Brooklyn / follow me to the dark (warston)

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{ follow me to the dark }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Nikolaï Warren

Elle vit dans la peur, Isabella. La peur de savoir que l’on pourrait faire du mal à l’homme qu’elle a quitté mais qu’elle n’a jamais cessé d’aimer. La peur qu’il puisse se retrouver en danger, seul, sans aucun filet de sécurité. Elle a peur qu’il soit démasqué, chaque jour, par ces hommes qu’il a choisi de traquer. Mais elle a aussi cette autre peur, moins facile à avouer, celle qu’il puisse changer. Qu’il puisse, à force de jouer ce rôle de criminel, oublier ses propres limites, les franchir sans même réfléchir. Elle sait combien il est intègre, combien il est quelqu’un de bien. Mais elle sait aussi que la fin justifie souvent les moyens. Elle a été prête, elle, à faire des choses dont elle ne se serait jamais cru capable pour les siens. Elle redoute qu’il puisse dépasser la frontière entre le bien et le mal. Qu’il finisse par se retrouver dans une issue qui lui serait fatale. Elle a peur de toutes ces choses, Isa, mais elle ne les dit pas. Elle se rend bien compte qu’il a besoin de soutien, besoin de sentir que l’on a foi en lui. Et bon sang, elle croit tellement en lui. C’est justement parce qu’elle a confiance en sa pureté qu’elle a peur de la voir se détourner. L’entendre plaisanter sur la question ne risque certainement pas de l’apaiser. C’est même tout le contraire pour l’âme en perdition. – Ne dis pas des choses pareilles, s’il-te-plaît… lui demande-t-elle, lui avouant à demi-mots que c’est loin de la laisser de marbre. Il n’est pas seulement question de son travail. C’est savoir où se placer, savoir quelle personne il est et… non, il ne peut pas devenir cette personne.

tu refuses de perdre sa lumière,
tu refuses de le laisser s’enfoncer dans les ténèbres.

Elle, connaît trop bien ce monde et son obscurité. Il lui est hors de question de le laisser s’y noyer. Elle l’aime trop pour l’accepter. Mais les deux ex évacuent cette conversation trop angoissante pour la belle écorchée. Le seul but de cette soirée est de le pousser à se détendre, le relaxer pour qu’il mieux affronter les jours qui vont arriver. C’est dans cette idée que, dotée des intentions les plus louables, Isabella propose au jeune homme de lui faire un massage. Le contact lui est facile, naturel, peut-être même un peu trop pour un ex. Mais ils n’ont jamais perdu ce lien entre eux, cet instinct qui relie leurs corps comme  une électricité invisible. Il y a l’amour aussi, irrémédiablement, qui ne cesse de la ramener vers lui. Cet amour qui devient si fort qu’elle en oublie toutes les raisons qui l’ont poussée à s’éloigner. Comme si, subitement, plus rien d’autre ne comptait. Ils ne sont pas ensemble, pas vraiment séparés, ils sont dans une bulle de sentiments qu’ils ne cessent d’explorer. Un sourire partagé, la complicité tendrement retrouvée. Elle le fait même rire, quand elle affirme, qu’elle ne le voit aucunement comme un enfant. Rire qui vient réchauffer son cœur d’une drôle de façon. Elle a la sensation de se rapprocher de lui sans l’avoir réellement prémédité. C’est pire encore quand le massage devient plus intime. Lui allongé, elle assise sur lui, son corps à demi-dévêtu sous ses doigts fins. Elle se charge, avec précaution, de masser les points les plus noués de son dos. Tentant d’oublier qu’elle frôle à chaque instant sa peau. Cette peau qui l’a fait frémir, si souvent, contre la sienne. Elle en fait abstraction, Isa, pour mieux l’aider malgré ce troublant malaise.

Ton corps appelle le sien,
et le charme opère sans fin.

