agiter mon coeur blessé. (aquila)

- je sens des boums et des bangs
agiter mon cœur blessé -

— @aquila mckenzie

Elle déambule sans but. Elle déambule, laissant ses pas la guider. Sans savoir où aller. Sans savoir où se diriger. Partout. Partout sauf dans son appartement. Partout sauf quand un endroit où elle se retrouvera seule. Les idées noires menaçant sans cesse de l’assaillir. Les idées noires menaçant de l’assombrir. T’as ce putain de poids sur tes épaules, celui qui te fait couler, Meg. Celui qui te fait tomber. Elle n’a rien. Rien pour effacer ce mal qui la gagne. Rien, sauf Lais. Lais, sa douceur. Celle qui l’aide, l’enveloppe de sa tendresse. Celle qui l’aide, celle qu’elle pousse à lui prescrire des antidépresseurs. Et elle se dégoûte, de blesser une fois de plus l’une des plus belles personnes au monde. Elle se dégoûte, chaque fois qu’elle tombe nez à nez avec la personne qu’elle devient. Egoïste. Faible. Plus capable de se battre. Plus capable d’aimer. Plus capable de penser à quoi que ce soit d’autre que cette foutue souffrance.
Depuis qu’il n’est plus là.
Depuis qu’ils ne sont plus là.
Chace est mort. Le groupe a éclaté. A cause d’elle. Elle et cette mort qui la suit. Elle et sa malédiction, destinée à détruire chaque personne qu’elle prendra le risque d’aimer. Chaque personne qui prendra le risque de l’aimer. Et c’est justement par sécurité, qu’elle éloigne d’elle ceux qui comptent. Et c’est douloureux. Douloureux et difficile. De maintenir à distance celles qui sont sa vie. Lola, son tout, son essentiel. Nikki, Ren, sa famille. Tu ne t’inquiètes pas, Meg. Tu ne t’inquiètes pas, parce qu’elles seront bien mieux sans toi. Bien plus en sécurité sans toi. Parce que t’es plus capable de les protéger. Ta seule famille. Elle ne s’inquiète pas. Pas pour elles. Pas pour eux. Il n’y en a qu’une. Qu’une qui reste dans ses pensées. Qu’une, dont le prénom semble inscrit directement sur sa peau. Une seule.
Celle qu’elle aperçoit, de l’autre côté de la ruelle.
Celle qu’elle aperçoit, dans l’obscurité.
Vacillante, tremblante, c’est elle. Aquila. Celle qu’elle évite depuis plusieurs mois maintenant. Celle avec qui elle a coupé les ponts. Par peur. Uniquement par peur. Peur de lui faire mal à nouveau. Elle était là, Aquila, durant l’accident. Elle était là, à l’arrière, avec toi, Meg. Et il y a cette scène qu’elle n’oubliera jamais. Celle d’Aquila, souffrant, perdant connaissance à ses côtés. Une image qu’elle ne pourra jamais effacer. Une image qui ne cesse de la hanter. Parce qu’elle s’était promis de la protéger, Aquila. Et pour toujours. Parce qu’elle se rappelle encore, dans quel état est-ce qu’elle était, lorsqu’elles se sont rencontrées. Lorsque Chace et Reggie les ont présentées. Aquila, dégoûtée d’elle-même, maltraitant sa peau pour mieux l’extérioriser. Aquila, s’injectant tous les poisons, pour mieux oublier. Tu devais la protéger, Meg, comme un trésor. Et t’as lamentablement échoué. Mais son regard s’accroche à elle. Elle qui ne semble même pas tenir debout. Elle, dans un état qu’elle ne connaît déjà que trop bien. Et c’est sans hésiter qu’elle traverse la route, incapable de la laisser. - Aquila… Hey... Qu’elle prononce, alors qu’elle arrive à sa hauteur. Juste devant elle. Ce visage qu’elle tente d’oublier depuis des mois. Ce visage et cette souffrance plus virulente que jamais. Et ça te fait mal, plus que tout au monde, de voir qu’elle est retombée. De voir qu’elle a rechuté. Et que t’as été incapable de l’aider.

