout parce qu’Ambroise, il vaut mieux que ça. Mieux qu’une souffrance impénétrable ; mieux qu’une femme incapable de vouloir se battre. Elle garde ses peurs enfouies en elle, se contente de se laisser bercer par sa promesse. Celle d’être toujours là. – Merci… elle murmure seulement avant de resserrer son corps glacé contre le sien, toujours incroyablement brûlant. Sa chaleur, autant que sa tendresse, elles lui deviennent nécessaires ; vitales pour l’âme en peine. Elle s’imprègne des fragrances irrésistibles dont elle est tout aussi dépendante, mélange harmonieux de son parfum et de son cuir encore plus envoûtant. Elle respire sa présence comme l’oxygène dont elle a trop longtemps ressenti le manque. À cet instant où elle voudrait être nulle part ailleurs qu’ici, dans les bras de l’être qu’elle aime le plus au monde, à cet instant où elle savoure chaque parcelle, chaque fragment de son corps autant que de son cœur battant contre le sien, il choisit certainement la seconde parfaite pour lui faire une telle demande. Quoique surprise, l’abîmée est trop bien pour songer à reculer pour mieux l’observer. Elle relève seulement la tête pour croiser les tendres prunelles, avant d’éclairer son minois d’un sourire espiègle. – Tu es en train de me proposer d’emménager à moitié avec toi ? elle demande d’une voix malicieuse qui ne masque pas son étonnement. La main qui se pose délicatement contre les lèvres de l’homme qu’elle aime, elle ne se laisse pas beaucoup le temps de réfléchir, au contraire. – Je suis déjà complètement dépendante à toi. elle se redresse enfin, juste assez pour relever la tête au-dessus de la sienne, et s’emparer de ses lèvres. – Je crois que j’aimerais beaucoup passer plus de temps avec toi… elle murmure entre deux baisers enflammés, juste avant d’enfouir sa tête contre le cou de l’être aimé. – Mais tu sais… je peux être insupportable. Je veux dire, vraiment. Je suis bordélique, et puis bruyante, et il faut me nourrir trois fois par jour aussi… tu crois que toi, tes bouquins, et ta tranquillité, vous survivrez ? elle l’interroge, avec malice, pourtant sérieuse. C’est difficile de se concentrer alors qu’il la dévore des yeux avec cette intensité qu’elle lui connaît par cœur ; difficile de se focaliser sur ses pensées quand elle sent sa peau frisonner sous les caresses qu’il lui offre. Mais c’est important pour elle de s’assurer que sa proposition soit fondée ; qu’il ne finisse pas par la regretter. Elle peut vite avoir l’effet d’un cataclysme, Ella. Elle ne voudrait pas bouleverser toute la vie qu’il a réussi à construire.
Ou peut-être qu’elle a trop peur de la place qu’elle peut prendre dans sa vie,

peur de tout gâcher, tout détruire,
elle l’a fait tant de fois, Ella, tout anéantir,
mais elle ne veut pas que ça se reproduise,
surtout pas avec lui.


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Message Sujet: Re: je t'aime bancale. (ambroise)   je t'aime bancale. (ambroise) Empty Dim 18 Oct - 18:41

Quand il n’était question de personne d’autre, c’était facile. Il pensait beaucoup mais réussissait à prendre des risques sans trop se soucier de leurs conséquences ; il savait foncer bille-en-tête sans crainte. Quand quelqu’un d’autre entrait en jeu, c’était différent : il devenait presque trop prudent. Il était du genre à peser et soupeser chaque mot avant de les laisser échapper, à reculer pour mieux sauter – il était de ces vieux garçons à la fois coureurs de jupons mais surtout paniqués à l’idée de s’engager.

Avec Ella, c’était différent. Ella, contrairement à tous les autres êtres humains tous hautement incompatibles avec sa nature solitaire, ne l’étouffait pas. Il étouffait quand elle était trop loin, trop longtemps. Ella, pour la toute première fois, lui prouvait qu’il était finalement capable d’avoir envie de partager véritablement un bout de sa vie avec quelqu’un d’autre que le chat encore haut comme trois pommes qui dormait probablement en bas des escaliers. C’était à la fois naturel et équilibré, c’était facile de la faire passer comme la toute première de ses priorités, puisqu’elle avait la fâcheuse tendance à s’immiscer dans la moindre de ses pensées.  Avec Ella, il ne craignait pas de s’engager : il avait surtout peur qu’elle l’abandonne. Toutefois, à travers toutes leurs différences dans toute leur complémentarité, ils se rejoignaient sur un point : l’un comme l’autre avaient des difficultés monstrueuses à livrer tout haut tout ce qui se passait tout bas au fond de leur tête. Mais pour Ella, puisqu’il n’était pas question de la laisser filer entre ses doigts maladroits juste parce qu’il avait la trouille, il faisait des efforts. Pensait toujours autant, malmenait son esprit ensorcelé pour trouver les mots adéquats, et voilà : au final, c’était dit. Il voulait qu’elle soit avec lui plus souvent. Il voulait la protéger, il voulait la liberté de la dévorer d’un regard amoureux dès l’aube, il voulait l’entendre lui raconter ses journées même les plus banales, ajuster le soir les draps par-dessus son épaule pour qu’elle n’ait jamais froid et veiller sur ses nuits, lui faire la cuisine trois fois par jour s’il le fallait, vivre au rythme de ses éclats de rire et rien qu’avec elle. Surtout, il ne voulait pas la brusquer, il avait très peur qu’elle panique et file plus vite encore qu’un courant d’air...