Ses mains appliquées continuent de le masser mais sa conscience lui est reconnaissante quand il brise le silence. Elle tente de se focaliser sur la concentration sans interrompre ses gestes parfois plus sensuels qu’ils ne le devraient. Les jeux pas si éloignés, elle essaie bien de les chasser, mais ses doigts s’en rappellent autant qu’elle. Elle sent le corps de Nikolaï se détendre au fil des minutes alors qu’il ose enfin la remercier, à demi-mots, d’avoir choisir de le rejoindre. Un doux sourire apparaît sur les lèvres de la tourmentée, comme soulagée qu’il ait fini par admettre qu’elle a bien fait. – Je serai toujours là pour toi, chaque fois que tu le voudras, même quand tu ne le voudras pas. dit-elle, avec un soupçon de malice dans la voix. Car elle a bravé ses interdictions pour le rejoindre cette fois, et elle le refera. Il ne tarde pas à lui rappeler, d’ailleurs, qu’il n’approuve pas pour autant les risques qu’elle prend. – Je vais tenter de ne pas revenir tous les soirs. Elle ne veut pas être une source d’inquiétude constante. Juste, de temps en temps, être là pour le détendre. Pour lui garder, aussi, un contact avec le monde réel. Il en a besoin mais pour Isabella aussi, c’est nécessaire. Elle est beaucoup trop angoissée, chaque jour, il ne cesse d’occuper ses pensées. Cela lui fait du bien, à elle, comme à lui. Alors elle n’a aucune envie d’arrêter à cause des risques. C’est plus vrai encore quand elle voit combien un simple massage peut lui faire du bien.

Combien il en a besoin,
combien vous en avez tous les deux besoin.

Toujours soigneusement occupée à le masser, l’écorchée vive entend les questions de son ex à son propre sujet. Quelque chose lui dit qu’il a besoin de s’assurer que, elle aussi, elle tient le coup malgré tout. Elle refuse d’évoquer tous les moments d’angoisse incontrôlés. Alors c’est de son petit rayon de soleil qu’elle se met à parler. Peyton, la tête dans les étoiles, de la naissance jusqu’à présent. Un sourire attendri vient se dessiner sur les lèvres de la latina aux paroles de Nikolaï. – C’est la Lune qu’elle finira par décrocher… Sa petite sœur, elle en est tellement fière. Elle et Julius, elle les aime, plus que de raison. Ils sont ceux qui la rattachent à la vie plus que n’importe quoi d’autre en ce moment. Mais sa cadette peut bien l’attendrir, elle arrive aussi parfaitement à la faire rire. À faire rire l’inspecteur aussi qui finit même par se retourner pour plonger ses deux océans dans ses iris. Bien sûr, il se met à son tour à l’imaginer dans une retraite bouddhiste. – Oh, oui, c’est tout à fait mon genre. C’était même déjà dans mes plans. rétorque-t-elle, la voix amusée, avant de secouer négativement la tête, pas sûre d’avoir sa place à un endroit pareil. Toutes ces angoisses et ce nuage noir qu’elle traîne derrière elle effraieraient le plus confiant des moines. Mais cela fait bien rire Nikolaï qui insiste encore davantage. Mais elle est tellement heureuse de le voir rire aux éclats qu’elle le fixe avec son plus beau sourire, Isa. Il lui affirme, soudain calmé, qu’elle devrait y aller. L’amusement laisse place à un trouble qui l’envahit bien trop rapidement alors que ses prunelles s’accrochent plus intensément aux siennes. Ses mains posées sur son torse, son corps sous le sien, elle le regarde s’approcher, l’air presque inquiet. Les battements de son cœur viennent à ralentir alors qu’il lui demande sans qu’elle s’y attende… comment elle pense à lui.

Comme l’homme que tu aimes éperdument,
l’homme qui sait tout de toi mais qui est encore présent,
l’homme qui diffuse en toi la lumière que tu n’as pas,
l’homme qui frôle ton âme du bout des doigts,
l’homme qui occupe chacune de tes pensées,
l’homme que tu devrais repousser mais auquel t’es incapable de résister,

l’homme de ta vie,
celui que t’aimes à l’infini.

Il y a tellement de mots qui lui viennent pour le décrire. Tellement de mots qui sont pourtant incapables de tout retranscrire. Tout l’amour qu’elle éprouve pour lui, dans chaque fibre de son corps, dans chaque fragment de son âme, dans chaque parcelle de son être. Elle l’aime, elle l’aime tellement que, parfois, elle a la sensation que son cœur ne tiendra pas le choc. Qu’il va imploser comme une bombe qui explose. Mais elle ne saurait dire tout ce flot de sentiments qui la submergent chaque fois qu’elle pense à lui. Incapable de parler, la gorge nouée par l’émotion, elle glisse ses doigts délicats contre sa peau dans une caresse fébrile. – Tu es la part de moi qui vit encore. laisse-t-elle enfin échapper dans un faible murmure, comme un secret qu’elle ne devrait pas avouer. Sombre réalité difficile à confier. La vérité, c’est qu’elle a besoin de Nikolaï comme un cœur a besoin d’un battement. Souffle de vie devenu indispensable. Autant que l’oxygène, il lui est vital, au point de mourir à petits feux quand ils ne sont plus tous les deux.

