feel its warmth. (ewan)

Le moment est beau. Tellement qu’elle se sent presque ailleurs, l’espace d’un instant. Qu’elle se retrouve complètement déconnectée. Ce n’était pas ce qu’elle prévoyait, en l’emmenant ici. Elle ne voyait là rien de plus qu’un moment de folie entre amis. Rien de plus que cela. Il n’en est pourtant rien. Parce qu’à les regarder, tous les deux presque allongés dans l’herbe, ce n’est pas une relation entre deux amis qui transparait, mais bien la fusion complètement incontrôlée de deux âmes faites pour se rencontrer. Et elle sourit. Elle sourit comme si elle n’était pas capable de faire quoi que ce soit d’autre, lorsqu’il est là. Elle sourit, parce qu’à ses côtés elle retrouve toutes les merveilles qu’elle voyait autrefois en la vie. Secouant la tête positivement, elle acquiesce à ses premières paroles, se concentrant finalement sur les suivantes. Sur cette idée de voyage qui traverse son esprit. Qu’est-ce que t’aurais aimé pouvoir partir avec lui, Peyton. T’aurais aimé pouvoir l’entraîner avec toi, au moins une fois. Le sortir de sa zone de confort, prendre le temps de regarder ses yeux briller sous les lumières portugaises, te jeter dans la mer bien chaude à ses côtés encore toute habillée. T’aurais aimé pouvoir lui montrer ce qui fait de toi la femme que tu es aujourd’hui, vivre de ces moments étincelants avec le seul homme capable de te faire sourire pour l’éternité. - Les couleurs partout sur les murs, les transports en commun rustiques, les terrasses à couper le souffle, la mer, les palais et jardins tous plus dépaysants les uns que les autres… Tu voulais un endroit différent de New-York. Différent, avec cette joie, ce bonheur constant qui envahit l’atmosphère dès lors que les pieds frôle le sol de Lisbonne. C’est là-bas, qu’elle l’imagine. Là-bas, qu’elle s’imagine avec lui. Et son regard se perd dans ses yeux océan, lorsqu’il dépose sa main contre son visage, replaçant une mèche de ses cheveux avant de lui déposer une faible caresse, à la fois spontanée et tellement contrôlée. Et ton cœur se serre un peu plus, Peyton. Tu sens ce petite quelque chose qui change en toi. T’oses à peine le regarder et à la fois tu ne parviens pas à te décrocher de lui. Tout ton corps s’agite, intérieurement, à l’instant même où vous entrez en contact l’un avec l’autre. Une seconde, deux secondes, et trois, avant qu’elle ne revienne réellement à elle. Se laissant tomber contre le sol vert, avec Ewan désormais un peu plus au-dessus d’elle. - Enfin, pour qui est-ce que tu me prends ? Si je faisais ça, ce serait uniquement pour mon plaisir personnel. L’air malicieux qui s’empare de son visage, lui laissant croire qu’elle serait capable d’autre chose que de prendre soin de lui, s’il venait à se retrouver ivre. T’es certainement pas la meilleure pour prendre soin des autres, Peyton. Tu ne sais peut-être même pas faire. Mais lui, lui, tu serais incapable de le laisser tomber. - Mais on sait très bien que si je voulais, tu me laisserais faire… Qu’elle rétorque, en riant, totalement dans l’affabulation, alors que sa main vient se poser contre l’épaule d’Ewan. Elle vient s’y glisser, avec un peu plus de douceur, comme si elle cherchait à retrouver le contact avec lui. Le contact tant aimé, quelques secondes plus tôt.

(c) calaveras.

