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 Le poison de tes envies | ft. Ewan

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Message Sujet: Le poison de tes envies | ft. Ewan   Le poison de tes envies | ft. Ewan Empty Jeu 29 Avr - 13:46


Le poison de tes envies

Survivre pour se détruire. C'était là la manière qu'elle avait eu de toujours s'en sortir. Elle survivait aux catastrophes et ensuite, elle vivait pour le regretter. Si elle avait eu la décence de mourir après le décès de sa mère, aucun autre mal n'aurait pu lui être infligé. Mais il y avait eu son père et sa froideur légendaire, Côme et sa trahison épique, James et son impossibilité à devenir celui dont elle aurait dû rêver et Ewen qui lui en avait trop demandé. Il y avait eu trop d'hommes dans la trajectoire de cette femme qui avait pourtant juré de n'en laisser aucun s'approcher de son coeur. Trop d'hommes, des hommes qu'elle avait tous défaits de leurs espoirs pour leur rappeler la dure réalité : Joana Harper n'appartient à personne. Pas même à elle-même.

Triste et dure réalité qui lui traverse les veines pendant qu'elle quitte son lieu de repos. C'est une mauvaise idée de délaisser un lit médicalisé pour aller ainsi se promener dans les rues du Queens. Mais elle sait très bien ce dont elle a besoin en ce moment : un plan. Elle ne peut s'apitoyer sur son sort. On lui a enlevé des espoirs, des espoirs qu'elle n'avait même pas conscience d'avoir. Alors désormais, tous les coups sont permis. Elle a promis. Elle a juré. Déchéance et décadence pour l'empire de celui qui refuse son nom à la pauvre progéniture qui croit dans ses pans.

Elle monte dans sa suite d'hôtel, la préférant à son appartement. Elle a besoin du luxe d'une chambre qu'on viendra nettoyer constamment et des services d'un personnel qui se fera un plaisir de la laisser lui aboyer dessus. Le valet emporte sa petite valise comme si c'était nécessaire. Mais la diva se moque des nécessités. C'est une convenance que d'être ainsi escortée. On lui ouvre sa chambre et elle confirme que cela lui convient. Elle n'est pas élogieuse, elle n'utilise pas des mots comme "parfait" ou "merci". Non, elle tend la main avec un billet dont la somme est ridiculement insultante. Mais ce billet c'est la preuve qu'elle n'est jamais contente. Le gamin reste un moment à la dévisager et alors la voix de la reine des glaces l'empoigne avec violence.  « On prend le billet dans la main de la dame et ensuite on s'en va retrouver ses minables petits collègues au rez-de-chaussée.  »  Elle siffle avec sa voix faussement mielleuse et purement humiliante. Le garçon sursaute et il s'en va, oubliant de saisir le billet qui lui était tendu. Joana soupire en déposant l'argent près de la porte d'entrée et s'en va dans la salle de bains pour se faire couler un remède à ses maux. Dénudée des habits qui recouvraient ses plaies, elle voit son dos meurtri et les cicatrices sur sa cuisse endolorie. Des images de l'attentat lui reviennent en tête et elle sourit. Elle n'est pas traumatisée par la violence de l'attaque ou par le bruit des balles. Non, ce qui l'a traumatisée c'est cette pièce froide à Long Island. Cette pièce où les Marlowe traitaient d'une vendetta alors qu'elle était là à dépérir sur le canapé. Cette pièce où des inconnus se promenaient sans qu'elle ne connaisse leur identité. Et cette inconnue en particulier, cette femme qui lui a tendu un verre d'eau quand cela aurait dû être James. Un haut le coeur la prend aux tripes et elle déverse sa bile dans la cuvette des toilettes. Machinalement, après s'être lavée les mains, elle attrape son téléphone et pianote dessus à l'adresse d'un numéro qu'elle n'a plus contacté depuis un bon moment.

Joana Harper a écrit:
Rejoins-moi au Royal.

Elle ôte ses sous-vêtements et entre dans l'eau dont la chaleur lui brûle l'épiderme. Le bain lui fait un bien fou, l'épure des démons qui ont laissé une trace sur son corps. Des cicatrices, des bleus, des traces du malheur qui l'avilit encore.

Les yeux fermés, elle écoute le vide, le silence tandis que du bout de ses orteils elle bat une mesure dans l'eau. C'est la mélodie de Chopin, une nocturne qui ouvre le deuxième acte de sa dernière pièce. L'actrice est immergée dans ses songes, prête à contacter son producteur pour lui imposer de jouer dès ce soir. Elle a besoin de monter sur scène, d'oublier ses maux en se pervertissant devant un public qui ne verra que le talent et pas la peine. Mais on la déloge de ses pensées. Quelqu'un frappe à la porte. Elle sort de l'eau, s'emmitoufle dans un peignoir en coton que les touristes doivent sans doute voler et s'en va ouvrir à son invité.

« Bonsoir.  »  Sa voix est lascive, sensuelle. Elle l'a appelé avec un motif précis en tête. Elle sait qu'il ne sera pas facile à convaincre mais pour une fois, c'est elle qui a besoin de lui. Elle souffre d'avance de ce qu'elle s'apprête à faire. Mais c'est une évidence : elle n'a plus d'autre issue. Cet enfant, elle doit le protéger. Le protéger de James mais aussi le protéger d'elle et de sa versatile humeur quand elle est confrontée au père.  « Entre.  »  Elle se décale pour le laisser passer. Elle pourrait se prétendre surprise de le voir ainsi rappliquer mais entre eux, il y a toujours eu cette relation de pouvoir où Ewan n'a jamais pu lui résister longtemps. Curiosité ou désir? Probablement un mélange des deux. Sa robe en coton mal attachée, elle ne la referme pas, préférant laisser sa peau quelque peu à découvert. Joana aura besoin de chaque argument pour convaincre Ewan de lui céder dans ce dernier caprice, dans cette folie insensée. « Tu m'as manqué. »  Mensonge éhonté. Elle s'installe sur le canapé, se souciant fort peu de l'imprégner de l'humidité du seul vêtement qui la recouvre. Qu'on mette le mobilier sur sa note si cela est nécessaire. Elle croise ses jambes sous elle, se servant de l'eau thermale qui est posée dans une cruche sur la table juste à côté.



