help me, it's like the walls are caving in ~ bianca

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B i a n c a

Les poils du pinceau sont secs dans sa main moite, elle voulait échapper à ses pensées, échapper à sa prison mentale, s'envoler sur son pinceau et plonger dans les couleurs, s'envoler dans sa fantaisie et échapper à ces pensées qui ne font que la torturer. Mais c'est trop dur, elle le sait Shellie elle le sent, elle se connaît, elle se connaît si bien et pourtant elle n'est toujours pas capable de contrôler son propre corps. Pourtant ça semble pas si compliqué quand on lui dit, faut juste que tu te changes les idées, qu'on lui dit et elle essaie. C'est qu'elle essaie tout le temps, c'est tous les jours un combat au réveil, c'est de trouver la motivation pour se lever et se préparer et avancer un pied devant l'autre et vivre. Tout simplement vivre, c'est déjà assez pour elle. Et parfois elle est bien, parfois en un battement de cils le matin elle sent une douceur dans sa poitrine et elle a un peu moins besoin de se battre et elle sourit un peu plus. C'était pourtant le cas ce matin, comment la situation a-t-elle pu changer si brusquement ? Son humeur avait retourné sa veste sans demander son avis à elle, la petite Shellie, elle n'avait pas son mot à dire.
En réalité c'était son père, il voulait déjeuner avec elle le midi, il lui avait donné une heure, une adresse, c'était un beau samedi pour elle, c'est sûrement pour ça qu'elle s'était réveillée avec cette douceur. Mais fallait qu'il gâche tout encore une fois, fallait qu'elle ait de l'espoir, qu'elle soit toute heureuse à l'idée de manger avec son papa, de retrouver un moment d'intimité peut-être. Elle voulait tellement lui parler de son évolution dans son école, elle voulait lui parler de Jasmine, elle voulait juste lui parler entre père et fille. Mais fallait qu'il gâche tout et qu'il ramène l'autre vermine. Sa femme et son autre fille. Celle qui avait pris la place à Shellie dans son cœur d'homme occupé, trop occupé pour qu'il y ait de la place pour deux petites filles. C'est comme un coup de foudre, mais pas celui d'une idylle, le vrai coup de foudre. Elle frappe la foudre, elle s'abat sur vous et vous n'y êtes pas préparés. Y'avait pas de retour en arrière, la déception n'était que le début de ses tourment, elle n'avait pas pu faire demi-tour, c'était trop tard, fallait qu'elle l'endure ce repas.
Et merde, après tous ses efforts pour se changer les idées la voilà de nouveau à ressasser. Repenser aux mots, aux regards, à ce putain de repas auquel elle n'aura jamais du aller, auquel elle n'était pas réellement voulue. Pourquoi ? Pourquoi l'avait-il invitée ? Elle veut des réponses Shellie, mais elle sait très bien, elle aura beau crier à la lune, elle ne lui en dira pas un mot. Elle ne saura pas et maintenant elle subit les dommages. Putain. Et elle attend, le pinceau à la main, rien ne vient, elle attend et elle ressasse, sa tourne et sa tourne, en boucles les pensées. Elle en peut plus, c'estt trop, cet abandon, ce gouffre en elle. Pourquoi ? Pourquoi il n'en veut plus de Shellie ? Pourquoi préférait-il l'autre enfant ? Pourquoi l'abandonnait-elle ? Mais au fond elle le sait ça, elle sait très bien. Elle ne lui a apporté que des problèmes, elle et ses problèmes, elle et son cerveau mal foutu, ses décisions et ses actions moisies. Elle ne mérite pas l'amour de son père, elle le sait, elle ne le cherche plus vraiment, secrètement, elle espère, elle aimerait, mais elle sait la petite, elle sait que lui aussi, elle l'a perdu.
