face the sinner inside (aquila)

sahar.
pas femme de l'ennui, davantage femme de la nuit.
elle s'éprend, d'envie et de folie. elle attend, les éclats d'une vie. elle se donne et se noie à l'infini.
tant elle a besoin de briller, d'exister, d'être aimée. admirée et enviée par les pupilles qu'elle sait captiver.
perpétuellement en représentation face à un parterre de monde. un public qu'elle ne prend pas la peine de trier sur le volet, s'accommodant de chaque âme pouvant lui apporter la gloire. c'est le rôle de toute une vie qu'elle entrevoit au pas de chaque porte. une opportunité supplémentaire dans chaque regard qu'elle accroche. toujours faire ce qu'il faut pour apparaître telle la muse d'un artiste même pas encore né.
aquila.
poids plume. la légèreté incarnée quand elle laisse les pas l'emmener.
l'oiseau captif enfin libéré. ce sont les yeux de son alliée qu'elle avait fait briller.
et non, elle n'avait pas su résister sahar. elle s'était laissé embarquer dans ce voyage improvisé. deux jeunes étoiles, seules au monde, qui avait fait danser une rue figée. le choc des mondes, de deux univers. si proche et si éloigné à la fois. quand l'abîmée rencontre la dégénérée. ça percute, avant d'éblouir. et l'évidence la frappe. ses doigts pianotant déjà au rythme de leurs retrouvailles nouvellement orchestrées.

de sahar à aquila, à 22h53.
rejoins-moi au studio de danse.
41-20 queens blvd.
tu seras pas déçue.

elle a l'esprit tourmenté la poupée. elle a le corps en apnée la possédée. puisque quand la musique s'éprend de tout son être, ce sont les mouvements qui l'emportent et font tout disparaître. quand plus rien n'existe autour, c'est comme si elle renaissait. dans une autre vie, dans un autre corps. c'est ce décollage qu'elle réclame ce soir. cet aller sans retour vers une nuit étoilée, un instant d'éternité.
sur les marches de l'endroit, elle se pose. des marches de l'endroit, elle observe le monde qui continue de tourner. la nuit qui semble prendre ses droits et qui noircit chaque kilomètre carré. tu devrais paniquer sahar. toi la jeune femme sans défense qui arpente les quartiers sans craindre pour sa vie. au contraire, c'est un rire qui la prend. venu de nulle part, il permet de tout évacuer. une clope qu'elle attrape au fond de son sac et qu'elle enflamme en attendant la compagnie amie. la fumée qu'elle se plaît à expirer. à la manière d'une enfant, de mille-et-une façons. machiavélique ou enfantine, elle réside là toute la contradiction qui fait rage à l'intérieur. dans les entrailles de ce petit bout de femme complètement dépassée. les minutes s'écoulent au rythme de la mélodie qui se joue déjà dans sa tête. parce qu'elle est sur le pied de guerre sahar. prête à tout donner dans ces quelques pas, qui les rassembleront. qui leur rappelleront ce pourquoi elles vivent. la passion comme unique moteur, la passion qui fait faire tous les sacrifices. ne serait-ce que pour d'infimes secondes de bonheur. le mégot qu'elle écrase alors qu'elle aperçoit la silhouette fantomatique de celle qu'elle attend. le sourire se teinte sur ses lippes, parce qu'elle sait ce qu'elles vont partager. elle sait combien elles vont se sentir voler. s'évader comme à l'accoutumée. sa hauteur qu'elle reprend avant de lui tomber dans les bras. j'ai trouvé le meilleur des endroits pour nous. la salle de danse dont elle rêvait tant sahar. la salle de danse et ses miroirs à perte de vue. l'école qu'elle voulait intégrer. la troupe dont elle voulait faire partie, quel qu'en soit le prix. c'est pour ça qu'elle se vend la barmaid, quand son salaire ne suffit pas à mettre suffisamment de côté pour aller toucher du doigt ce rêve inaccessible. sauf que t'as pas les clés. mais t'es pourtant bien loin de te laisser impressionner. tu vas lui montrer à aquila, qu'on peut toujours se donner les moyens d'atteindre ses objectifs. même les plus fous. surtout les plus fous.

