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 You clinged my body like you wanted it forever. (lion)

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Message Sujet: You clinged my body like you wanted it forever. (lion)   You clinged my body like you wanted it forever. (lion) Empty Mer 1 Jan - 18:57



♛ ♛ ♛

{ You clinged my body
like you wanted it forever }
crédit/ tumblr ♛  w/ @lion brummell
Les grands buildings qui s’étendent à perte de vue, le souffle chaud de la cité new-yorkaise, les taxis jaunes, ou verts, qui se faufilent avec plus ou moins de rapidité sur les rues de Manhattan. La démarche assurée, les escarpins aux talons vertigineux qui claquent sur le macadam avec la prestance de celle qui sait parfaitement où elle va. Le séjour loin de la ville, en compagnie des siens, lui a fait beaucoup de bien. Mais c’est avec aisance qu’elle retrouve la citadine jamais vraiment partie en elle. À peine revenue de ses vacances, la Latina a pris contact avec son avocat pour entreprendre les dernières démarches quant à l’ouverture de cette entreprise en son nom et en celui de sa sœur. Le choix de la forme juridique ayant été établi lors de son dernier rendez-vous dans le cabinet d’avocats, c’est sur l’environnement contractuel de l’entreprise, ainsi que ses relations avec tous les partenaires, qu’il est temps de se concentrer. Elle s’est déjà tenue informer, Isabella, pas du genre à laisser les choses au hasard. Mais ce rendez-vous lui sera nécessaire, vital même, pour la suite de ce projet avec Peyton. Lorsqu’elle arrive dans le cabinet, elle est tout de suite accueillie par une employée à l’accueil qui l’informe toutefois que le procès de son avocat s’étant prolongé, il ne sera pas là tout de suite. Plutôt mécontente de l’apprendre, elle est quelque peu soulagée lorsque la jeune femme lui assure que l’un des associés de son avocat peut parfaitement reprendre le relai. Elle n’a pas de temps à perdre, alors tout de suite elle accepte. Elle est invitée à patienter dans la petite salle d’attente aménagée. Retirant son manteau, vêtue d’une robe élégante, d’un blanc immaculé, la belle consulte le dossier qu’elle a emporté, perdue dans ses réflexions, quand elle entend les pas arriver. Elle relève aussitôt son regard ébène vers l’inconnu qui vient remplacer son avocat. Inconnu qui ne l’est pas tant que cela.

Lion,

Lion Brummell est là,
Là, devant toi.


Il y a son cœur qui manque un battement. Et tout son être qui se fige, le temps d’un instant. Lion, elle ne l’a pas vu depuis tellement longtemps. Depuis qu’il est parti, brutalement, la laissant sans l’ombre d’une explication. Elle avait seize ans, il en avait vingt quatre. Différence qui aurait pu paraître insurmontable, à l’époque. Mais elle ne l’était pas, pas pour elle. Jamais eu de réelle enfance, à peine adolescente, elle devait s’occuper des siens en l’absence de leurs parents. Elle devait jouer ce rôle de maman. Rôle qui l’a fait grandir, rôle qui l’a fait mûrir, un peu trop vite. Si elle était en décalage avec les garçons de son âge, Lion avait su capter son attention. Et, rapidement, son cœur. Premier amour d’une fille qui ne pensait pas y avoir droit, une fille trop brisée par son père pour oser y croire. Il lui a donné l’espoir, Lion. Il lui a donné cette lueur, celle d’imaginer qu’elle pouvait, elle aussi, vivre un tel sentiment. Aimer pleinement. Et elle l’a aimé, vraiment, mais il est parti. Il s’est enfui. Il l’a abandonnée, comme d’autres avant lui, d’autres après lui. Elle ne pensait jamais le retrouver, mais il est là. Il est là, devant elle, le costume élégant, la mine superbe. Aussi beau que dans son souvenir. Et le nombre d’années qui les séparaient, aujourd’hui encore plus abstrait. Envahie par le trouble, la belle met quelques parcelles de secondes avant de réagir. Et se relever finalement avec grâce, pour lui faire face. – Lion… Bonjour. Ses prunelles assombries s’accrochent aux siennes, un peu trop intensément, un peu trop instinctivement. – Je ne m’attendais pas à tomber sur toi. avoue-t-elle, courtoise, mais déboussolée. Elle ne savait même pas qu’il était devenu avocat. En réalité, elle ne savait rien. Elle ne sait plus rien, de lui, depuis le jour où il a disparu.
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Message Sujet: Re: You clinged my body like you wanted it forever. (lion)   You clinged my body like you wanted it forever. (lion) Empty Mer 15 Jan - 16:48