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Elle connaît Nikolaï, elle le connaît par cœur. Elle le connaît trop bien pour ne pas savoir qu’il a la tête sur les épaules. Que, peu importe le rôle qu’il jouera pendant tout ce temps, il sait parfaitement la personne qu’il est réellement. Elle le connaît, oui, mais Isabella ne serait pas Isabella si elle n’était pas aussi inquiète pour le détenteur de son cœur. Âme torturée, qui subit déjà en permanence ses propres démons intérieurs. Elle ne devrait pas être si effrayée, mais c’est la preuve de, ô combien, il peut compter. Combien elle est attachée à lui, combien elle est accrochée à lui. – Non, c’est moi. Je sais que tu plaisantes… et cela, c’est bon signe. et elle le sait en plus. Et cela la rassure un peu plus.

Car cela veut dire qu’il est toujours le même,
toujours fidèle à lui-même,

toujours celui que tu aimes.

Peut-être est-elle un peu trop tendue elle aussi. Même si elle a su canaliser sa panique, gérant son affolement comme un simple moment d’égarement, la peur n’est pas pour autant enfouie. Elle est ancrée en elle, chaque seconde, chaque instant, elle y pense. Elle s’efforce seulement de la retenir, la garder à l’intérieur d’elle, plutôt que la laisser exploser une nouvelle fois. Ce n’est vraiment pas ce dont il a besoin, Nikolaï. C’est même tout le contraire en réalité de ce dont il a besoin. Ce qu’il lui faut, c’est se relaxer et mettre de côté tous ses problèmes, le temps d’une soirée. C’est dans cette optique que la latina commence à le masser. Ses intentions sont innocentes, véritablement, elle veut uniquement le détendre. Mais plus les secondes passent, plus l’atmosphère change pour se faire plus charnelle, plus sensuelle. C’est comme si rien n’avait changé. Comme s’ils étaient toujours ce couple qu’ils formaient. Peut-être qu’en réalité, elle n’arrive pas à s’en séparer. Elle est incapable de se défaire de lui, la preuve, la voilà sur lui, en train de le masser. Elle a la sensation d’avoir du feu au bout des doigts, Isa, chaque fois qu’elle glisse le long de son dos. Chaque fois qu’elle s’enivre un peu plus de sa peau. Elle sent aussi le corps de Nikolaï plus détendu, au fil des minutes, comme envoûté lui aussi par l’instant qu’ils sont en train de partager.

le désir qui t’anime,
son odeur qui t’enivre,

comme une envie de nostalgie,
une envie de lui.

Mais elle se focalise sur ce dont il a besoin. Elle se concentre à lui faire seulement du bien. Elle sent, sous ses doigts fins, les nœuds se défaire un à un. Elle retrouve le corps qu’elle connaît, celui qu’elle a tant de fois désiré. Celui qu’elle continue, malgré elle, de désirer. Reconnaissante envers lui lorsqu’il vient à briser le silence, elle est soulagée de se concentrer sur cet échange. Sur sa voix plutôt que le corps qui lui est offert. Devant ses mots, un tendre sourire se dessine sur ses lèvres. – Je n’en ai jamais douté. Non, elle n’a jamais douté de lui, Isa. C’est d’elle qu’elle doute sans cesse. Elle et sa capacité à aimer. Elle et son mérite à être aimée. Elle doute que le bonheur puisse un jour être véritablement à sa portée. Elle l’a trop souvent connu éphémère, même avec l’homme qui se trouve juste en dessous d’elle. Mais, pas un instant, elle n’a pensé qu’il pourrait un jour la laisser tomber. Comme elle serait incapable de l’abandonner. C’est étrange, cette façon de s’accrocher à lui, même après être partie. C’est étrange cette façon de tenir encore tellement à lui, même après que tout soit fini.

Comme si vos âmes étaient liées,
peu importe ce qui se passait,
elles finissent constamment par se retrouver.

Sinon, elle ne serait pas là ce soir.

