It's not what you think + Ambroise

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{It's not what you think!}
virgin river/ + w/@ambroise marshall

Quand elle s'était réveillée ce matin, elle ressentait encore les coups de la veille. La douleur endormie se rappelait à elle et elle ne put que grimacer en voyant les bleus se dessiner... Son corps, avec le temps était devenu un punching-ball et si d'ordinaire, elle parvenait à supporter la douleur, aujourd'hui, c'était un peu plus compliqué...

Elle prit une longue douche, s'habilla et descendit pour prendre le petit déjeuner. Pas trop consistant parce que comme à son habitude, elle passerait par le café pour sa rencontre quotidienne avec Spencer. Enfin... Ca c'était ce qu'elle croyait ! En arrivant dans la cuisine, elle baissa le regard. Jacob y était entrain de préparer tout ce qu'il fallait et visiblement de mauvaise humeur. Elle n'était pas prête à encaisser aussi vite après ce qu'il s'était passé la veille ! Elle l'entendit l'insulter, lui dire qu'elle n'était même pas capable de préparer le repas alors que c'était son rôle... Elle dut se confronter à tout ça et malgré qu'elle fasse tout pour se protéger, elle ne parvint pas à se retenir alors qu'il la poussait violemment vers l'arrière. Son dos heurta la table et elle se cogna la tête au coin du meuble en perdant l'équilibre. Juliet était sonnée et le temps qu'elle se relève, elle entendit la porte claquer.

En portant la main à sa tempe, elle se rendit compte qu'elle saignait. Sa tête tournait mais elle rejoint quand même la salle de bain pour voir son état. Les larmes coulaient silencieusement alors qu'elle arriva devant le miroir. Il lui fallait un point ou deux et elle n'avait rien avec elle pour s'en occuper... Elle se nettoya et prit la route pour rejoindre l'hôpital. Elle serait un peu plus tôt que prévu et prendrait ce temps pour se soigner discrètement.

En arrivant, elle se sentit soulagée de ne croiser personne. Juliet s'était faite le moins voyante possible. Elle prit tout ce dont elle avait besoin et s'installa à l'écart, dans une petite pièce peu fréquentée. Le matériel prêt, elle allait commencer quand la porte s'ouvrit et la fit sursauter.

Suspicion d’embolie pulmonaire, deux chevilles tordues, une luxation de rotule, un état de mal épileptique. Entre autres. Marshall aimait autant son travail qu’il finissait toujours par en avoir plein la tête. Fin de garde. Fin de nuit. Pas tout à fait l’heure de la relève avec l’équipe tout à fait fraiche du jour, mais déjà le moment de savourer le calme des heures blanches qui terminaient par tirer leur révérence sur des urgences enfin calmes. C’était souvent comme cela : la folie douce en début de soirée, des cas parfois plus compliquées un peu plus tard, souvent sur un arrière-fond un brin alcoolisé, puis le silence dans la salle d’attente. A nouveau les patients s’entasseraient : mais pas immédiatement, ce qui leur laissait d’abord de quoi finir proprement les prises en charges débutées quelques heures plus tôt. Les scopes s’étaient calmés, sa tête un peu aussi par la même occasion, quoiqu’il ait toujours un peu l’impression que sa tenue blanche et sa peau s’imprégnaient des odeurs rencontrées précédemment. Enfin l’heure n’était pas (pas tout à fait, pas encore, on l’aura compris) au repos du guerrier.

Preuve en était qu’il manquait dans tous les tiroirs qu’il venait de fouiller une taille de seringue bien particulière qu’il s’était mis en tête de récupérer avant de ponctionner rapidement un genou. Rien qu’un détail, mais agaçant à six ou sept heures du matin (il ne savait pas précisément). Il avait râlé tout haut pour la forme, lui-même bien entendu beaucoup trop rigoureux et organisé pour oser terminer le matériel sans le signaler.

Jusqu’à s’aventurer dans une réserve un peu à l’écart, où il pensait qu’il pourrait dénicher ladite denrée. Il avait la tête vide, à cette heure-là, Marshall. Pas péniblement, parce qu’il était habitué, mais simplement vide. Alors il poussa la porte sans véritablement se presser, fut tout à fait surpris d’y trouver la lumière allumée et à l’intérieur, une des infirmières avec lesquelles il avait l’habitude de travailler régulièrement. « Bonsoir Juliet, il lui passa devant sans prêter attention à son visage, un poil à l’ouest alors que le jour estival avait succédé au soir depuis un moment déjà, poliment néanmoins. Tu as fait la nuit ? » Toujours autant dans sa bulle, il traversa donc jusqu’au fond de la pièce, vida un des casiers pour récupérer deux ou trois des seringues de la contenance qui l’intéressait, les glissa dans l’une de ses poches de blouse, rangea le tout, fit demi-tour. Et se stoppa tout net en repassant devant sa collègue, un coup d’œil d’abord distrait suffisant pour remarquer sa tempe couleur vermillon et pour le tirer de sa torpeur : « Bonne jour - tu es blessée ? »