Le pinceau qui vole à l'autre bout de la pièce, trop. Trop, trop, trop ! Il faut qu'elle sorte, elle étouffe, elle doit respirer, elle doit sortir, elle ne pouvait plus suffoquer sous le poids de sa solitude. Alors d'une force inattendue elle finit par sortir, un Uber devant sa porte, une adresse précise, elle sait. La seule personne qui peut l'aider plus que la peinture, elle sait. Alors elle roule et elle ignore sa compagnie, elle n'entend rien, seulement les battements de son cœur bien trop rapides, bien trop forts, au point qu'ça lui fait mal. Elle en veut plus de ça. Alors elle se tient là, devant cette porte qu'elle connaît que trop bien et elle toque, elle toque sans s'arrêter au rythme de ses palpitations, jusqu'à ce qu'elle retrouve le visage qu'elle cherchait, la porte ouverte, la solitude qui s'envole.
« Bianca... » un souffle de soulagement. Mais la panique revient au pas de course « Oh désolée je débarque sans prévenir ! Je suis désolée... » et si son amie était occupée ? Peut-être qu'elle a de la visite, une fois de plus Shellie s'en veut, trop impulsive, trop égoïste, elle réfléchit pas assez aux autres, une fois de plus.

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Le soleil faiblit, il se couche lentement sur le Queens lorsque la photographe se perd dans le tri de ses clichés du jour. Elle s’évade, à sa façon, oubliant combien le quotidien peut se révéler pesant. Elle s’évade, à sa façon, se détachant pour quelques instants de la noirceur de sa vie. De la noirceur de son âme. Elle s’évade en aventurant son regard à travers les moments qu’elle capture. Et elle ne voit plus que cela. Les mauvaises pensées sont effacées, l’impression d’être toujours un peu plus sale est envolée. C’est pourtant ce que t’es, Bianca. Un produit, une marchandise impure qu’on donne, qu’on échange contre une autre marchandise bien plus dangereuse. C’est ce que t’es, une putain de bombe en explosion au cœur trop vide, trop écorché. Il n’y a que dans son métier, qu’elle trouve la paix. Qu’à travers ce dernier, qu’elle trouve une véritable fierté. Le temps défile et elle ne le voit même plus passer, comme déconnectée de toute forme de réalité, comme déconnectée de ses angoisses et loin de ses fantômes. Ce n’est que lorsqu’elle entend quelqu’un frapper à sa porte, qu’elle revient à elle. Inconnu, invité surprise, elle se lève et se dirige rapidement jusqu’à la porte qu’elle ouvre. Shellie. Son visage s’illumine immédiatement, lorsque ses iris ébènes scrutent celle de sa meilleure amie. Elle est sa meilleure amie, Shellie. Peut-être bien la seule qu’elle possède, en réalité. T’as eu comme un coup de foudre, avec elle, Bianca. Sa vulnérabilité est venue te toucher en plein cœur et l’évidence est née entre vous. Elle avait tellement besoin de toi qu’au final, tu t’es ouverte à elle. Elle ignore tout de tes travers, de la prostitution, mais elle semble lire en toi comme dans un livre. Accepte tes silences soudains. Tes moments de divagation. Elles s’acceptent mutuellement, se soutiennent toujours, se confient l’une à l’autre, et cette amitié est puissante, unique, aux yeux de la brune. - Shellie ! Qu’elle lâche naturellement, spontanément, heureuse de la voir, toujours, même à l’improviste. Mais le bonheur s’estompe vite, lorsque la panique se fait ressentir, dans ses yeux, dans sa voix. Elle la connait, cette panique, Bianca. Elle sait combien sa meilleure amie est fragile. Combien elle peut avoir encore du mal à remonter la pente. - Tu es toujours la bienvenue, tu es chez toi ici… Et ta main vient doucement attraper la sienne pour la faire entrer. Un acte énorme, symbolique, venant de toi qui as du mal à supporter que quelqu’un puisse te toucher. Trop l’habitude d’être un objet. Trop l’habitude d’être utilisée. - Qu’est-ce qui se passe… ? Dis-moi… Pas question de l’abandonner. Pas elle. Pas sa perle. Pas une personne pour qui elle éprouve tant d’amour et d’affection.

