please don't leave me. (coban)

Le cœur qui balance de gauche à droite, sans certitudes, sans la moindre intuition sur ce qu’elle ressent vraiment. Perdue entre deux sentiments diamétralement opposés, entre deux vents contraires, qui ne cesse d’hurler dans son esprit. Elle ne sait ni comment agir, ni quoi dire, partagée entre l’amour et la rancune. La cause, l’unique, Coban. Coban et son absence. Coban et sa disparition. Au moment de sa vie durant lequel elle avait le plus besoin de son meilleur ami. De celui qui la comprend, de celui qui la ressemble tant. Derrière l’image de la fille populaire, de la blonde parfaite, de celle qui attire toutes les amitiés, t’as le cœur sensible, Joy. T’as le cœur qui s’interdit de se donner. Et lorsque tu le fais, lorsque tu prends le risque, comme avec Coban, de t’attacher, tu ne peux plus t’en détacher. La peine trop grande, la peine immense, à son départ.

Tout s’est enchaîné, vite, trop vite, par la suite. Le trou béant dans le cœur, grandissant, celui d’une fille qui ne connait pas sa maman. L’envie de la retrouver. Le besoin de la retrouver. Et il n’était pas là, lorsqu’elle s’est refermée. Lorsqu’elle finissait par ne plus trouver le sommeil, à force d’y penser. Il n’était pas là, lorsqu’elle se sentait coincée, incapable d’en parler. Et t’as pas trouvé le courage de lui parler, Joy. Toi, lionne explosive. Tu n’as pas trouvé le courage de lui parler. Et maintenant bien moins encore. Maintenant que t’es bouleversée, que tu ne sais plus sur quel pied danser, avec tout ce qui secoue ta vie, avec la présence de ta mère, à ton domicile désormais.

Elle accepte pourtant l’invitation de Coban, comme une bouffée d’air frais, comme le besoin de le retrouver. Même avec le cœur lourd. Même avec les vagues à l’âme.  Une bouteille de champagne à la main, de quoi manger, la blonde se dirige jusqu’à l’appartement luxueux dans lequel loge actuellement le brun. Elle n’attend que quelques secondes, après avoir frappé, pour apercevoir le sourire sur son visage. Bonsoir toi ! La bouteille qu’elle lève comme un laisser passer, le sourire qu’elle partage à son tour. Je ne viens pas les mains vides. Parce que je voudrais juste oublier, juste effacer ce qui blesse, ce qui fait mal, ce qui bousille.

(c) calaveras.

PLEASE DON’T LEAVE ME

Journées sans odeur quand on a oublié pourquoi on s’est levé. Il y a eu moins de soirs que de jours fades car, sans savoir pourquoi tu ne peux pas te résoudre à les laisser filer sans avoir tenté de leur trouver un goût. Ce serait comme laisser pourrir un peu de vie ; et tu n’aimes pas gâcher.
Pourtant tu en as fait du gâchis, pas seulement matériel, si ce n’était que ça, mais du gâchis social. Laisser pourrir de vieilles amitiés trop longtemps mises au placard, oublier dans un coin un numéro et une adresse qu’on finit par éviter comme la peste parce qu’on pourrait y croiser un regard accusateur. C’est arrivé trop souvent. Et dans ton infinie naïveté tu penses que rien n’est trop poussiéreux pour être épousseté, que si les routes se séparent on dit aussi qu’elles mènent toutes à Rome. On se retrouvera, pas la peine de dire au revoir. On se reverra, alors, pas la peine de tourner comme il faut la page.
Et pourtant, t’as essayé de préserver Joy de ce raisonnement paresseux. T’as envoyé des messages ; mais un SMS, est-ce pire qu’un adieu ? De ton absence tu jurerais qu’elle n’en a pas souffert, mais ce serait s’en persuader parce que la vérité c’est que tu n’en sais strictement rien. T’as pas posé la question ; sûrement parce qu’inconsciemment une part de toi savait que la réponse ne te plairait pas.

