amour sanguinaire.

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tu l'as fais. tu l'as fais mais tu n'mesures pas encore l'ampleur de tes mots. tu l'as fais comme si t'étais un d'ces humains qui peuplent ton troupeau. tu n'te rends pas compte que dans le silence que tu viens d'balancer, dans ce vide dans lequel tu viens d'te jeter : on peut entendre ton coeur, cet organe délaissé, battre au bord d'te lippes abimées.

bang. la balle claque dans l'air étouffé des quatre murs de son appartement. mcgrath sursaute, mais le plâtre s'est déjà échoué sur son épaule. la stupeur lui bouffe les rétines lorsque ses mâchoires crispées envisagent la douille qui luit dans le mur défait. il n'a pas remarqué qu'il a arrêté de respirer.
la mort chante encore son écho contre ses tympans. le silence est sourd et il n'entend pas nina faire un pas, ni les rires qui se pressent en bas : il n'y a que cet affront qui résonne. et c'est la voix acide de la blonde qui le fait sortir de sa transe. son buste revient à elle et l'azur de ses yeux s'empresse d'aller étouffer les siens. mcgrath troque ses globes contre les abysses furieuses d'un chien enragé. il voudrait la bouffer. encore. lui faire payer. sa nuque tremble de cette rage qui est sur le point de le faire exploser, de cette force qu'il voudrait insuffler à la dépouille de l'inconsciente qui osa le menacer.
et dans ses yeux, toujours, la violence avec laquelle il voudrait la posséder.

le corbeau s'apprête à se jeter sur le cygne qui n'a ce soir, rien d'apeuré. pas de venin à dégueuler, juste ce cou qu'il jouit soudainement de pouvoir serrer. sauf que la reine s'est mise à ordonner.
et toi, le roi, t'as arrêté ce mouvement meurtrier. tu t'es effarouché qu'elle emprunte à l'amant, son autorité. qu'elle manie avec autant de dextérité cette froideur que même dans tes coups d'reins, tu lui as inculqué. tu contemples, amer, la plaie que tu viens d'ouvrir. et ses larmes s'immiscent, font brûler son coeur fatigué. déforment de douleurs les traits de sa porcelaine. elle est telle que tu la désirais ; brisée.

le glock s'écrase contre le sol -dieu merci que la dernière balle fut déjà tirée- et les poings de la blonde s'effondrent inlassablement sur la poitrine de mcgrath qui semble camper la poussière du parquet. il ne bronche pas, n'fait qu'observer se débattre dans ces yeux, l'horreur et l'heureux.
et soudain c'est avec ses lèvres qu'elle porte le coup de grâce. avec ses griffes qu'elle lacère sa peau nue. et avec cet amour mêlé de haine, qu'elle continue d'ordonner.

tu l'emprisonneras dans tes bras pour l'emmener dans une pièce que tu n'connais pas, qu'tu découvriras en même temps que de tes lèvres, elle ne décrochera pas. et tu finiras de la déshabiller pour poser sur son corps ces rétines qu'elle a envouté. et elle, elle posera sur ton torse une paume pour sentir ton humanité de nouveau s'éveiller. elle ne te calmera pas, nan. elle ne t'apaisera pas. elle prendra ta colère entre ses doigts pour la modeler comme elle le désirera.
et lorsque que tu te seras glissé entre ses cuisses, lorsqu'elle dansera sur tes reins, tu empoigneras ses cheveux d'une main, tu m'appartiens, tu auras le souffle court et la voix rauque. absolument tout de toi, ses boucles danseront sur ton visage au rythme de vos bassins lorsque tu lèveras tes rétines vers elle et elle ploiera l'échine pour frôler ta bouche, m'appartient, que tu souffleras. et elle t'embrassera. car elle trouvera dans ton arrogance les pudiques aveux de tes émois.