 


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Message Sujet: Re: Le poison de tes envies | ft. Ewan   Le poison de tes envies | ft. Ewan Empty Jeu 29 Avr - 23:34

le poison de tes envies ---- /   @Joana Harper  

et quand il croit ouvrir ses bras / son ombre est celle d'une croix
Le salon est embrumé - nicotine, drogue mortelle, entre tes doigts copieusement jaunis. Tu fais glisser le précieux liquide ambré le long du verre, dispersant les gouttelettes dans un nuage de douceur amère. Tu te perds dans la contemplation de ces atomes alcoolisés, y vois des reflets, de ceux qui transportent ton âme ailleurs. tu t'envoles vers d'autres horizons, l'esprit brouillé, alors que les gouttes disparaissent dans ta gorge enflammée.
Tu te revois enfant, le sourire fiché sur un visage pouponné. Quels espoirs transportaient ton âme alors, quelle destinée maint fois dans tes rêves tu as façonnée. La solitude aujourd'hui t'envahit comme ta plus fidèle amie, de celle que tu renverrais volontiers dans les cordes, de celle qui t'ont choisi. Spectacle désolant que de te voir réduit aux souvenirs d'enfance pour ne pas sombrer, pour ne pas broyer ce noir que plus rien n'efface. Tu fais quelques pas dans ton salon désolé, comme pour te prouver que t'en es encore capable, comme pour légitimer ce verre supplémentaire - un parmi tant d'autres, un dernier, que tu dis, avant de le vider et de recommencer. Marionnette désagrégée, voilà ce que t'es ce soir comme tous les autres, lorsque la lune pointe son nez là-haut et qu'elle te rappelle à quel point t'as chuté bas. Ce soir - fait inhabituel - tu n'as pas même eu la force d'aller traîner ta vieille carcasse jusqu'au Sinners, drapé dans tes angoisses qui virevoltent à tes côtés.
Tu te relèves, après avoir terminé d'un coup franc le verre que tu tenais entre tes mains tremblotantes, dans l'espoir de noyer encore un peu l'âme malade qui s'agite, s'agite, se meut de toutes ses forces pour affronter la tempête qui arrive. Tes pas sont incertains, ils te mènent néanmoins jusqu'à ton but - ce bar en bois de chêne qui résonne aujourd'hui comme ton ultime secours. Tu as l'horrible conscience qu'en dépit de tes espoirs, tu finiras par passer à plus fort, plus dur, foutues pensées qui ne te laisseront pas en paix, cruelles succubes qui prendront ce malin plaisir abyssal à te torturer. Elles graviront les échecs, te mettront face à ta terrible réalité, ta solitude, ta non paternité, le néant de ta vie, et tes rêves d'autrefois. Sacrifiés jusqu'à la moëlle, plombés, comme désagrégés, envolés dans le cimetière de ton avenir broyé.

Tu as la bouteille dans la main, le verre nonchalamment posé sur le comptoir. Les gouttelettes se déversent tendrement dans leur réceptacle, sagement, doucement. Que la mort peut parfois prendre de jolies allures. Et puis, chose surprenante, c'est ton téléphone qui sonne. Ce bruit aux allures féeries qui te sort immédiatement de ta torpeur. Comme mu par un désir soudain de reprendre vie, tu te jettes sur le téléphone, et t'as le cœur qui s'enflamme. boum, boum. Ca tape fort, en dedans, quand tu vois le nom qui s'affiche, la terrible sorcière qui revient dans ta vie - comme à son habitude, aux moments opportuns. Joana. Que ce petit nom aux consonnances angéliques te fait vibrer l'âme. rejoins-moi au royal. Ordre disséminé - à peine voilé, guère masqué -, tu entends sa voix qui résonne dans ta tête, son arrogance superbe aux allures de diva.
Non, tu n'iras pas. Gamin morcelé, boudeur, aux traits désormais tirés, le cœur dans l'hésitation. Le mal, dans l'âme, tout au fond.
Si, tu iras. T'as jamais su résister à un appel de la sirène. Tu sais, au tréfond de toi, que tu céderas. Il te faut juste quelques instants pour t'en rendre compte, ce verre, sans doute, que tu descends d'un trait, et ce bouillonnement au fond de la gorge qui finit par te convaincre. Sans hésiter, comme pour ne pas te laisser le temps de regretter, tu saisis ton portefeuille traînant nonchalamment sur la table basse salie de poudre, et claque la porte de ton enfer solitaire.
Tu hèles un taxi, t'engouffres dedans. Le trajet te semble une éternité, chaque mètre parcouru est un motif de regret supplémentaire. Tu revois cette souffrance qu'elle t'a infligée, la cruelle, la superbe et terrible sorcière. Tu ressens comme d'indicibles aiguilles fichées dans ton corps cette fuite vagabonde alors même que tu te livrais à elle, sans doute pour la première fois de ta longue vie désolée. La rancœur te bouffe l'âme, mais toujours, tu accours à son appel, follement soumis à ses impériosités souveraines.

