une ivresse efface mille tristesses, shun.

vie chaotique. c'est ainsi que xinyi pourrait la qualifier. il n'avait pas songé que la situation allait s'aggraver. devoir abandonner ses études et entrer dans le gang de son père lui semblait déjà suffisant. seulement, le patriarche s'est bien gardé de lui dire qu'il avait d'autres plans pour lui. plans qui ne conviennent pas au garçon maintenant qu'il est au courant.
xinyi est frustré de ne pouvoir gérer sa vie comme il l'entend. il pensait pouvoir s'attacher à quelqu'un librement. au moins être heureux dans sa vie sentimentale. foutaise. le père li veut aussi mettre son grain de sel de ce côté. ce père, xinyi ne l'a jamais vraiment apprécié. souvent absent, seuls sa mère et lui ont pu tisser de vrais liens. l'espoir de construire sa propre vie, faire ce qu'il aime, avait motivé xinyi toute sa jeunesse. aujourd'hui, ses plans sont tous tombés à l'eau. pire, il n'est même plus possible pour lui de choisir la personne avec qui il voudrait passer sa vie.
un comble.
carrière imposée.
mariage forcé.
cette fille promise, il ne la déteste pas. au contraire. à chaque rencontre qu'ils ont pu avoir, tout s'est toujours bien passé mais xinyi ne se voit pas avec elle. aucun sentiment, pas d'envie, d'attachement. pour son père, ça n'a pas d'importance, tout comme les choix de son fils.
xinyi, il voudrait partir, loin. ouvrir une petite librairie ou peut-être un salon de thé. partager sa passion de la lecture avec les gens.
xinyi, il voudrait être libre. libre mais avec lui à ses côtés.
impossible. cette vie rêvée, il n'y accédera jamais. trop lâche pour se rebeller, trop lâche pour se défendre. ses mots n'ont, de toute façon, aucune portée sur les décisions du paternel. ses cris, ses insultes n'ont pas de pouvoir. Li sénior a depuis bien longtemps oublié ce qu'était d'être un père aimant son enfant. son gang, ses membres, son évolution sont des choses bien plus importantes pour lui que l'avenir heureux de son fils unique.

dépité, xinyi pose la bouteille d'alcool fort qu'il vient de porter à ses lèvres. sa gorge le brule mais ce n'est rien à côté de la douleur qu'il ressent un peu partout dans son corps. pétrifié par la vision d'un avenir qui le rebute, xinyi tente d'oublier. alcool trouvé dans le fin fond d'un placard. il ne se souvient pas de l'avoir achetée cette fichue bouteille mais il est bien heureux de la trouver. une ivresse efface mille tristesses. proverbe - sorti d'un recueil - qu'il espère vrai. il a besoin d'oublier. besoin de ne plus ressentir cette tristesse qui lui ronge un peu plus le coeur et l'âme.
le silence de l'appartement l'apaise. shun est absent. xinyi se souvient vaguement d'un message le prévenant qu'il ne rentrerait que tard dans la nuit. il est tard maintenant. xinyi n'a plus la notion du temps. ses joues sont rougies, il sent la chaleur qui enveloppe son corps mais la tristesse est toujours là. il voudrait rire mais l'envie de pleurer se fait plus forte encore. « proverbe de merde... » souffle-t-il dépité. peut-être n'a-t-il pas assez bu ? la bouteille lui fait de l'oeil alors il n'hésite pas. une gorgée de plus, puis une autre. et encore une.
« shuuun ! t'es où ? » xinyi voudrait qu'il soit là. pourtant, il ne se sent pas capable de lui avouer ce que son père à prévu pour lui. pas encore. pourquoi ? peur de casser leur petit équilibre précaire ? peur d'effacer la moindre chance qu'il aurait d'être avec lui ? « t'es con, il veut pas de toi comme ça. » un rire amer s'échappe d'entre ses lèvres alors qu'il tente de se raisonner tout seul. shun n'a aucun sentiments pour lui, shun n'est pas attiré de cette façon. shun, il doit vouloir quelqu'un de bien plus fort, bien moins lâche et surtout plus féminin. « si t'avais déjà presque zéro chance avec lui, maintenant c'est plus la peine... » même si shun venait à partager ses sentiments, qu'adviendrait-il d'eux ? xinyi va se retrouver marié de force sous l'oeil carnassier de son père. « quelle vie de merde ! »

les yeux fermés, la bouteille serrée contre lui, xinyi sursaute en entendant la porte de l'appartement se refermer derrière l'homme qui hante ses pensées presque à chaque instant. « shun ?! » sa voix part dans les aigus sous la surprise. il n'est pas prêt à la confrontation. pas prêt à expliquer pourquoi il est dans cet état. « t'es déjà là ? » se plaint-il en se levant pour faire face à celui qui partage dorénavant son quotidien. tentative vaine de cacher la bouteille, il ne fait que la renverser sur la table. « oups » ses gestes sont maladroits, il tremble. l'ivresse, xinyi ne connait pas. première fois qu'il boit autant. « ça tourne... » rapidement il perd l'équilibre et se retrouve assis part terre aux pieds de shun. ridicule. les yeux humides, sourire malicieusement triste, il relève le nez vers shun et hausse les épaules « hey... »

(c) calaveras.

