get in the car and drive (lilian)

les repas de famille ou la bête noire de noa. ce n'était pas tant les diners à plusieurs qui la dérangeait, c'était surtout les diners dans cette famille, qui était malheureusement la sienne. quand elle se pointait chez les mcdonald, détente et fous rires étaient toujours de mise. et les moments sérieux étaient presque à proscrire. peut-être que c'est ce qui lui plaisait autant chez eux. et c'était aussi ce qui manquait cruellement aux coincés que pouvaient être ses géniteurs. chaque jour, elle se demandait ce qu'elle avait bien pu faire dans une vie antérieure pour mériter de porter un tel fardeau. et chaque nuit où elle ne parvenait pas à trouver le sommeil, la réponse lui échappait encore. des heures durant, elle les avait écouter parlementer sur leur foutue religion dont elle ne pouvait plus supporter la simple évocation, et ils avaient enchainé sur le mariage. celui-là même qu'ils tentaient par tous les moyens de lui imposer. il ne fallait pas qu'elle choisisse un athée, pas quelqu'un qui avait enchainé les relations, ni quelqu'un qui ne serait pas déjà dans les bonnes grâces des wilson. en somme, un alien qui ne se trouvait décidément pas sur leur pauvre planète. elle avait levé les yeux au ciel plus d'une fois, sans oublier de soupirer excessivement. ses parents avaient à coeur de la pousser pour éviter qu'elle termine ses jours seule. elle s'était retenue de pouffer à l'entente de ces mots parce que l'abus était grand. elle n'avait aucune envie d'avoir déjà la corde au cou à tout juste vingt ans, elle ne savait même pas si elle avait simplement envie de porter une alliance un jour. alors elle tentait de freiner leurs ardeurs en leur assurant que l'inciter autant ne ferait que la dégouter davantage, la poussant dans une toute autre direction de celle qu'ils envisageaient pour elle. sauf que la vérité était qu'elle cherchait de toutes ses forces à trouver une alternative, un moyen miraculeux d'empêcher le désastre qui se profilait déjà devant ses yeux catastrophés.
l'écoulement du sablier lui avait semblé interminable jusqu'à ce qu'elle rejoigne finalement ses quartiers. elle soupira de soulagement en refermant la porte sur cette parodie de famille modèle. s'il existait un dieu quelque part, il devait bien rire de leur médiocrité. ils se laissaient régenter leur vie sans y opposer le moindre argument. elle avait honte d'être une wilson la plupart du temps noa. mais elle s'enhardissait de se savoir bien plus libre qu'eux pouvaient l'être sur un tas de points. s'échouant lamentablement sur son lit, elle respirait enfin l'oxygène qui lui avait manqué les dernières heures. et elle sentait sa tête prête à exploser des délires qu'elle avait eu à supporter. elle avait besoin d'un ailleurs, désespérément. et elle avait la chance de savoir où le trouver. il était près de deux heures du mat, un horaire que ses parents n'avaient pas l'habitude d'atteindre, l'exploit ne se reproduirait sûrement jamais d'ailleurs. mais elle composa quand même son numéro, tout en ouvrant la fenêtre de sa piaule. comme une invitation silencieuse et un appel à l'escalade nocturne. lilian je t'en supplie, j'ai besoin que tu me sortes de là. les wilson m'ont encore fait péter un plomb. j'dois bouger de là ou j'irais en enfer. selon ses géniteurs puisqu'elle ne croyait en rien de tout ça, la gamine. elle n'avait pas laissé à son pote le temps d'en placer une, et avait déjà raccroché le combiné. pour ne surtout pas lui laisser le temps de répondre négativement. elle l'avait seulement entendu bougonner à l'autre bout du fil, pour le dérangement sûrement. pourtant, elle savait qu'il ne la laisserait pas tomber. il ne l'avait jamais déçue. pourvu que ça dure.