Des petits boucles brunes, des prunelles d’ébènes, tissus qui lui paraissent haillons battent ses allures champêtres. Ce sourire, lèvres pourpres, lui donne cet air espiègle que le garçon affectionne particulièrement. Au milieu de sa campagne, Dieu a laissé cet ange s’échapper, l’a fait pleuvoir parmi l’herbe chlorophyllée et les marguerites qui rivalisent avec les rayons incandescents de son soleil.

« Monsieur Brummell, Madame Kingston est arrivée »
« Je vous remercie Jane, je m’en occupe dès à présent »
assure-t-il sans risquer un oeil au-delà du papier noirci par l’encre dont il l’imbibe. Il frappe un point du bout de son stylo, lève des yeux cernés vers le mur vitrée derrière lui d’un mouvement de chaise. Il se redresse devant la cité insomniaque, tourne les talons jusqu’au chambranle prenant soin de saisir le dossier abandonné sur le coin de son bureau par son partenaire. Il parcourt brièvement l’étendue de paperasse tout en s’avançant jusqu’à la salle d’attente. « Madame Kingston, toutes mes excuses pour l’absence de mon associé.. » la voix l’interpelle, limpide, le dandy relève le minois. Un mauvais rictus des sourcils laissent apparaître quelques rides sur son front ; il ne la reconnaît pas, pas immédiatement.

« Je te promets qu’un jour je te sortirai de toute cette misère » il souffle contre son oreille, ses longs cheveux chatouillent le bout de son nez. « Un jour, toi et moi on sera trop loin pour que les problèmes puissent nous rattraper » promesse réitérée, un souhait d’infini, d’éternel qui n’adviendra jamais. Il la serre entre ses bras sa frêle carcasse.

Les billes qui sillonnent ce visage, il la reconnait, mortifié de l’intérieur. « Isabella… » patronyme qui tombe dans l’air comme dans l’oubli auparavant. « Je ne m’y attendais guère moi-même, c’est une surprise » il avoue les rétines accrochées à son portrait longtemps adulé. s i l e n c e, brise de surprise. Lion racle sa gorge asséchée « allons dans mon bureau ». Et les deux enfants du passé s’éclipsent derrière des murs opaques ; l’homme prend soin de fermer la porte derrière lui. « Je peux te proposer quelque chose à boire? » il demande tandis qu’il s’approche d’un placard clos, lequel ouvert offre la vue d’un mini-bar. Avec trop d’instinct sans doute il sert deux verres de scotch, en tend un à ce souvenir sans oser lui faire l’affront d’un autre regard.

« Je t’aime Isabella. Je ne te laisserai jamais tomber. »

Il claque ses talons jusqu’à la chaise de son bureau, pose le verre, ajuste son costume ; autant de signes qui dénoncent ses tendances nerveuses. « Prends place je te prie » dit-il en pointant de sa main la chaise face à son bureau. Avant de s’asseoir à son tour, il prend soin de siffler le liquide qui lui brûle le larynx. « Tu souhaites un support juridique pour ton entreprise, c’est bien ça? » il fait mine d’étudier le dossier, déconcerté.
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Message Sujet: Re: You clinged my body like you wanted it forever. (lion)   You clinged my body like you wanted it forever. (lion) Empty Lun 20 Jan - 21:47



♛ ♛ ♛

{ You clinged my body
like you wanted it forever }
crédit/ tumblr ♛  w/ @lion brummell
Son prénom qu’il prononce, comme une confirmation. Comme une révélation. C’est bien lui, Lion. Lion. Il y a ce petit frisson, à peine perceptible, mais qui envahit tout son corps. Il y a les battements de son cœur qui s’accélèrent si fort. Mais, aussi, tout ce flot de souvenirs qui la submergent, un à un, comme un magnétoscope intérieur qui aurait enregistré chacun des instants partagés. Et tout cet amour qui s’est brutalement brisé, quand il a filé. Quand il l’a abandonnée, subitement, la laissant seule avec tous ses problèmes. Seule avec toute une famille dont elle devait prendre soin. Seule avec ses démons, seule avec ses tourments. Il l’a laissée seule, Lion, après lui avoir promis qu’elle ne le serait plus jamais. Ce n’est pas la rancœur qui l’envahit, juste la tristesse, seul souvenir incontesté. Non, elle n’est pas de celles qui laissent la haine de l’autre les briser. Anéantir ce qu’ils ont été, ce qu’ils auraient pu rester, s’il était resté.

