calme blanc (romeo)

traits de caractère / écrire ici.

21 octobre 2018, queens.

- allô romeo... ils ont retrouvé ton fils près de la laverie, rentrant de l'école...
- dis-moi qu'il va bien. il va bien n'est-ce pas ? et pourquoi n'est-il pas revenu à la maison à dix-sept heures comme tous les soirs ?
- écoute, romeo...
- il va bien, terry ? passe-le moi, je veux lui parler.
- non, romeo, je...
- qu'est-ce qu'il se passe ?! passe-le moi enfin !

un silence qui paraît une éternité.

- ils l'ont retrouvé sans vie, romeo. une voiture l'a renversé.

le choc. une phrase, d'une violence extrême qui réussit à détruire sa vie en l'espace d'une poignée de secondes. mots comme sons ne lui viennent plus au bord des lèvres, ils partent hurler au fond de mon âme qui, peu à peu, semble se décrocher pour ne plus jamais revenir. le téléphone lui glisse des mains, et alors qu'une infinité de questions morbides se bousculent dans sa tête, sa vision se trouble, faute à un épais brouillard de non-sens gesticulant faiblement face à son regard, perdu et éteint. terry s'exclame à l'autre bout du fil, mais plus rien semble réel à cet instant précis, car son monde prend feu, brûlant d'une vive flambée cavalière.
alors, il saisit d'une main tremblante le téléphone au sol, l'air impassible, et raccroche.

à l'extérieur, c'est comme si chaque regard s'était durci d'une froideur, s'abattant sur romeo pour lui délivrer un lot de culpabilité un peu trop chargé. une foule new-yorkaise, des pas qui s'accélèrent sur un goudron pollué, et des soupirs appelant à la mélancolie du soir. face à ce monde qu'il découvre sous un nouvel œil, c'est comme s'il est déjà en train de périr, là, à entendre battre au fond de soi les cris lestes de la mort qui l'avait frappé il y a cinq minutes dans la désinvolture d'un appel téléphonique.
une porte qui se claque pour affaiblir la peine,
et la folie contractée,
et les regrets amers.
...
devant le miroir, il contemple la laideur de son visage souillé d'une culpabilité monstre, quand dans mon esprit se retracent les images de l'accident entraînant son fils à la mort. son propre fils. c'est trop. que ce monde s'écroule autour de lui tel un château de cartes grossièrement bâti, il n'en a rien à faire. mais qu'on lui retire son unique raison de jouir d'un réel bonheur dans cette vie vécue à contre-courant, il ne le supporte pas, romeo.
ainsi les pleurs n'arrivent plus à être retenus, ils défilent comme fontaine sur ses joues désormais humides. pleurs que ses paupières n'avaient pas sentis depuis des années, lui qui combat habituellement les épreuves de la vie les sourcils froncés plutôt que de s'apitoyer sur son sort à coup de vague à l'âme. une unique question résonne, pourquoi ? le malheur d'un destin trop joueur qu'il mue en une colère grouillant dans les abysses d'un cœur meurtri. il est prêt à tout, romeo, il retournera le pays, morcellera ciel et terre s'il le faut, torturera son esprit avec l'image de son enfant tatoué dans son esprit plus très lucide, mais une chose est sûre : il se vengera.

(uc)