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Elle avait besoin d'un peu d'intimité Juliet... C'est pour ça qu'elle avait choisi cette petite réserve où les gens venaient rarement. Elle ne voulait pas qu'on la voit comme ça, c'était bête parce que c'était la meilleure façon d'en arriver à faire douter les gens sur ce qu'il peut se passer chez elle. Mais elle n'avait pas vraiment réfléchi. Elle voulait en finir vite, faire ces points de suture et prendre sa journée de travail comme il était prévu qu'elle le fasse... Elle n'avait pourtant pas prévu avoir de la visite...

Quand la porte s'ouvrit, elle sursauta, comme si elle était prise en faute. Son coeur se mit à battre la chamade et elle fut soulagée de voir que Ambroise était bien trop concentré sur ce dont il avait besoin pour voir son état. Juliet souffla brièvement et le regarda se déplacer du coin de l'oeil. "Je suis juste venue un peu plus tôt..." Répondit-elle à sa question. Et c'était la vérité ! Elle ne lui mentait pas. L'infirmière le vit revenir dans sa direction et baissa un peu la tête. Elle espérait vraiment ne pas devoir se justifier mais bien évidemment, c'était avoir un peu trop d'espoirs ! "Ce n'est pas grand chose !" Se précipita-t-elle de dire. "Je... J'étais mal réveillée ce matin, j'ai raté quelques marches et je me suis pris le coin d'un meuble..." Elle se justifiait alors qu'il ne lui avait pas vraiment demandé et se trouva bien idiote pourtant, elle lui offrit quand même un léger sourire pour que son histoire passe plus facilement.

Quand il s’agissait d’une collègue, d’un membre des équipes avec lesquelles il travaillait régulièrement, Marshall ne considérait pas cela comme du travail supplémentaire. En tous cas, il avait clairement identifié la plaie sur le visage de la blonde et cela fut suffisant pour le tirer de sa torpeur matinale ou nocturne, il ne savait plus bien quelle heure du petit matin il était.

Il lui trouva l’air tout drôle, à Juliet. Pas comme habituellement. Peut-être qu’elle était juste agacée d’avoir commencé sa journée de la sorte : c’était possible, mais il n’y croyait pas assez pour simplement lui tourner les talons et la laisser s’occuper d’elle-même comme une grande. Il aurait juré d’abord qu’elle tournait la tête de l’autre côté, exprès. De une, c’était trop tard puisqu’il l’avait vue. De deux, à moins qu’elle fut honteuse de s’être bêtement ouvert le crâne de si bonne heure, c’était un comportement curieux : ils y étaient tous les deux plus qu’habitués, aux plaies sanguinolentes diverses et variées. Un accident était de toute façon toujours bête par définition.

Pendant son explication précipitée, il fronça un peu les sourcils. Il n’aimait pas jouer aux détectives, voulait tout sauf se montrer intrusif, mais son instinct lui dictait de ne pas lâcher si tôt l’infirmière. A commencer parce que, déformation professionnelle probable, il n’aurait pas laissé déguerpir sans l’examiner un minimum une patiente après un traumatisme crânien même minime s’il lui avait trouvé un comportement inadapté. Souriante ou pas, ça ne prenait pas. « Ok... Il hésita un moment, franchement dubitatif, soucieux surtout. Tu n’as pas tapé la tête trop fort au moins ? » Il n’approcha pas plus puisque l’infirmière avait tout l’air de simplement avoir envie qu’on la laisse tranquille (pourquoi sinon s’isoler dans une des réserves les plus reculées du service sans demander d’aide à qui que ce soit ?), reconnut sans aucune difficulté le matériel qu’il utilisait quotidiennement pour les sutures, du fil pas encore déballé, un porte-aiguille encore stérile, du sparadrap sorti de ses poches. « Comment tu comptes t’y prendre pour te recoudre le visage toute seule ? Tu ne veux pas que je m’en occupe ? » Un temps de pause, puis persuadé que la réponse serait catégorique (parce qu’il sentait que quelque chose clochait dans sa réponse ou son comportement, vraiment), il ajouta avec ce calme infini qui le caractérisait : «Ce serait plus rapide pour toi. Si tu as déjà tout préparé on peut rester ici, personne d'autre n’est obligé d’être au courant. »

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Oui elle se cachait ! Parce qu'elle voulait éviter les questions, qu'elle avait honte de ce qui se passait dans sa vie et qu'elle était persuadée qu'elle pouvait se débrouiller toute seule... C'était bien utopique ! Elle travaillait dans un hôpital, il n'était pas si facile d'avoir de l'intimité et surtout, les choses se savaient très vite...

