never back down. (lyes)

premier coup. t’encaisse.
deuxième coup. t’encaisse. troisième coup. t’évites. tu rends à ton tour. un coup dans le ventre. un autre dans la tête de ton adversaire d'un soir. sois tu subis. sois tu mets les coups.
t'as décidé de mettre les coups. depuis que t'es gosse. t'as décidé de te battre, parce que la vie ne fait pas de cadeau.
à toi, en tout cas, elle en n'a pas fait. rage au ventre t'as toujours été en colère, contre tout. contre rien.
peut-être à tord. ou peut-être pas.
cogner. tu te souviens plus de la première fois où tu l'as fait, mais c'est resté. ça fait partir de toi. trop. le sang qui coule, la douleur d'un instant ou celle qui reste, tu t'en fiches. t'encaisse. et aussi étrange que ça puisse paraitre, t'aime ça. l’adrénaline. comme la première fois où t’as fait un combat de rue. la première fois où on t’y as entrainé. les gens ne savent pas forcément ce que tu y trouves dedans. mais toi, tu t’plains bien dans cet univers.
tu cognes, parce que sur le moment, y a que comme ça que tu peux t’exprimer. y a que comme ça que tu te libère. et le temps d'un instant, t'es ailleurs. il y a le mec en face et toi. ce gars tu le connais pas et pourtant t’as la rage, t’as envie qu’il s’écroule sur le sol après un énième de tes coups. alors tu tapes. fort. tu tapes sans t’arrêter. même quand tu vois le sang. et lui il riposte, du mieux qu’il peut, mais ce soir, il a eu un adversaire un plus fort que lui.
mais t’as pas le temps de te satisfaire d’une victoire. panique dans les lieux. panique pour tout le monde. les flics. c’est ce qui te fais arrêter de cogner. t’attrapes ton sac, tu vas vers lyes, le bonhomme que t’as entrainé avec toi. cours, c’est tout ce que tu dis avant de l’entrainer avec toi vers une sortie derrière. tu connais les lieux. pas lui. pas encore. tu l’as entrainé un peu par hasard, vous étiez ensembles, t’avais ce combat, il aime se battre, c’est peut-être pour ça qu’il t’as suivit. quoi qu’il en soit, tu l’entraines avec toi plus loin. tu cours, sans vraiment le lâcher des yeux, t’as pas envie qu’il se fasse attraper parce que tu l’as entrainé dans ce trou. et quand vous êtes assez loin pour vous arrêter, pour faire une pause du moins, tu remarques que t'as pas mal de sang sur toi. le tien ou pas. p’tain on va croire que j’ai tué quelqu’un, tu finis par dire en explosant de rire.

c’est peut-être pas le meilleur moyen de se détendre.
peut-être pas le meilleur moyen pour régler ses comptes avec la vie, mais putain, qu’est-ce que ça fait du bien. le moment où tu donnes le premier coup. celui où l’adversaire riposte, qui te redonne encore plus l’envie de le bouffer. le bruit de la foule autour, les cris, les encouragements, comme si les gens avaient envie que l’un des deux crèvent sur le sol. dans ton entourage peu de gens savent que tu fais ça, et c’est peut-être mieux comme ça, ils ne comprendraient pas pourquoi tu t’encombre encore de cette connerie. comme si dealer, les vols et petit cambriolage ne suffisait pas. et ouais ça te suffit pas. t’as besoin de plus. t’as toujours besoin de plus d’adrénaline.
alors tu fonces dans tous types de problèmes. ou presque. il y a peut-être des limites que tu ne voudrais pas franchir. des limites sans retour.
et puis la panique dans la foule, tu comprends rapidement ce qu’il se passe, c’est pas la première fois. descente de police. alors, tu fais comme tout le monde, tu te barres, sans oublier d'aller chercher lyes avec qui t’es venu. parce qu’il comprendrait peut-être pas ce qu’il se passe, sur le coup. sa première fois ici. son premier combat de rue. tu lui dis simplement de courir, et c’est ce qu’il fait. t’as l’habitude de filer. t’as l’habitude de galoper. t’es même plutôt rapide. faut dire que t’as appris tôt à fuir la police. tu sais où aller, tu sais où te cacher. et quand tu juges que c’est le bon moment pour faire une pause, tu le fais. t’as une bonne endurance, mais tu remarques que ton pote, il a un peu plus de mal à reprendre son souffle. soit ça ou qu’tu m’as tapé. tu rigoles une fois de plus, c’est vrai qu’t’es pas mal amoché, ça va ? on pourrait aisément croire que tu t’en es pris à lui. puuutain ! c’tait un truc de ma-lade ! qu’il ajoute ensuite avec un sourire aux lèvres. et puis tu le vois, même s’il s’est fait défoncer, même s’il doit avoir mal, ça lui a plu. tu le vois dans son regard, il a dû ressentir la même chose que toi lorsque tu tapes. et tu sais, que si tu lui proposais une nouvelle fois, il le ferait. tu l’as ressentis toi aussi hein ? l’adrénaline. la sensation d’être libre, vivant ? tu le sais bien que c’est pas une bonne chose d’entrainer les gens dans tes conneries, tu le sais bien. mais t’as toujours été une putain de mauvaise influence. t’es pas le gars à suivre… t’es pas le gars à suivre et pourtant, certaines personnes le font. des personnes qu’on envie de goûter à l’adrénaline de l’interdit.