Cela fait de longues minutes que tu patientes devant cette porte. Tu hésites encore, incapable de toquer, plus encore de faire machine arrière. Tu sais que quelque soit ton choix, il sera mauvais, il sera terrible. Tu refuses d'admettre qu'il n'y a en vérité qu'une seule option - et tu toques. Tu embaumes l'alcool à plein nez, tremblotant, dévasté, mais lorsqu'elle ouvre cette porte, la divine, vêtue de ce peignoir laissant allégement deviner les affriolantes courbes qu'elle t'a maint fois livrées, tu reprends ta pleine conscience, et oublies les alertes d'autrefois. Plus rien ne compte que la sensualité de sa voix. Bonsoir.  
Tu réalises un peu tard que tu ne réponds pas, la suit jusqu'au canapé où elle s'installe avant toi, croisant les jambes qu'elle a sublimes face à ton regard fasciné. Tu m'as manqué, qu'elle glisse, et oh combien elle te ment mal, Joana. Il te semble discerner la moindre intonation de sa voix, et ce que tu sens, ce soir, ce n'est ni manque, ni lascivité. Tu devines immédiatement qu'elle a besoin de toi, et qu'un service ne tardera pas à se faufiler entre vos âmes déliées. J'imagine que tu as besoin de moi ? Inutile de tergiverser, vous vous connaissez depuis bien trop d'années pour que tu tentes de la gruger.
Si c'est le cas, je te prierai de m'offrir autre chose que de l'eau. que tu glisses, la voix moqueuse, pointant d'un doigt négligeant la bouteille qui trône sur la table. Tu sors d'un geste étonnement sûr une cigarette de ton paquet, que tu fais glisser entre tes lèvres desséchées par l'alcool. Tu l'allumes, t'installes confortablement sur le fauteuil, comme prêt à faire tapis. Tu la jauges du regard, tentes de discerner les méandres de son esprit, mais elle ne te livre guère que du vide. Il faut dire, la sorcière sait se la jouer dramatique.


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Message Sujet: Re: Le poison de tes envies | ft. Ewan   Le poison de tes envies | ft. Ewan Empty Ven 30 Avr - 13:11


Le poison de tes envies



Le manque. Cette chose si triste, si horrible, si dévastatrice. Le manque. Cette chose dont je n'ai pas ressenti les affres en te quittant. Pas au début. Puis, quand les jours ont passé, quand les amants se sont entassés, c'est l'ami qui est venu à me manquer.

Le manque. Cette chose que je t'ai imposée en te balançant que jamais tu ne serais le père de mon bébé. Le manque et la douleur, la peine et la rancoeur, voilà à quoi je t'avais préparé.

Et aujourd'hui, je t'appelle pour te proposer un accord cruel, pour t'offrir un choix mortel. Je t'appelle car j'ai besoin de toi plus que tu ne me manques, tu as raison... car ce qui me manque, ce n'est pas toi. C'est tout ce qui vient avec toi : le réconfort et la sécurité d'un homme qui me connaît et qui veut de moi.


Il ne répond pas. Elle sait qu'il la connaît trop bien pour mordre à l'hameçon quand elle se joue de ses paroles pour le manipuler. Tous les deux, ils sont des joueurs de poker. Ils connaissent leur visage d'impassibilité. Et pourtant, il est venu au premier appel, obsédé par la sirène qui a daigné faire entendre son chant au loin. Il a rappliqué malgré sa mauvaise humeur et malgré les effluves d'alcool qui font battre son coeur. « C'est mal me connaître. J'ai besoin de personne. » Elle peste avec un sourire radieux, le dévisageant. Pourtant, il a vu juste mais Joana ne concède pas du terrain à l'ennemi aussi facilement. Elle jette un regard vers la cruche d'eau hors de prix et laisse s'échapper un petit rire avant de se lever et d'agripper le récipient en verre. Joana marche vers lui et l'enfourche, se souciant peu que ses mouvements dévoilent des morceaux de sa chair, se souciant peu que la position soit indécente, voire vulgaire. Nue sous le peignoir et ainsi assise sur son ancien amant, elle sait ce qu'elle fait. « Pourquoi vouloir autre chose que de l'eau? N'as-tu pas déjà assez bu? » Elle laisse tomber la cruche dans un geste théâtral sur le carrelage à côté d'eux. Le verre et l'eau se mélangent au sol sous ses yeux. Elle contemple sa petite catastrophe avec un vide dans l'âme. James l'a trompée. C'est ça qui lui fait mal. Et là, maintenant, elle cherche à retourner le couteau dans la plaie, à crever l'abcès en lui rendant sa douleur, en la décuplant. Mais elle souffre, elle souffre à en crever. Ses yeux noirs mais colorés de désespoir se posent sur Ewen avec ce qui ressemble à de la détermination.  «  Je ne t'ai pas appelé ici pour t'enivrer. Je veux que tu prennes tes décisions en connaissance de cause Ewen. » Joana pose ses mains sur les épaules de l'homme qui est de vingt ans son aîné. « Je suis enceinte. » La phrase tombe sans réticence, sans grandes pompes, elle tombe. Elle analyse le visage d'Ewen, cherchant ce que cela lui fait mais enchaîne directement. « De toute évidence, ce n'est pas le tien. J'espère que tu n'es pas assez défoncé que pour te poser la question. » Elle attaque, elle veut lui faire mal comme si c'était lui l'ennemi qu'elle combattait. Pourtant, son ennemi est plus loin, plus mal en point. Son ennemi est le seul qu'elle voudrait comme père pour ce môme et en même temps... elle est ici avec Ewen, prête à sceller un pacte avec le Diable pour se venger. Je te fais le serment de te détruire. Les mots qui avaient été prononcés dans cette limousine où elle se consumait lentement, où son sang se déversait sur le cuir, où James s'excusait enfin... Des larmes perlent dans ses yeux mais elle les ravale rageusement, peu désireuse de se laisser aller. Joana sait qu'Ewen n'aura pas envie de l'aider en découvrant à quel point elle est dévouée à un autre. Mais si elle veut que tout se déroule comme il faut, si elle veut que ce pacte aboutisse à quelque chose... elle doit jouer les cartes sur table. Pour une fois, il n'y pas de comédie qui tienne. Elle lui dira la vérité.