S’il était resté avec toi,
comme il l’avait promis tant de fois.


L’évidence est pourtant là, sous ses yeux déboussolés. Il a certainement bien fait de la laisser. Elle n’était qu’un poids, Isabella. Fille trop jeune et déjà trop brisée, pour l’avenir brillant qui l’attendait. Fille aux bagages trop imposants, pour l’homme qui voulait devenir important. Il est devenu mieux que tout ce qu’il pouvait rêver. Un avocat, sûrement aussi renommé qu’il est beau, avec ce charisme qu’elle n’a pas oublié. Elle le contemple, Isabella, plus ou moins discrètement. Plus ou moins distraitement. Ce sont tous les souvenirs qui reviennent, encore, et encore, l’envahir. Tous les sentiments, toutes les émotions enfouies. Mais, observatrice, elle le fixe aussi, lui. De ses prunelles assombries, elle surprend le trouble perceptible. La surprise, puis la lueur soudain, comme s’il comprenait. Comme s’il la reconnaissait.

Il ne t’a pas reconnue,
quand tu n’as jamais oublié son visage,
Et tu te souviens encore le mal de l’avoir perdue,
quand tu n’es plus qu’un vague mirage.


La contenance qu’elle garde sur son visage gracieux, comme imperturbable. Le cœur pourtant bien plus vulnérable. – Je veux bien te croire. qu’elle énonce, simplement, le ton neutre alors qu’elle a bien saisi. Il ne l’aurait même pas reconnue… combien de temps lui aurait-il fallu ? Si elle n’avait rien dit, aurait-il seulement réalisé, qu’il était face à celle qu’il a délaissée ? L’aurait-il compris, qu’il a été le premier amour de cette femme qu’il voulait conseiller ? Elle ne s’épanche pas sur les questions qui défilent, ne se contente que de le suivre. Comme elle l’a suivi, tant de fois, dans les lieux les plus insolites. – Je veux bien, ce que tu as. accepte-t-elle alors qu’il est dos à elle, déjà en train de leur servir, du scotch. De nouveaux souvenirs, qu’elle balaie d’un cil lorsqu’elle le remercie. Et, à nouveau, elle se retrouve face à lui. Assis, l’un devant l’autre, séparés par ce bureau seulement, après toutes ces années de distance.

Et t’as l’impression d’avoir à nouveau seize ans,
les pensées confuses et le cœur battant.


Les jambes qu’elle croise élégamment, le silence qu’elle garde obstinément. Elle le laisse contempler son dossier, se contente d’apporter la boisson contre ses lèvres pourpres pour en boire une gorgée. – C’est cela. Je monte une entreprise de bijoux artisanaux avec ma sœur. Sa sœur, oui, celle qui n’était encore qu’une petite fille quand il est parti. Même elle, n’a pas compris. Personne n’a compris, parce qu’il était partout dans sa vie. Mais, surtout, dans son cœur. Une inspiration plus tard, la belle reprend avec un semblant de calme. – Nous avons déjà établi le statut juridique, et tous ces aspects-là. Mais il reste à voir comment procéder avec tous nos partenaires. Et elle s’efforce de retenir toute amertume, car ce ne serait pas elle. Mais elle se retrouve devant l’une de ses pires faiblesses, Isabella, de celles qui arriveront toujours à la toucher. Quelqu’un qu’elle a aimé, mais qui l’a abandonnée.
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Message Sujet: Re: You clinged my body like you wanted it forever. (lion)   You clinged my body like you wanted it forever. (lion) Empty Dim 2 Fév - 9:56

