you look like my next mistake

traits de caractère / La chaleur qui monte, elle ne connait que cela. La chaleur qui monte, quand elle est auprès d’elle. la chaleur d’un être, les mains sur sa taille, le regard enjôleur, elle ne sait résister, se vend encore une fois. Comme toujours, comme avant. Se vend, joue de son corps, devient indispensable. La chaleur qui monte, et ne s’arrête jamais, et les doigts qui remontent, tissu caressé, pour venir arracher les boutons, pour venir caresser cette peau, goûter à cette chair, effleurer cette âme, de ses lèvres salvatrices. Il y a les sons, les gémissements d’une âme qui se donne, les souffles d’un corps qui prend. Ses cheveux qui dégoulinent le long de son cou, les mèches qui se faufilent en un lieu intime, et les lippes accrochées à son cou, brûlant. Un faible murmure, et les mains qui se débarrassent d’un habit bien trop lourd, pour se poser sur un ventre plat, les ongles contre son épiderme, la surprise dans un cri, et les flammes en son sein. Baiser chatoyant venant apaiser la douleur de ces attaques animales, la sauvagerie prend le dessus, l’âme chasseresse n’en peut plus, et la proie subit, aux sons qui s’échappent d’entre ses lèvres, ce souffle saccadé qui ne peut plus reprendre consistance, et l’impression de fondre d’autant plus. le frisson qui se colle à la peau, le frisson qui se colle aux lèvres, la tête de la prédatrice qui s’en va plus bas, et le regard qui se perd. Les yeux qui se ferment, les derniers tissus qui effleurent le reste de son existence, pour laisser la lionne s’emparer de son dû, de son âme, de son esprit tout entier, raison qui devient confuse. Tête en arrière, incapable de se concentrer, les propos qui découle de cette attention particulière, et elle se met le fauve à dos, tout en savourant son piquant. Il ne faut pas longtemps pourtant pour entendre ce rappel à l’ordre, un doigt toqué contre la porte du bureau, pour demander de l’aide. Productrice et assistante coupées dans leur élan, le sérieux reprend le dessus, mais la proie n’en a pas fini. Un souffle contre l’oreille de la lionne, le rire qui s’évade avec elle, et la frustration qui prend possession d’une chasseresse imperturbable, objet entre ses doigts fait de dentelle. la proie éclipsée qui revient toute légère, l’air de rien sur le visage, comme si tout n’était qu’un rêve. Et le sourire tendre d’une victoire méritée, tandis qu’elle s’occupe de répondre à la demande, laissant la patronne sur le pan de sa porte.
Ce regard qu’elle lui jette.
La partie ne fait que commencer.
La journée n’est même pas bien avancée.
Et chaque heure devient un nouveau round, dans cette bataille effrénée, ponctuant la relation professionnelle de cette fusion indescriptible. Un duo qui excelle lorsque les esprits sont mis en commun, qui se bat à la déloyale en laissant le désir démolir chaque graine de raison qui subsiste. Ce ne sont que deux âmes qui se battent pour s’amuser, qui s’amusent pour se battre. Qui se laissent attendrir, sans montrer la moindre faiblesse. Un besoin inextinguible de se rapprocher pour travailler, de s’enfuir pour gagner une guerre pourtant perdue d’avance.

C’est comme une seconde vie.
C’est comme une seconde chance.
Loin derrière elle, proie qui se devait de se vendre. Loin derrière elle, âme qui se détruisait pour assurer le bien être d’une seule âme, famille restante pour l’accompagner. Loin derrière elle, cette misère qu’elle comblait par un sourire, ce masque qu’elle enfilait pour sa sœur, pour éviter de lui faire mal, pour éviter de l’inquiéter. Pour éviter de revoir les larmes sur son visage, pour éviter de revoir les tremblements de ses lèvres. Et pour ne plus jamais avoir à la voir détruite, ce cœur qui se laissait battre pour un peu de protection.
C’est comme une seconde vie.
C’est comme une seconde chance.
Une femme, proie soumise qui se rebelle, retrouve la femme de sa vie le soir venu pour l’enlacer, les billets sur la table, et la promesse que tout ira bien. le besoin de lui dire, qu’elle l’aime, ne veut jamais la quitter. Des secrets qu’elle garde, quant à ce qu’il se passe dans le bureau de sa patronne. Et des sourires qui s’échangent, deux sœurs qui ne se veulent que du bien.
Qui se pourfendent pourtant en cachoteries.
Et elle l’aime.
Elle ferait tout pour elle, venus.
Tout pour celle qui l’a élevée.
aurora.