La fraîcheur du soir ne semble en rien gêner le duo affalé dans l’herbe un peu humide, ni le hululement de cette chouette qui brise ce silence qu’on peine à retrouver entre les immenses artères qui traversent tout New York. D’ici, au sommet de cette colline perdue dans un décor idyllique, si on y prête attention, on peut presque entendre les coups de klaxons donnés par les chauffeurs de taxis ou les personnes pressées de rentrer chez elles. Ewan et Peyton sont bien loin de toutes ces préoccupations, couchés l’un à côté de l’autre, insouciants tels des enfants. Le danseur étoile se plaît à contempler les constellations qui se reflètent dans les rétines de la jeune femme qui se trouve trop près de lui pour le laisser complètement indifférent. Il crève d’envie de caresser son visage, mais il n’ose pas. Qu’est-ce qui retient son geste ? Rien, à part la peur de briser la porcelaine, de sentir ses doigts s’enflammer au contact de son derme, d’être incapable de résister aux pulsions qui suivraient, dans la mesure où elles seraient partagées. « C’est vrai… T’aurais dû bosser dans une agence de voyage, tu as raté ta vocation. » soupire-t-il du bout des lèvres, s’imaginant déjà ailleurs avec la jeune femme. Si ça ne tenait qu’à lui, il lui proposerait déjà de commander leurs billets afin de s’envoler vers Lisbonne dans moins d’un mois, mais Ewan ne veut pas brûler les étapes. C’est ce qu’il a toujours fait jusqu’à aujourd’hui, vivant chaque relation avec une intensité inouïe, sans penser aux conséquences. La chute était toujours extrêmement brutale, violente, à tel point qu’il lui fallait plusieurs mois pour se relever. Il ne veut pas tomber à nouveau cette fois-ci, emmenant Peyton dans sa chute. Il sait que la relation qu’il entretient avec elle est vraiment particulière et il ne pourrait jamais se pardonner de l’avoir gâchée. Malgré tout, la tension est beaucoup trop forte pour qu’il n’ait pas envie de braver un interdit. Couché tout contre Peyton, son visage si proche du sien, il s’aventure à appliquer un geste de tendresse à l’égard de la jeune femme. Dès que ses doigts effleurent sa peau, il sent des frissons lui parcourir la main, tout le bras et remonter jusqu’à son cœur, qui s’emballe.  « Pourquoi ça ne m’étonne pas de toi ? » lance-t-il avec un petit sourire malicieux, un rire léger s’évaporant dans les airs. Et les éclats de joie fusent de la gorge de Peyton, qui semble entrer peu à peu dans ce jeu de séduction qu’Ewan est parvenu à installer sans vraiment s’en rendre compte, la main délicate de la jeune femme venant attraper son épaule, comme si elle cherchait à le rapprocher d’elle, à le serrer contre son corps, sans oser forcer le geste. Les joues d’Ewan s’enflamment. Il lève un instant la tête pour repérer un renfoncement où il pourrait abandonner sa bière sans la laisser tomber. Du coin de l’œil, il remarque un petit rocher contre lequel il peut déposer sa bouteille et la laisse là, ayant d’autres projets pour sa paume brûlante. « Parce que tu crois que je te laisserais faire tout ce que tu veux de moi sans rien réclamer en échange ? » lâche-t-il dans un soupir amusé, alors que sa main, libérée de sa boisson, glisse peu à peu vers les hanches de la brune, les épidermes séparés par le tissu du haut porté par la jeune femme. Ses doigts se crispent sur le vêtement pour s’y cramponner, rapprochant son corps du sien dans un geste presque impulsif.