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“ With a thousand lies and a good
disguise hit 'em right between the eyes”

Il est tard, je m'emmerde. Mes yeux glissent sur mes phalanges à défaut de la télé. J'ai envie de me barrer, loin, là où on parle pas anglais. Là où les filles ont une fleur de Monoï dans les cheveux et sentent le sable. Quelque part où j'peux me sentir vivant, respirer l'air sans m'dire que je vais crever de la pollution. Un endroit où y'a pas de violence, de jugement, de haine. L'utopia de Thomas More. Un p'tit coin de paradis rien qu'à moi. Je m'allonge sur mon canapé en cuir et ferme les yeux. Peut-être que je devrais claquer toutes mes économies pour aller à l'Ile de la Réunion. C'est l'endroit qui s'rapproche le plus de ce que je veux. En plus, si je reviens de là-bas avec une belle métisse, Bass crèvera de jalousie. Ouais, c'est sûr. J'esquisse un sourire satisfait jusqu'à ce que je sente mon tel vibrer. Je vois pas qui ça peut être à une heure pareille. Rien n'était prévu pour ce soir. Je reconnais le surnom de Noa, j'espère que rien n'est arrivé. Je décroche instantanément. Elle veut que je vienne la chercher. Elle me supplie, même. J'ai pas le temps d'en placer une qu'elle raccroche. Pas de merci, pas de bonsoir, pas de mon chéri. J'reste sur le cul et figé devant mon écran quelques instants. J'sais dont c'est que des formalités mais quand même, elle abuse. Je passe la main dans mes cheveux. Plus qu'à me souvenir d'où j'ai foutu les clefs. Je vérifie dans ma chambre, le salon, dans la cuisine. Rien. Que dalle. Je sens la pression monter. Je déteste quand ça m'fais ça. Je me pause deux secondes, j'essaie de me souvenir de la dernière fois où je les ai vues. C'était dans ma veste, j'crois. Je vais la chercher et alleluia j'entends leurs sons métallique raisonner. Je me regarde une dernière fois dans le miroir, histoire de ne pas être trop dégueu et m'en vais. Je préviens personne, pas besoin. Je démarre la bagnole en trombe direction chez ces tarés de Wilson. Ils ont dû encore lui parler de Jésus, de la Bible, de la virginité et du mariage. Amen. Imaginer Noa avec un chapelet, réciter sa petite prière me fait doucement marrer. Faut dire que j'suis incapable de la voir avec autre chose dans la main qu'une pince. C'est pour les filles mignonnes et coincées les artifices religieux, pas pour les femmes camionneurs. Bon, ok je suis vache. Je me gare un peu plus loin histoire que ses géniteurs n'entendent rien. J'suis pas si con qu'on l'raconte. J'essaie de pas me tromper de maison - ce qui n'est pas facile car elles sont toutes identiques - mais finalement j'y vais à l'instinct. à celle qui m'dit le plus quelque chose. Bha ouais car j'suis déjà venu mais j'ai oublié. Ainsi va la vie. Finalement, je décide d'aller vers celle qui a les murs les plus blancs. Je me retrouve donc dans un petit jardin étriqué et parfaitement ratiboisé. Je murmure, juste assez fort pour qu'une personne près de la fenêtre l'entende.

▬ C'est bon, j'suis là princesse

J'espère sincèrement pas m'être gouré de maison sinon j'vais passer pour un taré. En plus, toute cette scène me fait penser à Roméo et Juliette. Sauf que Noa est plus viril que moi, donc elle place plus du côté Roméo que de Juliette. Super. Je décide d'envoyer un message mais ce n'est pas nécéssaire car je la vois, enfin. Mon visage s'illumine mais je me reprends. Je me sens trop mal à l'aise parmi toutes ces statuts de la vierge pour être heureux de la voir.

▬ Descend avant que tes parents t'voient, j'ai pas envie qu'ils croient que j'suis un pervers !

Les rumeurs vont vite dans un quartier aussi petit et j'ai pas envie d'en faire partie.