 


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Message Sujet: Re: Le poison de tes envies | ft. Ewan   Le poison de tes envies | ft. Ewan Empty Ven 30 Avr - 16:00

le poison de tes envies ---- /   @Joana Harper  

et quand il croit ouvrir ses bras / son ombre est celle d'une croix
Elle a ce visage sévère que tu as tant aimé. Ce regard vissé dans le tien, sans la moindre lueur de crainte au fond des prunelles trop sûres d'elle, ce regard que t'as du mal à supporter, mais dans lequel tu te fixes quand même, comme ultime soubresaut d'une fierté trop souvent bafouée.  J'ai besoin de personne. La sienne n'est pas feinte, en revanche, elle - si parée de cet orgueil qui illumine, t'aveugle de sa superbe. Tu sens comme elle dit vrai, orne cet espace de l'orée de la vérité, mais pourtant, combien de fois tu lui as apporté ton aide, combien de fois t'as répondu aux appels de sirène de la nécessité. Bien plus que tu ne saurais compter. Des nuits offertes à la belle sorcière, des nuits glissées au cœur de son intimité, des soupirs et des extases venues d'ailleurs.
Elle se dirige vers toi, la terrible, laissant deviner des morceaux de chair trop souvent lacérés par tes ongles désirés, elle t'enfourche, te domine, comme elle a l'habitude de faire. Tu tentes de cacher les frissons qui parcourent ton échine, ceux du manque, du manque d'elle, alors que la peau de tes mains entrent en collision avec celle de sa jambe désormais nue hissée sur les tiennes. Tu interdis à tes yeux de se perdre ailleurs, tu la broies du regard, ne lâche pas ses yeux sombres dans lesquels tu lis une rancœur innommable. Spectrale. Elle a beau laisser choir dans un fracas la cruche d'eau dont tu t'es moquée, les morceaux de verre éparpillés sur le sol, tu ne regardes rien d'autres que ces prunelles immortelles. Le néant de vos yeux qui se dévorent.
N'as-tu pas déjà assez bu ? et elle quitte tes yeux la première - petite victoire que tu savoures en glissant quel dommage alors que tu admires enfin le vestige de cet amas de gouttelettes transparentes désormais vautrées sur le sol froid. décidemment, tu détruis tout ce que tu touches. que tu glisses contre son cou, tes mains toujours figées sur ses jambes nues placées contre toi. Les siennes rejoignent tes épaules, comme un besoin d'affirmer encore sa supériorité, sa dominance, comme si tout en elle ne la rendait pas suffisamment limpide. Et puis, le glas. Je suis enceinte. Ca tinte contre tes oreilles enivrées. Ca sonne, te rend sourd au dehors, ça hurle la dedans, rebondis dans ton esprit, amas de fumée qui embrume ton âme. Il te semble que tu tombes, que la chaise se dérobe sous toi, qu'elle t'emprisonne de son poids, la vengeresse, t'empêche de t'enfuir, t'étrangle, à la mort. Te dévore.
Mouvement inconscient, tes mains qui se glissent - pernicieuses - dans les pans de sa tenue entrouverte, se meuvent doucement contre son ventre offert. Ce ventre plein, ce ventre à peine discernable pourtant, ce ventre aux multiples secrets, boîte de pandore dont tu as tant rêvé. Tu n'entends pas sa remarque acerbe - c'est sans doute mieux, tu n'as jamais souhaité frapper une femme enceinte, tu ne vois plus rien, rien que cette chaleur que tu ressens contre sa peau dévoilée, débridée. Tu te nourris de cette flamme invisible, comme reprenant vie à ce contact interdit. A cette chose qui n'est pas tienne, à ce cataclysme invisible qui te dévore l'âme. Broyé. Annihilé. Elle a réussi, la sorcière. Elle t'a réduit au silence - au néant.
A peine deux syllabes qui parviennent à s'extirper de ta bouche entrouverte, alors que tes yeux se perdent dans la contemplation de ce ventre naissant. Tes mains ont ouvert définitivement ce peignoir inutile. Superflu disparu. Qui ? quand ? tu relèves tes yeux dans les siens, et quelle douleur elle pourra lire dans les tiens, ces prunelles abimées, le fin fond de l'abysse, là où désormais tu trouves, incapable d'admettre la plus terrible des vérités, bouffé du désir qu'une fois encore, elle mente pour te blesser.
Tu te revois quelques années autrefois, quand de ta bouche est sortie cette terrible demande, sonnant le glas de vos émois. Elle t'a ri au nez, la cruelle, se moquant de ton désir de paternité, te jetant au visage cette abominable vérité - elle, mère ? jamais. Et là voilà, désormais, engrossée. Te voilà caressant son ventre maint fois rêvé, ce petit être démoniaque à l'autre père, la voilà ta vérité. et tes angoisses qui surgissent à nouveau, celles qui te rappellent comme ta vie est définitivement anéantie, et comme l'avenir toujours appartiendra aux autres.
Pour toi, pas de demain. Il se dérobe, toujours. Tu es vain.
Retour au réel, à ses yeux dérobés, au silence plombant qui t'empêche de l'aimer. Tu saisis son visage entre tes mains, l'agrippe, violemment, l'empêche de s'envoler. Réponds. ordre disséminé d'une voix enragée, tu n'as pas haussé le volume, pas utile, elle saura discerner ton sérieux, cette fois. Ce viscéral besoin de comprendre ce qu'elle a dans les trippes, de mettre un visage sur celui qui aura mieux que toi. Ordre claqué, pouvoir dérobé.