Pando

C’est un tout autre monde, qu’il lui dévoile. Il semble avoir le pouvoir de lui offrir un univers à part, totalement différent de ce qu’elle connait. Un univers sans craintes, sans aucune négativité. Elle ne pense à rien, Peyton. Elle ne pense à rien et elle ne voit même pas ce moment qui bascule vers quelque chose qui n’a plus rien d’amicale. Comme si au fond, c’était une évidence. Comme si cela devait arriver, presque inévitablement. Peut-être que t’as bien trop peur de ce que tu pourrais ressentir pour accepter d’ouvrir les yeux, Peyton. Peut-être que t’as trop peur de tout gâcher avec lui pour envisager quoi que ce soit. Mais ce que tu sens, dans son regard, c’est une tendresse bien plus forte que tout. Ce que tu sens, c’est une affection infinie, un amour infini. Et elle ressent la même chose, de son côté. Cette sensation que, quoi qu’il puisse faire, quoi qu’il puisse dire, jamais elle ne pourrait se détourner de lui. Jamais elle ne pourrait envisager de tirer un trait sur lui. Elle profite alors de tout ce qu’il lui donne, de tout ce qu’il lui offre, des plus beaux moments d’une vie passant par cette complicité démesurée qu’ils partagent pour l’éternité. A chacune de ses paroles, elle ne peut que sourire encore davantage, d’autant plus lorsqu’elle réalise qu’elle a réussi à cerner ses attentes. A trouver la destination qui lui correspond. Plus encore, la destination dont il a besoin. Tu sais qu’il y serait bien, Peyton. Tu sais qu’il pourrait décompresser, vivre sans retenue, là-bas. Tu commences à le connaître, Ewan, pour ton plus grand bonheur. Et il ne suffit que d’une seconde, une seule, pour que son rythme cardiaque ne commence à s’emballer. Il ne suffit que d’une seconde, une seule, pour que la main d’Ewan contre ses hanches ne vienne littéralement retourner son cerveau. Il approche son corps du sien et son regard de biche le contemple. Lui, son visage. Elle le contemple, alors qu’ils sont tous deux allongés l’un près de l’autre. - Ah oui… Et qu’est-ce que tu voudrais, en échange, alors ? Sa voix se fait beaucoup plus calme, comme si elle se retrouvait subitement captivée par ses mots. Captivée par ses yeux d’un bleu transperçant qui ne se détachent pas d’elle. Tu te sens presque un peu perturbée, Peyton, et c’est quelque chose que tu n’avais pas envisagé. Tu te sens perturbée, avec l’impression de ne plus rien contrôler. Tout ce qu’elle sent, c’est qu’elle se sent bien, là, tout contre lui. Elle se sent bien à ses côtés, bien plus encore que lorsqu’ils sont arrivés. Et naturellement, la main de l’artiste vient caresser la joue du beau brun, avec douceur, le bout des doigts glissant contre lui. - On est bien, là. Qu’elle lâche, chuchotant presque, comme si elle avait peur de briser l’instant, briser le moment. Comme si elle avait peur que quelqu’un puisse venir s’immiscer dans leur bulle. Leur bulle, rien qu’à eux.

(c) calaveras.

Peyton lit en lui comme dans un livre ouvert, comme s’il n’y avait plus de cadenas liant les deux couvertures l’une à l’autre, comme si les lignes de sa propre histoire n’étaient pas écrites dans une langue étrangère que lui-même ne comprendrait pas. Non, Peyton, elle comprend tout, elle déchiffre chaque caractère imprimé dans la chair d’Ewan, même ceux qui ne font pas partie du même alphabet que le leur. Et au sommet de cette colline, plus rien ne semble impossible au coeur enchaîné du danseur étoile, lui qui a toujours eu peur de trop s’ouvrir, de trop en dire, de se dévoiler alors qu’il n’aurait pas dû. Mais qu’a-t-il à craindre avec Peyton ? Quand il regarde au fond de ses yeux, il ne voit que des étoiles. Les étoiles du ciel qui se reflètent au fond de ses rétines, et celles qui scintillent dans ses propres yeux à lui. Leurs deux corps sont maintenant fusionnés, couchés l’un contre l’autre, dans l’herbe humide encore glacée du givre de cet hiver trop doux pour les avoir découragé de quitter le bitume pour la nature. La main d’Ewan s’est glissée sur la hanche de la belle, presque trop naturellement, presque sans y penser, comme si ça avait été toujours été sa place, là où elle devait être. Les couches de vêtements sont trop nombreuses, mais il peut malgré tout sentir la chaleur de sa peau perçant les tissus. « Tout ce que tu voudras bien me donner, je vais pas faire mon difficile. » Parce que tout ce qu’elle pourrait lui donner serait au-delà de ce qu’il pourrait espérer. Bien sûr, quelques idées plus précises lui traversent l’esprit, mais il a trop de fièvre pour parvenir à les formuler à voix haute. Il ne peut qu'acquiescer quand elle fait ce constat qui est aussi vrai pour elle que pour lui : on est bien, là. C’est vrai, ça. On est vraiment bien, là. « J’aurais pas dit mieux. » soupire-t-il dans un sourire naissant, alors que sa main quitte la hanche de Peyton pour aller caresser sa joue. Sa paume se love parfaitement contre son visage, comme si elle avait été moulée pour ne faire qu’un avec elle. Ses yeux se perdent quelques instants dans les siens, s’y plongent, s’y noient. Sa vision devient trouble, criblée d’étoiles, toutes celles qui étincellent dans les pupilles de Peyton. Il perd pied, flanche, rompt la distance qui les séparait. Ses lèvres viennent se poser sur les siennes, atterrissent délicatement sur les ourlets de chair dans un frisson qui vient créer une déflagration silencieuse au creux de ses reins. Est-ce qu’il vient tout juste de merder et de ruiner la relation merveilleuse qu’il entretenait jusque là avec Peyton ?