c’est que lorsque que vous êtes arrêtez que tu fais attention au sang qu’il y a sur toi. a l’état de lyes aussi. tu lui demande s’il va bien, il dit que oui.  ça t’arrive de te faire ramasser aussi, souvent au début de ton parcours de combattant illegal, un peu moins maintenant.
tu le regardes reprendre son souffle. et toi, t’essayes de faire redescendre l’adrénaline du moment. les coups. la fuite. c’est peut-être étrange au fond, mais tu te sens bien. tu te sens même vraiment bien. et tu penses que personne de ton entourage proche pourrait comprendre ce que tu ressens a cet instant précis, c’est peut-être pour ça que tu parles pas de ta petite occupation. mais tu le vois chez lyes, il a ressenti la même chose que toi. tu le sens. c’est certainement pas une bonne chose, mais tu n’peux pas t’empêcher d’être satisfait. de savoir que certaines personnes que tu côtoies comprennent. alors ouais, toi t’es pas du genre au sauver, t’es plus du genre à enfoncer. a tirer vers le bas plutôt que vers le haut. c’est pas que t’en fait exprès au fond. c’est que ça vient comme ça. ouais. j’crois qu’j’ai une cote d’fêlée. tu souris. y a rien de drôle. pas de raison de sourire. dormir, quelques cachets et ça passera. comme si tu donnais un remède à sa douleur. mais quand ça t’arrive c’est clairement ce que tu fais, cachet, dormir et peut-être autre chose pour faire oublier la douleur.
puis il te tend une cigarette, après avoir retirer son t-shirt pour s’essuyer un peu. tu l’acceptes la clope et après l’avoir allumer et porter à ta bouche tu d’adosses sur le mur. ça fait longtemps qu’tu fais ça ? t’battre comme un cleb ? la comparaison te fait sourire. c’est clair que c’est comme un combat chien. aussi violent, aussi sauvage. certains diraient que c’est pas humain de se battre comme ça. juste pour le plaisir de gagner un peu de thune. pas si longtemps que ça au fond…un peu plus d’une année je pense. tu te souviens plus trop de quand t’as commencé, mais tu te souviens très bien de comment ça s’est passé. jules qu’est venu te trouver après une énième bagarre à la sortie d’une boite. jules qui a vu chez toi l’âme d’un combattant. d’un survivant. t’as hésité au début, t’avais déjà assez de problème comme ça pour en ajouter un autre au tableau.
t’as pas hésité longtemps.
tu l’as accompagné une fois, et quand t’as vu le premier combat. t’as craqué. l’appel des coups a eu raison de toi. c’était juste pour un temps au départ, deux ou trois combats pas plus, tu commences par lui dire après avoir tiré un coup sur ta cigarette, puis finalement, quand t’y as goûté… tu peux plus vraiment t’en passer. c’est clair qu’aujourd’hui, t’as besoin de ça. t’as besoin de ressentir toutes les émotions qui te traversent lorsque tu es en pleins combat, ou après. enfin, moi en tout cas je plus pas m’en passer.