Heureusement pour elle, c'est Ambroise qui passa par là et par une de ses commère d'infirmière... Juliet essaya de lui cacher son état mais malgré qu'il était en fin de nuit, il le remarqua et bien sûr, il chercha à l'aider. Il était médecin après tout ! Quand il lui demanda si sa tête n'avait pas tapé trop fort, elle la secoua doucement. Pas question de lui avouer avoir été sonné, à la limite de la perte de conscience... Il lui ferait faire une batterie d'examen et elle ne pouvait pas se le permettre. "Non, ça va !"

Juliet pensa alors qu'il la laisserait après ça mais il en rajouta une couche. La jeune femme sentit une boule d'angoisse se former et elle soupira doucement. Il avait raison ! Elle allait quand même lui répondre par la négative mais ce qui l'ajouta la fit se pincer doucement les lèvres. "Je voulais juste ne pas déranger quelqu'un... Mais... D'accord..." Dit-elle en lui tendant la seringue de xylocaine pour qu'il puisse quand même endormir l'endroit à recoudre. "Merci..."

Ambroise ne démordait pas du fait qu’il trouvait à l’infirmière un comportement étrange. Elle répondit précipitamment que tout allait bien, et bien qu’il n’écouta la réponse que distraitement puisqu’elle ne le convint pas franchement, il n’insista pas. Professionnellement parlant il l’appréciait, mais pour le reste ils n’étaient pas assez familiers pour creuser d’avantage : tout du moins préféra-t-il ne pas approfondir ses questions dans l’immédiat, puisqu’au moins Juliet venait d’accepter un coup de main pour soigner son visage blessé. Méfiant de son regard fuyant, il éluda néanmoins très tranquillement : « Je t’en prie, c’est normal »

Le brun s’installa vers elle, enfila machinalement une paire de gants, injecta l’anesthésique local dans les berges de la plaie, lui demanda de confirmer qu’il pouvait bien piquer sans que cela soit douloureux. C’était artisanal, comme lieu, pour lui recoudre la tempe : mais lui était tout terrain, s’adaptait vite, était plus qu’habitué au geste en question, et Juliet tout sauf pénible ou exigeante. Trois points plus tard avec un fil suffisamment fin pour que la cicatrice reste tout à fait discrète, c’était terminé. Vite fait, bien fait. « Voilà, c’est terminé. D'ici quelques temps cela ne se verra plus. Ca ne tire pas trop ? » Il avait travaillé silencieusement, non pas qu’il ait besoin d’une grande concentration pour une simple suture d’une plaie linéaire, mais la jeune femme restait discrète et muette comme une tombe. « En temps normal je laisserais plutôt à l’air libre mais on peut mettre un pansement si tu préfères. Tu en as pris un ? » Il se doutait qu’elle aurait probablement anticipé le fait de camoufler la blessure et les points, pour éviter par exemple qu’elle ne soit embêtée toute la journée à expliquer qu’elle était ce matin-là curieusement bien mal réveillée.

Ambroise termina le travail rapide en dissimulant le fil noir sous un pansement de peut-être trois centimètres, ses yeux s’attardant très sérieusement sur son visage fuyant – il aurait pu jurer qu’au-delà d’une forme de malaise, elle avait peur. Ce qui ne lui donnait à lui aucune envie de plaisanter.

A la naissance de sa nuque, zone que Juliet ne pouvait cacher même en tournant très vite les yeux, la peau était marquée d’une ecchymose ovale verdâtre, vieillissante.

« Attends un instant avant de te sauver, s’il-te-plait » Ambroise s’écarta à une distance plus respectable maintenant qu’il n’avait plus besoin de toucher son visage, se débarrassa du matériel rapidement, les lèvres un peu pincées comme à chaque fois qu’il réfléchissait aux mots à utiliser, puis planta ses prunelles sombres dans celles de sa collègue. Pas moralisateur, pas inquisiteur ou autoritaire, mais grave. « Ce n’est pas à toi que je vais apprendre l’existence du secret médical, mais tout ce qui est dit ici reste entre toi et moi sauf si tu me demandes le contraire. As-tu reçu des coups ? » Cash et direct. Les yeux dans les yeux.