illusion. (silène)

jouer l'interdit, jouer le coeur et la raison. tous est mis là, autour d'eux, dans cette ruelle sombre, devant cette façade d'une boutique qui n'a rien demandé mais qui va sans doute connaître leurs folies ce soir. peu importe. plus rien n'est grave à ses yeux tant qu'elle est là. pourtant, robin devrait savoir hein. il devrait s'douter que peut-être, demain, quand les rayons du soleil caresseront son âme, elle sera plus là. plus là, le côté d'un lit vide et des draps froids. le regard joueur, les mains baladeuses, il hoche la tête, convaincu par ses mots et par son idée qui ne peut rapporter que des emmerdes. mais au moins, ils seront ensembles hein ? dans la folie des grandeurs, ils resteront silène et robin. deux âmes qui se battent contre le noir de cette conscience qui les sépare à chaque fois pour mieux les faire se retrouver. robin s'accroche trop à elle. alors qu'elle lui fait du mal. quand elle s'en va. quand elle s'éloigne.
mais ce soir ils sont ensembles.
et ce soir, il a le plaisir de venir frôler à nouveau ses lèvres, sans un second cachet qui fait déjà monter la chaleur de son corps et ses idées suicidaires. pas dans le sens mortel, cette fois-ci. mais dans une toute autre sensation que seulement silène est capable de lui apporter. vraiment, oui. il ne dit pas ça pour plaisanter. la grosse pierre toujours entre ses doigts, ceux qui sont accrochés au dos de silène. et son autre main qui est joueuse. quand elle glisse jusqu'à toucher l'épiderme de sa jambe, sans aucun scrupule de remonter celle-ci pour frôler l'interdit du bout des doigts. et les mains de cette fille qui viennent contre son torse. toucher sa peau. son coeur cogne déjà si fort rien qu'à ce toucher, ou peut-être que c'est à cause de la drogue et de l'alcool qui jouent dans son organisme. peu importe. mais je suis là. oui. il est là. lui. et il vient lui prouver en glissant ses doigts là. ses doigts entre ses cuisses, en venant mordiller son cou. en venant chercher à réveiller ce brasier au creux de son ventre. il ne reste pas longtemps entre ses cuisses, à réveiller ce montre qu'il sent déjà gonfler lui-même. et si tu dors avec moi ce soir, je t'offrirai la suite. qu'il murmure, en mordillant la lobe de son oreille, venant retirer ses doigts avant de se mettre derrière elle. collant le dos de silène contre son torse. peu importe ce qu'il se passe entre ses propres jambes et le plaisir qui a grimpé en deux secondes juste parce qu'il a frôlé l'amour. c'est pour plus tard. sachant qu'à un moment, cette frustration immense sera éteinte par la magie de ses doigts.
pas de grillage. rien. ça s'voit que c'est vraiment un petit commerce à deux balles. d'ceux qui s'arrachent le cul pour quelques dollars à la maison, et robin. robin qui s'apprête à tout niquer en s'foutant des conséquences. quand à trois, il balance cette pierre et que la vitrine explose. et qu'il rigole. il rigole vraiment, ce con. allez, viens. il glisse ses doigts contre les siens, attirant la belle en faisant attention aux débris de verre. sers-toi, c'est moi qui offre. il joue, en récupérant déjà une bouteille de gin. sans la quitter des yeux. parce que peu importe où ils sont. elle éclaire la pièce, elle rend les choses plus belles.