Elle ne serait pas venue, elle n’aurait pas pris tous ces risques. Elle ne serait pas en ce moment même ici, en train de le masser, comme si elle était toujours la femme de sa vie. Leurs cœurs brisés, ce sont leurs âmes qui continuent de s’emmêler. Et leurs corps, aussi, qui ne cessent de s’appeler. La jeune femme a même conscience qu’elle lui fera cadeau à nouveau de sa présence. Qu’elle lui reviendra, même s’il s’y opposera. Qu’elle sera toujours là. Un sourire en coin apparaît irrésistiblement sur le visage de la belle alors qu’il réaffirme son sérieux. Elle le sait, la ténébreuse, elle s’en rend parfaitement compte. Mais elle n’en fait qu’à sa tête, il devrait aussi le savoir. – Mais, moi aussi, je le suis. Ou bien tu préfères que je vienne chaque fois que l’idée me vient..? Parce que, si c’était le cas, elle serait toujours là. Toujours. Elle sera là, plus encore après ce soir, parce qu’elle a compris combien elle doit l’être. Combien il a besoin, malgré toutes ses recommandations, de t’avoir auprès de lui. Comme t’as besoin, toi aussi, d’être avec lui. Plus que tu ne peux le confier, plus que tu ne sais te l’avouer. Le contact s’intensifie, comme un incendie qui envahit. Elle tente de faire abstraction du trouble qui l’a submergée, mais la rose abîmée est bien trop sensible à ces proximités.

La luxure comme vice,
Nikolaï comme tentation ultime.

C’est pire encore quand il se tourne soudainement. Dans un geste anodin, innocent. Il se contente de plonger ses prunelles bleutées dans les siennes si sombres. La clarté se perd dans l’obscurité, car c’est ainsi, n’est-ce pas ? La noirceur englobe tout ce qui l’entoure, elle l’engloutit avec une telle facilité. Au point de faire, de lui aussi, une âme damnée. Elle a tant voulu l’épargner, Nikolaï, l’épargner d’elle-même et de ses travers. Mais ils se retrouvent tellement proches, soudain, qu’elle a tendance à l’oublier. Car, d’un sourire, il sait tout éclipser. D’un regard, il sait l’hypnotiser. Le sourire encore sur les lèvres, la jeune femme tente de masquer le trouble intense qui la submerge. – Tu es en train de te moquer de moi… Et cela lui fait un tel bien. Comme si c’était précisément ce dont elle avait besoin. Que, pendant quelques secondes, ils oublient tout ce qu’ils sont, tout ce qu’ils ont été. Qu’ils retrouvent seulement cette complicité, devenant doucement, intimité. Elle se mordille la lèvre lorsqu’elle le voit redevenir sérieux, comme s’il réalisait, ce qui est en train de se passer entre eux. Ses mains toujours posées sur le corps offert à sa vue, Isabella se sent fondre sous ses yeux d’azur. Nullement inquiet, il prend au contraire l’initiative de s’avancer. Approcher jusqu’à elle alors qu’elle est incapable de bouger. Il se retrouve bientôt assis alors qu’elle est toujours installée sur lui. C’est peut-être cette proximité entre leurs corps, c’est peut-être son regard qui glisse du sien jusqu’à ses lèvres, c’est peut-être seulement tout ce manque qui la submerge.

Ou c’est peut-être seulement que tu ne sais plus résister,
pas avec lui, pas quand il est si près.

L’émotion enfouie revient l’envahir alors qu’elle sent sa gorge se nouer. Les aveux confessés, comme un terrible secret. L’impression d’être un petit peu morte, Isabella, depuis qu’elle est adolescente. Depuis qu’elle a vu les siens lui échapper. Depuis qu’elle a subi toutes ces atrocités. L’impression d’être un petit morte, jusqu’à se sentir ressuscitée. Comme une lumière capable de se raviver. Ou c’est juste la sienne, à Nikolaï, qui vient l’éclairer. – Nikolaï… souffle-t-elle comme pour l’arrêter. L’empêcher de parler. Empêcher son corps de vibrer, autant que les battements de son cœur de s’accélérer. S’empêcher de l’aimer. Mais il insiste toujours davantage, se rapproche toujours davantage. Au point qu’elle sente, aux derniers mots murmurés, son souffle chaud la faire frissonner. Il lui impossible de résister plus longtemps, Isabella. Et c’est elle la première qui franchit la limite pour s’emparer de ses lèvres dans un baiser brûlant. Enivrant. Voluptueux et indécent à la fois. Sa main part se nicher dans les cheveux de son ex pour intensifier le baiser. Retrouver le souffle qui lui manquait. Parce qu’elle n’a jamais connu un autre moyen pour se sentir vivante, Isa, jamais un autre moyen que celui d’aimer. L’amour, aussi tortueux qu’il soit, il est aussi la seule chose qui sait la raviver.