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t’as le cœur au bout des doigts.
Mal. Souffrance. Douleur. Des mots qui résonnaient encore, qui revenaient sans cesse, qu’il fallait expier, qu’il fallait expulser, à coup de seringues, avec des poudres, des cachets, et ces lames toujours plus virulentes, toujours moins nettoyée, celle qui pouvaient faire encore plus mal, détruire chaque parcelle d’une peau qu’elle ne pouvait plus supporter, d’une âme qu’elle désirait détruire.
t’as l’impression de sombrer.
Comme un cauchemar qui s’arrêtait, mais le rêve effacé pour toujours. Le besoin de se sentir partir, le besoin de s’enraciner encore, encore plus contre le bitume, les pas qui se tordaient, les chaussures qui disparaissaient, entre les doigts, talons qui ne lui allaient pas, et le besoin de tout abandonner, sans savoir comment se comporter, lutte incessante entre son cœur et son esprit, entre son âme et son esprit.
t’as envie de disparaître.
Erreur de la nature. Elle se voyait, encore et encore. Se détestait, encore et toujours. Alcool dans les veines, qui se mélangeait à l’héroïne, jambes dénudées, qui montraient de nouvelles figures, les cicatrices toujours présentes, qui jamais ne s’effaçaient, qui revenaient toujours plus vite. Ce besoin de l’enlever, cette peau qui saccageait tout. Ce besoin de l’enlever, cette enveloppe corporelle qui ne lui allait pas, marque du destin qu’elle méritait de mourir, crever dans une bouche d’égout, ou finir au bout d’une corde. Tant de façons, tant de méthodes, elle pourrait très bien recommencer.
Après tout, elle n’en était pas à sa première fois.
Et cette fois-ci, pas besoin de baignoire, pas besoin d’eau chaude, pour que ses coupures ne lui fassent plus mal, pour que le sang parte lentement, qu’elle s’endorme doucement.
Non.
Juste besoin d’une piqure de trop.
Celle qu’elle espérait, au fond.
Alors qu’elle déambulait dans la ruelle.
Celle qu’elle espérait au fond.
Le sac encore accroché à sa main, la drogue achetée contre le salaire d’un mois tout entier. Presque. Téléphone toujours présent, aussi. Téléphone qui la dégoûtait, la voix qu’elle devait laisser, et le suave qu’elle ne savait pas faire, plus faire. Plus sans elle, plus sans eux. Et même si elle détestait le penser, tenter de ne pas se l’avouer, elle savait pertinemment que les deux hommes comptaient moins que meg.
Meg.
Meg, nom qui se révélait un cauchemar, nom qui se révélait le seul rêve de sa vie.
Meg, comme inscrite dans son cœur, collier pour se souvenir autour du cou, seul engrenage dans son système qui roulait parfaitement. Parce que sa tenue était sale. Parce que ses membres étaient abîmés. Parce que sa dégaine n’allait pas. Mais le collier de meg, lui, était parfait. Comme un trésor au bout de son cœur.
Le souvenir qu’elle l’avait abandonnée.
Le souvenir qu’elle l’avait sauvée.
Le souvenir qu’elle voulait revoir.
Une voix qu’elle croyait même entendre, alors qu’elle s’affaissait contre le mur.
Sans trop s’inquiéter de devoir dormir là.
De toutes façons, là ou ailleurs…
Sans elle, elle ne savait plus vivre, c’était aussi simple que cela.
elle tenait ta vie, elle tenait ta main, et t’a pourtant lâchée.
Et sa voix. Encore. Une silhouette, presque floue. le rêve. Qui virait au cauchemar. Le cauchemar, qu’elle voulait retransformer en rêve.
putain.
Comme une fleur, elle arrivait. L’autre qui l’avait laissée, qui la hantait chaque mois. L’autre qui l’avait laissée, qui l’avait abandonnée.
Elle s’était réveillée à l’hôpital, sans personne d’autre qu’un collier, souvenir d’une meg qui ne pouvait plus l’accompagner.
elle aussi s’était lassée de toi, dégoûtée, probablement, par la nature infâme de ton existence.
Parce que finalement, pourquoi, sinon cette raison ?
Pourquoi se serait-elle barrée, si ce n’était pas par haine contre l’aigle, dégoût contre le monstre ?
t’es sérieuse ?
Haine. Rancœur. Et pourtant, amour. Pourquoi son putain de cœur battait-il encore pour elle. pour une autre qui l’avait laissée ? pourquoi ?
Un instant.
Elle s’effondrait.
Un instant.
Elle dégueulait.
Un instant.
Elle la détestait.
Un instant.
Elle l’aimait.
t’es v’nue en finir ?
Complètement lâchée, dans un monde détruit. Complètement détruite, dans un monde ignoble. Complètement ignoble, dans une merde pas possible.
Elle ne savait même plus à quoi elle pensait.
Elle ne savait même plus quoi faire.
Les larmes ne coulaient pas, mais son corps criait.
Chaque marque criait.
Comme « à l’aide », envers la seule, l’unique qui avait le droit de l’approcher, alors qu’elle ne voulait pas la voir. Qui avait le devoir de la voir, alors qu’elle souhaitait l’approcher. Qu’elle ne pensait plus voir, rêvait de retrouver.
Bordel.