“ I was just an only child of the universe and then
I found you, and then I found you, you are the sun
and I am just the planets spinning around you ”

encore une fois, elle en a assez entendu pour son propre bien noa. les aberrations soufflées à ses oreilles chaque jour durant sous ce toit, ne cessent de la surprendre pourtant à chaque fois. elle n'est jamais au bout de ses peines, comme si ses parents en avaient toujours sous le coude pour la mettre dans tous ses états. alors elle encaisse autant que faire se peut, ne se gênant pas pour les rembarrer quand la situation s'y prête. mais ce qu'elle aime le plus, c'est finalement quand elle peut prendre la poudre d'escampette. loin, très loin d'eux. le plus loin possible de leur contrôle malsain.
et pour s'en sortir, elle ne voit qu'une seule solution. celle de fuir le lieu du cauchemar. alors dans sa hâte, elle appelle lilian pour qu'il l'emmène. pour qu'il fasse ce qu'il veut d'elle pourvu qu'elle échappe, au moins le temps d'une seconde, à leurs visages sur lesquels elle voit trop souvent se superposer le christ. attendant patiemment sur son lit, elle n'entend quand le bruit du vent à travers sa fenêtre ouverte. c'est bon, j'suis là princesse. puis c'est la voix de lilian, beaucoup moins forte qui finit par couvrir le bruit. la délivrance n'était plus qu'à quelques mètres d'elle. étrangement, elle avait presque envie de crier 'hallelujah' mais c'était plutôt malvenu étant donné les circonstances. elle s'empresse de fermer sa chambre à clé de l'intérieur pour ne pas risquer une entrée impromptue de ses géniteurs qui retrouveraient forcément la pièce vide à leur plus grand désarroi. descends avant que tes parents t'voient, j'ai pas envie qu'ils croient que j'suis un pervers ! et elle s'approche de l'ouverture avant de déposer son coude sur le rebord et son menton sur sa main. parce que tu n'en es pas un ? qu'elle siffle, en se retenant d'éclater de rire. elle lui demanderait de faire ses preuves afin de s'en assurer. tu te sens de me chanter une sérénade pour me faire venir ? elle bat des cils exagérément, pour accentuer toujours plus la comédie. puis elle se relève aussi vite, se reprenant dans le même temps. non ok, ça nous va pas. elle se retourne pour attraper sa veste, tout en coinçant son portable dans sa poche arrière, prête à entreprendre l'escalade ou plutôt la descente de sa tour d'ivoire. dans un premier temps, elle balance sa veste dans l'espoir que lilian l'intercepte, puis elle se glisse à l'extérieur à son tour. par chance, il y avait cette espèce de rabat en bois qui servait de store à la pièce du dessous, pour lui permettre de se réceptionner et de descendre sans se casser une jambe. et ce fût chose faite. elle rattrape sa veste qu'elle enfile avant de reprendre. mon carrosse est avancé. j'ai vraiment de la chance de t'avoir, j'en suis consciente. elle dit, puis elle se dresse sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue. elle pouvait bien faire un petit geste pour le remercier. il n'était vraiment pas obligé d'abandonner tous ses plans pour venir la chercher à pas d'heure, quand elle décidait de le siffler. elle savait se montrer reconnaissante quand la situation le demandait noa. tu m'emmènes chez toi ? la jeune wilson ou l'art de s'imposer partout, n'importe quand et avec n'importe qui. elle n'a jamais l'impression de gêner qui que ce soit noa, comme si tout lui était dû. emmène-moi où tu veux j'te jure. j'veux juste m'éloigner le plus possible de cette maison de barges. elle soupire la gamine parce qu'elle en a plein la tête. est-ce que tes parents t'ont déjà parlé de mariage lilian ? elle devient soudainement sérieuse la brune. parce qu'elle ne sait pas si c'est normal d'entendre ça à leurs âges pas très avancés. elle a besoin de savoir si c'est encore une lubie de ses chrétiens de parents ou si c'est elle qui est encore et toujours en marge des autres.