« grand dieu, lion! votre père vous réclame depuis des heures » la bonne a le regard vagabond qui se promène sur les poils ébouriffés du gamin et les vêtements à peine maintenu « vous étiez encore avec cette pauvre enfant n’est-ce pas? votre père n’apprécie guère de vous savoir avec elle, vous le faites jaser ». le marmot a les eaux diluviennes qui s’écoulent sur la terre cuite du salon, la culpabilité révoltée « père ne sait rien de l’amour, donna ».

elle a verrouillé son trouble, isabella, l’a émargé du coeur qui palpite dans le tendre gouffre de sa poitrine. l’âme polie par toute bienséance accueille la flasque versée dans le verre ; il tolère à peine les balancements  de son corps sur la chaise. les courbes ont mûri, se sont éloignées de son souvenir. et tandis qu’il fait étalage de sa névrose par quelques gestes discrets, son nez pointe désormais les lèvres qui lui correspondent les raisons de sa présence. il n’est pas étonné de constater qu’elle a réuni suffisamment d’opportunités et de labeur pour façonner son empire. « peyton? comment va-t-elle? » avec une élégance qui lui appartient, il gratte du bout des lèvres la surface qu’elle lui sert, comme s’il appartenait encore à cette vie rangée.

« écoute mon garçon, quand on appartient à un monde tel que le nôtre, c’est un affront de s’enamourer de castes inférieurs ; cette fille ne t’est pas destinée » un doigt sévère s’élève devant le visage du rejeton pour réprimer sa parole espiègle « je ne veux rien entendre, tu pars demain à l’aube ».

lion racle l’embarras hors de ses bronches « quel genre de partenaire recherchez-vous? » il sème un regard. il a encore l’empreinte de ses traits dessinée sur la pulpe de ses doigts. une mémoire qu’il réprime, dévoué à l’honneur qu’elle sanctifie autour de ses apparences domptées. les rétines s’effritent finalement devant le papier qui dénonce: kingston. l’impératrice a trouvé une ombre pour partager le trône sur lequel elle s’abrite, loin de sa misère inscrite. « les félicitations sont de rigueur, je crois » le rauque de ses vocales grave l’air de ses atours amers et pourtant sincères. à la mine incrédule qui s’étire sur le faciès de l’amante, il achève « pour ton mariage ». peut-on encore envier le passé, une seule femme jamais aimée. aveuglé par la chimère qui s’interpose, il se sent volé, de quelques reliques d’antan, les stries sur l’iceberg de son palpitant.
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Message Sujet: Re: You clinged my body like you wanted it forever. (lion)   You clinged my body like you wanted it forever. (lion) Empty Dim 9 Fév - 11:42



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crédit/ tumblr ♛  w/ @lion brummell
Comme un déchirement, qui se fait, entre deux fragments de l’âme trop tourmentée. Il y a la Isabella du présent et celle du passé. Il y a celle qui a gagné en assurance, sait exactement ce qu’elle veut, la riche et l’intimidante. Puis il y a celle qui se cherchait, pauvre et fragile dans un monde qui lui était hostile. Deux parcelles de la même personne, celle qu’elle est en réalité. La femme forte mais vulnérable, la femme qui se bat encore contre toutes ses failles. La femme dont on ne voit pas tout, car l’on ne sait pas tout. Lion, il en sait davantage sur elle que tous ceux qui pourraient la rencontrer à l’heure actuelle. Il sait la vie de misère, les années de galère. Il connaît la famille sur laquelle elle a veillée, alors qu’elle n’était encore elle-même qu’une enfant égarée. Il sait tant de choses, il a assisté de ses propres yeux à tant de choses, qu’elle se sent déstabilisée. Chamboulée. Mise à nu devant celui qui a été son premier amour, la femme d’affaires aux airs déterminés perd de cette confiance. Redevient la jeune fille emplie de souffrances.

Ou peut-être que tu l’as toujours été,
tu as juste appris à le dissimuler,
jusqu’à presque l’oublier,

mais comment y arriver,
devant le premier homme qui t’a aimée,
le seul homme qui t’a aimée,
quand tu n’avais rien,
quand tu n’étais rien,

rien d’autre que cette âme écorchée.