Maman.
Elle était si belle, un souvenir qui s’efface. Elle était si douce, un passé qui la hante. Des rêves qui ne veulent pas partir, des moments qui s’oublient, et des pensées malsaines. Des larmes sur son doux visage, qui coulent en pensant à elle, cette femme qui avait l’air d’avoir le monde sur ses épaules, qui réussissait à sourire, qui réussissait à se mentir. Qui ne voyait pas combien cette vie la dépassait, deux gamines et un mari amorphe, l’existence qui s’écroulait en son sein. Sans doute l’amour n’était-il pas assez fort ? quelle ironie de l’avoir appelée venus, alors. Sans doute n’aimait-elle pas ? plus ? l’étincelle éteinte, et la suffocation qui la prenait. Le besoin d’air, de revivre.
« où elle est, maman ? » triste supplication d’une enfant trop petite, d’une gamine qui grandissait trop vite, à la seule personne à jamais présente dans sa vie, sa grande sœur. Aurora. Aurora, qui la portait sur ses genoux, qui restait dans ce fauteuil habituellement occupé par le paternel, et qui glissait ses doigts le long des joues de la petite, effaçant les larmes qui continuaient de couler. Qui continuent encore aujourd’hui. mais que dire ? comment annoncer qu’elle avait disparu ? comment dire qu’elle les avait abandonnées ? quels mots pouvait-elle choisir, pour calmer ce cœur apeuré ? elle ne le sut jamais. Mais elle lui promit quelque chose. De toujours veiller sur elle. de toujours être là. D’essuyer ses larmes, et de la protéger. Un serment inviolable. Le secret d’un amour véritable. une vraie promesse.

Aurora.
Toujours là.
Toujours présente.
Seule vraie constante, dans une vie de défauts, de saletés, de pourritures, et de misère. Seule bonheur, auréole autour de la tête, qui n’a jamais laissé les ténèbres l’emporter, qui lui donnait à manger, qui se privait pour elle. un sacrifice qui existait dans les deux sens, un sacrifice que la petite pouvait aussi exécuter, la faim, pour le sourire d’une femme merveilleuse. Le bout de pain, qu’elle abandonnait volontairement, malgré son ventre qui grondait, juste pour être sûre qu’aurora puisse assourdir le sien. Une vie qui n’était pas facile, un combat qui n’avait pas de fin. La rue, impitoyable, qui les privait de tout, sauf de la présence de l’autre. Et le froid, qui s’emparait d’elles, quand l’hiver arrivait. Elle ne les compta jamais, les moments où, gelée, elle se glissait dans les bras de sa sœur, laissait le sommeil tenter de la conquérir, et sa chaleur venir l’envahir. maigre lueur d’un espoir qui disparaissait, mourait en même temps que deux sœurs affamées, toit qui manquait, famine qui arrivait. Et les larmes qui laissaient place aux pleurs. qui font mal, même aujourd’hui.
Ces sanglots qui crevaient le cœur. Ces paroles qui tentaient de réparer les dégâts. Cette chanson qu’elle fredonnait, et les yeux qui se fermaient pour une nuit toujours plus dure, épouvantable.
Elles ne savaient jamais si elles vivraient un jour de plus. si la fin n’approchait pas.

