Si tu sautes, je saute. Pas vrai ? Thomella #4

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{ nuits fauves }
crédit/ tumblr ☾ w/@Thomas Farrel

Sa vie est comme un puits sans fond. Elle a essayé, longuement, de s’accrocher aux petites branches qu’elle a pu trouver. Mais, tour à tour, elles se sont toutes cassées. Et elle, n’a jamais cessé de tomber. La chute paraît sans fin alors qu’elle ne demande que cela, en finir enfin. Que sa course effrénée jusqu’aux enfers puisse enfin s’arrêter. Même si c’est sa vie qui doit être stoppée. Seulement, l’instinct de survie doit être encore à demi-présent, car elle n’ose pas. Elle n’ose pas s’enfoncer encore plus bas. Elle se contente de se laisser dépérir, doucement, à petits feux nocifs. Au lieu de simplement choisir de mourir. Ce n’est pas comme si elle n’y avait jamais pensé, Ella. C’est pour les autres, en vérité, qu’elle ne le fait pas. Les rares âmes qui ont su la trouver, celles qui ont la force incroyable de l’aimer. L’aimer, elle, et ses tourments, elle et ses dérives. Elle et toutes ses failles qui l’habitent. Il y a Elio, il y Alejandro. Il y a Opale, Swae évidemment. Et, peut-être aussi que maintenant, il y a Thomas. Thomas qui est là, droit devant elle, à la secouer. À lui rappeler qu’elle doit se battre pour la vie et l’affronter. Thomas, il est comme elle, ou presque. Il a des blessures aussi douloureuses que les siennes, sans doute même pire encore. Il a cette souffrance en lui également, qui détruit son âme autant que son corps. Mais la différence entre eux, la plus grande différence, c’est qu’il a accepté la main qu’elle lui a tendu. Toi, t’en es incapable. Toi, tu gardes la souffrance entre tes entrailles. Toi, t’as si peur de révéler à quel point t’es vulnérable. Pourtant, c’est ce qu’elle commence à faire, doucement. Très lentement. La rose fanée accepte d’ouvrir les pétales qui cachent son cœur blessé. Elle se laisse aller, même, à l’embrasser. Instant aussitôt arrêté, la peur de perdre son amitié. Ses amis, à Ella, ils sont tout ce qui lui reste. Elle refuse de tout gâcher, pas avec eux, pas avec lui. Elle a trop besoin de lui. Son corps encore contre le sien, la tourmentée se recule et le voir soudain se lever. Ses prunelles assombries le suivent du regard sans bouger, comme paralysée. Elle se sent surtout vidée, épuisée de toutes les perles versées. Devant ses mots, la belle garde le silence, plus bien capable de savoir elle-même ce qu’elle pense. Une moins que rien, c’est certainement ce qu’elle est au fond. Elle n’a rien, elle n’est rien. Si demain, elle disparaissait, il n’y aurait que ses rares amis pour la pleurer. Rien pour témoigner du bien qu’elle aurait pu faire, rien pour témoigner de la personne qu’elle n’a jamais laissé transparaître. Celle, pourtant, qu’elle est au fond d’elle. Toujours plongée dans le mutisme, l’écorchée n’en sort que lorsqu’il revient poser ses mains contre ses joues. – Moi… ? Tu veux que je vienne avec toi ? Chamboulée, Ella, elle ne sait comment réagir. Comment accueillir une telle demande. Il la touche, Thomas, parce qu’il paraît avoir tellement confiance en elle. Plus qu’elle ne le mériterait, plus que personne ne l’a fait depuis une éternité. – D’accord, je veux bien… je veux bien venir avec toi. Ses bras finissent par enlacer son cou dans une étreinte. Elle ferme les paupières, savourant les quelques secondes d’accalmie au milieu de la tempête.