ce soir, t'as eu de la chance. t'as pas eu un adversaire à ta taille. t'as eu de la chance, bien que parfois tu dirais apprécier les combats qui te font suer. où tu sais qu'il y a du level. ça te donne encore plus de rage. ça te donne encore plus l’envie de cogner.
quant à lui, lyes a eu un combat plutôt difficile, et c'est vrai que ça te fait sourire. non pas que tu apprécies le voir avoir mal non... mais tu dis que t'as été à sa place et qu'il t'arrive d'ailleurs encore de l'être. de plus, ça n’a pas l’air de l’embêter plus que ça, on dirait même qu’il a apprécié cette première expérience.
puis il te demande depuis combien de temps tu fais ça. depuis combien de temps tu te bas comme ça. t'as pas de date précise, juste une période de commencement. t'as l'impression que c'était hier quand jules est venue te chercher. t'as l'impression que c'était hier que tu t'es pris ta première bonne raclée. quand t'as gagné ton premier combat aussi. le sentiment que t'as ressenti. le sentiment de puissance. le moment où tu t'es dis, putain c'est sûr que j'arrêterai pas.
c'est limite une drogue et tu lui dis que d'ailleurs, tu pourrais plus arrêter. c'mieux ça que d'venir vegan. un petit rire t'échappe à cette réflexion. c'est sûr qu'c'est plus excitant. et c'est peu dire. mais t’as raison. j’crois qu’ça va être galère d’trouver un passe-temps qu’équivaut ça. fuck les l’çons d’piano, rendu là. sourire aux lèvres à la fin de sa phrase. toi t'as pas trouvé un autre passe-temps mieux que celui là. t'as commencé par la vente, au départ c'était kiffant, ça l'est toujours, mais c'est ta routine depuis trop longtemps pour que tu retrouves l'excitation que t'avais à tes débuts. puis y a eu les vols, les cambriolages. sur l'instant tu l'a ressens l'adrénaline, toujours. mais les combats c'est autre chose, ce sentiment de puissance quand tu gagnes. ce sentiment de haine quand tu perds. peut-être qu'un jour tu t'en lassera. peut-être qu'un jour t'auras besoin de quelque chose d'autres.
t'peux toujours recommencer. le tente pas ken. ne l'entraine pas dans le monde que tu as choisi. ne l'entraine pas vers cette drogue dont tu ne peux plus te passer. ne l'entraine pas dans un truc qui lui fera, inconsciemment, certainement plus de mal qu'autre chose. ne l'entraine pas dans un truc dont son entourage ne sera pas fier. t'sais y a toujours de la place pour un combattant de plus. pourtant, c'est ce que tu fais, l'entraîner un peu plus à chaque phrase que tu prononces. mais tu le sais, lyes, il est un peu comme toi, il a besoin de ressentir des trucs de ce genre. c'est comme ça que vous êtes. c'est votre mode de vie au fond. ce que vous avez choisi.

tu le vois qu’il a mal, bien qu’il ne le montre pas tant que ça au fond. il est solide lyes. il encaisse. tu savais bien que quoi qu’il arrive ça lui plairait quand tu l’as amené. tu ne le connais pas plus que ça au fond le garçon, mais ça, tu le savais. alors au lieu de le dissuader de revenir. au lieu de lui dire qu’il ne devrait pas recommencer, t’es là à lui proposé de retenter l’aventure. et tu le sens qu’il y réfléchis. ouais… t’sais même qu’il pourrait presque craquer. parce que même si lyes est ce pote que tu ne connais que très peu en fait, tu sais très bien, qu’à ce niveau, il est comme toi. ce mode de vie, ces sensations, il en a autant besoin autant qu’toi. et c’est peut-être la raison qui fait que vous arrivez à vous entendre. peut-être que c’est ce qui vous rapproche.
ça prend combien d’temps s’remettre d’une cote fêlée, du coup ? tu te souviens t’être posé la question la première fois que ça t’est arrivé, au début, après, tu t’y fais, un peu. t’as tellement reçu de coup, que tu sais ce que c’est. parce que là, j’serais même plus capable d’chier pendant les trente prochains jours. tu ne peux pas t’empêcher de rigoler à sa réflexion. non sa douleur ne te rends pas heureux. t’es pas si mauvais que ça. j’dirais que dans deux semaines ça ira beaucoup mieux, peut-être, ça dépend des fois en fait. de la douleur. du degré. après, j’ai déjà pensé qu’j’avais une côté fêlée et au bout d’une semaine ça allait mieux… c’est vrai, parfois tu penses que c’est grave et c’est une broutille. mais c’est vrai que dans mes premières fois, j’ai déjà été dans le mal pendant un peu plus d’un mois. tu te souviens t’être fait battre d’une force inimaginable. genre, t’étais tellement mal que t’avais du mal à bouger, que même rire ou tousser te faisais une douleur incroyable. t’imagines la galère qu’c’était rien que pour prendre une douche, rigoler et surtout pour baiser. c’est certainement ce qui est le plus désagréable. mais bon j’veux pas t’inquiéter, ça passera vite je pense.c’est vrai que ça passerait mieux avec un vrai traitement, une consultation à l’hôpital et tout ce qui va avec… mais toi, t’as jamais été de ceux qui vont à l’hosto pour ça. les gars comme vous de toute façon sont comme ça et puis qu'est-ce qu'il irait expliquer hein.