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B i a n c a

C’est ce même visage qui l’avait tirée hors du gouffre, alors que la blonde avait perdu goût à toute activité, alors qu’elle avait rendu une courte visite à la faucheuse. Elle n’était alors qu’une enveloppe charnelle vidée de toute émotion, funambule en plein vertige sur le fil de la vie et son contraire. Puis, il y a eu Bianca, sa douceur, son soutien, sa lumière, une main tendue, pour la hisser à la surface et avancer. C’était sûrement son ange gardien qui avait mit la brune sur son chemin, pour pas qu’elle abandonne, pour lui donner un sens à sa vie et ça n’avait pas échoué. Il y avait comme une évidence, Shellie s’est donnée une chance, elle savait bien que Bianca portait des cicatrices, sans chercher à en savoir plus, elle s’est laissé guider par sa bienveillance, si la brune y arrivait, pourquoi elle, elle n’y arriverait pas. Et c’est comme ça qu’a éclot une amitié dans la confiance la plus sincère. Elle n’avait pas peur, Shellie, avec elle, elle pouvait être elle-même, elle n’avait pas peur, pas de honte, pas de culpabilité. La confiance la plus totale, quelque chose qui n’existe pas dans son monde, plus depuis longtemps, mais avec Bianca, si. Ce contact, alors que la main de la brune saisit la sienne, la sort de sa rumination et son regard perdu se plonge dans les yeux de son amie. Aucun mot ne sort de sa bouche, comme un nœud qui endort ses cordes vocales, une anesthésie vocale. Cette main qui une fois de plus la tire, hors de l’eau, hors de la noyade et ses paroles rassurantes, c’est vrai elle s’y sent comme chez elle Shellie.. « Merci. » ce n’est qu’un souffle, mais c’est assez, assez pour qu’elle retrouve sa voix. Son corps s’adoucit, les muscles se relâchent, le poids dans sa poitrine s’allège et elle rentre dans ce loft qu’elle connaît trop bien. Et c’est en avançant qu’elle sent petit à petit l’ambiance que dégage cet endroit, une douceur semblable à celle qui l’occupe, une douceur qui apaise. « C’est… Juste- un soupir s’échappe d’entre ses lèvres et son regard se perd à travers une fenêtre. Mon père. Je l’ai vu aujourd’hui... ». Elle plonge dans le sujet, ça ne sert à rien de tourner autour de pot, elle savait très bien, fallait qu'elle en parle, fallait qu'elle la voit, fallait qu'elle lui parle, fallait qu'elle l'ait elle, Bianca. Si elle avait su, jamais elle n’y serait allée à ce repas, si elle avait su peut-être qu’elle serait venue chez son amie ce soir pour une raison bien plus positive, mais le temps on ne peut pas le retourner. Si seulement on pouvait le retourner. Si seulement on lui laissait une seconde chance pour se rattraper, pour changer les événements du passé. « Toi.. Ça va ? T’étais occupée ? » parce qu’elle est quand même venue sans prévenir et s’il y a bien une chose qu’elle déteste c’est de s’imposer, de déranger, mais au fond elle savait, qu’avec Bianca elle n’avait rien à craindre.