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“ With a thousand lies and a good
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Elle me balance que j'en suis peut-être un, de pervers. Je fais une moue, sans vraiment approuver. Peut-être dans un univers alternatif où elle est une pieuse jeune fille et moi un amateur de femmes vertueuses, ça se pourrait, mais il est difficile d'être pervers avec une fille que je considère comme une petite soeur. Une petite soeur sexy, certes, mais une petite soeur quand même... Son rire me coupe dans mes pensées, face à mon silence elle me demande si je me sens de lui chanter quelque chose. Je grimace, pas très envie de me ridiculiser ou de réveiller ses parents en grinçant de la voix. Heureusement, elle se reprend vite, ça nous va pas. J'approuve d'un hochement de tête et rajoute, railleurs.

▬ Y'a pas grand chose qui te va...je sais même si une robe ça t'irais...

Elle se retourne trifouiller je ne sais quoi puis elle me balance sa veste en pleine poire, je cligne des yeux quelques instants avant de la mettre sous mon bras. Elle descend tant bien que mal sur une espèce de rabat en bois puis finit par se retrouver plantée devant moi. Je m'attendais pas à ce que ce soit aussi rapide. Je ne lui cache pas mon étonnement.

▬ Bravo et sans te décoiffer en plus.

Je lui tends sa veste et elle zieute par-dessus mon épaule. Elle aperçoit ce qu'elle appelle "son carrosse". Je souris de travers, ce tas de ferraille mériterait de finir dans une décharge mais pas comme si j'avais vraiment les moyens de m'en payer une moi-même. Merci papa de ta voiture des années quatre vingt dix. Elle dépose un rapide baiser sur ma joue et me fait du charme en me disant qu'elle est consciente de la chance qu'elle a de m'avoir. Je suis touché et ça se voit. Je me sens obliger de lui rétorquer en me grattant l'arcade.

▬ C'est moi qui ait de la chance de t'avoir.

Je cache ma soudaine gêne comme je peux, en me mettant de profil, en me mettant un peu moins sous les lampadaires. Elle devrait pas me dire des choses aussi mignonnes. ça craint de m'emballer pour si peu. Quand elle me demande si je l'amène chez moi, je lui réponds en évitant son regard.

▬ Non, pas chez moi, si je t'invite encore chez moi le soir ma mère va me faire des réflexions désagréables.

Du genre "oublie pas de te protéger", ou "elle n'a pas les yeux bleus mais tant pis des petits enfants avec les yeux marron ça me va aussi". Puis, ça faisait longtemps qu'on n'avait pas été juste nous deux. Elle semble anxieuse de savoir où je vais l'amener car elle me supplie à nouveau que je la fasse dégager d'ici. J'observe les fenêtres de sa maison qui donnent sur quelques pièces. Je ne sais pas ce qu'elle vit, là-dedans, mais ça doit pas être jolie. Il faut vraiment que je lui fasse tout oublier au moins le temps d'une nuit. Je me décide enfin à la regarder à nouveau, l'étrange sensation dans mon coeur étant partie. Je l'observe de la tête aux pieds, je peux pas l'amener dans un endroit cool, pas fringué comme ça. Je fronce les sourcils en essayant de chercher dans mes méninges un endroit. Elle me tire encore de mes pensées afin de savoir si mes parents à moi, me parlent de mariage. Je suis pas surpris qu'elle me demande ça au vu de la chienlit de ses parents. Les miens, s'en foutent que je me marie ou pas, de nos jours c'est plus obligatoire, de nos jours on peut avoir des enfants sans s'engager. Puis, ça ne veut plus rien dire le mariage, vu que c'est plus à vie. Je la fixe.