Mais Joy ne te fait pas les reproches en général, Joy sourit et Joy en cache pas mal derrière ses yeux rieurs. La plupart du temps tu ne cherches pas plus loin, pourquoi risquer d’appeler la pluie lorsque le soleil est déjà là ? mais tu sais aussi que c’est égoïste de raisonner comme ça. Mais que voulez-vous, on ne se refait pas.
Quand on frappe finalement, tu as une vague idée de quelle expression sera sur son visage. Ouvrant la porte alors, et préparant déjà ton propre sourire, tu tombes bien entendu nez à nez avec Joy, et la bouteille de champagne qu’elle brandit. « Tu penses à tout, dis-moi. » Tu t’effaces pour la laisser entrer, la laisser entrer dans l’immense appartement où tu as finalement pris tes marques. Pas compliqué de se refaire au luxe lorsqu’on y a goûté pendant presque une année. « Je mène une vie simple, comme tu peux le voir », dis-tu en prenant un air de saint, joignant tes mains à la manière d’un moine. Te fendant finalement d’une risette amusée, tu l’emmènes jusqu’au salon ou tu t’affales sur le canapé, avant de te relever aussitôt. « Je vais nous chercher des verres. » Joignant le geste à la parole, tu reviens vite avec deux flûtes à champagne, prêtes à accueillir l’alcool. « À quoi tu veux trinquer ? »

(c) élissan.

Il y a cette flamme, qu’ils partagent depuis toujours, qui lie leurs deux âmes en recherche de plus, en recherche de mieux. Il y a cette flamme, ce goût du luxe, la beauté des belles choses brillantes, scintillantes. Une amitié parsemée de diamants qu’ils prennent goût à construire, à façonner à leur image, un bel appartement, grand, spacieux, une bouteille de champagne et le petit numéro démarre. Un subterfuge qui ne fait effet qu’en apparence, qui n’efface pas les peines et les rancœurs. Un brin fautive, Joy, parce que tu pourrais te livrer, cette fois. Lui dire ce que tu ressens à son égard, depuis qu’il s’en est allé, depuis qu’il est parti sans se retourner. Les souvenirs restent, demeurent, dans un coin de sa tête comme si elle revivait le film encore et encore. Un simple message. Un message pour résumer des années d’amitié. Pour résumer cette alchimie, cette complicité qu’eux seuls sont capables de partager. L’absence de considération, frappante. L’absence, son manque à lui, dans sa vie à elle. Et la peur, encore et toujours, que tu n’aie pas su lui manquer comme lui a su laisser un trou béant dans ton cœur et dans ta vie. La peur qu’il ne pense pas à toi aussi souvent que son visage s’insérait dans ton esprit. La peur d’imaginer qu’il puisse définitivement t’oublier quand ton cœur battait encore sur le même tempo que le sien. Wow. Un mot, pour décrire l’immensité du lieu, la beauté du lieu. Les yeux qui brillent de mille feux, elle se sent chez elle. Rêve d’être chez elle, ici. Comme si son cœur battait plus vite, lorsque son rêve composé de milliers d’étoiles semblait soudainement à porter de mains. Et chez qui est-ce que tu mènes cette vie si simple ? Petit rire qui s’échappe de ses lippes, comme de l’or évaporé de son corps, sans honte, sans craintes. Ils sont les mêmes, des reflets identiques, un miroir qui ne prend pas en compte le genre. Jetée sur le canapé, la bouille enfantine de princesse en pleine royauté, le bleuté de ses opales se jette sur lui, attrapant la coupe qu’il emmène. Merci. Une petite pause marquée, réfléchissant à ce qu’elle pourrait bien vouloir fêter. Ta vie, désormais complètement explosée, la rencontre avec une mère prostituée, la rancune éprouvée envers Coban, et toi, juste toi. à nos retrouvailles ? Qu’elle ose, sans savoir si elle fait bien, sans savoir si elle ne devrait pas tout balancer, tout de suite.

(c) calaveras.