Pando

Un rêve. Elle pourrait presque avoir l’impression de rêver, comme envoutée par cet instant, par la beauté du moment. Comme envoutée par la profondeur des deux yeux bleus inlassablement posés sur elle, venant la caresser avec cette douceur imagée, enivrante, d’un amour sincère. D’un amour qu’elle ne comprend peut-être pas entièrement. D’un amour qu’elle n’imagine pas, ne voit pas, tel qu’il est vraiment. Elle le sait, pourtant, que cette alchimie qu’elle partage avec lui ne ressemble en rien à ce qu’elle connait. A ce qu’elle connaissait. Tu le sens bien, en toi, qu’il est différent de tous les hommes que tu as pu croiser, Peyton. Différent de ceux qui t’entourent, depuis toujours. Et c’est peut-être pour cette raison que t’as tant d’estime pour lui. Pour cette raison qu’à tes yeux, il est un véritable trésor. Lorsqu’il la touche, elle, sa hanche, puis sa joue, elle a la sensation d’être dans les bras d’un ange. Elle ne comprend plus. Elle ne comprend plus ce qui arrive. Cette fusion entre eux, cette magie dans les airs, ce bonheur dans le cœur. Elle ne comprend plus, et bien moins encore lorsque les lèvres d’Ewan viennent se poser contre les siennes. Un baiser. Un baiser qu’elle n’aurait jamais pu soupçonner. Venant de lui, qu’elle considère comme son absence. Lui, qui est devenu, en si peu de temps, essentiel à sa vie. Et ça aurait dû t’interpeller, Peyton, le fait que tu ne puisses pas t’en passer, toi qui sait dire adieu mieux que personne. Mais elle ne voyait qu’un amitié, ne réfléchissait jamais vraiment à cette complicité, peut-être par peur de découvrir ce qu’elle pourrait bien développer. Le cœur qui explose dans sa poitrine alors qu’il n’est plus question d’amitié, alors qu’elle prolonge à la fois naturellement et passionnément ce baiser qu’Ewan a engendré. Elle aime. Elle aime ce qu’elle ressent en elle lorsqu’il la touche, lorsque leurs lèvres se marient dans le plus grand des secrets, sur cette colline abandonnée. Les secondes s’écoulent, mais le temps semble s’arrêter, jusqu’à ce qu’elle réalise. Jusqu’à ce qu’elle réalise qu’il n’y aura pas de retour en arrière. Parce qu’Ewan, tu ne pourras pas le traiter comme les autres, Peyton. Il ne pourra pas être une relation d’un soir, encore moins un sex friend. Et t’es mal, parce que tu ne sais pas faire autrement, ton cœur n’ayant jamais été capable d’aimer. Tu ne sais pas faire autrement que te comporter comme un oiseau libre et volage qui profite sans ne jamais s’attacher. Mais Ewan, t’y es déjà attachée. Les lèvres qui se détachent finalement pour laisser place au silence de l’endroit, à leur silence mutuel, qu’elle brise, finalement, tentant de camoufler ce qu’elle ressent. - Je vois que j’ai encore beaucoup de talents cachés à découvrir en toi… Référence à peine déguisée à ce qui vient d’arriver, et le meilleur moyen pour ne pas avoir à en parler. Parce que tu n’as jamais été en couple sérieusement, parce que t’as pas envie qu’il en fasse les frais, parce que dans ton état ce serait beaucoup trop égoïste, parce qu’il mérite bien mieux que toi.