▬ Non, ils ne m'en parlent pas, car tout simplement le mariage c'est plus aussi symbolique qu'avant. A quoi bon s'unir devant dieu "à la vie, à la mort" quand on peut divorcer sur un coup de tête ? Mes parents veulent juste que je sois heureux, des parents quoi.

Enfin, tant que j'suis pas gay, mais ça c'est un autre sujet. Rester ici à bavarder sous les petites statuettes d'anges ça m'enchante pas vraiment, il est temps de dégager. Je me sens observé par Dieu. Un frisson me parcourt, que c'est glauque ici...Je me mets à marcher vers la voiture histoire qu'elle suive le mouvement. Une fois à la hauteur de l'engin je sors mes clefs et me fous sur le siège, je profite que Noa soit pas encore à mes côtés pour enlever des prospectus de sa place. C'est pas très propre, mais bon, j'suis pas connu pour mon côté ordonné non plus et elle est habituée à ça. Je démarre une fois qu'elle est confortablement installée. Les mains sur le volant, je réfléchis à ce qu'on peut bien faire. J'ai soudain un déclic en repensant à son histoire de carrosse et de princesse. C'est complètement délirant ce que j'ai à l'esprit, mais j'lui propose avec un grand sourire en la regardant de temps à autre.

▬ Je me disais, qu'on pourrait peut-être passer chez une bonne amie à moi histoire qu'elle te relook et qu'on aille en boite ? Bon, dit comme ça, ça donne pas envie, je dois embellir le truc, mieux l'emballer, je reprends, Bha oui, une princesse dans un carosse ça doit se relooker pour aller à la soirée de sa vie puis au pire si ça te plait pas on pourra toujours partir, évidemment.

Je la supplie des yeux d'accepter.

▬ C'est juste l'enchantement d'une nuit et tu seras avec moi il pourra rien t'arriver !

“ I was just an only child of the universe and then
I found you, and then I found you, you are the sun
and I am just the planets spinning around you ”

