music to my eyes (wes)

Le doux souvenir de cette mélodie chantée par cette voix débordante d’amour et de tendresse, une berceuse qui calme même les pleurs les plus turbulents, ce timbre qui l’apaise encore aujourd’hui quand elle le cherche dans ses souvenirs. Les images de sa maman aux yeux azur et le regard qui donne confiance, elle se sentait aimée, d’une pureté inédite, d’une puissance imbattable, elle se sentait validée, en sécurité, un bien-être constant qui décorait ses journées. La douceur elle l’a gardée, ancrée dans son cœur elle ne pourrait s’en séparer, sa mère lui a apprit à vivre la main sur le cœur, pourtant, c’est son départ qui est venu pervertir cette pureté. Son départ qui a déclenché l’avalanche, une solitude trop brutale pour la petite blonde, comblée par des actes futiles, en recherche d’amour constante elle s’est perdue sur le chemin, elle a déviée dans des profondeurs noircies par la haine, dans des recoins sombres aux conséquences déchirantes,
solitude éternelle,
le cœur en miettes, l’âme divague.
Parce qu’elle lui disait de suivre son cœur, sa maman, mais si son cœur est en milles morceaux, lequel doit elle suivre ?
La musique, elle a finit par suivre la musique, l’art en général. Elle s’accroche à la mélodie de son enfance et se retrouve dans la musique, le dessin, la peinture. C’est là qu’elle s’est retrouvée, dans l’art, ses seuls moments d’authenticité, où elle se sent elle-même, notion pourtant bien trop étrangère. Elle dessine, elle peint, elle savoure la musique, comme quand maman était encore là, elle la retrouve à chaque fois. T’as l’impression qu’elle est toujours là, quand t’écoutes les chansons sur lesquelles vous dansiez, quand tu peint des heures en visualisant sa main faire de la magie sur le papier, tu la sens avec toi quand tu fais de l’art, c’est bien ça qui t’fais avancer.
C’est pour ça qu’elle avance, le pas léger dans les ruelles d’un queens calme, le soleil à son apogée, une destination précise en tête. Les choses vraies, elle aime les gens vrais, les endroits vrais, elle aime cette authenticité dans tout ce qu’elle peut trouver, ce disquaire en fait partie. A peine le pied passe la porte qu’elle la ressent, cette vague de nostalgie, entre les vinyles et les lecteurs, elle s’y sent bien, et elle s’y connaît. Puis il y a Wes, le propriétaire, depuis toujours et pour toujours. Aucun doute sur lui, Shellie l’a su tout de suite quand elle l’avait vu pour la première fois, il a un bon fond, il fait parti de ces gens vrais. Tu l’as su parce qu’il ne peut y avoir qu’une personne honnête pour tenir un magasin comme celui là, pour chérir des vinyles et des chefs-d’œuvre musicaux avec tant d’entrain, t’as su tout de suite et t’as été vite sous son charme,
toi et ton cœur fragile,
toi la fille facile.
Mais il est devenu plus que ça, au fil des années, parce qu’il n’est pas juste beau, pas juste charmant. Il est doux et gentil, il est drôle et patient, il a gagné sa confiance, à la petite blonde, la vraie confiance. Alors c’est toujours le sourire au lèvres qu’elle le retrouve, sans même avoir pris le temps de faire un tour de la boutique, en fait elle vient pour la musique et pour lui, même si elle est toujours prête à lui acheter ses dernières acquisitions.
Son visage s’illumine quand elle le voit.
« coucou wes ! » un ton sincèrement joyeux comme il en est rare chez elle, la plupart du temps elle l’invente, cette joie, pour les autres, pour ne pas être désagréable, mais avec lui pas de forçage, avec lui, elle est authentique. « comment ça va ? des nouveautés à me proposer ? » parce qu’elle vient pour lui et pour la musique.

C’est l’authenticité du lieu, le côté vintage, comme une visite dans le passé, comme si elle se rapprochait un peu plus de sa mère, c’est pour ça qu’elle se sent apaisée entre le vinyles et les affiches de vieux groupes musicaux. Les mêmes groupes que sa maman lui faisait écouter, toujours une fan inconditionnelle de la musique d’avant, pas trop dans le présent, shellie a hérité tout ça, quoique plus ouverte à la musique plus récente elle garde une forte préférence pour les groupes de rock d’avant 2000. C’est un des rares liens qui te restes avec ta mère alors t’y tiens beaucoup, la musique et le mannequina, c’est pas pour rien si tu continues les défilé et les shootings, c’est pour elle, parce que si t’arrêtais t’aurais l’impression de l’abandonner, de l’oublier mais tu peux pas te permettre de l’oublier.
Puis dans tout ça y’a Wes,
Wes et sa boutique, sa gentillesse, son charme.
Elle s’est sentie si bien accueillie et aujourd’hui quand elle se sent un peu perdue, loin de sa mère, seule, c’est comme une évidence d’aller le voir dans sa boutique, une bulle loin de la vie parfois trop dure, un peu de calme dans sa vie agitée. Pourtant les paroles du garçon l’inquiète, plus grand-chose de nouveau… le regard qui semble préoccupé, c’est naturellement qu’elle s’inquiète la blonde, parce que ça ne sonne pas comme des bonnes nouvelles.
« je vais bien trouver une petite pépite ! »
elle force la positivité, parce qu’elle n’a pas envie d’être morose dans ce lieu où elle s’est toujours bien sentie, elle préfère garder ce lieu comme un sanctuaire de paix. Mais les paroles qui suivent ont un choc plus important sur la jeune blonde.
« v-..vendre ? »
presque dans l’incompréhension, il lui faut quelques secondes pour accepter ses paroles, elle a du mal à imaginer être la seule cliente depuis plusieurs jours, cette idée la révolte, elle est bien consciente qu’il y a des magasins et des centres plus modernes qui ouvrent aux alentours mais ça ne doit pas mener à la perte des petites boutiques indépendantes ! Cette idée la révolte, la bouleverse. Car t’as du mal à imaginer ce lieu se transformer en un salon de manucure ou un bureau de comptable, t’as du mal à te projeter dans un monde où cette boutique n’existe plus, comme si on te projetai à nouveau plus loin de ta mère, un élément qui te rapprochait à elle qui pourrait disparaître.
« mais attend, non ! Il doit bien y avoir une solution ! »
Derrière sa propre déception elle n’ose pas imaginer comme il peut se sentir lui, à devoir abandonner sa propre boutique alors qu’il y mettait tellement du siens… c’est une évidence pour elle, elle ne peut pas le laisser vendre sans se battre, sans l’aider.
« on doit bien pouvoir trouver de quoi relancer la boutique ! Je peux faire de la promo sur ma boutique en ligne, y’a beaucoup de new-yorkais qui me suivent, ça pourrait attirer ! »
Elle était prête à l’aider sans se poser de questions, parce qu’elle aime trop cet endroit et elle apprécie trop wes pour le laisser vendre ce lieu et laisser tomber ce qu’il aime.