Spoiler:

_________________

i pray to god.
he's like one too many drinks and my intuition starts to sink.
it's like ba-da-da-da-da-da.
your shadows, they follow and they're haunting me.
where'd you go, this hollow soul is lonely.

✧ ✧ ✧
{ face the sinner inside }
crédit/ tumblr✧ w/@sahar batista

Un souffle de plus, et elle se laissait mourir une fois de plus, seringue plantée dans son bras, le cœur qui se laissait envahir de noires pensées, tandis qu’elle cessait de hurler à la mort, dans un esprit tourmenté. Tandis qu’elle rejoignait les tréfonds de ses abysses personnelles, avachie contre le mur de son lugubre logis. Un simple bien pour oublier, oublier le mal de son être. Un simple bien pour oublier, oublier que meg n’était pas là, qu’elle était seule ce soir, qu’elle ne voulait pas être seule ce soir. mais le choix n’était pas là, elle n’était pas capable de se laisser perdre, elle finissait par se laisser périr. C’était comme une bouffée d’air frais, mais un air qui sentait le renfermé, comme si l’espace d’un instant, tout devenait normal. un court instant, alors qu’elle retrouvait bien vite ses esprits, l’effrontée, et qu’elle se refermait, aigle de peu de gloire, pour pleurer doucement. Pour pleurer vivement. Que pouvait-elle faire ? comment survivre à cette nuit ? comment survivre dans ce monde ? elle craquait, inlassablement. Elle craquait, craquelait complètement. Elle avait l’impression de se retrouver happée, elle avait l’impression que le tourment ne cessait jamais, elle ne voulait pourtant qu’une seule chose, oublier. Oublier. Elle ne le pouvait pas. oublier. Elle n’en avait pas le droit. oublier. Qu’elle oublie donc ses rêves. Oublier.
Et une sonnerie qu’elle n’attendait pas, ne pensait pas entendre dans une réalité qui se voulait si nocive. Et pourtant, un regard, un sourire qui rejoignait les larmes, alors qu’elle s’habillait pour sortir, prenait une grande respiration pour avoir le courage d’affronter le monde extérieur, l’horreur extérieure.
parce que sahar, tu l’aimais. Elle n’était pas meg, il n’y aurait jamais que meg dans ce cœur que tu lui avais donné, et qu’elle avait autrefois bafoué, qu’elle avait repris, qu’elle caressai désormais du bout de ses doigts. Mais sahar, tu l’aimais. Pas une amante, mais une maitresse pour la danse, celle qui parvenait à te faire vibrer autrement, qui trouvait toujours l’endroit parfait pour les moments solitaires. à deux. Les moments magiques. Ceux qui pouvaient remplacer la drogue, l’horreur que tu t’injectais. Ceux qui pouvaient rivaliser avec le sourire de meg. et sur les routes, elle se laissait prendre par la nuit convalescente, qui venait la dédommager de ses abus en ne lui donnant que peu de lumière à observer. Un endroit plus dangereux que tout, mais ses iris qui ne savaient pas faire autrement que remercier le ciel, pour une fois. Tandis que son corps tremblait, tandis que ses jambes tremblaient, tandis qu’elle tremblait doucement, sous la fraicheur du crépuscule. Et alors qu’elle parvenait au devant du bâtiment, l’assaut de l’amie vint la dérouter quelques instants, alors que ses bras se refermèrent sur elle. et que tu pus sourire, enfin. Tu n’étais plus seule, pour maintenant. comment tu vas ? question banale, réponse importante, avant de l’écouter lui parler de cette trouvaille. ah oui ? mais… c’est énorme. On a le droit ? le droit d’entrer ? le droit de danser un pas, puis deux, les marches de montées, et la main sur la poignée, mais rien pas de bruit de portes grinçantes, rien. même pas de poignée qui flanche. Rien. comment on entre ? un maigre sourire sur ses lippes, elle qui comprenait enfin que son amie n’avait pas prévu d’autres plans que quelques tours de passe-passe, à moins que la clé ne se trouve dans sa poche et qu’elle attende le bon moment pour la montrer à l’aigle amoché. ce serait bien son genre, elle qui s’amochait parfois avec toi. De te laisser miroiter, de te laisser perdre espoir, et de te sauver avec un petit bout en métal forgé, la clé d’un studio, d’un local, d’un endroit qui ne deviendrait qu’un petit coin tranquille, pour que la danse règne. un règne de droit.

