(coloa) ; same old story.

it’s not working so stop fronting
i know you want me let’s start talking.
@ainhoa bellini

Le regard vide, perdu sur les pavés du trottoir. Les mains dans les poches. Le coeur qui tambourine dans sa poitrine et ses doigts qui jouent avec cette clé qu'il a gardée bien précieusement. Il ne pensait pas devoir en arriver là un jour. Il ne pensait pas que ça se passerait de cette façon. Qu'il partirait de la sorte. Qu'il la laisserait derrière lui. Lui qui l'a tant aimé. Qui l'aime tant. Il a dû faire un choix, Cole. Un choix qu'il regrette. Il a fait ça pour son bien, bien qu'il ait agi comme un animal en la quittant de la sorte. C'est son cerveau qui a parlé ce jour-là, non son coeur. Coeur épris par elle depuis deux années et pourtant, il l'a abandonnée du jour au lendemain, égoïstement. Maintenant, il doit avancer. Essayer. Il ne sait pas, quand il retournera sur le terrain. Il ne sait même pas s’il y retournera un jour, le brun. Son boulot a créé une fissure dans son âme et tout son être. Il ne sait comment avancer sans elle. Mais il se doit d'essayer. C'est pourquoi il marche sur ce trottoir qu'il a tant foulé, elle a son bras. Il n'a pas oublié le chemin jusqu'à chez elle, chez eux. Son coeur se crispe, lui fait mal. Il a peur. Peur de la croiser, que son regard se pose à nouveau sur elle. Il veut juste partir. S'enfuir comme un voleur en prenant toutes ses affaires sans devoir à lui faire face. Car il ne sait pas ce qu'il ferait si ça venait à arriver, le militaire. Il a imaginé plusieurs fois des retrouvailles avec sa belle. Il s'est demandé, pendant des mois, comment elle allait, ce qu'elle était devenue. Il se doute bien, Cole, qu'elle doit en lui en vouloir énormément. Après tout, il avait posé le genou à terre. Mais il n'a pas su. Il n'a surtout pas voulu, lui faire de mal. Il ne voulait pas, lui faire vivre la perte d'un fiancé, un marié décédé au combat. Il a préféré prendre le large. Car selon lui, elle méritait bien mieux. Il a l'esprit ailleurs, manque de rentrer en collision avec une personne se baladant sur le même trottoir que lui. Il se confond en excuse et reprend sa route. Le coeur lourd, la tête en vrac. Il finit par arriver devant le bâtiment. Il pousse un long soupir et monte les quelques marches pour, d'une main tremblante, mettre la clé dans la serrure. Un clic se fait entendre et il pousse légèrement la porte. Il n'y a aucun bruit. Ça le soulage, d'une certaine façon. Cole se dirige d'un pas rapide vers leur ancienne chambre et attrape l'un de ses sacs restés là lors de son départ. Il se presse, s’exécute à prendre tous ses vêtements. Mais la porte s'ouvre derrière lui et il sursaute, la militaire. Prêt à agir, à sauter sur l'intrus derrière lui. Mais son regard se pose sur elle. Il a la gorge serrée. La douleur n'est jamais partie. La revoir là, juste devant lui, lui prouve à quel point il a fait le con. Mais surtout, à quel point il en est toujours amoureux. L'ascenseur émotionnel qu'il est en train de subir à cet instant n'a pas encore fini de se jouer de lui. Il le sent. Il est bloqué là, avec elle. Il pourrait faire demi-tour, prendre ses jambes à son cou et partir. Mais il est comme pétrifié et ses yeux, quant à eux, n'arrivent pas à se détacher de cette silhouette tant aimée. « Je -- euh -- » Il ne sait que dire, que faire. Il passe une main dans ses cheveux, essaye de se calmer. « Je -- Je pensais que tu travaillais aujourd'hui. Je -- J'suis juste venu chercher -- mes affaires. » Lui qui a toujours joui d'une aisance dans n'importe quelle circonstance, se retrouve bien bête face à Ainhoa.