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crédit/ tumblr ♛  w/ @Nikolaï Warren

C’est beaucoup trop fort. Tout ce qu’elle ressent, tout ce qu’elle éprouve pour lui, c’est beaucoup trop fort. Quand sa tête s’y refuse, son cœur le demande encore. Et quand elle fait taire son cœur, reste l’appel de son corps. Leurs deux corps, entremêlés, si proches mais si loin à la fois. Il est, toujours, trop loin, Nikolaï. Même quand il lui est si proche, plus qu’il ne l’a été depuis des semaines, il lui manque encore. Toujours plus fort. Elle s’empêche d’y penser, elle l’incite lui aussi à cesser d’y penser. Mais, en vérité, elle redoute terriblement l’instant où elle devra s’en aller. L’instant où ils devront se quitter, alors qu’elle n’a aucune idée de la prochaine fois qu’elle le reverrait. Elle sait pertinemment qu’elle ne peut pas venir le voir tout le temps. Plus elle viendra, plus le risque sera grand. Elle sait, Isa, elle sait tout cela. Mais elle sait aussi la torture que c’est de devoir vivre avec son absence. Garder une telle distance. Il n’y a pas seulement le manque, ce serait même bien plus évident si elle n’avait que le manque à gérer. Mais il y a aussi toute cette peur, cette angoisse qu’elle n’arrivera pas longtemps à canaliser. Ce besoin de s’assurer, par elle-même, qu’il va bien. Elle le devine déjà, dès la seconde où elle sera partie, elle s’inquiétera à nouveau pour lui. Et cela n’ira que de mal en pis. Pourtant, face à Nikolaï, l’âme en peine garde le silence sur toutes ses craintes. Elle ne veut pas gâcher ce moment avec l’homme qu’elle aime. Elle s’efforce, comme elle peut, de le rassurer. Elle tait ses peurs, peut-être un peu trop bien, parce qu’il croit qu’elle prend la situation à la légère.

Si tu savais, Nikolaï,
combien elle est morte de peur chaque fois qu’elle pense à toi.

Les yeux d’ébène se ferment. Juste une seconde, sans que le massage ne s’arrête. Elle cherche ses mots, peut-être pour lui expliquer ses maux. S’il savait, combien, elle a peur pour lui, s’il l’imaginait seulement au lieu de s’inquiéter pour elle et sa vie. Elle n’est pas en danger, Isa, contrairement à lui. Mais il n’y a rien qui lui vient, rien qui n’arrive à franchir ses lèvres. C’est quand il lui demande de le prévenir que la latina finit par acquiescer d’un bref signe de la tête. – Je te préviendrai. assure-t-elle, en espérant que la conversation soit terminée. Là, tout de suite, elle ne fait que remuer les angoisses qu’elle parvient, tant bien que mal, à refouler. La seule chose dont elle peut être soulagée, c’est qu’il semble déjà avoir accepté l’idée qu’elle reviendra. Avec ou sans son approbation, elle reviendra. Car, malgré ses tentatives pour l’en dissuader, il y a une seule chose qu’elle a retenue, Isa. C’est qu’il en avait besoin, peut-être, autant qu’elle, peut en avait besoin. Il l’a dit avec ses mots, mais son corps aussi vient le répéter, chaque fois que les mains de la belle viennent le toucher. Son massage semble le détendre, tellement qu’Isa, elle en oublie son propre trouble. Comme s’il n’y avait que son bien-être qui comptait, comme si c’était tout ce qu’elle voulait… lui faire du bien. Une fois, au moins. À défaut de toutes les fois où elle lui a fait du mal. Mais, plus elle le masse, plus elle sent son trouble qui s’intensifie. Les sentiments jamais bien éloignés, ne font que remonter, aussi intenses qu’autrefois ils étaient. Et si elle parvient à se maîtriser pendant qu’elle est en train de le masser, c’est différent quand il choisit subitement de se retourner. La complicité apparue laisse en quelques secondes apparaître un trouble bien plus intime. Les rires disparaissent, ne restent plus que leurs regards qui se perdent. L’encre noyée dans l’océan. Elle ne sait pas ce qui lui prend. La proximité entre eux, sans doute, trop intense pour qu’elle puisse en faire abstraction. Et puis, cette conversation. Les mots qu’il prononce, le désir qu’il exprime, toujours, de la rendre vivante. Même après tout ce temps. Même après tout ce qu’elle lui a fait. Isabella, elle efface les quelques millimètres qui les séparent encore.

Comme une caresse,
tu frôles ses lèvres,
comme une drogue,
tu t’y accroches.