une nouvelle lubie.
tentative de se frotter, encore une fois, à des folies.
besoin de s'abreuver de la vie jusqu'à la lie. de s'inventer un paradis.
parce qu'on lui a toujours refusé de danser jusqu'à tomber. de s'épuiser à force de tournoyer. pourtant, elle voudrait ne faire que voler. se laisser porter et oublier.
oublier que parfois elle a mal. oublier que parfois elle va mal. oublier qu'elle n'est que trop souvent n'importe qui aux yeux de tout le monde. que l'ombre d'une femme dans l'immensité de l'univers.
et ce soir, elle veut vivre sahar. être ivre de vie. danser jusqu'au petit matin. jurer à qui veut bien l'entendre que tout va bien.
et elle sait qui réclamer à ses côtés. sait celle qui, autant qu'elle, saura se laisser aller. parce qu'il n'y a que dans la danse qu'elle trouve son salut. point commun partagé avec aquila.
elle, la voltigeuse d'une nuit d'été. celle qui avait brillé plus fort que les autres, celle qui l'avait touchée. et celle avec qui, elle avait continué. pour une durée indéterminée.
l'enthousiasme la prend, succédant à l'impatience. quand se matérialise enfin la stature de la jeune femme.
t'es persuadée qu'elle pourrait être tellement aquila. qu'elle pourrait toucher les âmes, exceller sur une scène. t'es persuadée qu'elle ne se voit pas à sa vraie valeur. il est des rêves que tu n'arrives pas à frôler du doigt, mais qui a dit qu'elle ne le pourrait pas ?
les bras amis dans lesquels elle tombe, si contente de lui offrir une échappatoire. une accalmie, pas seulement illusoire.
comment tu vas ?
le sourire étire les lippes. soudainement requinquée, soudainement heureuse d'être là et d'exister.
disons que je sais toujours comment ne pas m'laisser couler.
tu pourrais sombrer sahar, te laisser dépasser par tes crises et tes excès. te laisser piétiner et t'écraser pour ne pas en rajouter. sauf que tu sais aussi te remettre sur pied et voir du beau à certains endroits.
fierté dans les pupilles, elle lui dresse le programme des festivités. lui présente l'endroit où elles verront leur passion se raviver.
la salle de danse. le lieu qu'elle voit souvent en rêve, où elle s'imagine un jour pouvoir être admirée et félicitée pour ce qu'elle est, pour ce qu'elle donne. quand à ce jour, elle se contente d'onduler au nez et à la vue de banals clients.
ah oui ? mais… c'est énorme. on a le droit ?
son innocence la toucherait presque. alors elle se tourne et lui offre un regard et un sourire espiègle.
tu vois quelqu'un ici ? c'est pour appuyer ses dires qu'elle fait mine de regarder autour, d'être à la recherche d'une âme qui vive. de quelqu'un qui pourrait leur faire ravaler leurs aspirations nocturnes.
dis-moi aquila... elle commence, en s'approchant d'elle pour fixer ses iris aux siens. t'as jamais transgressé les règles ? t'as jamais... voulu frissonner en te disant que si ça t'était interdit, c'est que c'était encore meilleur ?
sahar, replongée dans ses pires vices. prête à transgresser, à se jeter tête baissée dans ce qui ne lui est pas autorisé.
comment on entre ?
les bons tuyaux toujours en poche. parce qu'elle a l'art et la manière de savoir accéder à tous ses désirs. jamais intimidée pour un sou. la fine pince qu'elle sort de son jean et qu'elle fait miroiter à aquila.
ne m'dis pas que tu n'as jamais vu ça dans des films.
règle d'or. combine maintes fois utilisée. parce que tout le monde s'y était essayé. ne serait-ce que pour vibrer.
la main de l'amie qu'elle emprisonne dans la sienne pour la tirer vers l'entrée. et le petit objet magique qu'elle commence à faire tourner minutieusement dans la serrure. sans négliger de jeter des regards ici et là. cambrioleuse de rue, chercheuse de rêves. pilleuse de bonheur au clair de lune.
les mouvements précis, jusqu'au cliquetis. le miracle prend vie. et la salle s'ouvre à l'appétit vorace de deux gamines qui ne savaient que s'épancher face au reflet d'un miroir.