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Son âme, elle est en fragments de morceaux. Elle est éclatée. Elle est fissurée. Son âme, elle est loin de la pureté, loin de la beauté. Mais aux côtés de sa douce Shellie, elle se sent réchauffée. Elle se sent comme apaisée, dans un autre monde, si différent. Dans un monde qui n’appartient qu’à elles. Dans un monde qui accepte l’une comme l’autre. Et peut-être bien que t’as donné un des morceaux de ton âme à Shellie, Bianca. Peut-être bien que tu t’es donnée à elle d’une manière peu conventionnelle. D’une manière dont peu de personnes saines d’esprits sont capables de le faire. Elle lui a tendu la main, sans détour, sans rien n’attendre en retour. Elle lui a tendu la main, Bianca, et en l’aidant, elle s’est aidée elle-même. Un peu. En aidant Shellie à reprendre son souffle, à sortir la tête de hors de l’eau, elle a pu respirer à son tour. Elle a pu respirer en oubliant ses malheurs, l’espace d’un instant. Et leurs cœurs se sont liés, l’un à l’autre et définitivement. Elle n'imagine plus sa vie sans elle. Elle n’imagine plus une vie sans sa meilleure amie. Si bien que son sourire est doux, son sourire est sincère, lorsque sa petite tête blonde la remercie. Parce qu’elle n’a pas à le faire. Parce qu’il n’y a pas besoin de remerciements, entre elles. Shellie trouve sa place dans son environnement, dans celui qui est le sien et qu’elle partage sans la moindre difficulté avec elle. Toujours. D’un signe de la main, elle l’invite à s’installer dans le salon, à s’asseoir sur le canapé, tout en sortant quelques boissons pour l’accueillir comme il se doit. Mais t’as le cœur en lévitation, Bianca, lorsque Shellie évoque son père. Tu sais combien le sujet est sensible, pour elle. Tu te sens déjà envahie de toutes ses souffrances, de toutes ses peines. Tu te sens déjà envahie par tout ce que ressent ta meilleure amie. - Oh… Et… Comment ça s’est passé… ? Un murmure, alors qu’elle s’installe délicatement sur le canapé à ses cotés. Au fond, elle connaît déjà la réponse. Elle sait que Shellie ne sentirait pas si mal, si faible, si tout s’était déroulé pour le mieux. Et tu ne peux que la comprendre, cette fleur délicate, parce que toi aussi, t’as des problèmes avec tes parents, Bianca. Un père absent, une mère camée, et toi toute seule, flottant dans ce triste paysage. Secouant négativement la tête, elle répond naturellement. - Non, non, ça me fait du bien que tu sois là. Tout va bien. Toujours. Sa présence est un cadeau offert par la vie. Un cadeau rare, lumineux dans une vie terne et pleine de douleur.

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B i a n c a

Sa confiance en soi dérobée, aucune estime pour elle même, elle se déteste la petite blonde, elle se déteste au point de s’insulter, au point de regretter ses paroles, ses actions, la seconde où elle les fait. Elle se déteste plus qu’elle ne déteste quiconque d’autre dans ce monde. Pourtant ce n’est pas faute d’avoir eu des succès dans sa vie, signer des contrats avec des marques luxueuse et prestigieuses, être une des meilleures de sa classe, faire des peintures adorées par les internautes, un talent incroyable est enfoui dans cet esprit malsain. Elle devrait s’aimer, elle devrait connaître sa valeur, sa beauté, sa douceur, mais tout ce qu’elle relève chez elle, c’est sa façon d’être maladroite, de dire des choses stupides, de faire fuir les autres. Sauf sa meilleure amie, elle n’a jamais fuit, elle, à l’inverse, c’est elle qui a réussi à faire en sorte que Shellie décide de rester. Lorsque qu’elle se fuyait elle même, sa propre vie qu’elle trouvait si dénuée de valeur. Bianca est venue couler de l’or sur le chemin de son destin, un souffle d’espoir, elle lui a donné une valeur réelle, une raison assez belle pour avancer. Alors elle s’est reconstruite, plus fragile que jamais, mais renforcée par l’amour. L’amour qui lie ces deux filles, fondé sur une confiance telle, que la blonde sait, avec elle, elle est en sécurité, avec elle, il ne lui arrivera pas quelque chose de mal, elle ne se fera pas du mal Shellie, à elle-même, parce qu’elle ne peut pas faire ça à son amie et à leur confiance. C’est pour ça qu’elle est là, chez la jolie brune, noyée dans sa détresse elle a retrouvé sa bouée de sauvetage, sa lumière