paradise city, mia.

01/ Sa famille, Mia y est attachée plus que tout au monde. Les valeurs familiales sont en effet ancrées en elle, même aujourd’hui – malgré tout ce qui a pu être dit, tout ce qui a pu s’passer. Pour Mia, les liens du sang sont les plus forts. Petite dernière d’une tribu de quatre enfants – trois garçons et elle – la demoiselle est née dans l’abondance la plus extravagante. Papa mania de l’immobilier et maman grande psychologue encensée et reconnue, Mia n’s’est pourtant jamais sentie vraiment délaissée par ses parents au profit de leur travail. Jamais ils n’ont raté une de ses représentations ou encore un des match de ses frères. Son père, bien qu’il ait réussi dans sa vie, a en effet grandi dans un modeste petit village écossais et en a gardé à l’esprit une grande estime des valeurs morales et familiales – chose qu’il a voulu absolument transmettre à ses enfants.  02/ Être née dans une famille ayant des moyens financiers supérieurs à la norme, ça a ses avantages ; notamment au niveau des activités extra-scolaires. Fascinée par l’art en général, Mia n’a jamais su rester en place et nombreux ont été ses loisirs en dehors du cadre scolaire. Passionnée par la danse depuis toute petite, elle a pratiqué de la danse classique, ainsi que du mordern-jazz dès le plus jeune âge. Plus tard, au début d’son adolescence, est venu se greffer le drap – activité pour laquelle elle s’est rapidement montrée non seulement très enthousiaste mais également très douée. Finalement, elle a également appris à jouer du violon dès ses 6 ans – comme son père. Ce programme chargé lui a pris au fil des années toutes ses soirées de libres ainsi qu’une grande partie de ses week-ends. Puis est venu le moment des études et avec lui le temps des choix. De toutes ces activités ne demeurent plus que le drap et le modern-jazz deux soirs / semaine. Il n’est cependant pas rare que la belle ressorte de temps à autres son violon le soir, à la demande de l’un ou l’autre de ses amis ou encore simplement pour se détendre. 03/ Durant son enfance et son adolescence, Mia ça a souvent été cette fille que tout le monde adore et déteste en même temps. Cette sorte de douce naïve à qui tout réussi, à qui tout souri. Jolie, douée, bien née, Mia elle avait tout et en plus trouvait encore l’audace d’être gentille. Comme si elle n’avait pas un seul défaut. Comme si tout coulait toujours de source avec elle. C’n’était pas vrai, bien entendu, mais c’était l’impression qu’elle renvoyait. Image parfaite de la parfaite petite fille. Celle à qui tout est dû sans qu’on n’sache vraiment pourquoi. Malheureusement – ou peut-être est-ce le contraire – l’illusion dérisoire a fini par craqueler, laissant apparaître les défauts, les faux-pas et fausses mesures. 04/ Mia, elle a grandi dans une maison presque exclusivement masculine entre ses trois frères et son père. Parfois, elle s’est dit qu’elle aurait aimé au moins une sœur pour compenser ; histoire d’avoir une personne avec qui parler de robes, maquillages, etc. Ce qu’elle n’a longtemps pas pu faire – pas après le drame. D’un autre côté, son père et ses frères l’ont tellement chérie et gâtée en grandissant qu’elle ne les aurait échangés pour rien au monde. Puis, avoir des frangins, c’est utile pour pas s’faire emmerder – soyons honnêtes. 05/ Gladys, sa mère, son drame. Cette femme douce et si forte à la fois, modèle non seulement pour sa fille mais également pour beaucoup de personnes autour d’elle. Mia, elle embellit surement l’image de sa génitrice dans son esprit. Mais comment faire autrement que de mettre la personne sur un piédestal quand celle-ci est partie bien trop tôt ? Gladys Williams est en effet morte dans un vol qui a mal tourné quand Mia n’avait que seize ans à peine. Pour la blonde, ça a été la fin du monde. La fin de son monde et le début d’une longue descente aux enfers. Aujourd’hui encore, les gens pensent bien faire en lui rappelant à quel point elle peut lui ressembler, mais chaque rappel