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Message Sujet: Re: Le poison de tes envies | ft. Ewan   Le poison de tes envies | ft. Ewan Empty Ven 30 Avr - 20:56


Le poison de tes envies



Envie de rien, besoin de toi. Voilà à quoi se résume notre lien. Quand mes désirs se font sombres, quand mon coeur touche la pénombre, je n'ai plus aucune envie et alors, je cours vers toi. C'est mal me connaître que de croire que je ne peux me passer d'un homme à mes côtés. Mais j'ai acquis la certitude que je passais plus facilement à autre chose quand j'étais accompagnée. Et depuis toujours, tu portes le nom de sparadrap. Oh je ne te l'ai pas dit, je ne suis pas folle. Mais tu es le pansement que j'appose sur les plaies qu'un autre m'a faite. Tu es le bandage que j'utilise pour ne pas voir les atroces cicatrices qui saignent mon âme.

Si elle détruit tout ce qu'elle touche, il n'y a rien de surprenant à la situation chaotique dans laquelle elle est plongée. Cet enfant est déjà condamné. Même pas né, il est pourri de par ses racines mafieuses, de par sa famille illustre dans le crime et de par sa mère qui ne pourra que le dévaster plus encore. Joana tend la main sur le visage d'Ewan et sourit perfidement. « Touché. » Elle irradie de cette puissance particulière et vicieuse. Si elle détruit tout ce qu'elle touche, alors elle sait qu'il est probablement une de ses catastrophes bien à elle. Elle enfonce ses doigts dans la chair qui orne ses joues avec une violence non retenue. « Je t'ai détruit toi aussi. » C'est à moitié une question, à moitié une affirmation. Elle ne sait pas elle-même ce qu'elle cherche en énonçant cette vérité. Mais ce qui est certain, c'est que ce n'est pas cette vérité-là qu'elle a décidé de lui révéler. L'annonce de la grossesse tombe, vile et grossière, surprenant l'homme. Il n'y a plus d'enjeu. Elle l'a privé de toute chance au bonheur en lui annonçant que ses pans se sont ouverts pour un autre que lui. Ce qu'elle lui a refusé, elle l'a donné à un autre.

Si seulement tu savais. Je ne lui ai rien donné. Il a pris. Il a pris tout seul ce que je ne voulais donner. Il m'a imposé son amour, son sexe, sa fertilité. Il m'a imposé le risque inconsidéré.

Mais...

Je l'ai laissé faire. Je l'admets.

Parce que c'est lui.


Et Ewan de demander qui est le bâtard qui a eu le privilège d'engrosser Joana Harper. La réponse est tellement proche, tellement criante qu'elle éclate de rire mais se tapit dans le silence. Cruelle, elle sait que l'ignorance le rend fou. Assez fou pour capturer son visage entre ses doigts et lui ordonner de parler. « Depuis quand est-ce que je capitule face à la menace? » Les mains d'Ewan sur son ventre, elle a la nausée. Une partie d'elle espère presque qu'il frappe ce sacrilège et qu'il la délivre de James et de son héritage nauséabond. Une autre souffre de se laisser toucher par Ewan alors qu'elle n'a pas encore tourné la page. Elle s'appelle Cosima. La rage de Joana cette nuit après les attentats. La rage quand elle lui a demandé qui était cette salope avec qui il avait passé la nuit alors qu'elle agonisait dans la villa Marlowe. Et lui qui la corrigeait sur le prénom de son autre maîtresse. « Marlowe.  » Le nom tombe de ses lèvres. Elle a la fièvre et soudain le jeu ne lui plaît plus. Dénudée, elle sait qu'il est trop occupé à deviner le bébé sous son ventre pour repérer les bleus et les cicatrices de cette violente attaque dont elle a été victime. « Ton cher Marlowe. » Joana siffle avec acidité. « Ca a toujours été Marlowe, tu ne l'avais pas deviné? » Acerbe, elle lui fait refléter une réalité qu'il a trop longtemps ignorée. Quelle mauvaise blague que d'apprendre que celui à qui il est si loyal, si fidèle, est celui qui a tout raflé. Mais aucun des deux n'a jamais su que la Harpie avait jonglé avec chacun. Elle secoue son visage pour s'extirper de l'étreinte des doigts d'Ewan et se relève, prenant soin de refermer son peignoir. Elle se dirige vers le bar et en sort une bouteille toute neuve de Scotch irlandais. Un verre passe entre ses mains avant de gagner le sol quand elle décide de s'en passer. Sans aucun égard pour la vie qui mûrit en elle, Joana porte le goulot à ses lèvres et prend une gorgée juste avant d'arriver près de son ex. Elle se penche et délivre l'alcool directement de ses lèvres à son gosier. Le geste serait sensuel s'il n'était pas aussi éminemment imposant. Elle ressent le besoin viscéral de créer une connexion entre eux. Mais la douleur est trop vive pour que le lien se refasse dans la tendresse d'antan.