la soirée assortie au dîner de famille qui avait précédé la nuit à venir s'était avéré aussi coincé que tout ce qu'elle subissait sous ce toit à longueur de temps. alors elle avait une envie irrémédiable de tout envoyer valser pour se donner l'impression d'enfin vivre pour de vrai. elle ne manque pas de plaisanter immédiatement avec lilian dès qu'il débarque à sa fenêtre. comme une bouffée d'air frais, il la sort finalement de son quotidien si monotone chez les wilson. et bien évidemment, comme elle s'y attendait, il ne peut pas s'empêcher de rebondir sur sa remarque. une sérénade, ce n'était vraiment pas pour eux. y'a pas grand chose qui te va... je sais même pas si une robe ça t'irait... elle lui adresse une grimace lourde de sens, mais elle n'est pas vexée pour autant parce que c'est un fait. elle n'est pas de ce genre là noa, elle n'est pas la pétasse du coin passant son temps à tenter de se faire mater par tous les mecs du quartier. non, elle est plutôt du genre à les suivre dans leurs conneries. c'était d'ailleurs ce qu'elle faisait de mieux avec ces trois gars de qui elle semblait bien plus proche qu'elle ne le serait jamais d'une fille. bien trop pressée de quitter son enfer personnel, la voilà qui dégringole par la fenêtre de sa chambre pour atterrir tout près de son ami. bravo et sans te décoiffer en plus. elle bombe le torse et relève le menton, histoire de montrer ses qualifications qu'on pourrait presque lui envier. j'ai toujours passé plus de temps à entreprendre d'escalader les arbres plutôt qu'à enfiler des perles. très jeune déjà, elle était bien plus intéressée par les activités normalement destinées aux mecs. dans le reste, elle s'ennuyait trop pour se donner envie de continuer. sa veste sur les épaules, ils n'ont plus qu'à prendre une direction bien plus attrayante que l'endroit actuel. elle prend quand même le temps de le remercier pour ce qu'il fait, elle était chanceuse de pouvoir compter sur des potes comme eux, surtout quand on avait une famille comme la sienne. c'est moi qui ait de la chance de t'avoir. elle sourit sans manquer de lui donner un petit coup d'épaule. il est toujours aussi adorable lilian, surtout quand il semble gêné comme à cet instant. ils reprennent leur chemin et elle fait suffisamment confiance à lilian pour l'emmener où bon lui semblera. elle lui propose son lieu de vie comme recours à tous ses maux, mais il ne semble pas emballé par l'idée. sa mère apparemment. non, pas chez moi, si je t'invite encore chez moi le soir ma mère va me faire des réflexions désagréables. elle soupire presque en rigolant. elle était fatiguée de ce besoin des gens de toujours se mêler de tout et surtout de ce qui ne les regardait pas. t'es sérieux ? on n'a rien à cacher lilian et j'pourrais lui dire moi-même à ta mère. si elle devait se cacher pour voir ses gars maintenant, ça allait être de mieux en mieux. elle qui essayait déjà d'échapper au contrôle de ses propres géniteurs, voilà qu'elle allait devoir gérer ceux de ses potes désormais. finalement, le jeune homme repose son regard sur elle. il la dévisage même de la tête aux pieds, la forçant à se poser des questions. pourquoi tu me regardes comme ça ? elle n'avait pas l'habitude qu'on l'observe d'aussi près la gamine. c'était d'autres coutumes qu'elle vivait chez les wilson. des trucs moyenâgeux qu'elle ne remarquait jamais que chez eux. elle se demandait souvent ce qu'elle avait fait pour que ça tombe sur elle, pourtant pas plus méchante que la moyenne. les gens autour ne subissait pas ce genre de pression, les chanceux qui ne le savaient peut-être même pas. alors elle continue de s'interroger avant de s'attaquer à lilian. pour qu'il aiguille, pour qu'il l'aide à comprendre ce qu'elle ne savait pas encore déchiffrer. le mariage la fait flipper, déjà qu'elle fuit déjà à la simple évocation d'une vraie relation. il ne fallait pas trop en demander à sa petite personne. non, ils ne m'en parlent pas, car tout simplement le mariage c'est plus aussi symbolique qu'avant. à quoi bon s'unir devant dieu "à la vie, à la mort" quand on peut divorcer sur un coup de tête ? mes parents veulent juste que je sois heureux, des parents quoi. elle hoche la tête à tous ses propos. des parents en somme, des vrais. pendant qu'elle devait supporter ceux qu'on lui avait imposé. va dire ça aux miens. elle aimerait qu'ils aient un esprit aussi ouvert, aussi normal finalement mais c'était peine perdue. ils avaient vendu leur âme au seigneur et un retour n'était pas envisagé. arrivée près de la voiture, elle pénètre à l'intérieur à la suite de son ami. plus elle s'éloigne et plus, elle se sent respirer noa. même si le rangement est une notion abstraite pour lilian, elle ne lui en tient pas rigueur le moins du monde. tu sais que j'me sens bien plus à l'aise dans ton foutoir plutôt que dans le lieu de culte qui me sert de toit quotidien. trop de perfection, d'accessoires sacrés, tout est bien trop carré pour un esprit libre comme le sien. je me disais, qu'on pourrait peut-être passer chez une bonne amie à moi histoire qu'elle te relooke et qu'on aille en boite ? elle l'écoute, pas sûre de tout comprendre. bha oui, une princesse dans un carrosse ça doit se relooker pour aller à la soirée de sa vie puis au pire si ça te plait pas on pourra toujours partir, évidemment. c'est quoi le problème avec ma tenue ? elle dit, en se regardant pour essayer de capter plus clairement le message. lilian essayait définitivement de lui dire quelque chose mais elle était complètement à l'ouest. j'suis pas certaine que la moindre fringue un peu plus girly puisse faire quoique ce soit pour ma pauvre personne, mais si ça peut te faire plaisir, j'peux pas te le refuser. elle ajoute en esquissant un sourire. après tout, elle ne risquait pas grand chose. elle était avec lilian, elle était prête à tout accepter, il venait de la sauver de son enfer. elle lui en devait une. c'est juste l'enchantement d'une nuit et tu seras avec moi il pourra rien t'arriver ! exactement le raisonnement qu'elle venait elle-même de faire. elle rit parce qu'il sait sur quels arguments jouer le gamin et ça la fait délirer. mais j'te préviens, tombe pas trop vite amoureux. la princesse redeviendra citrouille aux douze coups de minuit. contrairement aux apparences, elle connaissait ses classiques. et ça l'amusait de se comparer à une telle princesse parce qu'elle n'avait vraiment rien de celle-ci. pourtant, elle est prête à jouer le jeu parce qu'elle n'a peur de rien noa. c'était plutôt au monde autour de la craindre parce qu'elle était armée pour tout démanteler.