business fait. los angeles quittée il y a plusieurs jours, peut-être des semaines. shun qui a perdu la notion du temps depuis longtemps, surtout depuis que son regard traîne lentement sur xinyi. qu'il se prend à le détailler avec plus d'intérêt. c'est pas comme avant où il pouvait passer des heures à l'ignorer, à ne rien entendre ; ni voir de sa personne. il se souvient encore de cette sensation étrange qui s'est ancrée en lui alors qu'il l'avait dans ses bras. qu'il le serrait fort pour lui éviter un cauchemar, que pour la première fois il s'est senti voulu. peut-être nécessaire. qu'il a existé contre le corps frêle et pâle. il ne l'a pas lâché de la nuit, shun. il ne s'est pas volatilisé, il est resté collé à lui pour chasser les démons nocturnes. shun, il s'est perdu.

mais non, il n'est pas comme ça.
il ne peut pas.
il n'en a même pas le droit.

la vie a repris son cours. cette nuit ne sera qu'un souvenir qui restera. une unique fois où leurs corps seront si proches, où les respirations s'accorderont. il a l'impression que xinyi s'est calmé. peut-être qu'il se fait encore berner. il n'en sait rien. et ce soir, c'est voué aux gars et à des vénusiennes dont il se fiche. soirée au bar où les allures de bad boy attirent aisément. où on pose sa main sur son bras, où shun sourit mais c'est pas sincère. numéros récoltés mais il n'en composera aucun. il tient trop au vide, au néant. shun, il est différent.

il voudrait ignorer la voix dans sa tête, celle qui lui demande ce que fait xinyi ce soir. il y arrive pendant de longues heures, jusqu'à ce que l'ennui soit trop grand. shun, il se tire de là et il rentre. il a haï le riche appartement pendant longtemps, son propriétaire aussi. mais aujourd'hui, c'est pas pareil. il y a d'autres choses entre eux. plus que le business, plus que la reconnaissance envers le père de xinyi. plus que l'obligation.

chemin qui se fait rapidement. taxi pris et mille pensées. xinyi doit sûrement dormir après avoir dévoré les pages d'un livre que lui ne regarderait même. leurs goûts sont opposés, leurs personnalités aussi. ils ne vont pas ensemble, au premier regard. et shun, il se surprend de se comparer à xinyi. c'est trop d'intérêt mais il n'arrive pas à ne plus penser.

porte de l'appartement qu'il ouvre. étrangement, ce qui le frappe en premier c'est la lumière. la lumière et puis l'odeur. alcool. il la reconnait en un instant, avant de voir xinyi. de l'entendre dire son prénom, presque comme s'il était surpris de le voir. shun, il ne dit rien. il ferme la porte avant de s'intéresser à la situation. et la question l'intrigue. « je dérange ? » qu'il lâche, presque nonchalant alors que l'inquiétude le gagne en quelques secondes. il voit la bouteille, comprend finalement que xinyi a cédé à la tentation. étrange parce que ce n'est pas dans son caractère, ni dans ses habitudes. et il avance dans les lieux, ses mains se ruent sur la bouteille pour la redresser. et à peine l'a t-il fait que xinyi lui dit que ça tourne, qu'il vacille et finit à ses pieds. tableau ridicule, shun qui ne rit pourtant pas. hey.

inquiétude intérieure qui commence à le ronger.
il ne comprend toujours pas shun.

il baisse les yeux en sa direction, se penche aussi vers lui avant de s'accroupir juste en face du garçon. ses mains encadrent ses épaules et il cherche son regard. shun, il sent aussi l'alcool d'un peu plus près et voit les yeux perdus de l'autre. « mais t'es bourré. » qu'il constate finalement, puzzle mis bout à bout. shun, stupide. ce n'était pas qu'un verre et de la maladresse. c'est xinyi qui a déraillé.

shun, il regarde le visage rougi de l'autre, voit son regard presque vitreux et que ça ne va pas. « pourquoi t'as fait ça ? » qu'il dit, maintenant toujours le garçon de ses bras. il préférait rester à ses côtés par terre plutôt que xinyi essaye de se relever. sa main se pose contre son front et ses joues, chaudes comme il s'y attendait. « tu tiens même pas l'alcool. » qu'il murmure presque, détestant les peurs qui s'emparent de lui. et shun, il lâche une caresse réconfortante dans les cheveux de l'autre ; duquel il attend des réponses.

(c) calaveras.

trop de bouleversements.
trop de changements.
trop de questions.
aucune réponses.
xinyi a l'impression de devenir dingue. ses sentiments sont sans dessus dessous. sa vie est une suite d'évènements inattendus, non désirés. dernier en date : son futur mariage avec une femme qu'il ne connait même plus tant que ça. amie d'enfance, fille d'un allié du paternel. mariage business.
xinyi ne peut choisir son avenir professionnel ni même la personne avec qui il partagera sa vie.
toutes ces magouilles, ces arrangements, ne font que ternir un peu plus l'image de son père et son organisation. toutes ses paroles passées ne sont que mensonges.
doit-il réellement se plier aux désirs de son géniteur ? a-t-il le choix ?
xinyi est trop lâche, trop perturbé, pour faire quoi que ce soit.
il aimerait pouvoir lui dire d'aller se faire foutre tout en lui envoyant son poings dans la figure. seulement, il craint les représailles. son père est fort, puissant et il a toute une armée de sbires derrière lui prêts à le venger. même si xinyi parvenait à lui tenir tête quelques temps, il sait parfaitement qu'il ne pourra jamais s'en tirer.
impossible d'imaginer une vie normale.
impossible de se voir aux bras de celui qui fait battre son coeur plus que de raison.
impossible d'être heureux.