_________________

i pray to god.
he's like one too many drinks and my intuition starts to sink.
it's like ba-da-da-da-da-da.
your shadows, they follow and they're haunting me.
where'd you go, this hollow soul is lonely.

✧ ✧ ✧
{ face the sinner inside }
crédit/ tumblr✧ w/@sahar batista

Comme un rêve, l’âme qui n’en revenait pas, l’âme qui cherchait le piège, alors qu’elle ne savait se laisser prendre à ce genre de lubies, alors qu’il n’y avait qu’elle pour parvenir à la pousser dans de tels vices, comme celui de se laisser gagner par la danse, dans un lieu qui n’existait pas pour elles, dans un lieu qui n’aurait dû exister que pour elles. le sourire, qui se laissait prendre au jeu, alors que tu l’entendais te répondre, à sa manière. ne te laisse jamais couler, s’il te plait… simple réponse, emplie de sens, qui ne laissait aucune place aux interprétations ? sahar était importante, dans la vie de l’aigle malheureux. Sahar était importante, avait pu être là quand meg ne l’était pas. sahar était importante, l’étoile qui savait la guider, lui faire oublier de prendre sa médecine bien trop peu conseillée, celle qui l’empoisonnait toujours plus, qui défaisait ce que la nature avait tant fait. Médecine malavisée qui la détruisait, lame malhabile qui la saccageait, elle se souillait bien trop souvent, sauf avec sahar, parce qu’elle ne pouvait pas la décevoir, parce qu’elle ne pouvait pas la dégouter, parce qu’elle ne pouvait pas la perdre. cauchemar qui existait dans tes pires nuits, quand la drogue te prenait, quand tu te perdais. Tu avais déjà tant perdu, tu ne saurais envisager de la perdre elle aussi.
Mais elle avait peur de commettre pire, de la laisser l’entrainer dans un crime, et de ne pas la retenir. Elle avait peur de commettre le pire, elle lui demandait si elles avaient le droit, avait l’impression qu’elles enfreignaient la loi, celle qu’elle bafouait déjà tellement d’ordinaire.
Un sourire, quand elle se retourna pour voir si une quelconque âme pouvait les dénoncer. non, mais… mais quoi ? tu n’avais pas peur pour toi, tu n’étais plus rien, depuis que meg t’avait abandonnée. Tu n’avais pas peur pour toi, tu te laissais déjà mourir. Mais pour elle. elle qui méritait tellement plus que ces entrevues nocturnes et illégales pour assouvir sa passion… elle qui méritait d’être vue, d’être applaudie, en vrai… elle, qui méritait de pouvoir sourire sur scène, et non de devoir se cacher sous scène. elle avait peur pour elle, mais elle ne semblait pas avoir peur. comme si elles ne savaient pas s’estimer… et en l’écoutant, le regard de l’aigle vacilla… si… enfin… pas vraiment dans ton sens… un soupir, le corps tremblant, la peur de mal dire ou de décevoir. je… je transgresse les règles tous les jours, sahar… mais pas pour le frisson. Pas pour le meilleur… mais pour le pire… et pour oublier… transgresser les règles pour le frisson, pour vivre, ce n’était pas elle. transgresser les règles, elle ne le voulait pas, elle le devait. Pour pouvoir s’oublier, âme perdue dans un corps en perdition. Pour pouvoir l’oublier, âme dégoûtée qui l’avait laissée sur son lit d’hôpital. Pour pouvoir survivre, âme en pleurs qui ne savait plus vivre…
Il n’y avait qu’avec sahar, qu’elle gardait le contact. Avec la réalité, avec le monde qui l’entourait. Avec sa passion, celle qui aurait pu la faire vivre, si elle avait encore meg.
Il n’y avait qu’avec sahar, que ses vices s’oubliaient pour laisser son âme s’exprimer…
Et en une simple question, elle revenait à cette nuit. Comment entrer, comment profiter ?
En une simple question, elle ne pensait plus à rien. sauf à la danse, au plaisir qui pourrait survenir.
quels films ? tu sais, je n’en voyais qu’avec meg… meg, qui lui avait appris à vivre. Meg, qui avait disparu. Meg, qui l’avait démolie. Meg qui n’avait pas emportée que sa présence, mais aussi ses espoirs de vivre normalement. meg, dont le souvenir était toujours présent, dont le collier était à ton cou pour seule preuve qu’elle t’aimait, qu’elle t’avait aimée, plutôt. mais en la regardant faire, elle sourit doucement. me dis pas que tu vas r… elle ne put terminer sa phrase, que le cliquetis survint. wow ! d’accord, je ne pensais pas que tu pourrais ouvrir ça aussi facilement… un trésor qui semblait se dévoiler à elles, tandis qu’elles avaient désormais le lieux pour elles seules.
Tandis qu’il n’y avait plus qu’à fouler le parquet en sentant la musique agir.
Tandis qu’elle n’avait plus qu’à se perdre dans leur passion commune.

