Cattleya trianae ~ Frida

traits de caractère /
L'orchidée / Délicate fleur, toujours si belle, si élégante. Classe jusqu'au bout des ongles. Parfum envoûtant, qui attire et capture même les plus dangereux frelons. Son apparence est trompeuse. Parfaite en société. Elle ment comme elle respire, et elle le fait si bien. Elle a appris des meilleurs. Elle porte le masque de l'épouse exemplaire dans un mariage où l'amour est roi. Jamais froide pour autant.

Le puma / Le sang chaud, la passion, la colère. Elle ne sait pas se refréner lorsque la moutarde lui monte au nez. Elle exprime tout et trop quand elle n'a pas son masque, elle grogne, crie et mord. Une franchise exacerbée, pas toujours sincère, tout dépend de son interlocuteur.

la mescaline / Savoirs partiels des ancêtres chamanes, les brujos de la selva. Cactus, coca, lianes, elle a déjà tout essayé et tout pratiqué sans avoir jamais été bruja elle-même. Pourtant elle est un peu sorcière, un instinct fort, une forme d'empathie ou peut-être plus que ça. Mystique. Elle croit à tout ce monde des esprits et elle le respecte profondément.

la poudre de coca / Comment vivre au sein d'un cartel, l'addiction transmise par le sang avant même la naissance, sans y passer soi-même. Elle est déjà tombée bien bas, à plusieurs reprises. La poudre blanche, la seringue, les pilules colorées, toutes ces tentations sont ces pires démons.

L'antre des arachnides / Elle sait, elle connaît, pas les détails, seulement le tout, les schémas, l'ambiance. Elle prétend ne rien voir, ne rien savoir. Elle est née dans le sang, la mort est son premier souvenir, elle a vu le pire à travers ses pupilles enfantines. Rien ne la choque. Elle feint l'ignorance, elle ne se laisse jamais atteindre par cette violence qui a toujours fait partie de sa vie.

Le Physalis / Elle a choisi sa geôle, est entrée dans sa cellule de son plein grès, rongée par des pensées négatives et destructrices. Elle est capable du pire cette femme, il ne faut jamais l'oublier, pour elle-même comme pour les autres. Son cœur est amère, l'amour à jamais emprisonné. La clé qui l'y a enfermé c'est ce regard qu'elle n'a jamais oublié, celui d'un homme épris de sa sœur, celui si doux de Tomás posé sur Alba. Ces yeux là qui ne l'ont jamais dévisagé de la même façon. Jamais. Ils n'ont jamais prononcé ces mots d'ailleurs, sauf lui parfois, dans un état second et elle ne les a jamais cru. Ils ont beau s'entendre la plupart du temps, se compléter à merveille, tenir l'un à l'autre et se soutenir quoiqu'il advienne, elle a toujours été jalouse d'Alba pour ça. Jalouse d'une femme morte qui était aimée, alors que c'est elle qui vit et avec lui, c'est à elle qu'il fait l'amour et c'est à elle qu'il donnerait tout. Alors la captive souhaite que quelqu'un la regarde comme il a regardé sa sœur, désespérément. Au risque de le perdre, lui.

overdoses / La première fois, elle avait seize printemps. Leur père avait essayé de les protéger pourtant, elle et sa sœur, elles n'étaient pas censées toucher à tout ça, filles chéries du cartel. Mais ils ne pouvaient en être autrement tant ce milieu, cette violence et la poudre blanche étaient des éléments familiers, ordinaires de leur vie depuis leur naissance. La banalité avait eu raison de leur raison, l'interdit avait créé la tentation.
C'est Alba qui l'avait retrouvé cette fois là, la bouche entrouverte, vomissant et convulsant. Une scène traumatisante pour la petite sœur. Des mesures avaient alors été prises par leur père pour que les deux sœurs camées soient éloignées de Medellín quelques temps et réussissent leur cure, et surtout pour qu'elles ne replongent pas.

La seconde fois elle avait vingt-trois ans. Elle avait replongé malgré elle, fragilisée par ce mariage si compliqué, la vie qui l'attendait dans un autre pays, inconnu, et par dessus tout elle était née avec l'addiction dans le sang, presque la seule chose qui lui restait de sa mère. C'était particulièrement dur pour elle de résister, encore plus d'arrêter. Alors apprendre la mort de sa sœur, assassinée par la famille, avait achevé sa volonté. Elle avait repris la consommation de différentes drogues, à l'abri des regards. Tout le monde y passait dans ce milieu, ça ne pouvait choquer personne mais elle préférait mentir, et elle le faisait bien. Tomás ne savait pas que sa mère s'était droguée lorsqu'elle était enceinte, peut-être qu'Alba lui avait raconté qu'elle était morte d'une overdose quelques années plus tard. Elle ne semblait pas lui avoir dit qu'elle-même avait failli mourir de la même façon.