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Je souris lorsqu'elle me dit qu'enfant, elle passait plus de temps à escalader aux arbres qu'à enfiler les perles. Moi, j'étais son exact opposé, mon truc c'était les perles, les scoubidous, les poupées. Heureusement, seuls ceux qui m'ont connu en primaire le savent et c'est pas moi qui vais m'vanter d'avoir joué à la princesse à sept piges... Elle me remercie, ce qui me fait piquer un fard, pas parce qu'elle m'attire ou une connerie du genre mais c'est parce que j'ai pas l'habitude qu'on me sorte des choses aussi mignonnes en me regardant droit dans les yeux. Elle me lance un coup d'épaule, ce à quoi, je feins d'avoir été égratigné avec un petit "Aie". Elle me propose ensuite d'aller chez moi, je secoue directement la tête pour lui signifier que ce n'est pas une bonne idée du tout. Ma mère est une grosse relou, adepte des petites remarques à la moindre fille que j'invite. Je le lui explique, espérant qu'elle n’insiste pas, car j'ai beau lui répéter que c'est qu'une amie, rien n'y fait. Noa semble plus excédée que flattée par cette nouvelle - ce que je peux comprendre. Elle rit par-dessus sa phrase et propose d'aller lui parler, même. Je plisse le nez, pas enchanter du tout de cette perspective.

▬ Non mais te tracasse pas, elle comprendra que t'es une amie quand je ramènerais ma propre copine à la maison.

léger silence, je repense à ce que viens de dire. Je rajoute, avec une moue dubitative.

▬ Bon, en fait, si, n'hésite pas à lui parler car trouver une copine va m'demander un certain temps...

Ouais, je sais, faut être optimiste, mais là franchement, après réflexion, je sais pas si je compte ramener autre chose qu'une amie avant un bon bout de temps... Elle insiste à nouveau pour qu'on foute le camp et au vu de sa baraque c'est pas moi qui vais m'attarder ici. Sauf, que du coup je sais pas où l'amener, Bah ouais, on peut pas se poser chez moi... L'idée de partir en boîte me vient, mais en jetant un coup d'oeil à ses fringues, je me dis que c'est mort. Elle semble avoir remarqué mon regard dubitatif, puisqu'elle me demande pourquoi j'l'observe. Je bas en touche, esquivant avec un sourire.

▬ Pour rien, laisse tomber.

Toute vérité n'est pas bonne à dire. Je réfléchis à un autre endroit, mais ça m'vient pas... Elle me sort de mes pensées pour me demander si mes parents m'ont déjà parlé de mariage. ça risque pas, non... Bien qu'ils soient encore mariés, ils savent que tout le monde n'a pas la chance de se trouver pour la vie, puis, ils se sont mariés plus pour nous qu'autre chose. Je lui explique du coup, que de nos jours, le mariage ça veut plus rien dire, enfin, clairement. ça sert juste à donner du fric aux églises et à payer une blinde des tonnes de trucs inutiles. Elle me lance d'aller le raconter à ses parents, ça. Bizarrement, je réprouve cette idée et ça se lit sur toute ma face.