alors, pour la première fois, il fait tout ce qu'il déteste. xinyi boit.
il boit pour oublier. pour noyer son chagrin. pour espérer un instant.
les images sont floues dans sa tête, mais elles sont moins noires que lorsqu'il était sobre. c'est ridicule. xinyi sait parfaitement que la peine sera tout aussi grande lorsque toute trace d'alcool s'évaporera. mais pour l'instant, ça le soulage.
peut-être aurait-il dû appeler shun directement, lui expliquer la situation. peut-être qu'il aurait pu le calmer et l'aider ? un rire amer s'échappe de sa bouche en imaginant shun le regarder d'un air indifférent tout en lui balançant que son paternel a sûrement raison. n'est-il pas de ceux qui sont prêts à tout pour li sénior ?
fermant fort les yeux, xinyi se dessine à l'esprit un shun attristé par la nouvelle, embêté même. un shun qui partagerait ses sentiments naissants. un shun qui, lui aussi, aurait envie de l'embrasser, de le serrer contre lui et bien plus encore.
les joues empourprées, xinyi ne peut que sourire pour lui-même. il a toujours aimé les histoires, peut-être pourra-t-il se créer la sienne, dans son imaginaire. pour essayer de ne pas sombrer.

seulement, le vrai shun se retrouve bien vite face à lui et ça le rend malade. xinyi a honte de son attitude. il n'aurait pas dû boire autant. peu habitué, il ne sait même pas quelles réactions il serait susceptible d'avoir. ses yeux voilés s'accrochent péniblement à ceux si intenses de shun. sont-ils aussi beaux habituellement ? ou est-ce l'alcool qui rend xinyi complètement dingue ? « pourquoi t'as fait ça ? »
'par ce que je suis triste,
parce que mon père est un connard,
parce que je vais être marié de force,
parce que je déteste ma vie.
« parce que j'suis minable. » avoue-t-il amèrement.

aux gestes de shun, ses yeux papillonnent pour se fermer totalement et profiter des attentions qui lui paraissent si douces. la pulpe des doigts de shun l'électrise autant qu'elle le fait frissonner. «non... j'tiens pas... du tout l'alcool. m'en fous. » sans réellement le vouloir, sa tête se colle tendrement à cette main si rassurante. cette main de bourreau qui s'est transformée en une tendresse si appréciée. xinyi, il voudrait plus. alors, les yeux toujours fermés, il attrape les doigts de shun entre les siens et les embrasse tour à tour. son nez collé à sa peau si chaude, xinyi respire intensément, s'imprégnant de cette odeur qu'il a appris à aimer, un peu trop même. « pourquoi ça m'arrive à moi ? » xinyi ne sait même pas ce qu'il cible en posant cette question. pourquoi son père l'a-t-il trahi, pourquoi le force-t-il à vivre comme lui l'entend, pourquoi tombe-t-il amoureux d'un homme qu'il ne pourra jamais avoir... pourquoi ?

doucement, il ouvre les yeux et sourit bêtement à shun. «l'alcool c'est censé faire oublier. ça marche pas. c'est nul. » tirant comme il peut sur cette main qu'il tient toujours fortement, xinyi se retrouve à genou devant shun, un de ses bras se faufilant autour de ses épaules masculines. « aide-moi à oublier, toi. fais quelque chose... » lèvres entrouvertes, xinyi fixe le visage de shun, si proche et pourtant si loin.

(c) calaveras.

un changement. évident mais qu'il peine à admettre. il le sent pourtant dans l'ennui qui a régné, dans son envie de rentrer à la maison ; auprès de lui par extension. ça ne devrait pas être le cas. xinyi n'est pas son ami, ni son patron. c'est juste le fils de monsieur li, quelqu'un à qui il doit apprendre le métier. non, ce n'est pas une relation qui doit être plus importante que ça. shun, il ne doit pas s'impliquer. ce serait trop. et pourtant, ça ne l'empêche pas de céder.

il est face à un xinyi qu'il n'a jamais vu. saoul, ivre devant ses yeux surpris. et la question, il n'y échappe pas. pourquoi. shun qui veut comprendre, qui essaie pour une fois. il aurait pu l'ignorer et aller dormir mais c'est vers lui que toute son attention est portée. c'est lui qu'il voit et rien d'autre, comme aveuglé par xinyi. les lumières scintillantes n'existent qu'en le garçon. voix qui résonne de nouveau dans la pièce. minable. non, il n'était pas comme lui xinyi. pourtant, shun n'en dit rien. il ne pose qu'une autre question. air lourd alors qu'il s'approche, pose à nouveau les yeux sur lui d'un peu plus près. que ses mains touchent son corps, qu'il hume son parfum mélangé à l'alcool. il en distingue trop les nuances pour être honnête, shun. constat qu'il fait face à lui. et xinyi ne nie pas. non, il accepte les faits.

il ne l'a jamais vu si détaché, si loin de tout. il sent sa tête qui cherche le contact de sa main. shun, il n'arrive pas à le repousser alors que son cerveau sonne déjà l'alarme. et les voix s'élèvent à nouveau. shun, il sent aussi ses doigts qui sont attrapés, embrassés aussi. le coeur cède sous la pression, des battements accélérés détestables parce qu'il ne comprend pas xinyi. il ne sait même pas de quoi il parle, ni pourquoi il agit ainsi. peut-être qu'il le prend en pitié parce que n'importe qui d'autre aurait fini au sol après un coup de poing, rien que pour ça.