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— @aquila mckenzie

Et il ne peut pas disparaître. Il ne peut pas disparaître, ce sentiment de l’avoir abandonné. Ce sentiment de l’avoir lâché, de l’avoir laissé, seule à son triste sort. Ce départ prématuré, ce départ qu’elle n’a pas pu éviter. Parce qu’elle sait, Meg. Elle sait que c’est pour son bien, qu’elle l’a fait. Elle sait que c’est pour son bien, qu’elle s’est éloignée. Mais Aquila, le sait-elle ? Est-ce qu’elle sait, Meg ? Est-ce qu’elle sait que t’es plus qu’une merde, désormais ? Incapable de la porter, incapable de la sauver. Et elle a tout gâché. Tout ce qu’elle a toujours fait pour protéger Aquila, pour la remettre sur pieds. Tout s’est effondré lorsqu’elle s’est envolée. Elle le sait. Mieux que personne elle le sait. Parce que lorsqu’elle se trouve face à elle ce soir, ce n’est pas la Aquila qu’elle a connu, qui se trouve là.
Ses yeux sont vitreux, symboles d’une autre époque.
Ses membres sont tremblants, symboles d’une déchéance passée.
Ses mots sont violents, symboles d’un espoir oublié.
L’espoir, c’est peut-être ce que tu as été pour elle. C’est peut-être ce que tu as su lui apporter. Un espoir. Un espoir arraché bien trop violemment. Bien trop soudainement. Un simple accident. Accident qui a pourtant tout changé. Elle n’est plus, Meg. Elle n’est plus rien. Elle n’est plus ce qu’elle était. Et elle n’est plus capable d’apporter autre chose que du malheur. A qui que ce soit. Mais malgré cela, l’amour ne s’efface pas. L’amour ne disparaît pas. Elle l’aime toujours, Aquila. Elle l’aime toujours de tout son cœur. Elle serait toujours prête à sacrifier tout son monde pour elle, pour qu’elle soit heureuse. Mais elle ne peut plus rien faire. Plus rien faire d’elle-même. Puis il y a cette haine. Ce dégoût. Ce qu’elle voit dans les yeux de son aigle déchu, lorsqu’elle croise son regard. Il y a cette haine envers elle, pourtant atténuer par le collier qui trône toujours autour de son cou. Son collier. Le collier de sa mère. Parce qu’il n’y a qu’à Aquila, que tu aurais pu l’offrir, Meg. Signe d’une protection éternel. De cet œil bienveillant que tu porteras toujours envers elle. - Aquila… Qu’est ce que tu dis… Un pas. Un pas qu’elle fait vers elle. Elle s’approche, incapable de détourner le chemin. Incapable de faire autrement. Parce qu’elle est du genre à affronter, Meg. Malgré sa faiblesse actuelle. Et elle ne pourra jamais la laisser ici, seule, en pleine rue et certainement en danger. Elle ne pourra jamais l’abandonner réellement, même si cela implique d’essuyer un million de reproches. Parce qu’elle est prête. Prête pour ça, si cela signifie aider Aquila. - Je sais à quel point tu dois m’en vouloir. Je sais que tu dois me détester. Mais tu ne peux pas rester ici. Pas dans cet état. Pas avec cette drogue qui coule dans ses veines. Ce qu’elle ne supporte pas, Meg. Ce qu’elle voudrait effacer définitivement de sa vie. Ce qu’elle a réussi à faire, une fois. Lorsqu’elle l’a rencontré. Mais plus rien n’est comme avant. Tout est parti en fumée. Tout. Et que reste-il, d’eux ? Que reste-t-il, de ce qu’ils étaient ? Rien de plus que des morceaux de verres brisés. Rien de plus qu’une amitié dévastée. Qu’un amour éclaté.