 


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Message Sujet: Re: Le poison de tes envies | ft. Ewan   Le poison de tes envies | ft. Ewan Empty Ven 30 Avr - 23:02

le poison de tes envies ---- /   @Joana Harper  

et quand il croit ouvrir ses bras / son ombre est celle d'une croix

tw - violences

Elle se moque de toi, la succube, de ce regard fier débordant d'arrogance, cette flamme qu'elle t'adresse alors qu'elle sait qu'elle te broie. T'as toujours su avaler ses exigences, ses ordres, ses ambitions, t'as toujours laissé claquer ta langue, t'es sans cesse muré dans le silence, mais là, elle ignore ce à quoi elle touche, la sorcière, elle ne sait pas quels démons elle réveillera des enfers en parlant avec tant de légèreté de ce qu'elle t'a refusé. Elle ne voit pas cette flamme qui naît au fond de tes prunelles, elle ne devine pas qu'il est temps de se taire, de laisser le destin ravaler ta rage, tes rancœurs, tes orages, elle continue, persiflant, et ce qu'elle insinue dans ton âme alcoolisé t'effraie de sa grandeur. Ca enfle, en dedans, ça prend de l'ampleur. Tu sais que d'ici quelques instants, tu sortiras de toi, et admireras la scène de loin, comme spectateur de ta propre vie, de ton unique destin, tu sais que quelque chose de plus grand, d'incontrôlable, prendra possession de ton âme, et t'as la peur au ventre de la réponse à cette question que, finalement, t'aurait pas du poser.  Non, vraiment pas.
Car ce nom claque dans l'air, se fige dans l'atmosphère, s'ancre dans la pièce, la désagrège. Il n'y a plus rien, tout s'est éteint. Marlowe. Elle siffle ça, la sorcière, bien consciente du mal qu'elle t'a fait, de celui qu'elle te fera, parce que ça va s'inscrire en toi, au plus profond de ton âme, sacrilège final. Le climax qui te jette au sol, vulgaire poupée de chiffon dont l'âme s'est fait la malle, incapable d'entendre plus d'horreurs dans cette bouche autrefois si ardemment aimée. Tu revois le visage de James, ce visage si respecté, si admiré, si profondément jalousé, lui qui a su se forger son empire, son avenir, lui qui laissera sur son sillage des vestiges de poids, là où l'on t'oubliera. Et voilà qu'il a su laisser une empreinte plus durable sur Joana, l'avilir à ta place, la faire sienne là où elle s'est défaite de toi. Une version améliorée, toi, le spectre du jamais.

Ca a toujours été Marlowe. Et le coup final, qui serpente en ton âme. Tu blanchis à vue d'œil, sans doute, elle balaie d'un geste vulgaire tout l'amour que t'as eu pour elle, ses sentiments puissants qui t'ont animés lorsque tu te vautrais dans le vice à ses côtés. Il n'y a plus rien, désormais, que des vestiges d'autrefois, des cendres d'un feu éteint, pour toujours, à jamais.
Elle a détruit d'un mot persiflé la passion que tu lui vouais.
Tu ne réponds rien, noyé dans ce mutisme, alors que le monstre grandit en ton sein. Tu sens l'horreur affluer, celui-là qui s'immisce en volutes noircies dans ton cœur, prend possession de tout ton corps, pour n'y laisser plus qu'un marasme évocateur. Tu ne la vois pas partir, se délester du verre en mille éclats de poussières, tu ne la sens pas déverser en toi cet alcool qui pourtant brûle ta gorge, tu n'es plus là. Ne reste qu'un monstre amer aux rancunes tenaces.

Et puis, c'est le noir. La chose qui prend place. Ewen n'est plus, ne reste de toi qu'un vulgaire chiffon charbon. Tu figes tes yeux dans les siens, et ta main se sert contre sa gorge, sans que tu puisses contrôler un instant les gestes qui t'animent. Tu te lèves, la tiens contre toi, l'entraînes jusqu'au lit où tu la forces à tomber, tes mains ne desserrant pas cette gorge si souvent embrassée, si souvent mordillée, défaite par les multiples émois dont tu l'as ornée.
Sans doute distingues-tu une once de peur dans son regard fragilisé par le manque d'air, par la puanteur de l'atmosphère. Sans doute devine-t-elle qu'elle ne s'imaginait pas t'réveiller. Animer enfin, à ses terribles dépens, le monstre qui t'habite, dans les tréfonds de ton inhumanité. Marlow. un crachas qui sort de ta bouche, une insulte dans ta voix, plus une once de respect désormais pour celui qui a daigné s'immiscer dans ce que tu croyais ton univers.
Marlow. elle va s'évanouir, la sorcière, tu sens son pouls s'agiter, sous tes doigts trop violacés. Marlow. Je t'ai détruit toi aussi. Tu l'entends à nouveau, comme si sa bouche s'était encore agitée. Le silence, et puis plus rien.
Ca n'a jamais sonné comme une telle vérité.

