hannah & anton (2) - amer

alloween. Le club s'est déguisé pour l'occasion ainsi que le personnel. Nous sommes en pleine semaine, mais le club est plein. Je ne suis pas venu depuis le début de la semaine. J'étais occupé par des affaires beaucoup plus importantes. On a eu un léger soucis de cargaison de drogue. Un soucis qui m'a rendu fou de rage et dont j'ai dû me déplacer. Ils s'en souviendront pour les survivants de ma raclée. Mes mains sont toujours écorchées à force des coups que j'ai envoyé, et un malheureux a eu l'idée de se défendre. Il m'a légèrement entaillé la joue. J'en garde encore une marque, qui sera dans quelques temps cicatrisé.

Je retrouve mon trône, mon univers, mon empire, de là où je peux observer tout le monde. Je vois Ben se faufilait parmi la foule. Un sourire narquois s'étire sur mes lèvres. Je l'ai massacré. Il est couvert d'hématome. Je n'ai même pas de remords, je pense qu'il a compris la leçon. L'ironie de la situation, c'est qu'avant que je le massacre, j'ai baisé avec Reira. Sa Reira. Aussi malsaine que moi. Mais j'ai quand même voulu lui laisser un petit avertissement, et le dernier pour son irrespect.
J'observe mon personnel, et là je la vois. Mon regard est aussitôt attirée par sa chevelure blonde et ses courbes. Hannah. Elle m'a baisé. Elle m'a chauffé toute une soirée, et puis elle m'a refusé. J'en ai un goût très amer, mais je ne suis pas le genre d'homme à courir derrière une femme. Elle ne me veut pas, c'est pas grave, il y en a d'autre. D'ailleurs, ça ne manque pas. Une danseuse me rejoint aussitôt dans le carré V.I.P et je ne sais trop comment mais je me retrouve à la peloter. Et quand je vois Hannah s'approchait pour me servir ma boisson, je me donne à coeur joie : j'embrasse cette danseuse fougueusement, brutalement, sans me cacher de ses yeux innocents. Mes mains se retrouvent sur ses fesses. J'entends ses gémissements beaucoup trop aigüe.
Tu ne sais pas ce que tu as perdu cette nuit, chérie.

'ignore royalement Hannah. Ma langue est fourrée dans celle de la danseuse dont je ne sais strictement pas le prénom et dont je n'en ai rien à foutre. Ce soir, j'ai juste besoin de me détendre, de décompresser sans réfléchir à toutes les merdes que je traine derrière moi.
Mes mains sont accrochées aux fesses de la danseuse, mon corps en manque d'un corps féminin commence à se manifester. Je m'enflamme, et, l'espace d'un instant, cette inconnue me fait oublier.  Une fraction de seconde, je n'entends même plus ses gémissements trop aigüs, jusqu'à que blondie décide de me défier. Son ton ne me plaît pas du tout. Pour qui elle se prend celle-là pour me parler de la sorte et m'interrompre ? Je pousse légèrement sur le côté la danseuse qui rouspète pour faire face à l'intrus.
Et là... je reste une minute interdit à la regarder. Bordel de merde. Elle est bien trop... trop... je trouve même plus les mots. Son maillot échancré en dévoile bien trop, et ses cuissardes... ahhh, je meurs. Bon dieu, qu'est-ce qu'elle est sexy. Mon esprit est tout brouillé, je suis obnubilé par Hannah. C'est autorisé d'être aussi belle ? Pour moi, non, parce qu'elle m'a rejeté et que la tentation est trop grande. Je tente de rester neutre et froid, mais je sais que mon regard prouve tout le contraire. Je sais qui je désire. Et je la déteste pour ça. Ça fait une semaine que je l'ai dans la tête. Je sais pas ce qu'elle m'a fait, je crois qu'elle m'a ramolli le cerveau. Je ne l'ai même pas vu à poil que j'en suis déjà obsédé.
Je la rattrape in-extremis avant qu'elle ne se sauve. Ma main accroche son poignet, la forçant à faire demi-tour vers nous. Elle est énervée, ça me plait encore plus. Putain de malade que je suis. Le pire en moi ressort, j'ai envie de la faire sortir de ses gonds. J'ai envie de la voir crever de jalousie. J'ai envie qu'elle ait envie que je la possède. J'ai envie de ne l'avoir que pour moi. J'ai envie de voir ce regard bleu se voilait de désir. Et je ne me rappelle plus avoir désirer autant une femme qu'elle. Cette conclusion me cloue sur place et me fait désserer légèrement mon emprise sur elle, pendant que mes yeux défient les siens.  – Je te trouve bien insolente, Hannah. Je la fixe, sans ciller. La danseuse se retrouve aussi pour toiser Hannah. Elle n'apprécie pas que mon attention soit tournée vers une autre, alors elle palpe mon entrejambe qui est à son paroxysme. Elle a l'air satisfaite, pourtant, elle ne se doute pas un instant que c'est la faute à Hannah. J'évite son baiser, qui dévie sur ma joue. – Tu as quelque chose à me dire, Hannah ? Je penche la tête sur le côté, légèrement taquin. – À moins que tu ne veuilles prendre sa place ? Je suis sérieux. Clairement, c'est ce que je veux. J'en crève d'envie, mais je ne suis pas prêt à ramper ni à lui avouer. La danseuse n'apprécie pas, elle fusille du regard Hannah et est gênée d'être l'obstacle entre nous deux. Je crois qu'elle a compris que la seule femme que je veux, elle est en face de moi, et pas sur moi.