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Venue l’aider. venue la sauver ? ou l’enfoncer plus encore ? elle n’en savait rien, ne savait même pas comment réagir, perdue dans ses pensées, perdue dans cette allée, la drogue coulant dans ses veines. Le mal coulant dans sa peau. et le blanc tâchant son noir. Les traces des couteaux, les traces des blessures, toute sa vie qu’elle rejetait, tout était dévoilé, et elle n’en ave, alors que son esprit vacillait. Tout ce qu’elle
Voyait, c’était une femme qu’elle avait aimée, une femme qu’elle aimait toujours, cette même personne qui l’avait abandonnée, qui revenait comme une fleur, belle hypocrisie qui la faisait gerber. à moins que ce ne soit la drogue.
Mais elle était mal.
Saccagée, le cœur en miettes, l’âme détruite, et le corps qui pourrissait dans une flaque de son propre vomi, ainsi que de cette saleté de drogue qu’elle s’injectait, encore et encore, à n’en plus pouvoir respirer.
Parce qu’elle ne pouvait pas faire autrement. Parce qu’elle ne pouvait plus faire autrement. Elle était ce déchet de la société, abandonnée, et mal dans sa peau, dans une peau qui ne cessait de la dégoûter, dans un corps qu’elle voulait effacer.
Elle aurait tant voulu disparaître, dans cette putain de voiture.
Elle aurait tant voulu prendre la place du mort, laisser meg dans un couple qui semblait la rendre heureuse, et partir sans plus aucune souffrance.
Mais non.
Non, elle n’était pas la morte.
Non, elle n’avait pas le droit de partir.
Elle n’avait pas le droit de rester non plus.
Et la souffrance était toujours là.
Plus grande encore.
Elle aurait juste voulu s’en aller.
Au lieu de quoi elle se retrouvait au devant d’une femme qu’elle désirait de tout son cœur, le dégoût s’y mélangeant. Elle ne savait même plus qu’en penser, de meg qui l’avait laissée, qui l’avait laissée, seule, sans un au revoir, juste un cadeau avant de partir, celui qui restait dans les mains d’aquila lorsqu’elle avait besoin de sentir sa présence.
Présence qui n’était plus irréelle.
c’que j’dis ? qu’est-ce que t’en as à foutre ? brutale. Les derniers remparts d’une défense qui lui écrasait le cœur. Brutale. Comme si elle était incapable de se relever sans ça. Brutale. Dernières traces d’un certain honneur, évaporé dans ses veines par une douce piqure. Une de plus, une de moins…
j’en ai rien à foutre… de rester ici. De rester ainsi. Dans un état lamentable, le corps et l’esprit ravagés par des boissons, et des solutions, rien de bien agréable, juste de quoi oublier la misère, terrible merde dans laquelle elle se trouvait.
t’es partie, ok ?! et des larmes qui coulaient. Alors qu’elle ne parvenait même plus à se relever. Des larmes qui coulaient, toujours en gros sanglots, alors qu’elle sentait son cœur se déchirer. tu m’as laissée… son seul reproche. Parce que meg, c’était l’espoir. Parce que meg, c’était l’amour. Parce qu’elle aurait pu surmonter tout ça, les blessures, tant physiques que morales, d’un accident devenu ténèbres, des actes de la faucheuse à l’encontre de leur groupe.
Parce qu’elle n’était rien, sans elle.
pourquoi ?!
Besoin de savoir.
Et incapacité à bouger.
Elle avait de toutes façons déjà abandonner.
Cela se voyait.
Cela se sentait.
Le visage ravagé par ses larmes. Le blanc qui la dégoutait.
Le corps ravagé par ses lames. Le blanc qui la répugnait.
Son corps n’était plus un temple. Juste une simple offense au monde.
Parce que sans meg, elle ne pouvait plus vivre.
sans elle, rien ne pourrait jamais te sembler beau.

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— @aquila mckenzie

Et elle se confronte à elle. A la personne qu’elle a certainement le plus déçue. A la personne qu’elle a certainement le plus brisée, outre celles qu’elle a tué. Elle se retrouve face à Aquila, et il y a toute cette haine, dans son regard. Cette haine mélangée à une douleur infinie. Douleur que t’as toi-même provoquée, Meg, en l’abandonnant comme la lâche que tu es. Et ce n’est pas de cette façon qu’elle t’a connue. Ce n’est pas de cette façon qu’elle t’a aimée. Mais elle est morte, Meg. L’ancienne Meg. Celle qui était forte, courageuse. Celle toujours présente pour protéger ceux qu’elle aime. Elle n’est plus. Elle n’a plus rien à offrir. Et au fond, elle a toujours su qu’un jour, elle devrait s’expliquer auprès d’Aquila. Elle a toujours su qu’un jour, il faudrait l’affronter. Mais elle n’est pas prête. Pas maintenant. Pas alors que son souffle se coupe. Pas alors que sa voix s’éteint.

Parce que les mots manquent,
Parce que l’amour est toujours présent.

C’est une décision qu’elle doit prendre. Ici. Maintenant. Et seule. Une décision, unique décision, qui impactera les cendres de leur relation pour toujours. Partir. Prendre la fuite. Tourner les talons. La laisser tomber, une fois de plus. Choisir la facilité en l’abandonnant dans cette ruelle, prenant le risque qu’elle tombe entre de sales mains. Ou bien rester. Faire face à ses propres démons. Soutenir le regard de cette femme qu’elle a contribué à détruire. Soutenir le regard de cette femme qui a, autrefois, su gagner son cœur comme personne d’autre avant elle. Quelle option est la meilleure ? T’en as aucune idée. Tu ne sais pas ce que tu dois faire. Tu ne sais pas ce qui est le mieux pour elle. Pour toi. Tu ne sais rien, si ce n’est que tu ne supportes pas de la voir souffrir. - Ce n’était pas ta faute. C’est moi, juste moi… Les mots sont fébriles. Le regard s’affaisse. Elle doit pourtant le maintenir. Alors elle s’approche d’elle, d’un pas de plus. Elle se place à sa hauteur en reprenant. - Je suis désolée, Aquila… Je… Viens avec moi, d’accord ? Ce n’est pas le meilleur endroit pour en parler… Elle aimerait tellement pouvoir tout effacer. Elle aimerait tellement pouvoir tout réparer. D’un coup de baguette magique. Mais t’as compris bien trop tôt que les contes de fées n’existent pas, Meg. Ils ne sont que de foutus inventions pour les petites filles qui ont de la chance. Pas pour toi. Pas pour Aquila. Elle n’ose pourtant pas bouger. Elle n’ose pourtant pas la toucher. Elle qui, autrefois, pouvait passer des heures entières à la tenir dans ses bras. Elle qui, autrefois, pouvait passer des heures avec elle, simplement pour le plaisir de pouvoir l’aimer. Et elle a juste ce regard. Ce regard qui lui crie ça va aller. Ce regard qui lui crie que, quoi qu’il puisse se passer, jamais elle ne pourra l’oublier. Jamais elle ne pourra tirer un trait sur elle. Jamais.