des rires, des caresses, des lèvres qui se frôlent et le contre coup d'un cachet pour eux, de toutes les merdes pour lui, qui se font ressentir dans son organisme. c'est plutôt à elle ? robin veut. il veut tout ce qu'elle peut lui offrir. il veut qu'elle reste. que la suite soit éternelle, pas éphémère. mais dans la vie, on a pas toujours ce qu'on veut. il a beau se faire des illusions, il n'est pas le plus idiot. il sait comment ça se terminera. il sait qu'ça sera pas très beau. que la déchéance sera plus terrible par la suite. c'est toujours comme ça que ça s'passe. toujours comme ça qu'il s'fait du mal, finalement. à trop en attendre, d'elle, alors qu'il connaît si bien les circonstances d'actes qui font du mal. et être avec elle, ça fait autant d'bien, qu'ça fait autant l'inverse. rien d'bien agréable finalement. alors autant profiter de cette soirée autant qu'ils en sont capables, non ? autant défoncer cette vitre avec cette pierre et pénétrer dans ce magasin en étant prêt aux conséquences. dérobant déjà des bouteilles d'un alcool qu'il n'aura jamais, jamais les moyens de rembourser. préférant débourser des milles et des cents pour planer encore un peu, au lieu d'accepter la situation et de tenter de changer les choses. ils se séparent, pour des nouvelles trouvailles, avant de mieux se retrouver par la suite. de gin dans sa main, il s'empare d'une bouteille de vodka, avant d'attraper des sandwichs déjà faits dans un des réfrigérateurs. ils finiront pas avoir faim, sous l'emprise de l'adrénaline, sous l'emprise des stupéfiants. peu importe. il prend. c'est gratuit hein. c'est gratuit, parce qu'ils l'ont décidé ainsi. elle s'approche. cette sucette en forme de coeur, qui lui fait décrocher un doux sourire alors qu'il se rapproche d'elle pour voler un baiser. prend, moi j'ai déjà trouvé pas mal de choses pour qu'on puisse se nourrir et le foie, et l'estomac. du moins, ce qu'il lui reste lui de ses organes, parce que pour le moment c'est pas franchement gagné. silène et ses yeux brillants, c'est l'entente d'alarme provenant de la police au loin que robin décide qu'ils doivent s'en aller. même si à new york, ce son au beau milieu de la nuit c'est pas franchement inquiétant. ils peuvent pas prendre le risque de tomber, hein. alors. dans un sourire et un énième rire, deux âmes courent au beau milieu de la rue et les bras pleins. ils tournent, à droite, à gauche. ils tournent sans s'inquiéter jusqu'à se retrouver dans un endroit complètement neutre. on s'arrête là. où on va dans un endroit particulier ? genre chez lui. genre chez elle. robin vient de contrôler ce moment là, il laisse désormais les cartes à ce qu'il peut considérer la femme de sa vie. ou. le démon. peu importe comment il voit les choses. il tient à elle. plus fort que tout.

robin a la sensation d'être heureux. pas à cause de la drogue qu'il a ingurgité dans la soirée. mais la présence de silène est magique sur son corps ; elle ressort tout ce qu'il y a de plus beau en lui. pas grand chose, mais assez pour qu'il vive encore et qu'il se sent réellement bien. ce n'est qu'éphémère. demain est un autre jour, demain silène disparaîtra probablement dans la tempête d'un monde qu'il n'apprécie guerre.