PLEASE DON’T LEAVE ME

Dans ses yeux de belles étoiles, de belles étoiles que tu reconnais pour les avoir vues en toi le jour où tu es arrivé ici. Elle a raison, wow, il n’y a pas d’autres mots pour le grandiose de ce qui vous entoure, un peu de trop parfois même si tu n’es pas peu fier d’y recevoir Joy aujourd’hui. Tu ironises bien sûr, il n’y a rien de simple dans cet appartement si ce n’est toi, toi bien trop fade dans les dorures et la blancheur immaculée, toi trop grisâtre mais n’en parlons pas.
Les miroirs tu les as un peu évités récemment, par principe ou pour remettre ton ego en place, souffrant durement de toutes les excuses à fournir, de tous les reproches jetés au visage, de toute la jalousie qui brûle en toi.
Mais Joy n’a pas l’air de donner dans ce registre, pour le moment, ce que tu prends avec un soulagement infini. « Chez une amie très généreuse. Ou en manque de compagnie. » C’est plus ce que Skye t’a servi, mais tu ne peux nier le fait qu’elle soit bien aimable d’avoir proposé. « Tu me connais, j’ai pas pu refuser. » Non, tu as plutôt sauté sur l’occasion sans même observer une réserve polie, la moindre des choses en fait mais qui n’entrait même pas en ligne de mire pour un opportuniste dans ton genre. Mais tu sais que Joy fonctionne de la même manière.
Toi tu ne cherches pas les excuses ni les regrets, parce que tu sais que ce serait osé de les réclamer quand les mots peinent à sortir de ta propre bouche. Rugissant dans l’âme mais trébuchant en réalité, tu caches tes questions avec des plaisanteries plus ou moins drôles que Joy a la politesse de relever, Joy toujours parce que Joy elle a toujours souri. Joy ça fait trop longtemps que tu prends son sourire comme une petite victoire personnelle — c’était votre jeu aussi, la compétition en plus du reste, qui sera le plus fourbe, le plus malin, le plus mesquin ?
T’as été fourbe et mesquin de la lancer en plan, tu le sais, et pas assez malin maintenant pour lui présenter des excuses. Son toast il te reste en travers de la gorge tout à coup, et ton sourire s’est évanoui ; t’es bien trop con Coban, de croire qu’on fait ce qu’on veut et que personne ne le relèvera par la suite, t’es bien trop con de tirer cette tête quand elle n’a fait que prononcer ce mot qui est chargé de beaucoup de non-dits, tu crois. Tu as un soupir, léger, un peu las aussi, fatigué et désespéré de ta propre personne, mais tu secoues juste la tête pour l’instant, espérant que ça puisse s’effacer ainsi. « Merde, Joy. » Dans un souffle. Pas de colère, un brin de déception c’est tout. « Tu veux vraiment qu’on parle de ça ? » Elle n’a rien dit de la sorte, mais tu penses la connaître assez pour savoir ce qui se cache derrière sa question anodine ; maintenant faut que tu assumes, et tu réalises que la liste des personnes à qui expliquer le départ est encore très, très longue. « Tu m’en veux. » Ce n’est plus une question à ce stade, l’affirmation est bien réelle et ancrée en toi. Ouais. Tu sais qu’elle t’en veut.

(c) élissan.

Les rires, les jeux, les défis, deux gamins aux rêves plein la tête, aux étoiles plein les yeux. Ce qu’ils sont, depuis toujours. Ce qu’ils sont, oubliant d’aborder les sujets fatidiques, ceux des sentiments, ceux de l’attachement. Et ça te convient, à toi, Joy, incapable de te donner vraiment. Incapable de te donner à cent pour cent. Tu prétends, offre de beaux sourires de façades, te cache derrière les accessoires claquants, et Coban, il l’accepte. Il t’accepte telle que tu es. Elle n’avait pas prévu que les choses se compliqueraient, barbie. Elle n’avait pas prévu qu’il se tire, du jour au lendemain, l’abandonnant elle avec ce trou béant dans le cœur. L’abandonnant elle avec cette sensation de ne plus avoir de valeur. L’espace d’un instant, elle se retrouve plongée dans le temps. Dans les vices qu’ils partagent, qu’ils consomment à deux sans vergogne.
Un rire, un temps qui aurait pu durer la nuit, un temps qui aurait pu durer toujours. Je me doute, oui. Un rire, un temps qui aurait pu durer la nuit, un temps qui aurait pu durer toujours, mais les verres qui se cognent ne maintiennent pas la gaieté. Mais le toast porté révèle les souvenirs, les mauvais. Les plus difficile, qu’elle tait, mais qu’il décide de pointer du bout du doigt, quand même. Le regard est immédiat, sans attendre, jeté vers lui. Que réponse à sa question, Joy ? Est-ce que tu veux en parler ? Est-ce que t’éprouves encore de la rancœur envers lui, hein ? Je ne sais pas. Tu ne penses pas qu’il faille en parler ? Est-ce qu’elle mérite des explications, ou non ? Est-ce qu’elle compte réellement, ou non ? Des questions qui triturent son esprit alors qu’elle fait ce qu’elle peut pour les chasser. Pourquoi tu penses ça ? Elle ne nie pas. Ne nie pas qu’elle lui en veut. Le cœur trop honnête, trop volcanique, trop entier, pour ne serait-ce qu’espérer mentir.