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Ce n’était pas sa faute. Et ces mots qui se répétaient dans son esprit. Pas sa faute. Mais elle le savait. Elle n’avait rien fait de mal. Elle le savait. Elle imaginait le savoir, surtout. Elle ne s’était pas remise en question, droguée qu’elle était. Elle avait juste le sentiment de mériter mieux qu’un abandon. Pas sa faute. Bien entendu. Elle n’était même pas au volant, à ce moment là. Elle était derrière, avec elle. elle était derrière, le sourire aux lèvres, le visage radieux. Oui. Radieux, parce qu’avec meg, avant, c’était toujours ainsi. Malgré les marques blanches sur sa peau qu’elle haïssait. Malgré les douleurs qu’elle avait, ces envies de se faire mal qu’elle avait. Elle était heureuse, avant.
Et puis l’accident. Pas sa faute. Bien sûr que non. C’était de celle de meg, forcément. Et elle ne se gêna pas pour le cracher, tant bien que mal. pas ma… tu te fous… je sais déjà ça. elle le savait, pour l’avoir ruminé tellement longtemps. Elle le savait, pour avoir gardé ce collier autour d’elle. ce collier qui signifiait le départ de meg. Ce collier, seule preuve encore vivante de son amour pour elle.
Parce que l’amour ne partait pas.
Malgré la haine, la déception et les larmes.
La haine restait.
Haine qui la poussait à refuser son invitation. tes excuses ? mais p’tain, t’es partie ! pourquoi je devrais accepter tes saletés d’excuses ? et puis… j’suis bien, là. J’bouge pas. et pourtant. Pourtant, elle avait beau être froide, son cœur se réchauffait. Elle avait le regard embué de larmes, elle avait le besoin de la toucher. Et si son corps tout entier semblait dire « non », elle ne put s’en empêcher, une main dans sa main. Un geste déplacé, en cette position de rebelle, qu’elle abandonna bien immédiatement. pourquoi tu voudrais m’aider, en plus ? t’as pas remarqué ? je suis très douée pour te faire fuir ! surtout quand je ne suis pas réveillée ! elle était énervée.
Et elle avait de quoi.
Mais elle continua. alors pourquoi tu fais ça ? hein ? et les larmes coulaient. En plus de toute la pourriture qu’elle faisait vivre à son corps, avec les drogues, avec l’alcool, les larmes restaient sa pire punition. Chacune semblait lui brûler la joue. et comment tu ferais ça ? hein ? t’as vu c’que t’as fait, en partant ? un corps désigné. Et une nouvelle bile, alors qu’elle touchait son ventre. L’alcool qui s’en allait, et le besoin de se raccrocher à quelque chose.
A quelqu’un.
Quelqu’un, qui ne parut pas si difficile à trouver.
Meg.
Meg, qu’elle attrapa, main sur son bras, pour se vider.
Avant de tenter de le lâcher.
Chose impossible.
Parce que désormais, c’était un regard amoureux, sur son visage.
Parce qu’en la touchant, c’était comme si toutes les émotions un jour éprouvées à son égard réapparaissaient toutes en même temps.
putain…
Elle soupira.
très bien, j’te suis…
Avait-elle d’autres choix ?
t’as intérêt à t’expliquer…
Parce que c’était impardonnable, d’ainsi abandonner son amie… plus que son amie…