« qu'est-ce qui arrive ? » qu'il souffle, cherchant à reprendre ses esprits. tension qui redescend, même si la situation reste étrange et inédite. shun, qui ne s'éloigne pas. il voit finalement un sourire naître sur les pulpeuses de xinyi. ce n'est pourtant pas le bonheur. et il lui parle, encore. « l'oubli dure pas. » qu'il réplique, plus logique que jamais. boire soulage un soir et le lendemain, tout revient plus fort.

main tirée, shun qui observe le garçon qui se comporte curieusement. et il finit à genoux devant lui, ses bras aventureux autour de ses épaules. c'est trop rapide pour qu'il réagisse au début. entre les mots et les gestes, le palpitant vacille. les barrières sont pourtant trop hautes et shun, il se rend compte de l'horrible fait. il n'est pas dégoûté de leur proximité. non, loin de là. « faire quoi ? » qu'il souffle, avant de réaliser qu'ils sont trop proches. que ce n'est pas bien.

non, shun il ne peut pas. plus de force, moins d'alcool. il le repousse doucement pour qu'il s'assoit à nouveau. « tu sais pas ce que tu fais...» des mots qui lui sont peut-être plus adressés qu'à xinyi. parce que c'était le cas. il ne savait pas ce qu'il foutait là, dans le salon avec un xinyi bourré. ce n'était pas la chose à faire.

« on devrait aller te mettre sous l'eau froide. » ajouté alors qu'il détourne la tête un instant, essayant d'oublier ce qui aurait pu se passer. c'était niais, c'était stupide aussi. il n'allait pas tout perdre pour quelque chose qui n'aboutirait jamais, sauf si xinyi persistait à le faire tomber un peu plus bas.

(c) calaveras.

les soirées étudiantes, xinyi les a toujours ignorées. pas envie de se mêler à la foule et peu attiré par les boum boum trop forts ou l'alcool coulant à flot. alors ce soir il découvre l'effet d'un verre de trop. ou peut-être même une bouteille de trop.
il voit trouble, ses oreilles bourdonnent et ses joues sont rouges. il le sent. elles chauffent un peu plus qu'à l'habitude. c'est désagréable. et frustrant. très frustrant. parce qu'il ne parvient pas à oublier ce pour quoi il a commencé à boire. cette fichue promesse de mariage. et cette vie de merde. cette vie qu'il n'a pas choisie.
il voudrait tant pouvoir s'échapper et recommencer tout à zéro. mais il est trop lâche. alors il boit. chose qui le répugne. qui le déstabilise. mais qui le soulage.
cette sensation étrange ne s'améliore pas quand shun passe la porte. une vague de honte l'envahit. ridicule. il craint les foudres de son acolyte du moment mais rien ne vient. seule une main tendre se colle à sa joue. surpris, xinyi n'attend pas pour en profiter. peut-être que l'alcool le libère un peu, lui permettant de se laisser aller à la douceur d'une caresse surprenante.

l'alcool ne l'aide pas à oublier, mais lui si. au moins un peu. juste ce qu'il faut pour faire battre son coeur de façon un peu plus douce, agréable. il aime sentir cette sensation l'envahir. ce besoin de l'avoir près de lui, de le toucher, le serrer. « qu'est-ce qui arrive ? » xinyi n'a pas envie de répondre. il ne sait pas vraiment. du moins, il ne veut pas se l'avouer. « l'oubli dure pas. » ça, xinyi le sait parfaitement. même alcoolisé, il n'arrive pas vraiment à effacer ces foutues pensées qui le ruinent. « ça dure pas mais ça soulage juste un peu... » et xinyi, il a besoin de ça ce soir. il a besoin de lui.

« faire quoi ? »
me serrer
m'embrasser
me dire que tu ressens ça toi aussi. ce truc.
juste, m'aimer, ce soir.
xinyi, c'est ça qu'il voudrait lui dire. mais, même l'alcool ne l'aide pas à se lâcher à ce point. les mots ne sortent pas et il se laisse retomber doucement sur les fesses quand shun le repousse.
blessé mais pas surpris, la moue de xinyi se fait de plus en plus enfantine, traduisant sa déception. mordillant sa lèvre inférieure, il soupire. de l'eau froide ? ça ne changera rien. il sera toujours aussi triste et déprimé. un peu moins alcoolisé peut-être. « non. j'ai pas envie. j'veux pas décuver. j'veux rester comme ça. » bras croisés, il ronchonne. il doit sûrement avoir l'air bête, il n'est plus à ça près. « j'veux dormir avec toi ce soir. » sourcils froncés, shun doit comprendre qu'il n'y échappera pas. il ne sera pas seul dans son lit cette nuit.