et alors, ça va mieux, parce qu’elle est en sécurité, maintenant. Assise sur le canapé elle profite de cette douceur, ce sourire qui la calme et elle accepte de se réhydrater, encore fatiguée de cet épisode effrayant. « Tu sais, il m’a invité à manger ce midi et… bah tu sais moi, j’y ai cru moi, j’ai eu de l’espoir, et son regard replonge dans les yeux bruns de son amie posée à ses côtés, regard trahissant la tristesse de son cœur, j’ai cru qu’on allait avoir un repas tous les deux, rien qu’nous... » Son cœur se serre quand elle se remémore la scène, quand elle revoit une table pour quatre non pas pour deux, quand elle revoit les deux autres femmes installées aux côtés de son père. Sa nouvelle famille, son autre famille, celle qu’il préfère. Car il l’a oubliée, l’ancienne, il a oublié, son vrai amour, celle qui est devenue l’ange gardien de Shellie bien des années plus tôt. « Je m’étais fais tant d’espoir. » un espoir trahi constamment. « Puis elles étaient là, l’autre femme et la gosse. » le dégoût s’entend dans sa voix. Une haine enfouie qu’elle n’assume pas, un dégoût qu’elle réprime. Et elle hausse les épaules, elle ne veut pas que les émotions négatives reviennent, c’est juste qu’elle parle, parce que Bianca c’est pas comme une psychologue, elle n’a pas la gorge nouée avec elle, elle n’a pas du mal à dire ce qu’elle a sur le cœur. C’est quelqu’un qui la comprend, jusqu’à son âme, elle traduit ses pensées et ses paroles cachées, c’est tellement facile avec elle. Puis rassurée, Shellie s’arrache quand même un sourire, oui elle est heureuse d’être là aussi. « J’étais pas venue chez toi depuis un petit moment, ça fais du bien ! » C’est facile, avec elle. Leurs âmes compliquées se balancent et c’est simple. Et c’est bien.

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Elle est percutée, de plein fouet, par la vulnérabilité de sa meilleure amie. C’est certainement ce qui a su bouleverser son cœur, dès l’instant où ses iris se sont imprégnées des siennes. C’est certainement ce qui a initié cette si belle amitié, de voir de fleurs différentes, mais tout aussi écorchées. Shellie, elle n’imagine pas une seconde tout ce que Bianca a dû traverser. Tout ce qu’elle a dû faire. Tout ce qu’elle fait encore. Mais la photographe se sent comprise, toujours, à ses côtés. Elle se sent comprise sans avoir besoin de parler. Besoin de tout lui avouer. Et au fond, c’est tout ce qu’elle attendait. Tout ce qu’elle espérait. Parce qu’après le départ de Jeff, après son abandon, t’imaginais pas pouvoir faire confiance à quelqu’un comme tu lui fais confiance à elle. T’imaginais pas pouvoir te lier avec quelqu’un autant que tu t’es liée avec elle. Shellie, elle est ta moitié. Shellie, elle est ton essentielle. Et parce qu’elle est sa moitié, elle la connait par cœur. Elle sait combien sa relation avec son père est un sujet sensible. Elle sait combien l’absence de ce dernier a laissé un trou béant dans son petit cœur si doux, si fragile. Ce qu’elle aimerait pouvoir le combler, ce vide. Ce qu’elle aimerait pouvoir l’envelopper de son amour pour que, plus jamais, elle ne ressente la moindre souffrance. Mais c’est impossible. Parce qu’elle est elle-même trop cassée, Bianca. Tout ce qu’elle est capable de faire, c’est lui offrir une épaule chaque fois qu’elle en aura besoin. Comme ce soir. - Oh… Je comprends… J’imagine que tu devais être déçue… Elle le sent. Elle le voit. Sa meilleure amie espérait un repas en tête à tête, un moment père fille. Et t’as beau ne pas avoir de père, Bianca, t’imagines sans mal combien cela doit être important pour une fille, d’avoir le soutien et la présence d’un père. - Shellie, est-ce que… Est-ce que t’as essayé de lui dire ? De lui dire que tu aimerais bien passer un moment rien qu’avec lui… ? Et cela devrait être évident, certainement, mais la brune n’a pas envie que sa siamoise blonde soit malheureuse, et elle se dit que, peut-être, parler à son père serait la meilleure des solutions. Crever l’abcès, simplement. Ce que t’as jamais su faire avec ta camée de mère, Bianca. - Quant à cet appartement, je t’en prie, viens quand tu veux ! Avant de reprendre dans un doux rire. - Tu devrais même laisser des affaires ici tiens ! Parce qu’elle ne sera jamais de trop, jamais. Ni dans sa vie, ni dans son cœur.

