now the day bleeds. (isabella)

- now the days bleeds
into nightfall -

— @isabella kingston

En voyant la peur dans le regard d’Isabella, elle réalise qu’elle devrait peut-être faire plus attention, Peyton. Elle réalise qu’elle ne peut pas jouer constamment avec sa vie, si cela implique de faire souffrir sa grande sœur. Si cela implique de devoir lui faire du mal. La réalité, c’est qu’elle n’en prend conscience que maintenant. Comme si l’inquiétude de sa grande sœur était plus importante encore que sa propre santé. Et c’est un peu le cas, au fond. Tu n’en as jamais rien eu à faire, de te santé, Peyton. De tout ce que cela implique. Tu ne t’en es jamais préoccupée, parce que t’étais bien trop occupée à vivre ta vie. A découvrir le monde. Mais aujourd’hui, tout est différent. Sa vie n’a plus rien en commun avec ce qu’elle était, un an et demi plus tôt. Elle n’est plus à l’autre bout du monde, à effleurer tous les petits boulots qui s’offrent à elle, découvrant mille et une culture. Elle est à New-York, sa terre natale, avec sa famille, ce qui compte le plus à ses yeux, dans une entreprise fondée avec sa grande sœur. Sa vie n’est plus la même, et elle ne peut plus faire l’idiote. C’est pour cette raison que tu ne voulais surtout pas qu’elle sache, Peyton. Parce que tu savais que ta maladie prendrait un autre tournant. Parce que tu savais que tu ne serais plus capable de faire semblant. Et elle ne peut que sourire, en entendant Isabella lui dire que c’est elle qui compte. Elles sont semblables, toutes les deux. La famille avant tout, pour toujours. Rien n’a jamais pu changer cela, malgré toutes les épreuves traversées. Mais ses paroles suivantes lui font perdre son sourire. Parce que vivre normalement, c’est tout ce qu’elle demande. Vivre comme avant. - C’est ce que je veux aussi. Et c’est pour cela qu’elle continue à le faire. Contre les recommandations des médecins. Contre tout bon sens. Et Isabella ne tardera pas à s’en rendre compte, lorsqu’elle répondra à sa seconde question. Elles s’installent alors toutes les deux sur le canapé. - En plus du traitement, faire attention à ce que je mange, éviter l’alcool, limiter les efforts et une activité physique pas trop violente… Tout ce qu’il y a de plus chiant à mourir. Et tout ce qu’elle ne fait pas. Tout ce qu’elle ne se sent pas capable de faire, pour le moment. C’est une résilience qu’elle ne veut pas accepter, et cela reviendrait à baisser les bras, à ses yeux. A accepter de vivre de cette façon pour toujours. - Je te laisse imaginer à quel point c’est compliqué. Elle tente d’ironiser un peu la situation, mais il y a un énorme fond de vérité dans ses paroles. Elle n’a jamais été casanière, Peyton. Elle a la bougeotte. C’est dans son sang. C’est dans ses veines.

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{ now the days bleeds }
crédit/ tumblr ♛  w/@Peyton Cooper

Il y a quelque chose d’indescriptible entre elles. Quelque chose dans ce lien si fusionnel. C’est cet amour qui leur a permis de tenir, cet amour qui leur a permis de survivre. Quand ils n’étaient encore tous que des enfants livrés à eux-mêmes. C’est Isabella qui a porté sa famille à bout de bras, mais ce sont eux qui lui ont donné la force d’y arriver. Sans eux, elle aurait abandonné. Sans eux, elle se serait laissée couler. Ils l’ont sauvée autant que l’inverse, les siens. C’est plus vrai encore pour Peyton. Celle qui, petite fille, l’accueillait dans son lit quand elle redoutait les venues de leur père. Celle qui, sans le savoir, atténuait cette souffrance qu’elle portait toute seule. Tant de fois, elle a pu s’en sortir grâce à elle. Aujourd’hui, malgré les années qui ont passé, Isa, elle a toujours autant besoin d’elle. Peut-être même plus encore que le contraire. L’esprit virevoltant partout et transpirant d’indépendance, Peyton, elle a cette soif de liberté. Ce besoin de vivre tout si fort, plus fort que la plupart des gens. Plus fort que sa grande sœur qui, il n’y a pas si longtemps, était presque encore effrayée par la vie.