(c) calaveras.

PLEASE DON’T LEAVE ME

Toi tu ne penses rien si ce n’est que ce n’est pas exactement le genre de conversation que tu voulais avoir ce soir. Tu ne pensais pas qu’il fallait en parler, tu ne pensais pas que ça avait une quelconque importance maintenant, maintenant que tu es de retour pour de bon et que vous êtes enfin l’un face à l’autre.
Voilà, Joy. T’as tout le loisir de me faire des reproches ou de me dire ce que t’as sur le cœur, puisqu’elle n’a pas eu la force de le faire par messages, au moment où tu l’abandonnais à New York. Pas la force, ou bien simplement le respect de ne pas le faire par messages ? Tu n’as pas songé une seule seconde à ce que ça pourrait bien lui procurer comme sentiment de recevoir ce SMS annonçant ton départ, parce que pour toi rien ne comptait plus à ce moment que de te préserver de tout ce merdier dans lequel tu étais enfoncé jusqu’au cou ; et bon sang ce n’est qu’un pire merdier maintenant tu as l’impression. Parce que le temps aura beau guérir les blessures il creuse aussi les tensions, tu penses. Comme si certaines tensions avaient besoin d’être creusées davantage.
À Joy tu ne voulais pas faire de mal, comme à personne d’ailleurs mais il faut croire que tu n’es pas doué pour ça, tu blesses sans t’en rendre compte parce que tu ne te préoccupes que de toi-même. Joy t’en veut et tu t’en veux aussi un peu, tu crois. Mais au lieu de répondre tout de suite, tu secoues la tête, prends une gorgée, longue gorgée à ton verre. Tu te sens brusquement fatigué. « Je sais pas. Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? » Qu’est-ce qu’elle a besoin de savoir pour effacer un peu de cette rancœur, qui, tu le sais, est en train de lui ternir le regard. Qu’est-ce qu’elle veut entendre, surtout ? Que tu es désolé ? Que tu n’aurais jamais dû lui faire ça, à elle, ta meilleure amie ? Tu baisses les yeux, parce que tu ne peux pas prononcer ces mots-là — mais ça elle le sait bien. « Oui. Sinon tu n’aurais pas amené le sujet, non ? T’aurais laissé ça là où ça doit être, en arrière. » C’est peut-être vache de dire ça quand tu es conscient maintenant de l’avoir déjà blessée. Mais c’est plus fort que toi. « Je t’ai déjà expliqué pourquoi je me suis barré. Alors dis-moi, qu’est-ce que tu veux entendre de plus ? » En vérité tu ne lui as servi que les explications faciles, rapides, efficaces, qui ne rentrent en aucun cas dans les détails gênants pour toi et ta fichue fierté. Pour Joy, ça n’est qu’une histoire de femme, une histoire qu’on raconte en trois mots avec un  “c’est compliqué” en guise d’introduction. Pour Joy, Siam et toi partagiez les torts, et tu n’es pas du tout le connard qui prend la fuite, les insultes et autres mots fleuris lancés au passage pour s’assurer qu’aucun retour en arrière ne soit possible.

(c) élissan.

Comme un brouillard dans son esprit, une brume qui l’empêche de voir l’horizon, qui trouble sa vision. Comme un brouillard, qui murmure, qui chuchote qu’elle ne sait ce qu’elle désire, vraiment. Tout lâcher, vider cette rancœur qu’elle détient en elle, ou bien refouler une fois de plus les sentiments les plus douloureux. refouler, peut-être que c’est bien dans ce domaine, que t’es la plus douée, joy. Toujours tout camoufler derrière des rires, derrières un sourire éclatant, une carapace creuse et sans surface. Oubliant presque que t’es bien plus que ça. Bien plus profonde que ça. le cœur d’or terni par les mauvais ressentis. Par la peur. Par la colère. Coban, il en est une des causes. Et il ne semble même pas le réaliser. Même pas imaginer qu’il a blessé son alter ego, son miroir. ou peut-être que si, peut-être qu’il le sait parfaitement, mais que sa fierté passe avant toi. Que sa fierté passe avant tout. Peut-être qu’il le sait, mais qu’il refuse de se mettre mal à cause de toi. Que tu ne comptes pas assez pour lui. tu m’as déjà expliqué ? c’est ce que tu appelles des explications ? elle est presque sous le choc, de voir avec quelle nonchalance il gère la situation, il gère cette discussion.
L’artiste sait, pourtant, que la relation qu’ils entretiennent est surtout explosive, brillante, éclatante. Elle le sait, pourtant, mais son départ a été un véritable crève-cœur. Son départ, elle n’a jamais pu l’accepter. tu sais quoi ? t’as raison. je t’en veux de m’avoir laissé là, comme… j’sais pas. Comme si je n’étais pas importante pour toi. son visage est plus fermé, la volcanique en ébullition. Elle va crier, certainement. Parce qu’il est plus facile d’évacuer la colère que la peine. Plus facile de se fâcher plutôt que d’admettre qu’elle est véritablement touchée. mais si tu n’as rien à me dire de plus, je devrais peut-être m’en aller. te cacher, encore et toujours, joy. te cacher plutôt que d’affronter tes peurs et tes peines.

