-- coups et blessures. (kashkash)

les pas deviennent lourds, frappant le sol de nombreuses fois, avec rage, désespoir. sa vision se trouble pendant quelques secondes, son corps qui flanche contre le mur le plus proche. elle sait plus, elle a oublié. son âme s'est envolée, les souvenirs de la dernière heure avec. son squelette semble peser une tonne, neith, elle n'a même plus la force de marcher. ah, elle sait plus. non, elle sait plus, et ça l'agace, fugace. ses poings martèlent l'air, n'attrapant que du vide, saisissant l'impossible. ah, si ils la voyait dans cet état, les vases voleraient au rythme des mots qui font mal, ceux qui laissent des cicatrices au creux des côtes. pantin de bois, tirée par les ficelles familiales, elle héritera de cette couronne de plomb, pendant que les autres auront l'or. elle ne leur en veut pas. jamais. c'est pas d'leur faute. gravé dans son esprit, autant que dans ses veines, mots qu'on répète en boucle dans sa tête, enfant solitaire qui s'casse la gueule dans la mer, pareil à icare. à force de trop vouloir s'approcher du soleil on s'brûle, on s'noie, on s'écorche les genoux sur le macadam du queens. estomac qui se soulève, énième fois. gerber sur le trottoir, non merci, on vaut mieux que ça. téléphone qu'elle sort avec difficulté de sa poche. elle compose un numéro au hasard. enfin, le numéro qu'elle connaît par cœur. celui de kashi. la sonnerie se fait entendre, la al khalir, elle prie pour entendre la voix de sa sœur. elle décroche enfin, soupir de soulagement. kash ? j'ai. besoin d'aide. coup d'oeil aux alentours, quelques mots griffonnés sur une plaque. adresse donnée. je t'attends. je ne bouge pas. s'il te plaît, j'ai vraiment besoin de toi. le ton est suppliant, presque implorant. s'il te plaît.