écidément je ne comprends pas cette femme. Elle est différente de toutes celles présentes dans mon club. Elle n'a pas sa place, ici. Elle est bien trop colérique, impulsive, caractérielle. Je ne sais pas ce qu'elle serait capable de faire si un client se montre insistant et impoli. Ou alors, il n'y a qu'avec moi qu'elle prend un malin plaisir à me défier ? C'est la première fois que ça m'arrive, peu de personne ose me tenir tête. Je crois qu'Ivan est le seul, mais vu qu'il est le dernier membre de ma famille, il peut avec parcimonie.
Je suis haï et crains parce que ce montrer faible, c'est se faire dévorer dans ce monde impitoyable. Je l'ai vite compris à l'inverse de mon père qui s'est retrouvé la tête éclatée. Et, clairement, je me ramollis avec Hannah. Elle met en péril ma patience, ma compassion, mais, le jour où j'aurais décider que ce jeu se terminera, je ne sais pas comment elle finira si elle continue sur sa lancée d'insolence.
Pour le moment, je laisse couler car elle m'amuse, même quand elle essaye de faire fuir la danseuse. – Parce que toi, tu crois avoir ce qu'il faut ? Je réplique du tac-au-tac avec froideur. Son insolence commence à me fatiguer et à m'agacer. Je regarde la danseuse. – Va-t-en. Hannah a gagné. Temporairement. Si j'ai envie, je la rejoindrais plus tard et je la prendrais comme je le veux. J'ai clairement besoin de baiser ce soir après la semaine que je viens de passer, et c'est pas une petite serveuse qui va m'en empêcher. J'ai surtout évité à la danseuse d'être encore plus embarrassée que nécessaire.
Je me lève, je surplombe largement Hannah. Je laisse un espace respectueux entre nous deux. Je la fixe du regard sans ciller. Mes bras sont croisés contre mon torse. Elle ne me lâche pas du regard, fière et hautaine. Ce soir, je la trouve différente. Elle est plus agressive que d'ordinaire. Je laisse le silence s'installé, et prends mon paquet de clope dans ma poche. Je m'en allume une, prends une bouffée, la recrache puis : – C'est quoi ton putain de problème ? Je lui demande agressivement en haussant les sourcils. J'ai perdu patience. Vas'y, Hannah, dis-moi, mais fais attention à ce que tu risques de me dire.  

a patience commence à atteindre ses limites. Je me suis montré conciliant avec Hannah. Je lui ai accordé plus d'importance et d'intérêts qu'à ses collègues. Mais là, elle va trop loin. D'où elle se permet de me juger sur ma façon de traiter mes employés ? Et son frère ? Je vois rouge. Ce n'est pas Hannah Davis qui va me faire de leçon sur ma conduite. Peu importe qu'elle ait un bon cul ou pas. Elle n'est rien pour moi. Elle n'est ni ma femme, ni ma régulière, ni ma famille, ni une amie. Ma mâchoire se crispe, je me tends. – Tu n'as pas ton mot à dire sur la façon dont je traite mes employés et ton frère. Ça ne te regarde pas. Clair et net. Je suis glacial, mes yeux la foudroient du regard. Je me suis totalement fermé à Hannah. Elle avait fait un pas en avant, on en fait deux en arrière. Elle voulait de l'honnêteté ? Elle va en avoir le droit.  J'en ai rien à foutre de la blesser. De blesser son frère. Ils ne sont que des employés, des pions à ma guise tant qu'ils travaillent pour moi. – Si tu n'es pas contente, tu peux démissionner. Je ne me justifie pas sur son frère. Je déteste qu'on mette en question mes agissements. Je tolère à peine qu'Ivan le fasse, alors ma serveuse ? Non. C'est trop. Elle tente de m'amadouer avec son marché et ses caresses sournoises. Je reste de marbre. Elle n'a pas attisé le bon feu. – Crois-tu être en position de pouvoir négocier, Hannah ? Je me rapproche d'elle, à quelques centimètres de son corps. Elle m'a mise hors de moi. J'avais besoin de cette soirée, de cette danseuse pour décompresser, mais, en quelques mots, elle a tout réduit à néant. Une fois chaud, une fois froid. Et puis, elle me propose d'être ma putain ? Elle qui ne voulait absolument pas être un de mes divertissement de cinq minutes ? Qu'est-ce qui ne tourne pas rond dans sa tête ? – Tu veux être mon petit jouet ? Je ricane et j'enchaine :– J'en ai déjà à profusion. Y'a rien qu'à voir comme elles se pavanent devant mes yeux pour passer qu'une seule nuit dans mon lit. Hannah ne me propose pas quelque chose qui m'intéresse et ses conditions m'horripile. Il faut clairement que je lui remette les idées en place sur qui est le patron ici et à qui elle se frotte. – Ton frère, si je veux le buter, je le fais. Je fais ce que je veux, et je n'ai pas besoin de me justifier auprès de toi. C'est clair ? Je ne mettrais jamais mon honneur avant une femme. Son frère m'a défié, m'a manqué de respect et il était hors de question qu'il s'en sorte indemne.  – Ton marché ne m'intéresse pas pour les conditions que tu m'imposes et je ne souhaite pas une esclave sexuelle. Oh surtout pas. Je n'ai jamais forcé une femme et je ne le ferais jamais. Il est vrai que je traîne énormément dans la prostitution et parfois la vente d'humaine, mais tout de même, j'ai un code d'honneur. Même si il n'y a pas grand-chose dedans.     