(c) calaveras.

PLEASE DON’T LEAVE ME

Tu es peut-être con ou bien tu le fais exprès, mais la provocation n’est pas la solution idéale pour apaiser les rancœurs. Amère, Joy l’est, parce que tu es acide tout à coup, prenant les reproches trop à cœur et à travers. Tes torts tu les connais, pas la peine qu’elle les énumère : mais, et si ça lui faisait du bien ? Si elle avait vraiment besoin d’explications ? À l’entendre on dirait que tu es parti comme un voleur, mais il te semble bien lui avoir résumé la situation, grossièrement certes, mais c’est bien la seule qui a eu ce privilège.
T’es parti, d’accord, mais tu es revenu au final, alors à quoi bon encore ressasser cette histoire ? Tu l’avoues et tu le confesses, tu as mal géré ça à l’époque — mais c’était il ya de nombreux mois, maintenant, ce ne serait pas le moment de passer à autre chose ? Tu ne veux pas blesser Joy, jamais, mais tu n’aimes pas l’idée de te jeter à genoux maintenant pour implorer son pardon ou tu ne sais quoi — ce n’est peut-être même pas ce qu’elle attend de toi au juste. Elle t’en veut. Elle l’admet et tu te vois presque rouler des yeux. « Arrête les conneries, tu sais que tu comptes pour moi. » Le ton est juste un peu trop sec pour le message que tu essaies de faire passer, mais c’est un début. « Je te l’ai dit, ça n’avait rien à voir avec toi, il fallait juste que je me casse. J’en avais besoin, tu comprends ? » De plonger les yeux dans les siens et de ne rien y retrouver, mis à part ton reflet flou dans le noir de sa pupille. Tu prends une profonde inspiration, et un soupir plus bref franchit tes lèvres, quand tu calmes la tension qui commençait à te gagner. « Désolé. Pars pas. » Et tu renverses ta tête en arrière, fixant le plafond pendant une seconde ou deux. Tu veux pas qu’elle parte, tu veux pas qu’elle crie, tu veux pas qu’elle t’en veuille et pourtant. T’es nul à ça on dirait, parce que tout le monde semble t’en vouloir pour quelque chose, et tu ne sais pas te faire pardonner ; mais Joy c’est différent non ? Avec Joy vous vous êtes toujours relevés.
Alors qu’est-ce qui t’a pris ? « T’aurais pu venir si tu voulais. » C’est ça. Vous auriez pu, vous auriez pu faire un bout de chemin loin des autres, loin du Queens et de vos emmerdes habituelles, vous auriez pu, peut-être, préférer ne jamais revenir. « Si je t’avais demandé, tu serais venue ? » Tu as tourné la tête vers elle, et si ta voix est plus basse, ton cœur, lui, a gagné en vitesse.

(c) élissan.