D’un simple frôlement, le baiser devient bien plus fougueux en quelques secondes. Tout son être semble s’arrêter quand Nikolaï, à son tour, le prolonge. Cela ne dure qu’un instant, comme si elle s’était arrêtée de respirer, pour mieux avoir le souffle coupé. Et les battements reprennent, frénétiques, acharnés. Elle a la sensation que son cœur va exploser. Que tout son corps va exploser. La douce chaleur dans son ventre vient se diffuser dans chaque parcelle de son être. Vivante, elle se sent comme si, elle retrouvait l’autre partie d’elle-même. Elle sent les mains de son ex glisser le long de son dos, par-dessus son haut. Sa peau frissonne déjà alors qu’il ne l’a pas encore touchée. Elle se laisse glisser avec lui, entraînée au-dessus de lui, tous les deux allongés. Elle est incapable d’arrêter ce baiser, elle le choisit à l’oxygène. Comme s’il était plus vital que l’air lui-même. Chaque fois que leurs lèvres se séparent, juste de brèves secondes, elle capture les siennes sans attendre. La main, puissante mais douce à la fois, de Nikolaï remonte le long de sa colonne vertébrale pour se nicher dans ses cheveux encore relevés. Elle le sent en même temps glisser sous son haut, à même sa peau. Une vague d’émotions intenses la submerge, juste à son seul contact, juste à cette seule proximité. Ses prunelles noires d’envie viennent se perdre dans ces océans eux aussi assombris alors qu’il vient lui murmurer… qu’elle est vivante, elle aussi. – Montre-le moi. souffle-t-elle à son tour contre ses lèvres avant de les capturer dans un autre baiser enflammé. Ses doigts délicats viennent en même temps caresser la peau qu’elle a déjà eu la chance de retrouver. Mais elle ose, à nouveau, d’une manière bien opposée. Cette fois, elle ne tait pas ses envies, elle ne retient pas son désir. Elle laisse le feu se raviver en elle, pour mieux la consumer, pour mieux faire renaître leur amour cendré.

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Il suffit d’une fraction de seconde. Un regard, un sourire, une parole. Il suffit d’un frôlement, le temps d’un battement de papillon, pour qu’elle retrouve son corps. Ce corps, ce cœur, cet homme tout entier qu’elle est incapable de se résoudre à oublier. Cet homme qu’elle aime plus qu’elle ne l’a jamais fait. Cet homme qui détient un drôle de pouvoir sur son cœur. Cet homme, son âme sœur. La sensation qu’il peut faire exploser son palpitant, tant il agit sur lui frénétiquement. Comme une piqûre de rappel, plus intense que toutes les drogues qui peuvent exister. Plus violente que toutes les substances qu’elle peut imaginer. Comme une camée à l’amour, elle replonge comme si elle n’avait jamais arrêté. Comme un shot à l’amour, jusqu’à l’overdose de ce trop-plein d’émotions auxquelles elle n’est pas habituée. Car, c’est vrai, c’est bien la cause première de leur rupture. Cette incapacité à accepter autant d’amour. Qu’il ne soit pas seulement un sentiment bénéfique et affectueux venu adoucir son âme d’écorchée vive. Qu’il ait sa dose d’émotions négatives. La rancœur, l’incompréhension, la douleur, la jalousie. Des choses qu’elle ne saisit pas, Isabella, des choses qu’elle a fuies chaque fois qu’elles pouvaient s’immiscer dans sa vie…

jusqu’à lui.

Parce qu’avec lui, tu ne peux pas,
parce qu’avec lui, tu n’y arrives pas,

et tu retombes, si naturellement, dans ses bras.

Le baiser initié, aussitôt prolongé, se fait plus enflammé. Jusqu’à se multiplier. Ils s’enchaînent avec la passion exacerbée, des amants qu’ils ont été, des amants qu’ils seront toujours. Car, avec Nikolaï, pour l’avoir tant espéré, chaque instant passé avec lui est comme un immense privilège qu’elle ne pense pas mériter. Ils s’embrassent avec la fougue inexplorée, des amoureux qui ont fini par se retrouver. Ceux que le manque a trop rongé. Ceux qui ont ont continué d’espérer ce moment qui ne serait peut-être jamais arrivé. Sous ses lèvres, sous ses caresses, elle fond, Isabella, comme neige au soleil. Le cuir frissonnant sous le contact de ses doigts qui glissent contre son corps, elle en voudrait, encore et encore. Le souffle vient à lui manquer mais elle est trop occupée à recouvrir sa peau de ses mains désireuses, ses mains qui se sont tant retenues, mais n’ont plus de raison de résister. Elle savoure la douceur de son torse, son ventre, chaque fragment de lui à sa portée. Et soupire un peu plus sous ses baisers. Les gestes non contrôlés, se font plus instinctifs que jamais. Comme s’ils n’avaient pas oublié.