péniblement, xinyi se relève et s'accroche à la main de shun. main qu'il ne lâche pas une fois leurs visages face à face. « t'as qu'à boire avec moi. on fête la débilité de mon père ce soir. et la mienne aussi. c'est dans les gènes. » ses doigts se glissent entre ceux de shun et, d'un coup, son regard se fait un peu plus suppliant. « s'il te plait, laisse moi juste profiter quelques secondes de... cet état... j'oublie pas mais... j'ai l'impression que c'est moins dur... » un nouveau long soupir s'échappe d'entre ses lèvres avant qu'il ne se penche pour poser son front contre l'épaule de shun. « dis, c'est quoi la vie que tu rêverais d'avoir...? genre si tu pouvais faire tout ce que tu veux, tu choisirais quoi...? »
avant xinyi aurait répondu bibliothécaire ou conservateur de musée. aujourd'hui il voudrait y ajouter la présence de shun dans cette vie idéale. il n'imagine plus passer un jour sans l'avoir à ses côtés et xinyi aimerait savoir s'il en est de même pour le plus âgé.

(c) calaveras.

il n'y a que la logique de comptoir qui marchera ce soir. xinyi est loin de ses grands esprits, il a troqué ses livres pour les bouteilles et shun a l'impression de ne pas le connaître. qui est ce garçon face à lui ? il se le demande, tant ce qu'il est encore plus étrange qu'à los angeles. non, il ne veut pas y penser shun. ça ne ferait que compliquer le tout. et il regrettera sûrement sa question mais qu'importe. il n'avait jamais été de ceux qui savent aisément consoler les autres. que devait-il dire ou faire ? un mystère qu'il peinait à découvrir, même s'il essayait encore et encore ce soir.

moue sur les lippes de xinyi. un soupir qui naît à la mention de l'eau froide. le garçon qui se fait difficile et refuse sa solution. pas décuver, ça n'en valait pas la peine mais à force de poser les yeux sur lui, shun il ne se voit pas lui dire non et encore moins le traîner sous la douche. il le laissera faire, ce qu'il veut même si c'est stupide. et xinyi croise les bras, marmonne qu'il veut dormir avec lui. surprise masquée, shun qui a l'habitude de tout dissimuler ; peut-être un peu trop facilement. ironie du sort. et sa voix se fait un peu plus faible lorsqu'il lui répond. « ok. » soufflé en sa direction et ça doit sûrement calmer xinyi puisqu'il se relève et s'accroche à sa main. que leurs visages semblent à nouveau proches, dangereusement même.

« t'es pas stupide, pourquoi tu dis ça. » qu'avait-il fait ? shun continuait de se le demander. et leurs doigts se retrouvent, chaleur des paumes qui se touchent. le regard est plus suppliant encore, de quoi tester ses limites comme il le fallait. « hum. » shun, il ne fera jamais de grands discours. orbes absorbées par le portrait du garçon, elles ne veulent plus le quitter ; comme depuis bien longtemps. soupir qu'il perçoit, xinyi si différent aujourd'hui. et son front vient contre son épaule, geste mélancolique ; autant que l'écho de sa voix.

shun, il continue de le regarder. le silence se fait pendant quelques secondes. « j'y ai jamais pensé. » une réponse vague et floue parce que c'était vrai. le futur, il le vivait. shun, il ne perdait pas de temps à l'imaginer. il n'avait pas tellement d'attentes, peut-être trouver quelqu'un à garder pour toujours ou bien ne pas s'ennuyer. des aventures qui s'enchaînent ? aucune idée, tout qui lui paraît flou. et il ne déloge pas xinyi, il le laisse contre lui. « et toi. » murmuré presque faiblement, pas certain que ce soit une bonne idée de l'entendre le lui dire. xinyi et lui, ils ne voudraient jamais la même chose non ? « on devrait s'allonger si tu comptes parler. » peut-être sur son lit ou bien sur la terrasse, n'importe où shun pourrait fermer les yeux pour ne plus le voir. pour ne plus vouloir ôter cet air triste dans ses yeux. pour ne plus vouloir cueillir ses lèvres dans un excès de stupidité.

entre eux, y'avait quelque chose.
et c'était pénible de l'admettre.

(c) calaveras.

sensation étrangère que de se retrouver ivre, mais xinyi ne déteste pas. non. c’est mieux que de se sentir terriblement triste et paniqué par son avenir.
encore et toujours.
lui qui pensait avoir trouvé une stabilité aux côtés de shun.
xinyi s’était bien trompé. espérait-il que son père le laisserait avec lui toute sa vie ? se cacher derrière son ainé n’allait pas faire avancer les choses et son père commençait sûrement à s’impatienter. cette alliance avec un autre gang était sûrement excitant pour lui et ses perspectives de grandeur, de domination. pour xinyi ça voulait dire un mariage forcé. une vie ruinée.
impossible d’aimer la personne qu’il aurait choisie.
impossible de choisir sa vie.
toujours les mêmes problèmes.
encore...