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— @aquila mckenzie

C’est un torrent de haine. Une fontaine de dégoût. Une rivière de rancœur. C’est toutes les émotions négatives réunies en une seule et unique personne, Aquila. Aquila qui lui crache au visage combien elle la déteste. Aquila qui, même au plus mal, retrouve l’énergie de la haïr. Et c’est douloureux. Extrêmement douloureux, de voir cette femme qui autrefois passait tout son temps dans ses bras, la détester à ce point. Mais elle se sait seule responsable. Seule responsable de la destruction de leur relation. Seule responsable de l’état dans lequel Aquila se trouve, aujourd’hui. T’es responsable de tout, Meg. Responsable de toutes les mauvaises choses qui viennent à toi, et ce depuis toujours. T’es responsable de tout. Et peut-être qu’en réalité, le monde se porterait mieux sans toi. Peut-être qu’Aquila, elle irait mieux, aujourd’hui, si elle n’était pas entrée dans sa vie. Peut-être que quelqu’un d’autre aurait réussi à la sauver. Peut-être que quelqu’un d’autre aurait pu lui offrir tout ce dont elle mérite, et ce sans l’abandonner par la suite.
Un abandon. C’est ce qu’elle a fait. C’est ce dont elle est responsable. Et en abandonnant une femme si fragile qu’Aquila, elle aurait dû se douter. Elle aurait dû se douter qu’elle la condamnerait. Qu’elle la jetterait de nouveau dans la drogue, la déchéance, le désespoir. Et elle n’est même pas capable de trouver les mots. Les bons mots. Elle n’est même pas capable de lui enlever toute cette souffrance. Alors elle encaisse. Elle encaisse chaque reproche. Elle encaisse chaque reproche. - Je ne te demande pas d’accepter mes excuses… Je ne te demande pas de me pardonner… Je veux juste que… Et la main d’Aquila vient saisir la sienne. Contre toute attente. Elle la déteste, mais la désire tout de même auprès d’elle. Elle la déteste, mais ne peut s’empêcher de la toucher. Et c’est comme avant, au fond, rien ne change. Ce contact brûle ton cœur, Meg. Parce que t’as l’impression de revivre à nouveau, en la sentant. Mais tu sais que ce répit sera de courte durée. Elle laisse sa main dans la sienne, sans bouger, reprenant simplement. - Je veux juste que tu ne passes pas la nuit dehors. Elle a peur. Peur pour elle. Peur qu’il lui arrive quelque chose. Peur qu’elle tombe sur un sale type. Peur que quelqu’un lui fasse du mal. Peur qu’elle se fasse mal elle-même, plus qu’elle ne le fait déjà. Elle a peur, peur pour elle. Et cette peur ne s’effacera pas. Jamais.
Et elle a raison, d’avoir peur. Parce qu’Aquila est prise de vomissements soudains. Attrapant son bras pour se maintenir en équilibre. Et elle s’approche, immédiatement, Meg. Elle s’approche d’elle et la tient. Tout le temps qu’il lui faille. - Viens-là… Elle s’approche encore, rien qu’un peu, pour finalement prendre son courage à deux mains, et la prendre dans ses bras. Elle la prend dans ses bras, parce qu’elle a mal en la voyant comme cela. Elle la prend dans ses bras, parce qu’elle ne veut pas la laisser tomber. Au sens propre comme au figuré. Et pour les passants, elle n’est peut-être qu’une droguée, crasseuse, mais pour toi, Meg, il s’agit de la personne que tu as certainement le plus aimé au monde. Elle n’hésite pas à la toucher. Elle n’hésite pas à la prendre contre elle. A se saisir d’elle. - On y va. Sans la lâcher, elle marche avec elle. A côté d’elle. Elle se dirige jusqu’à son appartement, avec elle. Le cœur battant. Le cœur qui peut lâcher à tout moment. Elle le sait. Elle le sent. Elle ne dit plus un mot, apeurée à l’idée de mal faire. A l’idée de la perdre, pour de bon, cette fois. Le trajet se fait silencieux. Quelques minutes de marche, jusqu’à arriver devant l’immeuble. - On va au premier étage. Ça va aller ? Elle voudrait pouvoir effacer toute souffrance de son corps. De son esprit. Mais elle sait qu’elle en est en grande partie la cause.