Tu dessers l'emprise, reprenant un instant possession de toi-même. Tu l'entends reprendre de l'air, tu la sens reprendre vie alors que tu t'éloignes de ce lit, comme pris d'un frisson électrique. Tu reprends la bouteille de scotch, bois au goulot, oublier, c'est devenu une absolue nécessité. Il va te falloir oublier l'entièreté de cette soirée, ou mourir, te noyer.
T'as perdu, Joana. J'ai plus qu'du dégoût pour toi. Tu adresses à cette ombre sur le lit peinant à reprendre vie un regard empli d'aversion, d'antipathie. Pas une once de regret pour ce que t'as fait, sans doute ne réalises-tu pas encore, soumis à l'emprise de cette ombre au fond de toi. Débrouille-toi avec ce monstre qui grandit en ton sein, j'veux plus jamais être lié à toi. Nouvelle gorgée de ce liquide ambré qui brûle ta gorge et te reconnecte un peu à la réalité.
On s'reverra en enfer. Tu adresses un dernier regard au sol, à ces éclats de lumière parsemées, belle image de ce qu'il reste de votre relation passée.
Tes pas ne sont pas assurés, mais ta voix l'est, en revanche. Sûre de devoir oublier, abandonner, sûre qu'elle n'est pas ce que tu croyais, que votre lien s'est délité dans les méandres du jamais. ce "Ca a toujours été Marlowe" qui tranche dans l'atmosphère, et qui s'est figé au fond de ton être, à jamais.
Ca ne sera donc plus jamais toi.
Plus jamais ça.


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Message Sujet: Re: Le poison de tes envies | ft. Ewan   Le poison de tes envies | ft. Ewan Empty Sam 1 Mai - 0:32


Le poison de tes envies

tw : violences.

Mon seul pêché, celui d'avoir cédé. Celui d'avoir aimé. Je me suis jurée de ne plus jamais succomber et me voilà souffrant encore des vices du coeur. Me voilà qui te fait subir les vices de mon malheur.

Il répète le nom maudit sans s'arrêter. Joana n'a pas besoin d'un tableau pour comprendre que Ewan est en train de dérailler. Son visage est plus pâle que la mort et son regard a cessé de vibrer. En entrant dans la suite, il était curieux. Probablement qu'il ressentait une quelconque frustration d'encore céder à l'appel de la sirène. Mais tel un mortel il avait répondu au chant trop noir de la dame du désespoir. Il avait répondu et maintenant, il était clair qu'il se noyait. Les poumons se vidaient de leur air.

Cruelle Joana, t'es-tu seulement doutée du mal que tu ferais?
Cruelle Méduse de la nuit, as-tu anticipé que l'homme jamais ne le supporterait...?
Infidèle dans tes sentiments, as-tu compris maintenant que tu as détruit le seul qui t'aimait?


Couchée sur le lit, propulsée par la violence d'une étreinte dont la passion s'est éteinte, un étranglement dont la raison s'est absentée, elle sombre. L'air vient à manquer et elle sent la vie qui la quitte progressivement. Elle pourrait souffrir mais c'est le contraire. Son corps se débat alors que son âme semble soulagée. Partir maintenant, ce serait un beau cadeau. Ne t'arrête pas, je t'en prie. Mais elle ne peut rien dire, elle ne peut le conjurer de maintenir ses doigts autour de son col. De nouveaux bleus viennent colorer sa peau déjà trop éprouvée. Les hommes ont cessé de la caresser pour la malmener. Femme violentée, elle le voit qui s'écarte avant de la tuer. Un soupir lui échappe, celui de l'air qui revient à elle, celui de la vie qu'elle récupère. Une vie amère.

Plus que du dégoût. « C'est toujours mieux que de l'amour, crois-moi.  » Elle murmure sa réponse sans essayer de porter la voix jusqu'à lui. Qu'il l'entende ou pas, ça lui est égal. La seule chose qui compte, c'est la vérité. Le dégoût accomplit plus de choses que l'amour. C'est l'amour qui l'a menée ici dans cette chambre d'hôtel. C'est le dégoût qui la sauvera peut-être. On se reverra en Enfer. Sourire triste qui se dessine sur ses lippes. La belle se relève enfin et s'approche de lui. Elle devrait lui hurler dessus, elle devrait le craindre. Mais il a été appelé, lui et pas un autre, pour cette raison précise. Parce que tous les deux, ils pourraient paver leur propre Enfer de leurs propres intentions. « Ne vois-tu pas qu'en Enfer on y est déjà? » Elle évite les débris de verre au sol et laisse tomber son peignoir au sol, dévoilant sa nudité sans aucun égard. Ce n'est pas un geste charnel. Droite devant la glace, elle se regarde enfin et admire les blessures infligées par son autre amant. James ne l'a pas frappée mais son corps est roué de bleus indirects, ceux que les ennemis des Marlowe ont créé en attaquant sans distinction.

Dommage collatéral.

Je ne suis rien d'autre que ça.

Et mon enfant n'est pas plus...

Qu'un dommage collatéral.


« Regarde les traces de son passage, regarde-les Ewen. » Elle dit froidement et avec un ton glaçant. « Tu as longtemps admiré James. Et j'ai fait pareil. Mais là, chaque brisure, chaque fissure, c'est à lui que je la dois.  » Elle pose sa main sur son ventre, cherchant une marque du fait qu'elle porte la vie en elle. Mais il est toujours trop plat pour que cela se voie. « Je ne te propose pas de l'amour Ewen. Je ne t'ai jamais menti et t'as pas le droit de m'en vouloir pour la vérité. Je te propose ce que t'as toujours voulu : un enfant. » Le deal est posé. Elle traverse la pièce du regard au gré du miroir dans lequel elle le dévisage soudain. Ses yeux sont noirs. Joana est en train d'expliquer pourquoi elle l'a appelé. Comme si je t'avais sommé pour te détruire. Je suis abjecte mais je n'agis jamais sans raison. Quel serait l'intérêt de juste t'enfoncer? « Prends le temps de réfléchir, de cuver ta peine, de te ressaisir. Prends le temps de comprendre. Je t'ai appelé toi et pas un autre. Je ne t'ai pas convoqué pour te faire du mal. Je souffre déjà bien assez, nul besoin de rajouter des peines sur l'ardoise. » Sa voix semble s'élever d'outre-tombe. Elle sort à peine d'un lit médicalisé. Elle revient à peine de la demeure des Marlowe. Elle est encore faible et défaillante. Mais elle est déjà sur ses pieds, prête à déclarer la guerre. Car la guerre, c'est tout ce qu'il lui reste.
 