(c) calaveras.

Il ne cesse de se répéter inlassablement qu'il ne devrait pas tout gâcher avec Peyton, que cette envie impossible à réprimer de l'embrasser devrait lui être interdite, ne devrait même pas traverser son esprit. Pourquoi risquer de faire voler en éclats cette complicité inédite qu'ils ont la chance de partager l'un et l'autre ? Jusqu'à aujourd'hui, alors que toutes ces règles rudement imposées sont sur le point de s'effondrer, il pensait que l'amour lui serait toujours refusé, comme un joyau inaccessible, un présent auquel il n'aurait jamais eu droit. Trop impliqué dans une passion qui le dévore chaque jour de plus en plus, trop dévoué à un métier qui fait de lui son pantin le plus docile, il a toujours dû renoncer aux palpitations du coeur dès qu'elles devenaient trop intenses. Ses relations n'ont jamais survécu aux raz-de-marées qui s'abattaient sur les rives de son bonheur, mettant à mal toutes ses espérances et tous les efforts qu'il s'évertuait à fournir. Mais il est plus en mesure de réfléchir, Ewan, quand ses lèvres viennent rencontrer celles de Peyton, les épousant merveilleusement, alors que tout semble devenir silencieux autour d'eux, comme si la nature elle-même désirait respecter ce moment de magie intense. Chaque parcelle du corps du danseur, chaque centimètre carré de son épiderme, ne devient que flammes et picotements, douceur et chaleur, désir et affection. Il est en train de donner vie à ce qu'il s'était imaginé et pourtant, il a presque du mal à y croire, comme si la sensation qu'il percevait sur ses ourlets de chair n'était que le produit d'un esprit trop fertile. Son coeur palpite, bat la chamade, tambourine, furieusement. L'organe vital manque de se décrocher, jusqu'au moment où leurs bouches se séparent. Trop vite. Malheureusement. Il voudrait happer un nouveau baiser, mais il hésite. Et si Peyton ne voulait pas ? Et si elle s'était forcée ? Et si elle n'osait pas le repousser ? Elle brise finalement le silence. Elle ne semble ni embarrassée, ni déconcertée. Elle doit simplement se demander, comme lui, ce qu'ils vont bien pouvoir faire maintenant. "Mon talent pour intégrer de l'imprévu dans ton programme de la soirée, c'est ça ?" souffle-t-il avec un sourire en se redressant légèrement, parce qu'il serait trop tenté de l'embrasser de nouveau s'il restait à proximité. "C'est toi qui as le talent de me rendre faible, surtout." Il a presque du mal à croire que ces mots viennent tout juste de sortir de sa bouche, et il se pince les lèvres, se sentant soudainement si vulnérable face à elle. "En fait, je vais même finir par penser que tu avais tout prémédité, entre l'endroit isolé et l'alcool..." Détendre l'atmosphère, dédramatiser, ne pas laisser ni le silence, ni le malaise, s'installer, au risque de les voir gangréner cette magie qu'il y a entre eux. "J'ai pas tout gâché, hein, rassure-moi ?" soupire-t-il nerveusement, la voix tremblante de trémolos, alors qu'il craint d'avoir réduit en cendres les prémisses de ce qu'ils avaient construit ensemble. Peut-être qu'il devrait juste changer de sujet, faire comme si tout ça ne s'était pas produit, mais il n'y arrive pas. Sur ses lèvres, il sent encore le contact brûlant de la bouche de Peyton et il ne parvient pas à se débarrasser de ce feu ardent qui brûle au fond de son ventre, et qui lui donne juste envie de balayer toutes ses peurs pour l'embrasser de nouveau, de se défaire de ces chaînes qui le maintiennent prisonnier de l'impossible et le tiennent éloigné du bonheur.