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Incomprise, depuis qu’elle est partie, sa mère. Cette perte qui est venue graver la première plaie dans son cœur endolori, jamais cicatrisée elle n’a fait que se rouvrir année après année, toujours propulsée face à se manque constant. A ça se sont ajoutées des plaies plus profondes, de plus en plus profondes, comme celles qu’elle a finit par se tailler elle même. Quand tu t’infligeait des châtiments sans fin, rongée par la colère et le désespoir t’attendais que tout ce malheur s’échappe et s’évapore de toi, avec ce sang qui coulait trop, pourtant ça n’a fait que le pourrir plus encore, à chaque fois que ça s’refermais tu grattais plus loin encore, t’attendais la satisfaction mais tu l’as jamais eue, tout c’que t’as eu c’est un salut à la faucheuse.
Comprise, enfin, grâce à Bianca. Elle est venue mettre des pansements sur les brèches de son cœur, elle est venue faire passer le temps, parce qu’au fond y’a qu’ça qui guérit, le temps. Mais le temps lui étais bien trop douloureux, à shellie, avant sa présence. Alors elle est venue l’adoucir, sans chercher à savoir pourquoi, comment, elle s’est laissé prendre par la brune, c’était la première à te soutenir, après qu’t’ai fais le pas de trop, la première à te donner de la valeur, alors elle est devenue la plus chère à tes yeux, rien ne compte plus que Bianca, t’abandonnerai tout pour elle, tu n’hésiterai pas pour elle.
Et comme à chaque fois, elle est là la brune, compréhensive du malheur qui bouleverse Shellie, elle lui dévoue son temps sans même chercher à penser à elle-même. C’est ça qui la transcende, à la jeune blonde, ce dévouement, ce pur altruisme dont son amie peut faire preuve, elle l’a vu dès le premier regard, elle l’a su, que Bianca est une bonne personne, une personne profondément brave comme il n’en existe que si peu.
« je suis restée à contrecœur, pour pas manquer de respect tu sais… mais c'était si long et..douloureux. »
Elle se sent mieux en présence de son amie, apaisée par sa douceur et ses paroles, parce qu’au moins elle sait qu’elle compte pour quelqu’un, pour Bianca, il y a au moins une personne qui l’aime réellement et ça la rassure, comme si elle avait sa place dans cette vie.
« c’est que… je sais pas comment... » s’ouvrir à son père est devenu une mission presque impossible depuis sa perte et la trahison qu’elle a ressentie de sa nouvelle vie, au fond parfois elle se dit que c’est peut-être à cause de lui qu’elle a été malade, sa mère. « j’ai juste peur qu’il ne veuille pas… qu’en fait… il ne veuille pas de moi, lui. » ce rejet qui la terrifie, elle le fuit comme elle peut, quitte à perdre les gens qui l’entourent. « je lui ai déjà rendu la vie assez dure... » elle a raison, bianca, parler serait peut-être la bonne chose à faire. Mais shellie elle s'en veut trop de lui avoir craché la mort de sa mère au visage, de l’avoir accusé impunément et d’avoir été, plus tard, un poids lourd plus qu’autre chose.