Comme s’ils ne pouvaient jamais oublier.

Et ton corps reprend vie,
ton cœur se réanime,
ton être entier se ranime.

Comme s’il avait entendu ses maux, ceux murmurés à travers ses mots. Il évacue avec une telle facilité ce vide qui persistait. Ce trou en elle qu’elle ne savait combler. Il souffle sur la braise, de leur amour cendré, la flamme pour la raviver. Et elle se sent vivante, Isabella, elle se sent entière. Elle se sent, à nouveau, pleinement elle. À sa place, dans ses bras, sur ce minuscule canapé, plutôt que partout où elle a été. C’est dingue, l’effet que cet homme peut avoir sur elle. C’est dingue, cette faculté à tout changer en elle. Alors qu’il glisse sa main dans sa chevelure ébène pour la détacher, elle retombe sur les épaules de la belle qui ne cesse pour autant de l’embrasser. Libérée, par lui, comme il sait si bien s’y risquer. Il en profite pour retirer son haut et mieux retrouver le contact de sa peau. Elle se sent revivre, comme une poupée de chiffon qui soudain prend vie. Chaque parcelle de son corps semble submergé par la chaleur qu’il irradie en elle à chacune de ses caresses. Elle ferme les paupières, sous ses baisers brûlants, comme pour mieux savourer le contact de ses lèvres. Contre son cou, puis son épaule, et chaque partie d’elle qu’il peut atteindre. La jeune femme sent la dentelle fine glisser sous ses doigts délicats mais assurés, avant qu’elle ne l’aide à s’en débarrasser. Glissant légèrement sa silhouette frêle sur le canapé, elle se retrouve allongée pour l’inciter à prendre le dessus. Elle a envie de le sentir partout autour d’elle, partout en elle. Envelopper son corps délicat de la puissance de ses bras. L’envelopper, elle, de cet amour qu’il porte pour elle. Elle interrompt les baisers torrides, juste le temps que ses prunelles noires viennent rencontrer leurs siamoises. Elle se damnerait pour ce regard dans lequel elle se noie. Pour ce bleu sombre comme une nuit sans étoiles. – Montre-le moi. répète-t-elle, le souffle déjà plus court, la respiration plus rapide qu’il y a quelques minutes à peine. Ses mains glissent toujours le long de son corps viril, puissant, tellement attirant. Elles le rapprochent d’elle comme si elle avait encore peur de le perdre. Elle a toujours peur de le perdre.

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Incapable de renoncer, incapable de l’oublier.

Comme une musique dont elle connaît chaque note par cœur, comme une chanson dont elle sait déjà chacune des paroles. Elle retrouve ce corps auquel elle n’a jamais su résister, ce corps qui, depuis le début, a le don de la captiver, le corps de l’être aimé. Chaque instant partagé à ses côtés est comme un souffle de vie qui lui reviendrait. Elle n’exagère pas, Isabella, quand elle lui affirme qu’il est cette part d’elle qui vit encore. Elle s’en rend compte, c’est d’autant plus fort, alors qu’elle peut à nouveau s’agripper à son corps. Ce corps grand, viril, puissant dont elle explore chaque fragment comme si elle le redécouvrait. Comme si c’était la première fois, assurément pas la dernière fois. Elle ne peut pas imaginer s’en passer, pas quand il lui offre des baisers aussi enflammés. Pas quand il caresse chaque millimètre de son épiderme avec volupté. Elle a la sensation d’être un trésor sous ses mains expertes, une poupée de chiffon qu’il ramène à la vie. Elle a la sensation d’être, dans le monde entier, la seule chose qui compte. Et Isabella, elle n’a pas souvent le sentiment de compter. Elle ne l’a jamais autant que dans les deux océans de son mal-aimé. Il lui rend toute son importance, en même temps que la lueur de vie qu’il ramène en elle. Il vient à lui prouver ses mots, ceux qu’il a prononcés à peine quelques minutes plus tôt.

Ce n’est pas seulement ton cœur que tu choisis d’écouter,
c’est aussi le sien, plus fort, plus pur, que le tien ne l’a jamais été.

Incapable d’aimer, incapable de correctement l’aimer.