Papa.
Elle ne l’a pas connu, pas vraiment. Elle se souvient de lui, dans une seule position. Elle se rappelle de ces moments, où il se plaignait dans le fauteuil, ne savait ni se bouger, ni agir. Un être amorphe, qui laissait la femme de la maison seule, qui préparait sans le savoir le malheur. Prophète des ténèbres qui arrivaient, il se laissait aller, probablement parce qu’il savait. Que son cerveau était en déclin, qu’il ne pourrait ni s’assurer, ni se refaire. Une maladie. L’une des plus horribles. Alzheimer, comme un poignard enfoncé en plein dans son cœur, alors que son père oubliait. et la peur de venus de suivre ses pas. Le souvenir de ses adieux, elle s’en souvient encore. Si seulement elle avait su. Su que jamais plus elle ne le reverrait, cet homme. Ce meuble. Disparu. Ce fut la décadence. La fin de tout. L’argent qui ne savait plus entrer dans leur vie, et la vente d’objets pour subsister. Bientôt, elles n’eurent plus rien, et le loyer en moins, elle se retrouvèrent à la rue. Deux sœurs qui n’avaient pas les moyens de se battre, dans les rues d’une ville qui prenait tout, d’une cité qui n’avait plus rien à faire des dawson, et les détruisait, toujours un peu plus. un combat qui ne s’arrêta jamais.

Aurora.
Le sourire sur ses lèvres. La promesse que tout ne pourrait qu’aller mieux, avec cet homme. Qui les sortait enfin de la rue. Qui leur offrait le paradis. Elle n’était pas dupe, cependant. Voyait bien que ce qui n’allait pas, c’était le manque d’amour. Que la romance n’existait pas. Un mythe, auquel elle ne savait croire, qu’elle voyait se briser devant ses yeux. « tu n’es pas obligée… » qu’elle murmurait, alors que sa main venait chercher celle de son aînée, un besoin de se savoir protégée, alors que l’appartement s’ouvrait. Un toit. Après tant de temps. un toit. Rien que pour elles, et pour cet homme. Elle ne savait pas l’apprécier, elle ne pouvait pas l’accepter, mais elle ne savait pas comment vivre sans lui. Parce qu’à deux, elles n’y arrivaient pas. réalité bien trop difficile à admettre, même aujourd’hui. Parce qu’à deux, elles ne savaient pas comment faire. Il leur fallait de l’aide. Elle aurait juste aimé que ce ne soit pas lui. Un regret qu’elles ont encore sur le cœur. Pourtant il était bon. Avec sa sœur, avec elle. il n’avait rien de mauvais. Et aurora souriait. Parce qu’elle la protégeait. Parce qu’elle accomplissait sa promesse. Un sourire que venus ne voulait pas effacer. Un désir de s’en aller, mais le besoin de rester pour sa sœur.
Un besoin de protection qui allait dans les deux sens. Surtout lorsqu’elle s’interposa entre lui et elle. le couteau dans la main du mâle, et aurora dans son dos. Les pleurs, les cris, la fin.
Le retour à la case départ. le destin qui ne faisait que s’amuser avec elles.

Aurora.
Et elle.
Encore et toujours, perdues dans la brume des rues, perdues parmi les passants qui ne faisaient pas attention. Deux âmes inconscientes, qui économisaient le peu qu’elles avaient. L’ancien salaire de sa sœur, celui qu’elle avait quand le cœur était serein, le toit au dessus de leur tête, qui s’épuisait lentement. Elles se rationnaient, se gardaient quelques nuits dans un triste motel pour avoir un peu plus chaud, pour avoir de quoi se laver, de quoi se reposer, sans avoir le besoin de veiller. Il n’y avait pas assez. Elle le savait. Aurora ne voulait rien dire, ne voulait pas l’affoler. Mais elle le savait, venus. Elle le comprenait. Et ne savait l’accepter. Ne voulait plus rester le fardeau qu’elle devenait, incapable d’assurer la protection de son aîné, incapable de lui rendre tout ce qu’elle faisait pour elle. pour elles.
Non. Venus ne savait pas accepter la défaite. Et dans le plus grand des secrets, elle trouva la solution. Un corps, comme marchandise, une virginité comme luxe, et l’abandon dans les bras d’un homme peu vertueux. Les larmes qui glissaient, tandis qu’elle se donnait, et qu’elle tentait de ne pas regretter. L’espoir, abandonné, la pureté, dépassée. L’innocence, au fond d’une voiture, et l’impression de mourir, tandis qu’il la possédait. Une expérience horrible, l’impression d’être sale, l’impression d’être souillée. Les tremblements, en retrouvant aurora. Le dégoût, alors qu’elle recrachait encore son odeur infecte, ce porc qui se prenait pour un homme. Et les pleurs, sanglots sourds, qu’elle ne pouvait pas cacher. Mais au moins, elle pouvait les lui tendre. Ces billets durement gagnés, qui leur assurait repas, nuit au calme. Le cœur brisé, pour que la faim s’en aille. Les larmes qui coulaient, celles de sa sœur. Qui comprenait, ne le supportait pas. Mais venus n’avait pas les mêmes regrets qu’aurora. Venus regrettait d’être aussi dégoûtée, alors qu’elle venait de sauver sa seule famille. Aurora regrettait d’avoir poussée, involontairement, sa sœur dans de tels retranchements. De tels regrets qui poussèrent à une promesse. Aurora contre venus, le besoin d’entendre la plus jeune assurer que plus jamais elle n’aurait recours à de telles méthodes. « promis. » promesse brisée pour la survie, malgré les larmes de l’aînée.
Et la nuit venue, dans le motel, il y eut des sanglots. Des gémissements. Des frottements. Venus qui grattait, qui tentait de faire partir son odeur. Dans le plus grand des secrets, l’horreur reprenait forme. Tandis qu’aurora dormait. le désespoir qui prenait possession d’elle.