Mais Bianca arrive toujours à redonner le sourire a la blonde, cet appartement est devenu comme un refuge et elle s’y sent presque mieux que chez elle, parfois. « c’est vrai, je devrais laisser ma brosse à dents ça sera déjà un premier pas ! » ajoute-t-elle avec un sourire qui réchauffe son cœur. « tu sais que c’est réciproque, les portes de mon appartement te sont toujours grand ouvertes ! » parce qu’elle lui a déjà ouvert les portes de son cœur, à sa meilleure amie.

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Des âmes comme la sienne, il y en a peu. Peu, qui parviennent à la toucher véritablement. Peu, qui parviennent à obtenir quelque chose d’elle, qui parviennent à ouvrir les portes si fermées de son cœur. Elle aime, sans jamais se laisser aimer en retour. Elle aime, sans jamais laisser qui que ce soit s’attacher à elle. Phénomène qui empire, chaque jour un peu plus, alors qu’elle s’éloigne du monde, de la vie. Phénomène qui empire, sauf avec elle. Sauf avec une âme aussi douce, aussi pure qu’est la sienne. Elles sont peu, les âmes qui la touchent de cette façon. il n’y a eu qu’elle. Qu’elle et Galatea. Deux personnes profondément marquées par la vie, avec qui elle s’est abandonnée à un peu d’affection, à de la tendresse, à de l’amour. Tu t’es laissée aimer, avec elles, Bianca. T’as accepté de jouer un rôle dans la vie, meilleure amie pour l’une, soutien pour l’autre. Confidente pour l’une, peluche pour l’autre. T’as pris soin de Shellie quand elle en avait le plus besoin, t’as enveloppé Gala de ton amour quand elle en avait le plus besoin. Et si l’une semble perdue aujourd’hui, l’autre est toujours là. Shellie est toujours là, et jamais elle ne cessera de veiller sur elle. Jamais. Promesse faite à son amie, promesse faite à elle-même. Mais la voir malheureuse, c’est encore pire que de l’être toi-même, Bianca. Encore pire que de sentir ton propre cœur se fissurer. Parce qu’elle mérite tout l’amour du monde, Shellie. Elle mérite le monde, tout bonnement. Et si tu pouvais le lui offrir, sans hésiter une seule seconde, tu le ferais. Acquiesçant d’un signe de tête, elle écoute attentivement les confidences de sa belle, avant de reprendre la parole à son tour, d’une voix la plus douce qui soit. - Je sais que tu as peur, mais… Tu es sa fille… Peu importe les difficultés que vous avez traversées, ça ne changera pas, ça. Est-ce que tu parles en connaissance de cause, Bianca ? Toi qui soutien toujours ta mère malgré les horreurs qu’elle te fait vivre au quotidien. - Tu ne sauras pas, si tu n’essaies pas. Petit sourire qui s’installe sur son visage, sans savoir si elle la conseille bien, si elle l’envoie dans la bonne direction. Ce qu’elle désire le plus au monde, c’est son bien. Uniquement son bien. Rien de plus. Et parce qu’elle veut son bien, elle aimerait pouvoir la garder avec elle, comme un trésor à conserver. Elle aimerait pouvoir la garder avec elle pour l’éternité. - Une brosse à dent et tout ce que tu voudras. Un rire, comme ceux qu’elle seule connait, avant de la regarder, pleine d’amour en attrapant ta main. - Merci. Je ne sais pas ce que je ferai sans toi. Et cette phrase, elle peut paraître des plus banales, mais elle est entièrement pensée. A tes yeux, elle est plus sincère que jamais, Bianca. T’as profondément besoin d’elle pour avancer.

