never back down. (lyes)

soirée habituelle pour toi. ou presque. c’est pas comme si t’avais des combats tous les soirs, mais assez régulièrement. et parfois, pendant un fragment de secondes, tu te demandes si un jour ça te passera. les bagarres, le vol, la vente, tout ça. est-ce qu’un jour t’auras envie de te poser, de passer à autre chose.
ouais parfois tu te le demandes, mais…
mais très vite se sont des interrogations balayées par ce que t’apporte ce monde-là. en vrai, tu lui dois tellement, que tu ne penses pas pouvoir faire autre chose, peu importe le danger que cela peut procurer. alors, ouais t’en profites chaque instant et tu vis chaque moment au jour le jour sans te soucier du lendemain.
comme aujourd’hui, en plein combat. tu as tapé comme si c’était le dernier et putain que ça t’as fait du bien sur le coup. et maintenant… maintenant que l’adrénaline du combat et de la fuite est passée, t’as juste envie d’y retourner.
d’y retourner et d’y emmener des gens comme toi, des gens qui ont besoin de ça comme lyes. au lieu de le laisser s’en remettre, se remettre des coups qu’il a pris tu lui proposes de revenir. ouais, tu lui dis que ça ira, tu lui dis que ça devrait vite passer. ça d’vrait l’faire. évidemment que ça le fera que tu penses intérieurement. ça passe toujours peu importe le temps que ça prend et lyes… lyes c’est pas un fragile, du moins tu n’en n’as pas l’impression, alors ça ira.
du coup, c’quoi la pire douleur qu’t’as du encaisser dans toute ta vie ? tu réfléchis un instant, de la douleur t’en as eu dans ta vie. mais de quoi tu parles lyes, physique ou morale. parce que la pire douleur que t’as dû encaisser, et même si tu le diras pas et tu l’as jamais dit à personne, c’est peut-être l’absence de ta mère. le fait de pas avoir connu de figure maternelle. son absence, ça te fait de la peine, et le fait que ça te fasse de la peine c’est ce qui te fait le plus mal. parce que tu devrais t’en foutre. au fond qu’est-ce qu’on en a à foutre des personnes qui t’abandonnent. des personnes qui préfèrent tous lâcher sans se soucier de ceux qu’elles laissent derrière. mais c’est comme si tu ne pouvais pas t’empêcher d’y penser. j’pense que c’est la fracture qu’j’ai eu à la jambe quand j’étais plus jeune, c’est finalement ce que t’as choisi de dire. Et toi ?  

de la douleur t’en as eu. la douleur, tu connais plus tôt pas mal. tu connais ça par cœur. parce que tu la subis depuis longtemps. trop longtemps et sous plusieurs formes.
alors ouais tu te demandes de quoi il parle, sans poser la question à haute voix. parce que vous êtes des bonhommes. des bonhommes qui ne parlent pas de tout. préférant garder certains sujets bien enfouis au fond de soi. des petites faiblesses cachées que personnes ne pourraient imaginer, même les gens les plus proches de vous. alors toi, tu lui parles de la fracture de ta jambe. la douleur est restée un temps, puis c’est passé. ça passe comme tout, et parfois on croit que ça passe, mais c’est simplement une illusion.
la clavicule… c’était mortelle. donc c’est ça, sa plus grande douleur. tu sais pas trop s’il dit la vérité, ou s’il est comme toi, s’il a fait choix. et ça ne t’étonnerait pas, au fond. lyes, tu ne le connais pas depuis très longtemps, malgré le temps que vous avez passé ensemble, tu te rends compte que finalement, tu ne sais pas grand-chose sur lui. peut-être que ça viendra avec le temps… ou peut-être pas. au final, t’en sais rien. seul l’avenir vous le dira.
quoi qu’il en soit, tu te doutes bien que la clavicule, ça devait pas être une partie de plaisir. elle m’casse encore les couilles, parfois, quand j’suis brusque. alors, à côté, ce qu’t’as aujourd’hui c’est de la rigolade. tu minimise un peu, c’est mieux que d’être trop sérieux. selon toi en tout cas. c’était à cause de quoi ? tu demandes quand même. curieux ? peut-être bien que ouais tu t’intéresse à ce qui a causé sa douleur. il te le dira peut-être ou peut-être pas. t’en sais rien.
tu jettes un regard autour de vous, les minutes sont passés depuis. et les flics ne doivent plus être dans le coin maintenant. j’pense qu’on peut s'tirer tranquille, les flics doivent s’être barrés. constatation logique vu le temps qui a passé. et puis faut qu’t’aille te remettre en forme pour la prochaine fois. tu finis par lui dire, en rigolant légèrement. ouais t’es presque persuadé qu’il y aura un prochain combat pour lyes.

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