C’est la confusion à l’intérieur. Mais elle le laisse à peine entrevoir à l’extérieur. L’encre de ses yeux s’accroche avec une assurance feinte dans les prunelles qui l’ont tant de fois envoûtée. Elle verrouille ces émotions qu’elle ne sait que trop maîtrisée, comme un instinct de se préserver. C’est plus difficile quand il évoque, la sœur qu’il a aussi laissée. Une famille qu’il n’avait pas à sa charge, Lion, il n’était qu’un jeune homme à l’avenir prometteur d’ambitions. Mais tu y as cru, Isabella, tu y as cru sans te l’avouer. Qu’il pouvait être ce pilier sur lequel t’appuyer. Le seul sur lequel, toi, tu aurais pu compter. Des rêves d’adolescence évaporés. Émiettés par le retour brutal à la réalité. Elle a appris avec Lion, qu’il n’y a personne sur qui elle devrait compter. Il a façonné, plus qu’il ne peut le croire, un peu de celle qu’elle est devenue. Cette femme plusieurs fois aimée, avant d’être mise de côté. Abandonnée par les hommes qui ont estimé, que la porte restait beaucoup trop cadenassée. – Elle fait son chemin. Elle est forte, Peyton. Elle s’accroche à la vie, malgré les aléas, malgré la maladie. Des confidences dont elle l’épargnera. Car elle n’est pas là pour ça. La vérité actuelle  qui lui rappelle, les raisons de sa présence, professionnelles.

C’est mieux comme ça,
c’est mieux pour toi,
que d’te torturer davantage,
à cause de cet amour mirage.


Elle n’a pourtant rien manqué de ses regards, de ses gestes emplis de désarroi. De ce trouble voilé derrière l’élégance et la classe. Elle n’a rien manqué de ce qu’il est devenu, l’homme charismatique à l’ombre encore juvénile. L’homme qui la faisait déjà vibrer, continue de la faire chanceler. – Des créateurs, des stylistes. Peut-être aussi des productions cinématographiques pour les diffuser. Sans compter, évidemment, ceux qui nous fourniront les matériaux. Le ton de sa voix reste neutre, consciencieux. Mais elle débite les mots sans y réfléchir, l’esprit accaparé par mille autres pensées. Pourquoi es-tu parti, Lion ? Pourquoi m’as-tu laissée ? Était-elle le problème ? Tout venait-il d’elle ? Nikolaï avait-il raison, le problème vient-il d’elle ? Tout vient toujours de toi. Toi et ton âme en perdition, toi et ton cœur en suspension. Elle essaie bien de se concentrer sur leur échange plutôt que sur les tumultes de ses songes. C’est peine perdue, quand il évoque ce mariage avorté. Ses doigts enlaçant avec délicatesse le verre en cristal, se resserrent un peu, juste à peine, par réflexe. – Mon mariage n’est plus d’actualité. énonce-t-elle avec platitude. Aucune envie de parler de Luke. Aucune envie de parler de ses histoires d’amour perdues. Surtout pas avec lui, le premier d’entre eux. – L’amour ne dure jamais pour la vie, n’est-ce pas ? elle confie, sans pouvoir retenir les mots de franchir ses lèvres beaucoup trop amères. Elle approche le cristal pour boire une gorgée de ce liquide ambré, il brûle sa gorge nouée. Lui fait du mal et, par la même occasion, du bien. – Je suis désolée, Lion. Être ici, avec toi… Elle n’y arrive pas. Trop d’émotions, trop de palpitations, dans ce cœur déjà bien émietté. – Peut-être que je devrais revenir quand ton associé sera disponible. Et le voile qui disparaît, et le masque est fissuré. Cette sensation, non-maîtrisée, de se retrouver face à celui qui l’a abandonnée.
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Message Sujet: Re: You clinged my body like you wanted it forever. (lion)   You clinged my body like you wanted it forever. (lion) Empty Dim 15 Mar - 14:57

Il y a d'abord eu l'absence, puis le temps flétrissant a continué de dénaturer cet homme et cette femme, ensemble. Un édifice immense s'est glissé entre eux ; en mémoire de ceux qui se sont connus un jour, aimés des lendemains, qui ne portent désormais que les marques de l'oubli. Lion étend un regard sur ce souvenir empoussiéré, à côté des vieux baisers quelque chose de neuf, d'immaculé, comme un courage qui ne l'a jamais traversé. Un amour désuet en face cachée de l'anonymat, vaincu, soufflé par l'orage. Il a ployé le genou, Lion, s'est incliné. Il n'a rien de vaillant, n'a rien d'un combattant, épuisé à survivre les premières années de sa vie les armes ont été posées depuis longtemps. Isabella avait peut-être lavé les dernières traînées de boue qui persistaient sur le cœur du dandy, il n'y avait eu que son père pour en gratter l'amas. George était un animal complaisant, indéfiniment loyal au premier qui aurait tranché sa misère.