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Parfois ça ne suffit pas de trouver refuge dans son propre coeur, parfois ça suffit pas de se poser les questions à elle même, ça ne suffit jamais car elle ne se suffit pas, shellie. Elle n’est plus entière, plus complète, il lui manque une partie de son âme et de son coeur, parties avec la faucheuse à tout jamais. C’est la condition à accepter pour échapper à la fin, pour avoir une deuxième chance à la vie. Fallait qu’elle laisse quelque chose derrière elle, une partie d’elle même. Et depuis tu remet tout en doute, tes décisions, tes actions, tes pensées, comme si t’étais plus maître de toi-même t’as toujours besoin d’être rassurée, d’être affirmée, t’as besoin des autres pour être toi-même.
Besoin de Bianca, sa douceur, son réconfort, sa confiance.
Elle se sent déjà plus légère, plus calme, comme si son problème c’était minimisé par les mots de son amie. Ses mots d’ailleurs qui semblent arracher un poids de sa poitrine, comme une évidence qu’elle avait oublié toute ses années. Sa fille, tu es sa fille, malgré tout ce qu’il y a eu il est ton père, vous êtes liés par le sang, par l’amour familial, et t’as comme un espoir, une étincelle. « c’est vrai.. j’ai juste l’impression qu’il aime plus son autre fille, tu vois, que ça l’arrange parce qu’elle est moins problématique. » son regard inquiet se plonge dans celui de la brune, elle rêve d’un monde alternatif où les deux seraient heureuses loin des souffrances d’une vie cruelle, loin de ce qui pourrait lui faire du mal à elle, sa bianca. Imaginer sa douleur lui donne une étrange haine, une haine contre ce monde qui maltraite les âmes les plus pures, les plus belles, une haine contre ceux qui peuvent lui faire du mal, d’une manière qu’elle n’ose même pas imaginer, elle ne sait pas mais elle ressent, la brisure au fond de son regard et elle aimerait la combler. « il faut que je trouve un moyen d’être seul avec lui, pour pouvoir lui dire ce que j’ai sur le coeur sans être interrompue.. » mais rien qu’à l’idée d’ouvrir son cœur à son père elle a la gorge qui se noue, douleur infaillible elle ne sait plus lui parler. T’as comme l’impression que tout s’est brisé après que maman soit partie, t’as l’impression que t’as pas le droit de l’aimer, t’as pas le droit de lui montrer, ce que porte ton coeur, ce que porte ton âme. « comment c’est possible de ne plus savoir s’ouvrir à son parent ? comment tu fais toi ? » et c'était peut-être la question de trop mais elle cherche la réponse dans le regard de son amie, sans savoir si cette dernière entretien de bonnes relations avec ses parents, en fait, elle ne sait pas même si elle en a des parents encore.
Les rires des deux femmes fragiles se mélangent avec cette mélodie particulière, une sincérité douce et rassurante, l’espoir qu’il existe un futur plus lumineux pour les deux poupées, une vie plus savoureuse. « surtout n’hésite jamais, même si tu es dans une situation que je ne pourrais imaginer, que je ne pourrais comprendre, tu peux toujours m’appeler, peu importe où tu es et quelle heure il est ! » parce qu’elle ne sait pas ce qui la torture à son amie, elle ne connaît pas ses blessures les plus profondes et elle ne cherche pas à le savoir, seulement si la brune s’ouvrait à elle, d’elle même, mais autrement, elle ne cherche pas à forcer des confidences, elle n’a pas besoin de savoir pour l’aider, elle fonce à l’aveugle pour elle, car elle ne doute pas de sa sincérité. « tu m’as vraiment aidé à me calmer, j’avais l’impression que j’allais étouffer, je veux pouvoir t’aider comme ça aussi tu sais. » car il n’y a rien de pire que d’imaginer un monde sans bianca, un monde sans elle serait bien trop froid.

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