le trou dans le cœur, l’impression de le perdre, de le voir s’éloigner, s’envoler, chaque jour un peu plus. l’impression qu’il n’est déjà plus là, en réalité. qu’ils ne partagent plus qu’apparences et faux semblants. que la profondeur de leur relation s’est évanouie, qu’ils ne se confient plus rien de sérieux, que cet amour si fort n’est plus que souvenir. la sensation de le perdre qui tyrannise son esprit, parce qu’elle a besoin de lui, joy. elle a besoin de retrouver cette relation qu’ils ont si longtemps partagée. c’est l’incompréhension qui vous gagne, les mots qui ne percutent plus aussi bien qu’avant, les cœurs détachées ne battant plus à l’unisson. c’est le chaos qu’a semé l’absence, alourdi par le silence. c’est le chaos entre vous, et tu ne sais plus quoi dire pour le retenir. ou peut-être bien que c’est toi qu’a besoin d’être retenue. les craints sont balayées par les soins de coban, il affirme tenir à elle, il affirme qu’elle compte pour lui, alors qu’elle n’en est plus certaine. alors qu’elle ressent bien plus l’absence que sa putain de présence. bien sûr que je comprends, coban ! tu n’es pas le seul a avoir besoin de prendre le large ! mais je pensais que j’aurai le droit à une meilleure explication que celle que tu m’as servie. le volcan qui se réveille, le volcan qui se révèle. il ne sera pas surpris, parce qu’il la connait, coban. parce qu’il connait son caractère dans les moindres détails. l’explosive au cœur d’or. celle qui crie aussi fort qu’elle l’aime. et assurément, coban, tu l’aimes, joy. elle redescend aussi rapidement qu’elle est montée, lorsque son ami lui souffle de ne pas s’échapper, de ne pas prendre la fuite. lorsqu’il lui demande de rester. simplement rester. plus calme, elle s’approche de lui, pose sa tête contre son épaule, l’enroule de ses bras. elle se glisse contre lui, parce que c’est tout ce dont elle a besoin. il n’y a rien que je ne ferais pas pour toi, coban… qu’elle lâche, plus doucement, plus sincèrement. oui, je serais venue… qu’elle souffle, comme une promesse. oui, tu l’aurais fait, joy. tu te serais aventurée dans l’univers, mains dans la mains avec lui. aujourd’hui, c’est différent, tu ne peux plus te le permettre, parce que tu n’es plus la même.

(c) calaveras.

PLEASE DON’T LEAVE ME

C’est la vague à l’âme que tu l’acceptes, le confesses, l’admets enfin : tu traites tes amis comme s’ils n’importaient pas, et tout ça pour quoi ? Parce que tu as peur qu’ils t’abandonnent en premier ? Parce que tu as peur qu’ils finissent par se lasser de tes jeux et de tes apparences trompeuses ?
Tu penses que c’est autre chose, les peurs comme ça ne t’empêchent pas de dormir ; au contraire, elles te bercent tendrement dans ce noir sidéral, te bercent, te disent de fermer les yeux sur les autres terreurs de la nuit.
T’as pas peur d’être abandonné, parce que tu aimes mieux être seul, en général, ou à défaut mal accompagné. Qu’il y ait pire que toi.

T’as largué les amarres sans trop expliquer, certes, mais qu’aurais-tu eu à dire sinon que tu es le méchant de l’histoire ? Le mec qui fuit parce qu’il a honte ? Tu n’aurais pas eu envie d’avoir, en plus du reste, le regard de Joy sur toi, quand bien même elle ne t’a jamais jugé ; jamais jugé, condamné, damné pour le reste. T’aurais dû savoir que Joy pouvait comprendre et que Joy aurait su quoi faire, sûrement, mais surtout que Joy aurait été l’oreille attentive que tu t’es refusé, trop fier. « J’avais trop honte, Joy. Je voulais pas que tu saches. » Et maintenant tu as plus honte encore d’avoir laissé passer ce sentiment devant le reste, devant elle et les explications qu’elle demandait. Maintenant c’est trop tard, et, c’est tout ton être qui lui souffle de rester.
Elle se rapproche de toi et sa chaleur corporelle t’envahit peu à peu, doucement ; tu entends son cœur battre et le souffle de sa respiration régulière — volupté.

Et dans un soupir, enfin. « Merde. » Les choses pourraient être si simples, si simples si tu arrivais à les faire taire dans un coin de ton crâne. « Si seulement je pouvais m’en foutre au point de tout quitter. Pour de vrai cette fois. » Sans retour brut et irréfléchi, sans regret, sans excuse. Sans je te l’avais dit. « On irait où, Joy ? » Tu rêvais pas d’ailleurs parce que tu croyais que ta vie se résumerait au Queens ; tes horizons sont bitumes et hauts buildings, les jours gris et, parfois, teintés de lumière, quand le soleil se fraye un chemin parmi les nuages qui encombrent le ciel.
Mais la plupart du temps, il fait nuit.
Peut-être que tu t’es bâti des murailles et qu’il est temps de les franchir ? Voir si l’herbe est plus verte, derrière, ou bien se consoler en constatant qu’elle y est plus sèche.

(c) élissan.