de sa mère tue la Williams à petits feux. Surtout qu’elle le sait, elle… Elle sait qu’elle n’lui ressemble pas assez. Physiquement peut-être bien, mais au fond d’elle-même Mia se sait ne pas arriver à la cheville de la femme que sa maman a pu être.  06/ Mahe, quatre petites lettres, prénom original. Son meilleur ami, son tout, la personne la plus importante. A la vie, à la mort à c’qu’il paraît. Mahe, c’est son ancrage quand tout va mal et la première personne qu’elle veut appeler quand tout va bien. C’est celui avec qui elle peut être elle-même, sans filtre, sans complexes aucuns. Opposés en tout pourtant, ces deux-là ont mis un temps certain à s’apprivoiser quand l’adolescent est arrivé dans la même école que la blonde. Ils se sont emmerdés longtemps l’un l’autre avant de progressivement développer cette si belle amitié qui leur est propre à présent. Nombreux sont ceux qui ont juré qu’ils allaient finir ensemble ; idée qui amuse tellement Mia qu’elle en joue assez souvent – aimant à faire croire qu’il peut s’passer un truc entre eux. Mais en réalité, ils le savent l’un et l’autre : leur relation n’est pas romantique. Loin s’en faut même et tant mieux. 07/ Suite à la mort d’sa mère, la douce petite Mia a progressivement disparu au cours des années qui ont suivies. Ça n’s’est pas fait de manière radicale, mais progressivement, au fil du temps. Le plus gros changement s’est opéré avec Esteban. Lui, c’est c’mec qui lui a filé un drôle de sentiment dans le bas de ventre dès le premier regard. Ce truc qui la prend aux trippes à chaque fois qu’il daigne poser les yeux sur elle. Presqu’un an de relation à présent et toujours cette fougue quand elle est avec lui. Pourtant, c’est aussi c’pauvre type qui la fait tant souffrir. Cette personne dont elle n’arrive pas à s’détacher et qui la tire vers le bas. Je t’aime, moi non plus. Elle court après lui, il fuit vers d’autres bras que les siens. Elle fait trois pas en arrière afin de lui échapper, il revient en courant lui affirmer qu’au fond y’a qu’elle qui compte. Relation malsaine, mauvaise fréquentation. Impossibilité de s’détacher de l’autre en définitive. Jusqu’à la grosse bêtise. Grossesse inattendue.   08/ Le test positif est tombé y’a un mois. Puis le deuxième et le troisième également – pour être sure. Un test, ça peut s’tromper – être faussé – mais trois positifs : c’est positivement la fin du monde. Mia, elle n’en a pas parlé à Esteban du bébé – coupant carrément les ponts, mais bien à son père. Une terrible dispute a éclaté. Le choix est simple Mia : l’avortement ou la porte. Et ce fut la porte. Mia est fière, Mia est têtue. Elle ne veut pas se laisser dicter son comportement, donc elle est partie sans un regard en arrière pour son paternel. Mais au fond : elle n’est elle-même pas bien certaine d’vouloir le garder ce môme : à quoi bon avec les deux parents qu’il se paie ? Une poupée aux ailes brisées en guise de mère et un inconstant de père. La totale. 09/ Elle sait pas s’débrouiller seule la Williams – elle en a jamais eu l’occasion. Alors elle s’est trouvée un abri pour la nuit – et toutes les suivantes. Leon, le bras droit de son père, c’mec un peu trop gentil qu’elle a toujours adoré faire tourner en bourrique. Sans réfléchir, suite à son départ précipité de ce qui avait toujours été sa maison, elle a marché jusque chez lui. Et depuis elle squatte sans vergogne, mais surtout sans plan de vie ni aucune idée de ce qu’elle va faire du bébé. Elle s’contente de végéter et de vivre sur la trop grande gentillesse d’son hôte. Malheureusement pour elle, ça n’pourra pas durer éternellement : il est fiancé le pauvre et dans une situation délicate en raison de leur situation inhabituelle. Oups. 10/ Mia, elle adore les chats, le thé, la pluie, les films à l’eau de rose, ses frères, se jouer des autres et Mahe. Pas forcément dans cet ordre. Elle déteste le désastre qu’elle a fait de sa vie, les choux de Bruxelles, l’hypocrisie, la tyrannie et l’indécision. Dans cet ordre.