les envies pour seul guide dans la vie.
les lubies qui la poussent à se lancer dans les pires folies.
parce que rien ne la retient jamais vraiment sahar. les limites, elle les a depuis bien longtemps dépassé. les limites, elle a depuis bien longtemps compris qu'elle n'était là que pour brider. pour stopper les esprits trop créatifs, pour avorter les délires trop maladifs. et de cette manière si singulière qu'elle avait de se construire ses propres règles, elle les avait adapté. pour son bon plaisir, pour accéder à tous ses désirs.
depuis, rien ne lui était plus interdit.
et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle le vivait merveilleusement bien. merveilleusement mieux.
t'es trop en marge du reste du monde pour te calquer à un quelconque modèle. comme une entité supérieure, tu te persuades que ce sont les autres qui se modèleront à toi. parce que tu ne réponds qu'à ton seul type sahar. t'es l'unique dans le pareil. l'étincelle dans le noir.
ne te laisse jamais couler, s'il te plait…
tu souris sahar. tu ris dans une mélodie innocente. tes promesses restent muettes, n'étant que poussière. tu te crois capable de te relever de tout, alors que demain tu seras peut-être à terre. là, à te fustiger toi-même, à te reprocher toutes tes propres blessures. à terre, sous tes propres coups, de ton propre chef.
sauf qu'elle n'en dit rien. l'heure n'étant pas à le phase dépressive, plutôt à la phase euphorique. quand elle est celle qui prend les mains et entraîne les autres dans son sillage.
trop souvent, elle avait traîné des pieds devant l'enceinte de cet établissement. à regarder de loin les silhouettes qui se mouvaient. il n'y avait que dans sa tête qu'elle se permettait de les imiter. il n'y avait que dans ses songes qu'elle se voyait étoile d'un ballet.
ce soir, elle se veut tête d'affiche d'un spectacle qui n'est pas. qui prendra pourtant vie sous les pieds de deux jeunes femmes dont le besoin est criard de conter leur vérité.
tu vois combien elle n'est pas aussi désinvolte que toi aquila. tu vois qu'elle hésite à te suivre dans tes transgressions. toi, ça fait si longtemps que t'es loin de ça que tu ne vois plus le mal, ni le danger.
ce pourquoi elle l'interroge. s'étonne de comprendre qu'elle n'avait jamais nagé à contre-courant, jamais roulé à contre-sens.
non, mais…
les sourcils se froncent dans l'attente d'une suite qui ne vient pas. une explication qu'elle retient ou dont elle cherche à attraper la bonne manière de la laisser filtrer. quand il n'y avait aucun besoin de polir les confidences avec la danseuse cachée.
si… enfin… pas vraiment dans ton sens… je… je transgresse les règles tous les jours, sahar… mais pas pour le frisson. pas pour le meilleur… mais pour le pire… et pour oublier…
les interrogations se sont encore plus nombreuses aux abords de ses lèvres. le sens qu'elle ne fait pas, sur le flou qu'elle échappe délibérément.
et tu ne sais pas si elle craint de se confier véritablement ou si elle veut que tu la supplies de poursuivre. tu comprends aussi mal ses envies que ce qu'elle essaie de dire.
évidemment que sahar le fait pour l'adrénaline, pour se sentir vivante. plus qu'elle ne le sera jamais. quand aquila semblait s'engager sur la pente inverse. une pente bien plus glissante.