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Comment pouvait-elle réussir à véritablement la haïr, alors que le contact lui rappelait combien elle l’aimait. Combien elle l’adorait, cette femme. elle ne savait pas détester, ne savaut que cracher une partie de ses sentiments. Et pourtant, en se retrouvant dans ses bras, elle avait réalisé que son cœur battait encore pour elle. juste pour elle. juste pour meg. Meg, qui lui avait légué le collier de sa mère, meg, qui lui avait donné l’amour, et l’avait déjà sauvée. Meg. Meg, qui savait tant lui faire du mal, que lui faire du bien. elle ne pouvait pas la haïr, elle ne pouvait pas l’aimer. Elle ne pouvait pas non plus ne pas l’aimer. Ni ne pas la haïr. Il y avait une dualité qu’elle ne savait pas exploiter, qu’elle ne savait pas réparer. Meg, c’était son tout. Et meg, c’était aussi tout ce qui l’avait repoussée dans ses anciens démons. Les lames sur son corps, pour tenter de punir sa peau. les seringues en elle, et la moindre goutte d’alcool pour oublier. Oublier qu’elle avait été abandonnée par la seule personne qu’elle aimait. Oublier qu’elle avait une peau horrible. Oublier qu’elle désirait mourir, qu’elle avait été abandonnée par ses parents. Ou bien étaient-ils morts ? elle ne savait plus, elle n’avait sans doute jamais su. Elle avait juste cette impression que tout recommençait. Qu’une fois de plus, on la laissait seule. Qu’une fois de plus, on la poussait vers la sortie. La mort. Elle avait même tenté de la rejoindre. Dans cette baignoire, chez les bellini. Et pourtant… pourtant, à chaque fois, on trouvait un moyen de prolonger sa souffrance. De la sauver, pour la laisser périr une nouvelle fois. Cela ne s’arrêtait jamais. et meg en était la preuve. Elle l’avait sauvée une fois, elle l’avait ensuite laissée mourir doucement. Puis elle venait de revenir. Le cycle ne se terminait jamais. et la vérité la frappait de plein fouet. Meg allait l’abandonner à nouveau. C’était obligé. Et pourtant, elle pleurait dans ses bras. et pourtant, elle ne sentait plus son corps en la suivant. Et pourtant, elle la laissait la conduire chez elle. sachant que le piège se refermerait. Elle ne savait pas arrêter le cycle, et ne savait pas non plus s’en échapper. Elle ne pouvait que suivre le mouvement. Et elle hocha la tête en réponse à la belle de son cœur, tandis qu’elle trébuchait déjà sur la première marche, la main frappant l’une d’entre elles, alors qu’elle toussait. putain ! elle sentait qu’elle allait vomir. Mais elle ne bougeait pas. Mais elle ne parlait pas. Mais elle ne savait pas comment réagir. ne savait que suivre ce que meg faisait. Et elle finit par arriver dans cet appartement. Chez meg. Chez elle. s’étalant presque sur le canapé, quand cette dernière l’y emmena. pourquoi tu fais ça ? pourquoi la sauver à nouveau ? si ce n’était que pour l’abandonner ensuite, encore. pourquoi tu cherches à m’sauver ? on sait très bien, toutes les deux, que tu me relâcheras ensuite… t’sais faire qu’ça… et ses larmes revenaient. Parce qu’elle n’en pouvait plus. d’être ainsi traitée. De recevoir un cadeau nommé espoir, avant de le perdre. C’était une horreur, qu’on lui faisait vivre au quotidien. Et elle baissait les yeux, se perdait sur ses marques de cutter qui traversaient ses cuisses. Cette saleté de peau qui ne cessait de lui faire du mal. Peut-être était-ce là la raison ? le problème ? peut-être que meg était écœurée par ce corps ? peut-être qu’elle avait toujours menti, pour tenter de la sauver, mais qu’elle n’avait pas pu supporter de voir sa peau abîmée par les taches blanches ? est-ce que… elle ne savait ni comment le dire, ni comment accepter la réponse qui viendrait. Elle savait que ce serait soit un mensonge, soit une vérité difficile à accepter. Mais elle ne vivait que pour cela. Que pour se retrouver confrontée à un destin qui la détestait, qui la rendait hideuse, qui la rendait horrible. c’est ma peau ? qui t’a fait fuir ? elle était cash, parce qu’elle ne savait pas comment tourner autour du pot sans sentir les sanglots approcher. Et elle se détestait. Elle se haïssait… meg n’était même pas la première qu’elle voulait haïr. Elle ne lui arrivait pas à la cheville pour ça. Non. Aquila, c’était elle qu’elle voulait haïr. Qu’elle ne pouvait aimer. Meg, c’était son cœur qui était en proie aux sentiments. Mais au moins, meg, elle était jolie, elle était douce, elle avait le cœur de l’aigle depuis si longtemps…
Peut-être qu’en fait, ce qu’elle haïssait, ce n’était pas l’abandon de meg…
Mais le fait qu’elle soit assez repoussante pour pousser cette dernière à l’abandonner.

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agiter mon cœur blessé -

— @aquila mckenzie

Il y a une telle violence, qui se dégage d’Aquila. Une violence qu’elle n’a jamais vu en elle. Et encore moins contre elle. Elle a pu la voir désespérée, elle a pu la voir brisée, elle a pu la voir sourire, elle a pu la voir rire, la voir tendre, mais jamais aussi en colère. Jamais aussi hargneuse. Mais elle sait, Meg. Elle sait que cette colère n’est que le fruit d’une souffrance. Une souffrance qui persiste depuis beaucoup trop d’années, en elle. Une souffrance dont elle est sans doute responsable, aujourd’hui. Parce qu’elle l’a abandonné, comme une lâche. Elle l’a abandonné, par peur de lui faire mal. Et c’est exactement tout ce qu’elle a réussi à faire. T’as bousillé une femme que tu t’étais acharnée à sauver, Meg. T’as laissé tomber une femme que tu avais promis de protéger. T’as tiré un trait sur l’amour que tu avais pour elle par peur de la perdre définitivement. Mais elle est perdue, c’est trop tard. Aquila est perdue. Par sa faute. Et elle se fait mal, par sa faute. Une partie d’elle lui hurle qu’elle aurait dû rester. Qu’elle aurait dû l’épauler, à sa sortie d’hôpital. Qu’elle aurait dû continuer à lui prouver combien elle est importante, combien elle est belle, combien elle est forte, son aigle. Elle aurait dû lutter contrer ses propres démons pour elle. Parce qu’elle le mérite, Aquila. Elle mérite l’amour. Le respect. La tendresse. Elle mérite quelqu’un qui pourra se battre pour elle. Comme elle l’a fait par le passé. Comme elle n’en est plus capable.
Et c’est un supplice,
Un supplice de la voir souffrir, sans pouvoir agir.
C’est douloureux de voir son corps déchiré. Son esprit torturé.
Alors elle fait ce qu’elle peut, Meg. Elle fait ce qu’elle peut pour l’aider, l’aidant à monter, puis à s’allonger sur le canapé une fois à l’intérieur de l’appartement. Une fois de plus, elle n’est bonne qu’à encaisser ses paroles. Qu’à sentir ses larmes revenir sans pouvoir les essuyer. Elle écoute. Elle écoute et Aquila a raison. Elle ne devrait pas chercher à l’aider pour l’abandonner après. Mais t’es qu’une putain d’égoïste, Meg. T’as trop peur de lui faire mal, et t’as trop peur de la laisser tomber. Elle encaisse. Mais il y a une chose, une seule, qu’elle ne peut pas entendre sans rétorquer. Sa peau. La peau de son aigle. Certainement ce qui lui fait le plus de mal au monde, depuis toujours. - Non ! Qu’elle lâche, immédiatement, comme une évidence. Et puis elle s’approche, elle s’assoit tout près d’elle, posant une main contre son visage avec douceur. Il n’est pas question qu’elle la laisse penser cela. - Ne dit pas ça, jamais. Ses yeux amandes se plongent dans les siens. Et c’est tellement douloureux de la voir souffrir. Tellement douloureux de la voir blessée. - C’est moi. Juste moi. Je suis juste…un chat noir. Je ne sais que faire du mal. Elle en est convaincue. Véritablement. Elle est convaincue que ce qui arrive de mal aux personnes qu’elle aime, est sa faute. Et ça te brise, Meg. Un peu plus chaque jour.