Il pose son air sévère sur celle qui n'a plus rien d'une enfant ; il sait ce que la vie lui a volée, et il était sans doute opportun d'estimer qu'à son tour, il était parti avec quelque chose qui lui appartenait, sans vraiment savoir quoi. Il opine brièvement de la tête à la réponse abrégée concernant Peyton ; la douce fait l'économie de ses mots, et il ne peut que comprendre que son droit d'entrave s'est perdu en même temps qu'il est parti. Et survient un silence durant lequel il conserve ses apparences solennelles, intouchables. "Bien" il lacère sobrement l'état léthargique. Le passé s'est enfoui sous les sédiments de souvenirs dont on ne retient que le plus amer: il s'est tiré.

Pourtant devant elle, l'inébranlable se fragilise. Malgré le trouble savamment retranché, il ne manque pas de se rappeler les raisons de sa venue et d'y adjoindre l'évidence. "Je ne vois rien qui justifie un refus. Les finances sont stables, le projet défini, votre administration est en règle; il ne vous reste plus qu'à proposer vos projets aux collaborateurs qui vous plairont. Je vais te remettre un certificat de solvabilité juridique que tu pourras annexer à tout ça" il balaye ce qui lui paraît désormais comme une requête superflue, interpellé par un détail qui fait tressaillir le palpitant, cloître l'émotion. Encore, la nymphe se fait brève, le reste dégringole. L'amour ne dure jamais pour la vie, n'est-ce pas? Elle avait raison et il ne pouvait contenir l'atroce vérité "Isabella...". Il rencontre l'inflexion du masque craquelé, le verre nerveusement absorbé. A l'intérieur, les bougies ont été soufflées, il n'y a plus qu'une pièce vide qui ne porte seulement que le regret; de n'avoir su rester, de ne pouvoir se rappeler ce qu'ils avaient été. Un profond soupir s'arrache de ses poumons, parce qu'il ne parvient pas à endiguer sa fuite. "Tu n'as pas à t'excuser" il articule entre ses dents "nous en avons terminé quoiqu'il en soit, le reste appartient à mon associé". La métaphore est notoire, comme s'il ne pouvait s'empêcher de l'abandonner, et ce songe l’écœure. Il se lève pour récupérer le papier craché par l'imprimante, annonçant le terme des retrouvailles. Lion l'annexe au dossier qu'il tend ensuite à la poupée secouée.

Comme deux gamins sur le pas de la porte, les mots se sont perdus, et alors qu'elle s'apprête à partir à son tour "j'aimerai t'inviter à dîner, si tu veux bien", j'aimerai que tu ne sois pas la première à nous quitter. "Vendredi, vingt heures, au Modern Restaurant" Lion n'attend pas de réponse, il sait que le cœur est encore lourd des derniers instants. "Je suis content de te savoir ici" il achève alors qu'elle est sur le point de faire volte-face, le contentement impeccablement dissimulé derrière l'élégance.
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Message Sujet: Re: You clinged my body like you wanted it forever. (lion)   You clinged my body like you wanted it forever. (lion) Empty Mar 17 Mar - 17:44



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crédit/ tumblr ♛  w/ @lion brummell
Elle se souvient encore, la dernière fois qu’elle l’a vu. Elle se souvient encore, le cœur en lévitation, empreinte d’espoir, elle le regardait s’éloigner sans se douter qu’elle l’avait déjà perdu. Qu’elle ne le reverrait pas, jamais, jamais avant cet instant déjà consumé. Elle ne sait pas ce qui s’est passé, elle ne sait pas comment il a pu la laisser. Disparaître, du jour au lendemain, la sortir de sa vie alors qu’il lui avait promis l’éternité. « Un jour, toi et moi, on sera trop loin pour que les problèmes puissent nous rattraper.» Peut-être a-t-il décidé de s’enfuir, mais sans elle. Peut-être qu’il savait, qu’elle serait incapable d’abandonner les siens. Incapable de partir, s’envoler avec lui. Pourtant c’est bien une partie de son cœur qu’il a emporté avec lui.