si la situation imposée par son père au début l’avait débecté, la cohabitation avec shun était devenue ce qui le faisait tenir aujourd’hui. shun était son pilier. sa raison de continuer à se battre et d’espérer tirer quelque chose de positif de cette foutue situation.
et son père voulait lui retirer ça ?
avait-il pour mission de ruiner la vie de son fils ? non, son père ne pensait même pas à ça, xinyi en était certain. tout ce qu’il voyait était une possibilité d’accentuer un peu plus son pouvoir. peut importe les conséquence sur son fils.

xinyi n’en peut plus.
tout ce qu’il veut c’est profiter d’un instant de calme.
un instant avec shun. cette présence si rassurante et pourtant si froide.
froideur qui s’estompe petit à petit et xinyi s’engouffre dans cette brèche. il a besoin de lui. et il se plait à croire que, si shun accepte, ce n’est pas par pitié mais parce que lui aussi est devenu dépendant à cette relation chaotique.

la réponse de shun ne le satisfait pas. pas du tout même. jamais très loquace, xinyi n’est pourtant pas surpris de ces quelques mots. sa moue se fait triste alors que la question lui est retournée sans qu’il n’obtienne la moindre réponse. « moi..?  » accédant à la requête de shun, xinyi traine des pieds jusqu’à la chambre de son ainé et le pousse sur son lit avant de se mettre à ses côtés. main toujours accrochée à celle de shun, xinyi fixe le plafond, cherchant les mots les plus appropriés. « moi..? mh... j’y ai un peu trop réfléchi, contrairement à toi... » sourire faible aux lèvres et joues empourprées, la voix de xinyi s’élève à nouveau : « il y a quelques mois j’aurais dit... je veux absolument être bibliothécaire. genre... juste ça. le reste... j’y accordais... pas d’importance...  » marquant une pause comme pour remettre en place ses idées, xinyi ne peut que rire faiblement. les effets de l’alcool ne semblent pas vouloir s’estomper tout de suite et ça l’arrange. «  j‘voudrais... aujourd’hui, j’voudrais.. pouvoir pr être tranquille, n’importe où, sans l’influence de mon père... sans ses décisions de merde pour moi... je voudrais... juste être loin d’ici... avec toi.  » les yeux toujours fixés au plafond, xinyi continue de sourire bêtement tout en caressant le dos de la main de shun. «  ouais... avec toi.  » timidement, le visage de xinyi se tourne vers celui de l’homme qui ne cesse de mettre ses sentiments sans dessus dessous. «  comme à los angeles... juste... nous deux » sa voix n’est qu’un murmure alors que, de son nez, xinyi frôle la joue douce et chaude de shun. peut-être va-t-il trop loin. peut-être regrettera-t-il le lendemain mais ce soir, il a besoin de lui dire tout ça.

(c) calaveras.

il ne l'a jamais vu ainsi, les traits hantés par l'alcool. xinyi qui perd de sa perfection, sa vie lisse qui le devient moins et shun, il se doute que c'est à cause de la situation. avant, il n'aurait jamais rien négocié de ce genre, ni été pourchassé par des membres d'un gang adverse. les choses ont changé, impossible de le nier. la situation est d'ailleurs bien plus étrange qu'avant. les sentiments se mêlent dans chaque mot et chaque geste. et shun, il n'a pas toujours les paroles justes. il ne peut pas laisser les choses déraper si aisément. et après ? et lui, et eux ? tant de questions que son cerveau préfère taire dans des répliques ambigues, à son image.

mention du futur, un truc qui ne l'a jamais intéressé plus que ça. le présent c'est trop important pour ne penser qu'au reste. et puis shun, il aime pas réfléchir à ce qui est inutile. pourtant, il est curieux d'entendre la réponse de xinyi. le garçon semble surpris, acceptant en même temps de se traîner jusqu'à sa chambre. poussé sur le lit, la distance qui ne dure pas puisqu'ils finissent l'un à côté de l'autre ; comme bien souvent. les doigts restent ensemble, liés dans cette étreinte étrangement chaleureuse et prenante. et xinyi parle, d'un regard rapide, shun voit un sourire sur ses lippes fines et les rougeurs qui parsèment ses joues.

le coeur s'emballe, un peu la peur. et xinyi parle d'avant, avant que la mort ne les frôle. époque lointaine où ils s'embrouillaient plus que maintenant, où les cris et les disputes étaient quotidiens. il n'y avait pas d'affection, que le professionnel entre eux. et la pause le fait s'accrocher aux pulpeuses du garçon, attendant presque trop impatiemment ce qu'il allait dire. qu'est-ce qui a changé, murmure son esprit.

la réponse ne tarde pas à arriver. avec toi. raclement de gorge automatique, que shun il ne contrôle pas. et ce n'est pas une hallucination, xinyi le répète alors que les caresses sur le dos de sa main continuent. leurs yeux ne se croisent pas, les siens captent le vide ; enfin avant que xinyi ne se tourne en sa direction, que shun il soit forcé de le voir. il l'écoute encore, muet. pas un homme de grands mots, plus de maux qu'autre chose. le murmure fait écho contre sa peau, autant que xinyi. réminiscences de los angeles, de cette nuit où leurs corps n'ont cessé d'être l'un contre l'autre. chaleur doucereuse et apaisante, parfum entêtant. c'est mal d'avoir aimé ça, shun il le sait. pourtant, c'est naturel lorsque son corps se tourne vers le sien, que sa main saisit le poignet de xinyi. regard lent, présageant tout et rien à la fois. la distance est réduite, les souffles vont et viennent.

ils sont plus proches qu'ils ne l'ont jamais été, plus que ce soir là encore. « tu ne sais pas ce que tu dis. » première réplique, la raison qui l'emporte. il ouvre les yeux un peu plus grand pour le regarder, encore. a t-il toujours été si beau ? shun, il n'en sait rien. il y a juste le coeur qui le tourmente de l'intérieur, ses doigts qui finissent par défaire leur prise. « toi et moi, ça peut pas marcher. » qu'il dit, comme pour s'en convaincre. shun, il ne s'éloigne pas. il reste proche de lui, assez pour que l'envie de l'embrasser le hante désespérément.