Pando

Elle est de ces filles avec qui tout est simple, de celles qui ne se prennent jamais la tête, qui ne dramatisent jamais aucune situation, qui ne s’agacent en aucune circonstance, mais malgré cela, l’amour reste un mystère à ses yeux. Malgré cela, son cœur reste loin de tous ceux qui ont eu le malheur d’un jour s’attacher à elle. D’un jour vouloir s’approcher d’elle. Avec Ewan, tout a été différent. L’alchimie s’est imposée d’elle-même, cette relation qu’ils n’ont jamais pu nommer, les destins liés entre deux âmes qui n’étaient pas destinées à se rencontrer. Il s’est trouvé là, un beau matin, juste devant toi, Peyton. Et juste sous tes yeux, il a tout changé. Juste sous tes yeux, il s’est révélé être ce que tu attendais. Ce que tu espérais. L’impression d’être toujours envie, quelques brins de folies, il a été cette belle opportunité de s’affranchir de ses chaînes invisibles. Mais bien plus que cela, il est devenu, peu à peu, essentiel à son existence. Un pilier, un trésor, un ami et peut-être bien plus encore. En l’embrassant ce soir, Ewan vient assurément bouleverser le cours de leur relation. Remettre en question touts ces moments passés, les interrogations qu’elle ne s’était jamais posée. Il vient tout bouleverser, tout changer, et elle n’a pas l’impression d’en être dérangée. Peut-être que c’est ce qui te perturbe bien plus encore, Peyton, aimer ce baiser. Vouloir sentir à nouveau ses lèvres contre les siennes, tout en sachant pertinemment que ce n’est pas la chose à faire. Que ce n’est pas la meilleure des choses à faire. Son regard ne parvient pas à se décrocher du sien, son regard parle de lui-même, elle se sent bien, étrangement bien malgré la peur. Elle oublie tout, à cet instant précis. Elle oublie son cœur, elle oublie ses restrictions, elle oublie ce qu’elle a perdu pour se concentrer sur ce qu’il y a de plus beau : lui. Acquiesçant d’un signe de tête, doux sourire aux lèvres à sa première question, elle répond néanmoins à la seconde. - Je ne savais pas que j’avais le pouvoir de te rendre faible. Elle l’ignorait. Elle ignorait qu’elle pouvait lui plaire. Elle ignorait qu’elle pouvait l’intéresser. Et elle découvre tout, aujourd’hui, les étoiles dans ses yeux et la tendresse qu’il semble éprouver pour elle. Et un rire s’échappe de ses lèvres, lorsque les accusations du beau brun parviennent à ses oreilles. - Tu as raison. J’avais tout planifié depuis le départ. Si seulement. Si seulement. Cela aurait été beaucoup plus simple, pour toi, Peyton. T’aurais préféré que ce soit le cas, ta volonté, mais tu n’as rien contrôlé, absolument rien. Et maintenant t’as juste peur de le perdre. T’es juste terrorisée à l’idée de le perdre. Alors lorsque sa question vient raisonner dans son esprit, lorsqu’elle parvient à lire la peur sur son visage, elle esquisse immédiatement un faible sourire et s’approche de lui, de la façon la plus rassurante qui soit. - Non, bien sûr que non, jamais… Ses bras viennent se placer autour de lui, elle l’enlace, le prend contre elle, à la fois pour le rassurer mais également pour ressentir à nouveau cette présence. Sa présence. - Tu me ne perdras jamais. C’est l’évidence, qu’elle déclare, incapable de vivre sans lui.

(c) calaveras.