Mais sa façon de lui sourire le rassura et l’inquiétude montante disparut aussi rapidement que ses prunelles enfantines l’ensorcelèrent. Les lèvres clouées contre les doigts adorés, il ne répondit qu’en hochant la tête, tout à fait sûr de sa proposition.

Il savait aussi les difficultés qu’Ella pour lui laisser un accès à ce cœur trop souvent malmené, tourmenté, blessé : alors l’impact de ses réponses heurta tout droit le sien (il y avait belle lurette que ses barrières à lui étaient tombées). Les baisers de son amour l’empêchèrent d’abord d’articuler quoi que ce soit, l’empêchèrent ensuite et surtout d’analyser la situation, de mesurer le poids de ses mots à elle, de réfléchir à quoi que ce soit. Ses mains basculèrent en bas de son dos, et pendant un moment il fut déterminé à capturer encore et encore et encore ses lèvres... Mais la réponse n’était pas tout à fait complète, il était important qu’elle puisse terminer de dire tout ce qu’elle avait à dire, alors il patienta un peu.

« Je crois que oui », il répondit sans hésitation et ses lèvres s’étirèrent en un sourire taquin. « Ma tranquillité ne m’intéresse plus vraiment depuis que je t’ai retrouvée » Parce que tout cela n’avait plus de sens sans Ella. Il le lui avait déjà dit et chaque jour il le pensait un peu plus fort : elle était la meilleure chose qui lui soit arrivée, elle avait tout bousculé, ses sentiments et son quotidien morne, il n’était plus question de revenir en arrière. Tout avait changé : et ce changement avait un parfum salvateur de renouveau. « Je veux être avec toi mais je ne veux surtout pas que tu te forces à changer quoique ce soit pour moi. » Il ne desserra pas son étreinte ni n’arrêta ses mains distraitement baladeuses.

Il n’y avait que le sujet de cette satanée poudre, qu’il n’était pas capable d’aborder. Elle aurait été le seul changement qu’il aurait aimé d’Ella, mais il pensait qu’exiger quoi que ce soit d’elle n’aurait pas crée une motivation suffisante pour qu’elle apprenne à s’en passer durablement. Il était resté vague, même quand le manque l’avait conduit à se volatiliser en Italie, même quand il avait essayé : tu es bien plus que ça ; je t’en prie fais attention... Ca n’avait pas été plus loin, parce qu’il manquait cruellement de courage, parce qu’il avait peur qu’elle déguerpisse s’il la bousculait... Il avait plus peur encore qu’il lui arrive malheur, mais c’était comme si en parler tout fort avec elle risquait de concrétiser soudain l’addiction et le danger, l’épée de Damoclès et tout ce qu’il aurait peut-être pu éviter s’il avait été présent. Cette fois-ci encore, il estima que le moment était à tout sauf à ce genre de discussion : alors il l’évita savamment. Ella dans ses bras était belle comme un cœur, ses sourires le faisaient fondre et il l’imaginait heureuse, rien qu’un peu, rien qu’une seconde – égoïstement Ambroise imagina cela suffisant et son esprit réussit sans aucune difficulté à enfouir la cocaïne très loin et à l’enfermer à double tour. Lui en tous cas, avec elle, était simplement et purement heureux.

« Et puis si quelque chose nous dérange, on peut toujours en discuter » Non pas qu’ils soient des professionnels dans l'art de discuter tous les deux des sujets fâcheux, non pas qu’ils soient seulement adultes (ensemble, ils étaient comme restés coincés au stade de l’adolescence, option passion infinie) : mais c’était très important.

Lui d’ailleurs n’avait pas la prétention de s’imaginer adorable et tout à fait supportable ou passionnant au quotidien. « Tu imagines un peu comme on s’ennuierait si tu étais toujours très calme et posée ? » Il rit doucement après avoir lâché cela sur le ton de l’évidence – il la taquinait souvent à propos des livres, mais au grand jamais il ne l’échangerait contre un rat de bibliothèque courtois et prévisible. « De nous deux je suis le type ennuyeux, toi tu es mon Soleil » A son tour cette fois-ci de lui clouer le bec d’un baiser pour l'empêcher de rétorquer quoi que ce soit. Les mains brûlantes et pas si sages sur ses hanches, il la doucement basculer la responsable de l’incendie interne par-dessus son corps à lui, l’embrassa inlassablement. « Ne t’inquiètes pas pour ça, je t’aime bordélique, bruyante et gourmande » Oubliées les cicatrices fraiches ; le corps du grand blessé était tout à elle. La tête ne répondait plus de rien sinon du désir incandescent, les mots en revanche étaient une vraie promesse du cœur. « Je t’aime, Ella »
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