Les mois passèrent alors que les substances ne faisaient que la faire sombrer un peu plus chaque jour. Les mois passèrent et un autre cycle s'interrompit, ce même sang saturé de substances ne vint plus s'écouler entre ses cuisses. Elle cru que c'était à cause de la drogue au premier retard, un simple test infirma cette possibilité. Elle était dévastée, perdue, elle voulait lui dire, pour l'enfant et pour la drogue. Le problème c'est qu'elle n'arrivait pas à parler du second, l'idée qu'on lui retire sa came la rendait folle. Elle n'était plus elle-même, elle était contrôlée par la cocaïne. Jusqu'à ce que l'inévitable se produise et que Tomás la retrouve à son tour, couchée chez eux, aux portes de la mort. A l'hôpital de Medellín, les médecins lui annoncèrent par la même occasion qu'elle était enceinte et qu'elle avait eu de la chance de ne pas le perdre. De la chance, elle en aurait encore puisqu'elle terminerait cette grossesse sans soucis et d'un enfant bien portant. Alejandro serait juste camé lui aussi, comme elle, et pour la vie. Une malédiction, voilà l'héritage familiale. Frida avait hurlé et pleuré, épuisée et défaite, elle n'osait pas regardé son mari, pétrifiée par la honte et la peur. Pourtant il était resté, il l'avait soutenu tout du long de sa cure, il ne lui avait jamais lâché la main dans les pires moments et elle s'en était sortie grâce à lui. A partir de cette épreuve quelque chose a changé dans leur relation. Elle ne lui a plus jamais menti, lui non plus, outre leurs amants respectifs, elle lui a toujours fait confiance. Frida sait que sans lui, elle replongerait inévitablement. C'est lui qui la protège de son pire démon.


Mirages contraires / Elle savait presque exactement à quelle heure Tomás allait rentrer, il lui disait toujours et elle avait bien reçu ces messages ce jour-là. Ce jour-là, ses fils étaient avec des copains à eux. Ce jour-là, elle était en colère contre lui. Ce jour-là, elle voulait se prouver qu'il tenait à elle, après toutes ces années de mariage et la naissance de leur deux premiers fils. Ce jour-là elle n'avait pas eu de difficultés à séduire un homme dans le bar du coin et à le ramener chez eux. Elle avait attendu son dernier message, avait calculé son arrivée aussi précisément que possible. En réalité, elle comptait sur le fait qu'il entre juste avant que leur rapport ne commence vraiment, mais autant elle pouvait compter sur son mari pour être ponctuel, autant il était difficile de prévoir le déroulement d'un rapport sexuel.

A l'heure annoncée elle avait l’œil sur la poignée qui s'abaissa avec la précision d'une horloge suisse. Elle regarda son mari alors qu'elle simulait son plaisir et que l'homme s’affairait entre ses cuisses. Leurs regards ne se croisèrent pas encore, non, il était bien trop en colère. Il se manifesta pourtant avec le plus grand calme et l'intrus s'éloigna, la mine écarlate. Tomás lui proposa un verre auquel elle n'eut pas besoin d’acquiescer, son époux savait parfaitement ce qu'elle buvait et quand. Elle se contentait de le regarder avec un petit sourire en coin, parce que la situation l'avait excitée tout compte fait, même si sa réaction, bien que très attendue, la décevait. L'instant d'après elle agitait son alliance sous l’œil déconfit de l'amant du jour qui réalisait qu'elle s'était servi de lui. " Le timing était serré... " Qu'elle lui rétorqua, insinuant clairement qu'elle avait voulu qu'il la trouve ainsi. Mr McGrath n'osait toujours pas la regarder, est-ce qu'elle avait gagné alors ? Elle sentait la colère le gagner et son sourire s'élargit un instant - elle avait eu ce qu'elle voulait - avant de disparaitre. La satisfaction qu'elle en retirait n'était pas celle espérée, sans parler de la légère frustration sexuelle. Uune once de déception s'échappait entre eux, même si l'histoire serait sans doute vite oubliée. Du moins c'est ce qu'elle espérait. "Por està confesión, vale todo la pena del mundo mi amor." Après quoi elle ne lui avait pas fait l'affront de l'embrasser, elle avait avalé son verre d'une traite puis était partie prendre une douche.

Elle n'avait jamais recommencé une telle mise en scène, ni n'avait été prise sur le fait involontairement. Elle avait au contraire fait plus attention que jamais lors de ses relations extra-conjugales, en prenant soin de chaque détail. Ils savaient mais ne devaient jamais ramené le moindre indice à la maison c'était le deal.