« j'comprends même pas pourquoi t'as cet effet sur moi. » murmuré alors qu'il ne peut pas nier que s'il ne voulait pas de lui, il serait déjà parti. shun prisonnier de ses propres sentiments, qu'il en veuille ou non. captif des orbes de xinyi alors qu'il aimerait terriblement goûter à ses pulpeuses, quitte à errer aux enfers pour ce geste.

(c) calaveras.

c'est fou comme une personne peut changer un quotidien. c'est seulement dans ses livres qu'il a pu être témoin du sursaut des coeurs. pour lui, les sentiments, le désir, tout ça, il n'a jamais pu l'expérimenter, juste le parcourir au travers des lignes de ses romans préférés. aujourd'hui, il comprend un peu. malgré le flou qui l'entoure, malgré les questions qu'il se pose encore. il n'est pas vraiment sûr de ce qu'il ressent. il sait juste que la présence de shun lui est devenue indispensable et après ce rendez-vous désastreux qui changera sa vie à jamais, il a conscience qu'il peut le perdre à chaque instant. une mission qui dérape peut les séparer, oui, mais il n'avait pas imaginé devoir se lier à quelqu'un d'autre qu'à lui. n'a-t-il pas été ridicule de vouloir rester avec lui le plus longtemps possible ? gamin stupide. ça, son père n'a pas manqué de lui rappeler. shun n'est qu'une étape. shun n'est qu'un outil. il a pour seul et unique but de le forger, le préparer à cette suite qu'il redoute tant. li senior veut qu'il se débrouille seul, après. oui mais après quoi ? xinyi ne veut pas que shun disparaisse de sa vie. cette idée lui retourne le ventre.

alors l'alcool l'aide à imaginer autre chose. un futur qu'il aurait choisi. un futur avec shun. au fond, il ne sait même pas si shun serait d'accord avec ça. plus le temps passe plus xinyi a l'espoir que ses sentiments naissants soient partagés. et s'il s'était trompé ? s'il avait été aveuglé par son désir absolu de bonheur ? et si shun attendait uniquement d'être libéré de son contrat avec xinyi ? et s'il ne voulait plus jamais le voir ? trop de questions qui terrifient xinyi mais que l'alcool aide à estomper un peu. tout ça il y pensera plus tard. demain. quand tout ne sera de nouveau qu'un enchevêtrement de problèmes.

à cet instant, xinyi ne peut que profiter du contact que shun lui offre. s'il n'avait pas voulu l'avoir si près, ne l'aurait-il pas repoussé ? xinyi tente de s'en persuader. après tout, shun n'est pas de ceux qui se laissent influencer, n'est pas de ceux qui ont pitié. xinyi se souvient encore des mots acerbes, des coups reçus. shun n'a jamais fait semblant. alors pourquoi aujourd'hui ? non. il doit le vouloir lui aussi.

« tu ne sais pas ce que tu dis. » bien sûr que si. xinyi voudrait répliquer, lui hurler qu'il sait parfaitement ce qu'il avance. mais le regard profond de shun le pétrifie. comme à chaque fois. cet homme le déstabilise et bon sang que ça lui plait. le plus jeune se sent fébrile face à ce regard si mystérieux, son ventre se tord agréablement malgré les paroles négatives de shun. il a l'impression de voir autre chose au fond de ses pupilles si noires. est-ce l'alcool qui perturbe son jugement ? « toi et moi, ça peut pas marcher. » xinyi, il se perd dans l'obscurité de son regard. les lèvres scellées, il l'observe, jauge ses réactions. 'ça ne peut pas'. shun ne dit pas qu'il ne veut pas. différence tellement importante aux yeux de xinyi.