tu veux oublier quoi aquila ? qu'est-ce que tu transgresses comme règles, et pourquoi tu le fais ?
sa curiosité l'emporte sur tout le reste. sans doute qu'elle n'y met pas les formes, mais l'avait-elle vraiment fait un jour ? elle veut simplement savoir sahar. entendre qu'elles empruntaient toutes deux les mêmes chemins vers une destination totalement contradictoire.
puisqu'à vos ressemblances se mêlaient vos dissemblances. comme un miroir à deux reflets.
s'avançant face à la porte close qui se dressait comme le dernier rempart les séparant de leur rêve ultime, elle se lance dans la manoeuvre. entreprend de faire céder la serrure sous le talent de son doigté.
quels films ? tu sais, je n’en voyais qu’avec meg…
d'un geste indifférent de la main, elle balaie ses paroles et ses précédentes questions.
oublie les films. ce soir, c'est nous les héroïnes.
érigées protagonistes de l'histoire de leur vie. le biopic à la gloire de deux étoiles.
me dis pas que tu vas r… tout juste le temps de lui adresser un regard teinté de malice, et le son tant attendu se fait entendre. puis le sourire victorieux fend les lippes rosées. wow ! d'accord, je ne pensais pas que tu pourrais ouvrir ça aussi facilement…
des années de pratique et une surdose de volonté. qu'elle glisse dans un vulgaire haussement d'épaules. puisqu'à la seule force de notre esprit, on pouvait déplacer des montagnes.
le battant est rapidement poussé, sans négliger de jeter un regard alentour dans le but de s'assurer qu'elles n'étaient pas repéré. rien n'était plus excitant que de frauder au nez et à la vue de tous.
et à cet instant précis, t'es ivre de vie sahar. tu flottes au-dessus du sol. certaine d'être intouchable, invincible. maîtresse de ton destin.
l'interrupteur qu'elle presse pour découvrir l'immensité du lieu. la première salle à droite qu'elle s'approprie. le parquet semble infini. et elle pourrait courir jusqu'à en avoir le souffle coupé. juste pour réaliser. mais pour la danseuse, dont le secret est bien gardé, ce parquet est bien trop précieux. comme un air de ne pas y toucher. à pas feutrés, elle avance et vient empoigner la barre qui longe un miroir à perte de vue. la main glisse, ne fait qu'un avec le bois. et les iris plongés au loin, elle voit. elle voit ce qu'elle pourrait être.
et soudain, elle reprend pied dans la réalité. d'un mouvement, elle va attraper la main de son amie et l'entraîne.
ferme les yeux. les doigts frôlent les paupières, accompagnant les paroles. il n'y a que nous aquila. danse comme si c'était la dernière fois.
vous oublierez les gens, le bruit, les blessures, le monde autour. et les émotions vous posséderont dans une ultime pirouette vers votre paradis artificiel.

_________________

i pray to god.
he's like one too many drinks and my intuition starts to sink.
it's like ba-da-da-da-da-da.
your shadows, they follow and they're haunting me.
where'd you go, this hollow soul is lonely.

» a sweet face oft hides a sinner's heart (ugo)
» Face à Face [PV Jeremiah]
» we bleed the same. (aquila)
» someone out there will find me. (aquila)
» je suis la reine des drames. (aquila)