alors à la place, autant apprécier ce second temps. celui où il est en droit de glisser ses lèvres sur les siennes. pas pour la chercher, ni la provoquer, mais par besoin d'entendre son coeur battre, son coeur vivre. il respire mieux quand elle est là. ses organes fonctionnent, tout va bien, dans le meilleur des mondes. alors... oui. autant savourer ce qu'il se passe au lieu d'attendre que les choses cassent. un baiser qui prend fin, par manque de souffle, pas par manque d'envie. il inspire un bon coup, ne la quitte pas des yeux. elle est belle, silène. et elle sait ; elle sait qu'il est prêt à tout pour elle. qu'il pourrait tuer, se battre, et mourir même, s'il fallait lui sauver la vie. il userait de ses sept vies, pour la seule et unique personne, sans avoir l'impression de remettre en question ses pensées incohérentes, sans écouter les autres qui ne cessent de lui dire d'ouvrir les yeux, de se bouger, et bon sang... de se détacher de l'emprise de cette femme. tout est particulier, quand je vis les choses avec toi. ses doigts serrent les siens, il la suit vers cet appartement qu'il ne connait que trop bien, finalement. ses pulsions cardiaques s'emballent à nouveau, son corps tremble presque face à ce qu'il peut se passer. lui faire l'amour, ou, profiter seulement de ses bras et de ses lèvres. peu importe la suite des événements, il prend tout, il veut tout, tant que silène est consentante dans ce qu'elle veut bien lui apporter. c'est réciproque. au cas où elle ne le sache pas. même si son corps, ses yeux, tout parle pour lui dès qu'elle est dans les parages. la drogue commence à quitter son corps, peu à peu, mais il s'en fiche ce soir. ne réclame pas un tant soi peu de poudre, rien. juste un besoin de la retrouver, de s'enfermer dans une bulle plus ou moins destructible, mais... mais à la fois un mélange de douceur qu'il ne ressent qu'avec elle. le trajet se fait sous leurs doigts qui ne se quittent plus, sous les sourires et les yeux brillants, bien que le silence est présent mais pas dérangeant. robin se laisse tomber sur le canapé dès qu'ils sont chez elle, sans lâcher silène des bras, après avoir posé les nutriments volés sur la table, juste en face d'eux. c'est quoi le programme, maintenant ? qu'elle le guide. qu'elle lui dise. il a pris assez les devants pour ce soir. c'est à silène de récupérer les cartes. qu'elle dise ; qu'il fasse.

il est foutu robin. accro à cette fille qui le rend fou, à un moment, il va finir par sombrer après l'énième abandon. il va finir par s'enfoncer dans les sbires du noir, et ce sera trop tard. et quoi ? silène viendra pleurer sur sa tombe ? en sois, elle n'a aucune raison de le faire. aucune raison de venir, devant l'habitacle en pierre où se décomposera ce corps si naze, si pourri. pourquoi pleurer sa parte, quand elle n'a pas voulu rester aussi longtemps dans sa vie ? et quand bien même elle est là, maintenant... demain, ce sera tout autre chose.
mais robin n'a pas envie de penser à demain. il le sait très bien, que ça ne va pas être très beau. il préfère se concentrer sur ce qu'il se passe. comme là ; quand elle vient dans ses bras, après avoir enlevé ce téléphone à clapet qui lui sert surtout pour discuter avec elle. il la réceptionne dans ses bras, sans vouloir qu'elle s'en aille. c'est un automatisme, quand ses doigts jouent avec ses cheveux longs, réclame la suite d'un programme sans savoir jusqu'où ils vont tomber. tant que c'est beau, encore un peu, ça lui va. ça lui permet de moins penser à la frayeur du noir. ses lèvres viennent chercher les siennes, un peu trop souvent. le besoin qu'elle reste contre lui, le besoin de sentir son odeur, son parfum, celui qui le hante pendant son absence. j'ai envie d'une douche. il dit, un peu en rigolant, mais très sérieux. il a forcément honte de se sentir aussi peu propre, avec silène dans ses bras. son hygiène est pas incroyable. ses ongles noirs, qui se baladent malgré tout dans la chevelure de la princesse... ouais. non. elle mérite mieux, on va pas se mentir. viens. il reprend sa main, l'incite à le suivre, il fait comme chez lui mais ce soir, il se sent un peu comme chez lui. il l'emmène jusqu'à la salle de bains. sans souci. glissant ses doigts sur son ventre, pour lui retirer le haut, suivant ses gestes sur cette jupe qui quitte définitivement son corps. sa main, elle, se plonge dans ses cheveux pour retirer son élastique, laissant ses cheveux gras pendre le long de ses épaules. l'eau de cette douche qu'il allume, robin se laisse aller contre l'eau en incitant silène à le suivre. ses doigts viennent, sans perdre du temps, mousser ses cheveux tout en prenant soin d'elle. il se montre extrêmement doux, extrêmement prévenant avec elle. ses lèvres embrassent quelques fois cette peau, mais sans trop en faire. il se savonne à son tour, mais, fait toujours les choses très rapidement dès que ça le concerne. l'eau devient moins trouble, sous le passage de cette mousse. il devrait lui dire qu'il l'aime; non ? non. il dit pas ça. puis à quoi bon ? pour que les mots s'envolent dans le vide ? pour qu'il se retrouve sans une réponse réciproque de sa part ? il se protège comme il peut, alors non, évitons. il ne parle pas. il se contente de ce doux moment, avant de sortir de cette eau, de passer une serviette autour de son coprs, et autour du sien. ils se sont déjà vus sans rien à de nombreuses reprises, alors, reprenant sa main, robin l'incite à le rejoindre sur le canapé. il se blottit contre elle. toujours sans rien dire. parce qu'il n'y a rien à dire, finalement.

