In a crowd of thousands, I’d find you again | Ada

Ses pères continuaient à se demander pourquoi elle s'efforçait, toujours prête à recourir d'effort pour quelqu'un qui n'en faisait aucun. C'était un jeu dangereux qui commençait doucement à lui faire perdre toute forme de vie humaine, devenir un fantôme dont le seul but était de plaire à la blonde. C'était un jeu dangereux, qui lui avait déjà coûté beaucoup. Elle refusait d'abandonner, refusait de se dire qu'un jour, Ada ouvrirait les yeux, se rendait compte qu'elle avait énormément à perdre. Bien que la vérité été tout autre. Ada devait parfaitement savoir qu'elle n'avait rien à perdre, puisque Jessica subissait tout, parfois sans même un seul mot. Jess n'avait aucune d'où sa fiancée pouvait se trouver, pouvant très bien être dans les bras d'une autre alors qu'elle faisait en sorte que ce rendez-vous soit parfait. Changeant les fleurs de place à de nombreuses reprises. À gauche, elles faisaient trop charger, au milieu trop encombrantes. Après dix minutes à se battre avec un vase, elle finie par accepter de les poser dans un coin droit, tout en soupirant avant de détacher sa chevelure bouclée. Regardant le couché de soleil se demandant comment elle en était arrivée là, à vivre cette vie qui semblait être tout sauf la sienne. Croissant ses bras, essayant de se réchauffer toute seule. Se laissant se perdre dans ses pensées qui semblaient constamment être refoulées. Et si ce mariage fonçait déjà droit dans un mur ? Leur fiançailles n'avait rien changé au manque de fidélité d'Ada, pourquoi est-ce qu'un mariage serait différent ? Un soupire quitta ses lèvres alors qu'elle décida enfin de s'asseoir. Elle l'aimait, il n'y avait aucun doute là-dessus. Mais elle souffrait, et ça nous plus, il n'y avait aucun doute là-dessus.

Après une heure à rêver, assise sur l'herbe du parc, regardant le soleil se coucher, pensant à toutes les choses qui aurait pu être diffèrent, Jessica entendue enfin des pas arriver dans sa direction. Elle se redressa, un sourire aux lèvres tout en faisant face à la femme qui partageait sa vie. "T'es pas en retard, je suis juste arrivé beaucoup trop tôt. " Avait-elle annoncé à s'approchant de sa fiancée. La brune savait qu'Ada aurait vite fait de balancer toute les excuses qui pouvait lui sortir par la tête si elle ne lui avait pas dit. Et puis ce n'était pas un mensonge, l'envie de se vider l'esprit, d'être seule dans un parc pendant un moment. " Comment était ta journée ? " Arrivée devant la jolie blonde, elle l'embrassa rapidement avant de prendre sa main pour l'amener où elle était assise quelques secondes auparavant.

- in a crowd of thousands, i’d find you again.
Elle marchait d’un pas pressé, à la limite de la course. Bousculant au passage les quelques malchanceux qui osaient se trouver sur son chemin, Ada ronchonnait sur la lenteur de ces new-yorkais qui trainaient dans les escaliers. Ils ne pensaient pas à elle. Ils n’imaginaient pas le tord qu’ils allaient lui causer en retardant son arrivée au parc, alors justement qu’elle n’avait aucune envie de se battre, et d’affronter les mots et reproches de sa fiancée. Oh bien sûr, au fond, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même ; Ada était la seule cause des questionnements incessants de sa petite amie et de ce regard qu’elle aimait tant et qui pourtant, petit à petit se transformait pour se remplir de doute et de douleur. Mais il était plus simple de blâmer les autres. Plus simple de se trouver des excuses ou de claquer la porte quand la situation lui échappait. C’était pitoyable, on le lui répétait bien assez, mais le mot n’était pas assez fort pour la faire réagir,  pour la faire sortir de cette zone de confort qui lui permettait encore de fauter alors même qu’elle partageait la vie d’une demoiselle magnifique et extraordinaire. Elle l’avait fait hier. Sans doute recommencerait t-elle dès  lors que son regard croiserait une personne capable d’éveiller son intérêt. Un appétit insatiable, qu’elle-même ne parvenait pas à expliquer. Une maladie peut-être, que même son amour sincère pour Jessica ne parvenait pas à soigner.
Son regard parcourant le parc ne tarda pas à se poser sur la chevelure brune de celle qui faisait réellement battre son coeur. Après sa folle course dans les rues de New-York elle était finalement parvenue - et ce presque à l’heure - à rejoindre le parc, et elle ne tarda pas plus longtemps à s’approcher de Jessica. Ada ne savait pas quoi attendre de ce rendez-vous organisé par sa fiancée, mais elle ne se posait pas vraiment de questions. La simple idée de passer un moment privilégié avec la danseuse suffisait à faire naitre sur son visage, un large et franc sourire.  '' Tu aurais dû me le dire, je me serais libérée avant '' Des paroles honnêtes de la part d’une jeune femme qui n’avait absolument rien à se reprocher ; sa journée, elle l’avait passé enfermée dans un studio, ensorcelée par sa musique. '' Plutôt productive ! '' Lança fièrement la blonde avant d’échanger ce baiser, beaucoup trop court à son goût. Elle suivit Jessica et s’installa à ses côtés. '' Mais... j’étais pressée de te retrouver.. '' Et pour appuyer son propos, Ada se pencha légèrement, soulevant au passage les mèches de cheveux qui l’empêchait encore d’atteindre le cou de sa belle. '' Et toi, t’as passé une bonne journée ? '' Murmura la blonde en déposant à plusieurs reprises ses lèvres contre la peau maintenant accessible de Jessica.