Gabrielle.
Elle, c’est l’ange.
L’ange qui apparut un beau jour. Comme tombée du ciel. succube aux allures divines, lumineuse qui se contenta d’un sourire, devant elle. journée pluvieuse, elle avait les cheveux collés à son cou, et toutes traces laissées par la vie lavées. Il n’y avait plus qu’elle. elle, et aurora. Elle, qui la regardait, deux grands yeux vissés sur les siens, alors que sa voix se faisait entendre, de peur que gabrielle attaque. Le piquant d’une proie face au regard amusé de la prédatrice, ce jour devint l’un des plus beaux, tandis que l’adulte lui proposait un travail. Rémunéré. Pour elle. elle, qui n’était pas scolarisée, qui ne l’avait plus été depuis longtemps. Elle, qui vivait dans la rue, avec sa sœur aînée, laissait son corps aux mains des mâles dans le seul but d’avoir un peu d’argent, au détriment des sentiments de sa sœur, cachoteries qu’elle lui faisait dans le seul but de la sauver. Elle, femme infâme, qui ne comprenait pas l’idée. Pourtant simple. Déguisée en charité, ce ne fut qu’un moyen d’avoir une jolie tête à ses côtés, démon aux courbes alléchantes. Au début, ce ne fut que quelques boites à porter, et le rêve de se retrouver de l’autre côté des cameras. Mais bien vite, sa volonté remplaça la corvée, et elle s’attacha. Ce métier, qu’elle apprenait, cette femme, qu’elle découvrait. Et cette alchimie, qui se créait. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour apprendre à être indispensable. Des idées qui plaisaient, des visions qui changeaient, le sourire de gabrielle, et l’assurance de venus. Puis vinrent les touchers. Les caresses. Les besoins de deux corps de se retrouver collés. Ses lèvres contre les siennes. ses baisers contre son corps. La chaleur qui montait. Et le besoin toujours plus pressant de passer ses doigts entre ses cuisses. une relation encore fusionnelle, un duo qui ne fonctionne qu’ainsi, et deux âmes qui se complètent. l’impression d’être une pute personnelle, surtout. Pourtant, son cœur vibrait. Le frisson l’emportait. Et quand elle rentrait, dans leur nouvel appartement, venus pouvait rapporter à manger. Devenir la protectrice. pour sa seule famille, l’être aimé, aurora.

« tu n’as encore rien vu… » souffle contre ses lèvres, un sourire en qui n’a rien de faux, et un regard qui se perd dans le sien. Sa main qui glisse dans la sienne, et cette dentelle qui finit dans son creux, alors qu’elle se glisse au dehors du bureau. Gabrielle et son regard, gabrielle et sa frustration. Venus et son sourire, venus et son piquant. une bataille qui n’a pas de fin.