quelques mois étaient passés depuis le choc.
quelques mois depuis la violence des mots, depuis la rupture impromptue.
depuis la fin de son monde, l'anéantissement de ce futur qu'elle imaginait si serein.
quelques mois et pourtant, la douleur était toujours là. l'incompréhension aussi. lui tordant les entrailles quand elle se le rappelait, quand elle se rejouait la scène venue d'ailleurs.
pas d'ici, parce que ce n'était pas lui.
transformé dans ses paroles, comme dans son intonation. dans cette aisance à lui faire mal. dans ce détachement face à aux impacts qu'il lui dédiait.
cole, elle avait eu le sentiment de le perdre à ce moment-là. cette autre partie de lui qu'elle ne lui avait jamais connu.
alors les jours passants, elle noyait son chagrin partout où elle le pouvait. se plongeait corps et âme dans son travail, qui était tout ce qui lui restait. s'impliquant plus que de raison dans les épreuves qui jalonnaient la vie de ses patients, pour avoir enfin la sensation de penser à autre chose.
sauf qu'elle ne faisait que se leurrer ainhoa. les coups invisibles mais bien présents ne disparaissaient pas, elle ne faisait que poser un voile dessus, juste quelques instants. et quand revenait le soir, qu'elle retrouvait son antre, qui avait autrefois été la leur, tout lui revenait en rafale.
impossible à gommer, impossible à occulter. même avec la meilleure volonté.
cette existence si bien dessinée était devenue floue. là où elle avait perdu tout ce en quoi elle croyait.
à l'heure d'aujourd'hui, elle n'a de cesse de se battre avec ses armes ainhoa. se débat dans les tourments qui l'encerclent, se refusant à chuter plus bas parce qu'elle porte déjà à bout de bras, les soucis de santé de papa. et l'envol de maman qui pesait encore lourd dans la balance.
le manque de celle qui aurait su l'écouter et la consoler est encore plus criard dans cette période si mélancolique.
les rendez-vous ont pris fin plus tôt ce jour-là. ou peut-être bien que c'était elle qui l'avait demandé. s'accordant un mince répit, une phase de latence.
qu'importe, elle ne se rappelait plus des circonstances exactes.
mais elle était là. à tourner la clé dans la serrure de sa villa. à poser la main sur la poignée qui s'inclinait, dévoilant l'intérieur.
interdite, elle reste sur le pas de la porte. n'effectuant pas un mouvement supplémentaire. incapable de manifester le moindre geste.
parce qu'il est là cole. dans la même pièce qu'elle. sous leur toit d'autrefois. la ramenant dans un passé qui lui semblait si loin déjà.
je -- euh --
il est aussi troublé que toi cole. parce que comme toi, il ne pensait sûrement pas que vous seriez amené à vous recroiser, si rapidement. sans doute qu'il n'avait même pas anticipé une ligne de défense, une façon d'appréhender la situation. une façon de s'en sortir proprement.
quand les dégâts étaient déjà là, on ne pouvait pas en réchapper. autant tenter de les limiter. ses gestes le trahissent, mimant à la perfection la gêne qui l'accable.
elle ne sait comment l'interpréter ainhoa. lui qui était le commanditaire de leur déchéance, semblait ne pas savoir comment y faire face. et en rester coi, au moins autant qu'elle.
je -- je pensais que tu travaillais aujourd'hui. je -- j'suis juste venu chercher -- mes affaires. c'était le cas. j'ai fini plus tôt. parce que t'as un mal fou à reprendre ta vie. t'as un mal fou à le sortir de ton esprit. t'as un mal fou à imaginer ta suite sans lui. t'as un mal fou à panser tes plaies. celles de ton coeur, comme celles de ta tête.
pourtant, elle donne le change. de façon admirable. elle donne le change. tellement que la plupart des gens sont incapables de la déchiffrer.
mais fais comme si j'étais pas là, continue ce que t'avais commencé.
enfin, elle se reprend. enfin, elle pousse la porte de chez elle. enfin, elle se détache de sa silhouette.
et elle tente de régulariser sa respiration. et les battements de ce coeur qui s'affolent, après un instant de flottement.

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sometimes i run, sometimes i hide, sometimes i'm scared of you. but all i really want is to hold you tight, treat you right, be with you day and night. all i need is time.