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{ agiter mon cœur blessé }
crédit/ tumblr✧ w/@meg arganza

Sa réaction était si forte, si choquante. Elle ne s’attendait pas à cela, la droguée. Elle ne comprenait pas, elle n’arrivait pas à savoir ce qui avait déclenché ce non si féroce, celui qui avait propulsé meg au plus près d’elle, de quoi lui faire peur, de quoi lui faire plaisir. Elle était divisée, deux émotions aussi fortes que l’amour et la haine, alors qu’elle plongeait son regard dans celui de sa belle, celle qui lui touchait le visage, lui caressait la peau, horrible marque de son destin, horrible marque d’une vie pourrie. mais… elle savait que meg aimait cette peau. ou du moins, que meg lui disait l’aimer pour éviter de la voir se perdre ainsi dans les malheurs qu’elle ne savait pas arrêter, dans les déboires qu’elle ne savait pas stopper, les lames qui passaient sur son corps pour le punir de blanchir ainsi. Et les larmes qui coulaient dans ses yeux, alors que meg continuait. Continuait à la protéger, alors même qu’elle avait encaissé toute la haine du monde, toute la haine d’un monde. Elle la voyait, cette belle princesse qu’elle avait toujours aimée. Elle la voyait, cette belle reine, qu’elle regardait avec tant d’amour, avec tant de haine. Elle la voyait, s’offusquer de ses paroles. mais ma peau… c’était pourtant si difficile. Si compliqué, de vivre en sachant qu’à chaque jour passant, il y avait une tâche qui grandissait. Elle était faite pour être décolorée, elle était faite pour être malade, une horreur qui se baladait sur son corps, une horreur qui causait tant de problèmes. Et pourtant, meg lui interdisait de parler de cela. Lui interdisait de voir sa peau, sa maladie, comme le monstre qu’elle imaginait pourtant. comment tu peux… comment tu peux l’apprécier ? regarde moi ! regarde moi, meg. Je… je suis un monstre… elle était furieuse. Furieuse contre meg, furieuse contre elle-même, contre ce foutu destin, cette vie de chiotte, qui leur avait tant pris, qui leur faisait mal, tellement. Qui la poussait à se droguer, seringues encore et encore dans le creux de ses bras, de ses coudes, tandis que meg se voyait comme le chat noir du monde entier. mais arrête tes conneries ! elle était toujours furieuse. Et elle passa sa main sur l’épaule de meg, et elle passa ses autres doigts sous le menton de sa belle, pour la forcer à la regarder dans les yeux. t’es pas responsable… l’accident, c’était… les mauvais souvenirs remontaient. c’était pas toi ! elle se rapprochait d’elle. et elle avait envie de lui crier « je t’aime ». elle se rapprochait, et elle avait envie de lui crier « je te hais ». elle se rapprochait, et elle ne savait plus quoi dire, tandis qu’elle laissait parler son cœur, son âme. t’es responsable de m’avoir abandonnée. Rien d’autre. elle la regardait profondément, et ses lippes étaient désormais si proches d’elle. alors s’tu m’aides, t’as intérêt à rester, putain. elle était violente, dans ses mots. Mais elle avait besoin de le lui faire comprendre. Sans elle, elle n’était plus rien. sans elle, elle était à la dérive. Sans elle, elle mourait à petits feux, et le suicide dans la baignoire aurait alors été bien plus propre.
Sans elle, elle n’était plus, aquila.
Alors qu’avec elle, elle se sentait revivre.
Même là.