(c) corvidae
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Message Sujet: Re: Le poison de tes envies | ft. Ewan   Le poison de tes envies | ft. Ewan Empty Ven 14 Mai - 19:26

le poison de tes envies ---- /   @Joana Harper  

et quand il croit ouvrir ses bras / son ombre est celle d'une croix

tw - violences

L'ombre de la croix,
Cette tombe dans laquelle elle t'éviscère.
Celle que t'as creusé toi-même en t'rendant dans cet enfer.

Il y a la mort qui t'attend au bout du chemin. Cette mort que tu vois, là-bas, au loin, alors que tes mains enserrent le coup de ton odieuse Sirène, cette créature au visage devenu subitement maléfique lorsqu'elle persifle ce nom obscène. Marlowe. Le monde qui s'écroule, le néant qui t'enveloppe, vestige de l'amour démentiel que tu vouais à cette criminelle.
Rien. Il n'en reste plus rien. Ce regard atroce et vide que tu lui voues, désormais, alors que ton âme semble s'être envolée, ne laissant de toi qu'une enveloppe désossée. Elle persifle quelque chose, que tu n'écoutes et n'entends pas. Peu importe. Il te paraît étrange qu'un jour tu retrouves goût au monde, goût au réel. La portée même de tes sens -- désormais évanouis.

Jusqu'à ce que ses pas la mènent au miroir.
Jusqu'à ce qu'elle dévoile sa nudité battue, altérée.
Jusqu'à ce que ton regard ne croise son reflet dévasté.

Tes prunelles la jaugent de haut en bas, sans nul égard pour les courbes autrefois tant aimées qu'elle exhibe devant toi. Tu t'attardes sur les multiples zébrures qui parsèment sa beau d'ébène, altèrent sa blancheur  
-- poupée de cire devenue poupée de sang.
Les marques violacées couvrent une grande partie de son corps pourtant d'une douceur inaliénable. De cette ardeur maint fois touchée, édulcorée, dévorée de baisers. Les réminiscences érotiques se mêlent au présent chaotique.  
Tu ne saurais décrire quelle douleur provoque cette vue à ton cœur que tu croyais pourtant immunisé. Tu ne saurais dire avec quelle force ténébreuse l'indifférence nouvelle se dissémine dans l'air, laissant place à une colère démentielle. Car tu fulmines, Ewen, tu as l'âme qui bouillonne et le tonnerre qui fend l'air -- comme si toi seul pouvait blesser, toucher, dévorer cette poupée, comme si tu avais bien vite oublié les traces blanchâtres de tes mains criminelles contre son cou.

Tu t'approches d'elle, délicatement, comme pour ne pas l'effrayer. Ses paroles te semblent provenir d'un lointain espace-temps. regarde-les Ewen. C'en est fini de Joana, la domina. La voilà vulgaire jouet sous les mains des hommes de sa vie, des êtres de ses nuits.
Oui, tu regardes. Tes prunelles se figent dans les zébrures, marques terribles qui la possèdent. chaque brisure, chaque fissure, c'est à lui que je la dois. son nom qui revient, encore, comme une épouvantable fatalité, ce prénom - désormais, peut-être plus violent encore tant il brille du poids de l'intimité. La jalousie est peu de choses face à l'horreur violacée qui prend place sur cette nudité, mais tu fulmines encore de la savoir possédée par cet homme.
L'amour sincère est bien loin, quand trône l'hégémonie.
Je ne te propose pas de l'amour Ewen. te voilà derrière elle, ton reflet apparaissant derrière celui de Joana comme une ombre protectrice - curieuse chose, quand on sait que quelques minutes auparavant, tu ôtais sa vie souffle après souffle. Tes doigts se déplacent délicatement sur les zébrures nées des blessures d'il y a peu. Le sang séché forme comme des roses carmin sur sa peau d'ébène -- tatouages mortels et éphémères.

Je te propose ce que t'as toujours voulu : un enfant.
Ta main rejoint la sienne contre son ventre, des frissons triturent ta peau alors que la tempête fait rage au fond de ton esprit encore embrumé par l'alcool.
Un enfant. Tu as l'âme ailleurs. Elle te connaît bien, la sorcière, le serpent du jardin d'Eden, elle attise en toi la flamme de tes désirs, après t'avoir repris l'amour auquel tu avais l'audace de croire. Va-et-vients, douleurs et chagrins. Cela tourbillonne dans ton âme, entre ce que sa voix terrible t'ôte, et te donne. Elle reprend possession de son destin, après avoir trop été bafouée.
Elle reprend possession de toi, après t'avoir tué.

Il y a comme un électrochoc lorsque tes doigts entre en collision avec les siens, contre son ventre. Quand ton regard se noie dans le reflet de son corps, où bientôt naîtra l'enfer.
Un électrochoc qui te sort de ta torpeur. Tu t'éloignes d'elle, comme pris d'un besoin irrépressible de sortir de sa zone d'enchantement, et sans plus un regard en arrière, tu quittes la pièce, titubant à moitié, mélange vicieux de rhum et de choc, claquant la porte sur ta silhouette disparue dans l'obscurité.

Les nuits seront vagues, éveillées et douloureuses.
Les lendemains, gris, sombres -- maussades.
Les choix, définitifs.


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