▬ Franchement, les gens bornés, ça sert à rien de leur parler...y'a que leurs avis qui comptent.

Ouais et j'ai pas envie de gaspiller de la salive pour parler dans le vent. Je vois bien qu'elle est désespérée, la pauvre, j'ai envie de lui glisser qu'elle à qu'à s'barrer, ou foutre des sous de côté dans ce but. Mais peut-être qu'elle les aime, c'est parent, au fond, peut-être qu'elle a pas envie de partir. Après un énième frisson suite un de ces statuts flippants je décide qu'il est temps qu'on parte loin, très loin des Wilson. Je distance Noa pour ranger un peu la caisse, puis on démarre. Main sur le volant, me vient l'idée de la relooker pour qu'on s'étire en boîte. Je ressors quelques mots-clefs de notre ancienne conversation, entre le "princesse" et le "carrosse", car oui, ça ne peut être qu'un signe qu'on a employé ces termes. Ce soir, elle va être Cendrillon. Bon, d'accord j'ai trop tiré sur le joint, mais ça reste une idée géniale. Je lui propose de passer chez une amie pour qu'on la change. Je m'enflamme, je suis déjà dans mon délire. Elle semble ne pas comprendre ce qui ne va pas avec ses habilles, mais au vu de mon regard emplit de pitié, elle a dû comprendre que je préférais ne rien dire. Elle ne voit pas en quoi des fringues girly puissent faire quoi que ce soit. Moi, oui. C'est simple, dans notre société de merde, les femmes doivent porter des talons et un truc moulant pour rentrer dans les bonnes boîtes, ou au moins être élégante. Être décontracté ça ne marche pas.

▬ Moi, je te trouve parfaite. moi, exagérer ? pas du touut Le problème c'est que peu importe combien t'es mignonne personne va laisser une meuf rentrée en boite si elle n'est pas apprêtée pour l'occasion. Enfin, une bonne boite. Évidemment si tu veux qu'on aille là où vont les nanas de 16 piges on y va...

Je lui lance que ce sera juste l’enchantement d'une nuit, et je vois que même si c'est un peu cucul, ça la fait sourire, donc j'ai gagné. Elle m'avertit de pas tomber amoureux d'elle, car après minuit, le sortilège ne fera plus effet mais je lui rétorque tout sourire.

▬On peut pas plutôt dire deux-heures du matin ? car minuit c'est un peu court.

Je sais que c'est une gentille fille mais quand même, c'est pas en si peu de temps qu'on peut s'amuser réellement. Je dévie mon attention sur mon portable. Je dois envoyer un texto à cette dite amie, pour savoir si elle peut dépanner des vêtements, vite fait. Le problème c'est qu'en voiture, c'est pas très légal. Je me mords la lèvre. Ecrire au volant ou ne pas écrire au volant...Finalement je me saisis rapidement de mon smartphone pour pianoter un petit texte, principalement en abrégé. J'essaie de ne pas trop quitter des yeux le pare-brise et d'être le plus vigilant possible. C'est pas pratique d'écrire comme ça, mais bon, pas le choix. On s'arrête à un feu, grâce à ça je termine dans la hâte le message. Je jette un coup d'oeil à Noa, à ce qu'elle pense de mon action. Je suis pas fier, mais j'avais clairement la flemme de lui dire mon mot de passe et de devoir l’aiguiller dans les contacts.

▬ J'sais, c'est pas bien d'écrire au volant mais ça va si c'est qu'une fois.

Il sonne d'ailleurs illico, mais je préfère demander d'un signe de tête à Noa de regarder le message, trop concentré sur la route. Je lui jette un rapide coup d'oeil et à sa mine, neutre, tout devrait être bon. J'attends tout de même qu'elle me le confirme à l'oral.

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ps : je suis vraiment désolée de ce temps de réponse impardonnable ma belle get in the car and drive (lilian) 2941531464

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