Aussi différentes que complémentaires,
T’as besoin d’elle plus que t’as besoin d’air.

Elle est son point d’ancrage le plus précieux. Le plus ancien. Une sœur dont elle a trop besoin. La savoir en mauvaise santé, c’est la pire des choses qu’elle pouvait imaginer. Si inquiète, pourtant, elle essaie de garder le contrôle devant sa sœur. Elle essaie, surtout, d’agir de la meilleure des manières. Être là pour elle, assurément, mais pas seulement. Elle veut qu’elle soit suivie par un spécialiste, quelqu’un qui sait ce dont il parle, quelqu’un qui rendrait tout cela un peu plus facile pour elle. Pour elle, ou bien, pour toi, Isa. Avec la plus grande attention, la Latina écoute sa cadette. En l’entendant, elle comprend. Elle comprend que tout va devoir changer pour Peyton. Bien plus qu’elle ne voudrait bien l’avouer. – Chérie, c’est pour ton bien… dit-elle doucement, prudemment, pour éviter de l’effrayer. Elle ne sait pas, Isabella, qu’elle a eu plus que le temps de se faire à cette idée. Mais ne l’a toujours pas acceptée. Sa main se pose sur celle de sa sœur alors qu’elle reprend. – Tu dois prendre ces recommandations au sérieux, Peyton. Tu le sais, n’est-ce pas ? Et elle a le cœur serré, la culpabilité qui vient la gagner. Elle n’a pas besoin qu’elle lui fasse la leçon. Mais elle ne peut pas s’empêcher de s’inquiéter. Parce qu’elle la connaît. Un peu trop bien pour ne pas s’inquiéter. –  Il faudrait peut-être t’établir un régime strict. Ton médecin a dû te donner de la documentation ? Déjà prête à endosser son rôle d’aînée, Isabella, elle veut juste s’assurer que sa petite sœur ne met pas sa vie en danger.

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— @isabella kingston

Le pire dans tout cela, serait de voir sa relation avec Isabella changer. Le pire, ce serait de voir tous les efforts pour retrouver leur relation passée anéantis, en miettes. Parce qu’elle n’a aucune envie que sa grande sœur change du tout au tout, avec elle. Elle voudrait pouvoir continuer à lui apporter son soutien, comme elle le fait depuis qu’elle est rentrée à New-York. Elle voudrait pouvoir continuer à lui rendre tout ce qu’elle a toujours fait pour elle. Tout ce qu’elle a toujours été pour elle. Un modèle, un pilier, une stabilité, un ange. Un ange au-dessus de ses épaules. Et t’imagines même pas encore à quel point, Peyton. T’imagines même pas encore à quel point elle a tout donné pour toi. T’es loin de la vérité, parce que c’est ta vie, qu’elle a sauvé, Isabella. C’est une vie avec un père abusif, à subir violences morales, physiques et sexuelles. C’est une vie qui se résume au néant, sans parents dignes de ce com. Mais Isabella, elle a été une vraie mère, elle s’est toujours comportée comme telle. Seulement aujourd’hui, les choses ont changé. Evidemment, elle l’aime toujours autant, toujours de la même façon, mais elle a désormais vingt quatre ans. Elle est une femme, une vraie, et elle n’a plus besoin d’une mère. Elle a besoin d’une sœur, d’une grande sœur. Elle a besoin de la belle Latina, heureuse et pétillante comme elle l’est en ce moment, depuis qu’elle est bien dans sa vie avec Nikolaï. - Oui, Isa. Bien sur que je le sais, je ne suis pas complètement inconsciente tu sais… Elle semble l’être, oui, c'est certain. Mais elle est réaliste, elle a les pieds sur terres, malgré ce besoin de liberté. Elle sait que sa maladie est grave, elle sait qu’elle doit faire attention, mais elle n’en a pas envie. Là est toute la différence. - Mais pas ce soir, s’il te plait. Je n’ai pas envie que tu me traites comme une malade, c’est tout ce que je voulais éviter. Sa voix est douce, mais elle est sûre d’elle, déterminée. Isabella est maternelle, tu le sais, Peyton. Elle l’a toujours été. Mais tu te souviens encore de la façon dont elle se comportait avec Jim, elle l’était bien plus encore. Elle le couvait, parce qu’il était malade, parce qu’il en avait plus besoin. Seulement elle n’est pas lui, et elle ne veut pas laisser sa maladie la bouffer, la ronger petit à petit.