Le cœur brisé trop de fois,
qui réalise aujourd’hui,
que cette fissure en lui,
elle est toujours là.

Qu’il est toujours là.


Le temps est passé, la distance les a séparés. Mais elle ne l’a jamais oublié. Sinon, elle n’aurait pas aussi mal, face à Lion. Sinon, ce n’est pas ainsi que se déroulerait la conversation. La latina répondrait davantage à ses questions, peut-être même qu’elle lui en poserait. Car elle serait, sincèrement, intriguée de savoir la personne qu’il est. Celui qu’il est devenu, sans elle. Mais c’est toujours là, la douleur de l’abandon qui l’empêche, paradoxalement, de se laisser aller à l’abandon. La voix neutre, trop maîtrisée, elle laisse la femme d’affaires parler plutôt que prendre le risque que n’intervienne l’adolescente au cœur bousillé.

Tu l’as aimé,
il t’a quittée,
l’histoire est oubliée,

Car, après tout, c’est du passé… n’est-ce pas ?


Elle lui serait presque reconnaissante de tout faciliter. Il maîtrise la situation avec l’adresse d’un chef d’orchestre, comme s’il avait préparé ce moment, ou pire, comme s’il n’avait pas besoin de le préparer. Il la retient, Isabella, de craquer. L’apparence si contrôlée, parfaitement impeccable, de l’homme aux allures solennelles, oblige la tourmentée, autant que son propre tempérament, à garder son élégance professionnelle. Devant ses prérogatives, elle opine du chef, satisfaite, presque soulagée, de sentir l’entretien s’écourter. – Bien, je t’en saurai gré. déclare-t-elle, la voix neutre, juste avant que l’échange devienne à peine plus personnel. Le masque se fissure, vite, trop vite, malgré elle. Et, quand elle entend son nom sortir de ses lèvres, comme il le faisait autrefois, c’est son cœur entier qui semble disparaître.

« Je t’aime Isabella. Je ne te laisserai jamais tomber.»

L’écorchée vive sent ses dernières forces la quitter. Déjà trop chamboulée, elle avoue le besoin d’abréger ce moment comme si elle ne pouvait plus le supporter longtemps. Les réminiscences empoussiérées ne lui ont jamais semblé aussi près. – Je te remercie. lance-t-elle plus platement qu’elle ne l’aurait fait, avec son associé. Elle a besoin de retrouver ses esprits, besoin de remettre de l'ordre dans ses pensées. Besoin de s’en aller. Il y a pourtant encore tant de choses qu’elle voudrait lui demander. Pourquoi es-tu parti, Lion ? Pourquoi tu m’as laissée ? M’aimais-tu vraiment ? Ou n’étais-je qu’un passe-temps ? Mais les questions restent emprisonnées dans sa gorge trop nouée. Elle s’apprête déjà à s’éloigner, s’enfuir comme il l’a fait dans le passé.

Mais il te retient,
comme s’il détenait encore un bout de ton cœur entre les mains.


Le dossier entre ses doigts chancelants, prête à partir, elle s’arrête net dans son élan. Elle ne comprend pas, Isabella. Elle ne comprend pas pourquoi il voudrait l’inviter à dîner. Pourquoi après tout ce temps, après toutes ces années. Pourquoi après l’avoir laissée tomber. Ses lèvres pourpres s’arrondissent de surprise alors qu’elle ne sait plus comment réagir. Quelques secondes, de suspension, le temps semble s’arrêter un instant. – C’est d’accord. elle murmure dans un souffle, sans même se rendre compte tout de suite. Elle vient bien d’accepter un dîner avec celui qui l’a déjà abandonnée. – Passe une bonne journée, Lion. ajoute-t-elle, la voix retrouvée, avec plus de sobriété. Et elle se demande en s’éloignant, la belle, pourquoi il peut bien vouloir l’inviter. Mais, plus encore, elle se demande pourquoi elle, a-t-elle accepté.  
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