Les doutes sont trop violents dans son esprit tourmenté, les peurs sont plus intenses encore sans qu’elle ne puisse les contrôler. L’angoisse, perpétuelle, laisse place au désir non moins réel. Instant éphémère qu’elle ne pourra pourtant pas oublier. Mais elle ne veut pas le réaliser, elle ne veut pas y penser. Pas maintenant, non, il n’y a que sur lui qu’elle veut se concentrer. Focalisée sur la peau qu’elle caresse irrésistiblement, focalisée sur les siennes qui l’envoûtent terriblement. Elle se concentre sur les battements frénétiques, ceux qu’elle ressent dans son propre cœur, en écho à ceux de son amant. Sur son corps qui glisse contre le sien, sans hésiter, sans réfléchir pour embrasser chaque parcelle d’elle comme si elle était la plus belle. La plus belle chose qu’il a vue, quand il sait, combien elle n’est qu’une âme déchue. Une âme bousillée qu’il tend à réparer, de ses torrides baisers. Elle n’a jamais ressenti autant de choses, Isabella. Autant de sensations, autant d’émotions… autant de sentiments, pour un autre. Elle n’a jamais cru à l’âme sœur, la poupée a l’esprit beaucoup trop rationnel. Mais quand elle le sent si près d’elle, lui redonner vie d’un sourire, d’un baiser, d’une caresse… l’évidence la frappe de plein fouet. Plus réelle que jamais.

Comment tu fais pour rester loin de lui,
comment tu fais pour vivre sans lui.

Incapable de ne pas l’aimer, incapable de rester éloignée.

Elle ne peut même pas se souvenir, là tout de suite, ce qui la tient aussi éloignée de lui. Pas quand elle le sent à nouveau si proche d’elle. Les bouts de tissus s’envolent, les uns après les autres, la laissant bientôt totalement dévêtue. Nue de tout artifice, seule face à ses prunelles assombries, seule face à cette impatience parfaitement transmise. La chaleur dans son ventre se plaît à se diffuser progressivement dans chaque parcelle de son corps au gré des attentions qu’il lui offre. Ses doigts assurés s’emparent de sa chevelure en même temps que leurs homologues viennent agripper sa taille, ses hanches son corps tout entier avec fermeté. Et ses lèvres… ses lèvres ne sont pas en reste. De son cou, il descend lentement contre son buste, ses courbes féminines, sa taille si fine. Il n’épargne pas un millimètre de sa peau qui brûle à son contact comme s’il y créait un feu. Elle a la sensation qu’il y a une éternité qu’il ne l’a pas touchée. Elle laisse un soupir s’échapper de ses lèvres quand il s’attarde sur ses seins, la sensation en elle que c’est son cœur qui est directement atteint. Il ne touche pas seulement son corps, Nikolaï, il frôle son âme du bout des doigts. De ses gestes experts, elle le voit glisser un peu plus loin, arrivant jusqu’à son bassin. La belle relève instinctivement la tête comme pour voir par elle-même ce qu’il s’apprête à faire. Mais dès lors que sa bouche vient l’embraser, elle se laisse retomber, prête à se faire consumer. Le désir si brûlant se transforme en un plaisir évident. Le cœur accéléré, le souffle coupé, la peau enflammée, c’est tout son être qui réagit à ses marques d’affection. Son corps se cambre sous les assauts ardents alors qu’elle ne retient plus ses gémissements. La main, tremblante, vient se perdre dans les cheveux de son amant qui prend littéralement possession d’elle au creux de ses cuisses. Comme pour le sentir un peu plus, comme pour le toucher à son tour.

Incapable de te retenir, incapable de te contenir.

Elle ferme les paupières sous le plaisir fulgurant qui la submerge. De nouveaux soupirs d’extase s’échappent de ses lèvres. Elle est totalement sous son emprise, Isabella, incapable de ne pas réagir. Elle ressent ; elle vit ; comme il y a trop longtemps. Sous son contrôle, toutes les sensations finissent par avoir raison de l’âme échauffée qui a, cette fois, perdu totalement la maîtrise de son propre corps. Et enfin, l’explosion jaillit, pur instant de plaisir. Il arrive à son paroxysme mais, elle n’en a pas fini. Encore essoufflée par l’instant qu’elle vient de vivre, elle attend qu’il lui revienne, qu’il revienne à nouveau pour s’unir. Ses mains glissent déjà le long de son torse pour glisser le pantalon le long de son corps. Sa bouche s’empare en même temps de la sienne dans un baiser vorace… presque sauvage. Elle ne contient plus ses ardeurs, Isabella, elle a besoin de sentir la communion entre leurs deux corps, autant que cette fusion entre leurs deux cœurs. Et qu’enfin, ils ne fassent plus qu’un.