« j'comprends même pas pourquoi t'as cet effet sur moi. » de tous les coups que shun a pu lui donner, celui là, est le plus fort. comme une impression de ne plus pouvoir respirer sous l'impact des mots. xinyi, il cligne plusieurs fois des paupières comme pour s'assurer que shun est toujours là, près de lui. ses oreilles ne l'ont pas trahi, il en est certain. alors doucement, il se redresse. le temps semble arrêté. ou alors est-ce l'alcool qui perturbe tous ses sens ? xinyi s'en fout. tout ce qu'il sait c'est que shun vient d'avouer à demi-mot que leur relation n'a rien de banal, rien d'amical. maladroitement mais avec tout le courage que ces mots lui ont donné, xinyi surplombe shun, calant ses deux avant bras de chaque côté de la tête de son ainé. première fois qu'il semble prendre les commandes. jamais il ne s'était retrouvé en position de force. « moi non plus... j'comprends pas » murmure-t-il tout doucement comme s'il craignait qu'à chacun de ses mots leur bulle n'éclate. ses yeux se faufilent le longs des traits si masculins de cet homme qu'il se surprend à désirer un peu plus chaque jour.  « puis j'sais pas si j'ai envie de comprendre... » à quoi bon comprendre ? à quoi bon se poser encore et encore toutes ces questions qui n'auront peut-être jamais de réponse ? avec envie, le regard de xinyi se pose sur la bouche de son ainé. il ne se souvient même plus à quand remonte son dernier baiser. des années, sûrement. a-t-il aimé ça ? avec qui l'a-t-il partagé ? peu de souvenirs. il se fout de tout ça. cette nuit seul shun compte. au diable la peur. xinyi se laisse aller à poser ses lèvres doucement contre celles tant désirées de shun. ça n'a pas l'effet d'une étincelle, pas de feu d'artifice. c'est bien plus que ça mais xinyi n'a pas les mots pour décrire ce qu'il ressent. une certaine plénitude. une chaleur rassurante. une envie peut-être trop fulgurante. ce baiser, il l'a longtemps imaginé mais le vivre finalement ne fait que tordre un peu plus son ventre et affoler son coeur déjà complètement perdu.

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la défense trop grande, le coeur avec ses barrières immenses. shun, il ne peut pas tomber. pourtant, c'est comme si c'était déjà le cas, qu'on l'avait poussé d'une immense tour. le rythme cardiaque souvent troublé par xinyi, depuis plusieurs longues semaines. et c'est pas quelque chose qui lui plaît. il est plutôt du genre à abandonner quand c'est sentimental, à préférer les coups d'un soir ; qui s'effacent sous une douche brûlante. les gens qui le hantent, c'est pas son truc. mais lui, lui c'est comme s'il ne savait faire que cela. xinyi, il l'a eu dans la tête pendant toute cette soirée ennuyante. shun, il n'était pas comme ça avant. ce qui a changé, il devrait s'y pencher pendant des heures pour comprendre. comment sont-ils passés de la haine viscérale à cette autre sensation ? ironie que de les voir maintenant si liés. shun, il ne se serait jamais imaginé trouver ce garçon sensible ainsi.

fuite dans l'espace temps. c'est plus facile de blâmer xinyi, de rendre ses paroles stupides et sans sens. ses yeux trahissent pourtant les sentiments, ancrés au plus profond de lui. xinyi ne cille pas face à ses mots, ni le reste. il reste à ses côtés, subit ses dires. shun ne sait pas si c'est bon signe. s'il s'est résigné, s'il a choisi la facilité ; comme lui. a t-il fui ? les secondes défilent et lui mettent le doute. shun qui se trahit de lui-même. xinyi continue de le regarder, atmosphère étouffante. et puis le garçon commence à se redresser. sablier arrêté, le temps en suspens. il s'avance vers lui, le surplombe dans un silence montrant les évidences. shun laisse faire, comme paralysé. ses yeux ne font que suivre chaque geste de l'autre. mots qui s'échouent contre lui. incompréhension partagée, qui lui arrache un sourire ironique de quelques secondes.

ses yeux se concentrent à nouveau sur lui. nouveau murmure, il aimerait avoir son courage. celui d'ignorer tout ce qui pèse sur eux. shun, il sent le regard de xinyi sur lui. alors il fait de même, le dévisage sévèrement ; en vain. la distance est courte mais elle lui paraît immense tant le temps se ralentit quand xinyi se rapproche. lèvres posées délicatement contre les siennes, ses paupières qui se ferment à l'impact. le cerveau qui s'éteint presque, la sensation de chaleur qui le hante. l'instinct reprend rapidement le dessus, ses mains se posent sur les hanches de xinyi et le rapprochent de lui. ses lippes s'accrochent aux siennes, dans un baiser qui semble éternel. tout le reste est oublié. leurs vies si différentes, les interdits. tout est mis de côté, disparu alors que shun commet l'irréparable.

lèvres qui se séparent pour reprendre de l'air. plénitude mêlée à l'euphorie. shun qui inverse leurs positions en profitant de l'inattention de xinyi. la faim grandit en lui, comme si ce simple baiser avait fait sauter tous les verrous. c'en serait presque ridicule, s'il arrivait à réfléchir. les yeux du garçon qu'il rencontre, ses poignets qu'il attrape et maintient de chaque côté de sa tête. longue contemplation silencieuse, son souffle qu'il reprend. shun jamais dans la douceur, homme animal. et il sait que c'est mal. que le réveil sera brutal mais la noirceur de ses orbes s'envole un instant alors qu'il capture une nouvelle fois les lèvres de xinyi. baiser plus délicat que le premier, xinyi qu'il surplombe et dont il ne peut s'empêcher de cherche le contact. le corps qui brûle, l'esprit embrumé sans avoir bu autant que lui. shun qui se prend à murmurer contre les pulpeuses du garçon. « et maintenant ? » est-ce que ce serait assez. comment allaient-ils pouvoir cohabiter alors que la fracture était claire et précise. que le goût des lèvres de xinyi lui était connu. les questions fusent et l'attaquent, son corps s'échoue à moitié sur le sien. ils ne devraient pas recommencer.

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