un moment doux, un moment important. sous l'eau qui coule, leurs âmes se retrouvent, à la même échelle que ses mains qui prennent soins de silène. ses mains qui frottent le shampoing sur ses longs cheveux, ses lèvres qui frôlent les siennes, tandis que les mains se baladent sans trop en faire. les mains s'en vont, dans une multitude de caresses, jusqu'à ce que l'eau s'éteigne et qu'ils se retrouvent en dehors de cette cabine de douche. ses cheveux, longs, collent sur ses épaules, alors que la serviette est un peu trop petite pour cacher la plupart de son corps. mais ils sont adultes, ils se sont déjà vus dans le plus simple appareil, ce n'est pas si grave.
les caresses dès qu'elle touche sa peau, le sourire devient de plus en plus sincère. la drogue est loin, s'efface de son organisme et il n'en ressent même pas le manque. ses lèvres se rapprochent à nouveau, cherchant les siennes, cherchant la chaleur et le goût qu'il connaît par coeur. il peut. j'aimerai bien. car, s'il dure, ça veut dire qu'elle ne s'en va pas. s'il dure, ça veut dire qu'ils sont ensembles, aujourd'hui et demain. aujourd'hui, et tous les autres jours. et robin vient chercher ses doigts, maître du jeu de la soirée, il vient se glisser dans ses draps à la minute où son corps est plus ou moins sec. sans la perdre une seule seconde, quand ses mains viennent et se baladent sur sa peau et que ses lèvres cherchent réellement les siennes. le voilà, qui s'élance dans l'amour, le plus beau, le plus unique, dès que les gémissements s'entendent au beau milieu de la nuit. il l'aime. il devrait lui dire, mais non. il n'en fait rien. il lui montre avec des gestes, il lui montre en lui offrant. les corps tremblant, les corps qui se laissent tomber sur le matelas, les mains qui ne se quittent pas, sa propre tête qui se blottit contre le creux de son cou. et là. juste comme ça, il se sent bien. il se sent chez lui. là, juste comme ça, il se rappelle des nombreuses raisons de l'importance de cette femme dans sa vie. elle réussit, à elle toute seule. elle réussit à le rendre vulnérable, à le rendre fébrile. mais elle réussit à le rendre humain. pas seulement un déchet, juste un vrai homme.
il l'aime.
il l'aime bordel.
qu's'endormir dans ses bras ça n'a pas de prix. rien. et pourtant... dès qu'il se réveille ? ce n'est pas silène qui s'enfuit. c'est lui. par peur qu'elle le fasse avant lui, il a préféré le faire en premier. acte lâche, probablement, mais acte désespéré. pour mieux se préserver. c'est donc ça, qu'ils feront, éternellement ? se fuir, et se fuir ? pendant combien de temps encore ? parce qu'en s'en allant, là, il n'a pas laissé que des fragments. il lui a laissé son coeur ; tout entier.