C'était des moments comme ça que Jess aurait souhaitée pouvoir vivre pour toujours, des moments d'amour pur, sans les cris et les pleurs qui venait régulièrement s'immiscer dans leurs conversations. Des moments où leurs amours étaient rayonnants, au rien ni personne n'auraient pu les détruire. Au fond de son esprit, la brune savait que son moment viendrait rapidement s'effacer, laissant place à une énième dispute, à des moments de douleurs, à ces moments où elle se sentait si impuissante, trahit encore une fois. Les trahisons de Ada qui semblait s'enchaîner, les moments heureux qui semblaient doucement s'effacer. Pense à autre chose, ce n'est pas le moment. Son esprit avait raison, maintenant n'était pas le moment de tout détruire, de laisser s'échapper la douceur du moment qu'elles vivaient. " T'en fais, ça m'a pas dérangé de rester ici toute seule. " Seule. C'était loin de la déranger d'être seule. Sauf dans ces moments où son esprit décidait de se rebeller, de se mettre contre elle, de lui faire penser à toutes les choses qui pourraient mal se tourner, laissant l'anxiété doucement prendre possession de son corps. C'était le calme qui semblait doucement prendre possession, appréciant la douceur de ce moment, appréciant la beauté de la femme qui partageait sa vie. " Productive ? Je savais même pas que tu connaissais ce mot. " Ce moquant de tous ses moments où la Stevenson semblait incapable de faire quoique ce soit pour elle-même, ses moments où même une tasse de café semble être la tâche la plus compliquée du monde. Bien qu'en ce moment, Ada était très certainement beaucoup plus productive que Jess, s'offrant une pause bien méritée avant d'enfin décider dans quelle compagnie elle souhaiterait travailler ensuite. " Est-ce que j'ai bien entendue ? Je devrais t'enregistrer, ce genre de parole sont rare. " Pour une raison inconnue, l'ennuyer semblait être la seule chose que Jessica voulait faire actuellement, probablement pour son rire qui l'enchantait toujours. Une des premières choses qu'elle avait remarquées chez elle lorsqu'elles étaient encore gamines, ce rire qui aurait pu remplir de bonheur la personne la plus triste sur terre. Telle une sirène qui venait doucement la tirer vers la fond de l'océan. C'était sans aucun doute son pouvoir magique, ce qui avait sombrer la jeune Fischer. " Et bien. " Souriant pleinement tout en la regardant. Débordante de bonheur à l'idée de lui annoncer cette nouvelle, oubliant que cette nouvelle aurait dû être annoncé des mois en arrière, oubliant que cette nouvelle aurait dû être légèrement différente. "J'ai passé la journée avec Peggy. " Ada ne devait connaître ce prénom que trop bien, ayant été forcé de l'entendre à mainte et mainte reprise, parfois en positif, parfois en négatif lorsqu'elle décidait mystérieusement de changer des parties de ses chorégraphies. Au fond, Jess adorait Peggy et adorait les chorégraphies qu'elle avait créées pour rendre cette comédie musicale encore plus magique. " Le tour revient à New York pendant une semaine en janvier donc..." Laissant ce suspense qui n'en était véritablement pas un, bien sûr qu'Ada allait deviner la suite de cette phrase, qu'elle pouvait deviner la tournure des choses en voyant le bonheur remplir son visage. Ce ne sera certes qu'une semaine, mais une semaine de nouveau passé au côté de ceux qu'elle aime.