on frère : sa dignité, son honneur, son sacrifice. Je refuse d'accepter sa proposition pour son frère, d'éviter qu'il soit un dommage collatéral si je le souhaite. Et ça me rend fou de rage qu'elle se sacrifie pour cette tête de con alors que je devrais n'en avoir rien à foutre. Il n'est pas pas assez grand pour se débrouiller sans sa soeur ? Elle, qui était au abonnée absente pendant six ans ? J'hausse les sourcils, perplexe. Si Ben savait ce qu'elle m'a proposé pour sa vie, je crois qu'il vrillerait. J'ai bien vu comment il protège sa petite soeur et combien il déteste de la savoir à ma merci. Mais, il n'a pas vraiment le choix. Hannah m'intéresse, m'intrigue. J'ai envie de plonger tête la première, de la découvrir, mais je sais que je vais me perdre si je le fais. Et je ne le peux pas. Non, pas du tout.

Je retrouve peu à peu mon calme après avoir déballé mon sac. Ma mâchoire se décrispe, mes yeux ne sont plus incandescents. Je laisse à Hannah le loisir d'accepter mon refus. Elle doit se sentir humiliée, le rejet n'est jamais aussi facile à accepter quand on offre sa dignité sur un plateau d'argent. Elle est également en colère au vu des mots qu'elle me lance avec tant de haine. Je regarde son beau visage, et je me demande ce que je vais bien pouvoir faire d'elle. Je l'ai dans la tête. Mon corps la réclame. Et pourtant, je l'ai rejeté comme une malpropre. Je devais m'asseoir sur mon autorité, lui rappeler qu'ici elle n'est qu'un pion.
Elle revient sur ses paroles, me prouve qu'elle ne sera jamais mienne. Mon égo subit. Il subit en silence en écoutant sa tirade. Elle veut me blesser autant que je l'ai fait, mais je garde mon masque de glace et ne laisse apparaître aucune émotion. Elle boit mon verre de vodka d'une traite et je la laisse partir. Je fixe sa démarche, puis, je passe une main dans mes cheveux. Je réfléchis mais un bruit me stoppe. Ivan. Il était tapis dans l'ombre depuis un moment et n'a certainement rien louper de notre entrevue. – Tu aurais déjà coupé la langue à une autre. Il ricane tandis que je croise ses yeux aussi sombre que les miens. – Tu l'as dans la peau. Anton, tu devrais la virer. Je ne sais pas. Putain, je ne sais plus. Mais il a raison : je l'ai dans la peau. Je sais pas ce qu'elle m'a fait, mais elle m'a retournée le cerveau. – Ou alors... tu me la laisses ? Je peux en faire mon affaire. Je réagis au quart de tour, j'attrape sa gorge et je serre. Je le fixe, il change de couleur. Ivan me fixe, vraisemblablement étonné. J'attends qu'il vire au bleu pour le lâcher. – OK, j'ai compris. Il halète. Je retourne à ma place, j'attends mon verre. J'ai même pas besoin de parler, Ivan détale comme s'il avait le feu au cul en bousculant sans aucune délicatesse Hannah sur son passage. Je suis plus d'humeur. Je fixe les danseuses, les serveuses sans un mot et je me demande ce que je vais faire d'Hannah Davis.