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crédit/ tumblr ♛  w/@Peyton Cooper

Leur amour ne pourrait jamais changer. La relation qui les lie, elle non plus, ne pourrait pas changer. Elle l’aimera toujours aussi fort, Peyton, comme elle l’aime depuis le jour de sa naissance. Elles ont toujours été si fusionnelles toutes les deux, et pourtant, il y a encore deux ans, Isabella vivait avec son absence. Une absence qui la tuait à petits feux, comme celle de ses frères continue de la ronger. Mais, Peyton, elle l’a retrouvée. Elle l’a pleinement retrouvée. Elle ne peut pas envisager de la perdre, pas elle. Surtout pas elle. Le pire, pour elle, ce serait bien cela. La perdre, elle. La Latina a parfaitement conscience qu’elle ne s’en remettrait pas. Vivre sans elle, elle ne s’en remettrait pas. Vivre en supportant cette absence imposée par la distance, c’était déjà insupportable. Mais vivre en sachant… vivre en sachant qu’elle n’est plus de ce monde, non, elle n’y arriverait pas. Jamais. Ce sont ces peurs-là qui submergent son âme torturée. Pendant que sa sœur redoute ce qui pourra arriver à leur relation, c’est cette terreur-là qu’elle essaie de maîtriser. Les larmes que, depuis le début, elle refuse de laisser couler. Parce qu’elle sait, Isa, qu’à l’instant où elle craquera, elle risque de définitivement s’effondrer. Ce n’est pas ce dont Peyton a besoin, non, uniquement de son soutien. De sa présence auprès d’elle. Alors elle tient le coup comme elle peut, seulement elles n’ont pas la même manière de le faire. Elle voudrait l’épauler, la conseiller, découvrir avec elle tout ce qu’elle doit faire pour vivre le mieux possible. Elle sait qu’elle n’est pas inconsciente, Peyton, enfin… pas complètement.

Mais tu ne peux pas t’empêcher de t’inquiéter pour elle,
Tu ne peux pas t’empêcher de vouloir prendre soin d’elle.

C’est ce qu’elle est. C’est ce qu’elle fait, ce qu’elle a toujours fait. Veiller sur les siens, c’est sa nature même, à Isabella. Elle en a besoin. Plus encore quand elle apprend qu’ils sont malades. Mais sa cadette la connaît trop bien. Elle lui demande de ne pas la traiter comme une malade. Elle ne devrait pas être surprise, elle la connaît, elle aussi. Peyton a trop besoin de sa liberté pour laisser une insuffisance cardiaque tout gâcher. Mais c’est différent pour son aînée. Elle voudrait déjà tout faire pour elle… Mais, à la place, elle écoute la volonté de sa sœur. – Bien, mais… Je veux juste rester avec toi dans ce cas. Rester avec elle toute la nuit. Même si Peyton n’en a aucune envie. Elle ne peut pas la laisser, pas ce soir. – Nous n’en parlons plus pour ce soir, d'accord ? Seulement à condition que je reste dormir avec toi. Elle s’approche d’elle pour déposer un doux baiser contre sa joue. Comme le signe que le marché est conclu. Et cela va lui être difficile de garder toute cette peur, toute cette angoisse… toute cette souffrance en elle. Mais ce n’est pas pour elle qu’elle le fait, Isabella, c’est pour sa petite sœur. Prête à veiller à son bien-être, et ce, de toutes les manières.