now the day bleeds. (isabella)

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{ now the day bleeds }
crédit/ tumblr ☼ w/@isabella kingston

Il est temps. Elle aurait voulu que cela n’arrive jamais. Elle aurait voulu n’avoir jamais à faire ça. Mais il est temps. Temps d’avouer la vérité à sa grande sœur. Temps d’avouer qu’elle est malade. Parce qu’elle n’arrive plus à lui mentir, pas alors qu’elles sont redevenues si proches. Parce qu’elle ne veut pas tout gâcher, avec elle, comme elle a tout gâché avec Alexios. Isabella, elle est la personne que Peyton aime le plus au monde. Et elle mérite. Elle mérite qu’elle prenne sur elle, qu’elle prenne son courage, pour tout lui dire. Parce qu’elle ne veut pas fuir. Elle ne veut plus fuir. Pas cette fois. Pas comme avant. Parce que t’as déjà abandonné ta grande sœur une fois, Peyton. Parce que tu ne veux plus jamais que cela arrive. Elle sait qu’elle aurait dû tout lui dire plus tôt. Elle sait que la belle latina lui en voudra, et elle aura raison. Mais elle sait aussi qu’Isabella sera compréhensive, comme elle l’a toujours été avec elle. Elle la connaît mieux que personne, et elle saura, que ce n’était pas contre elle, mais bien pour la protéger. Ils ont déjà tous assez morflé. Et elle se protège aussi elle-même. Elle se protège du regard de ceux qu’elle aime. Du regard qui changera, inévitablement. Tout ce qu’elle veut éviter. C’est déjà bien assez difficile de voir ton propre regard changer, Peyton. Mais une fois de plus, Isabella le mérite. Elle a toujours été honnête avec elle. Elle ne lui a jamais rien caché. Et la brune lui en doit autant, aujourd’hui. Elle lui en doit autant tout court. Sa sœur s’est sacrifiée toute sa vie pour elle, pour ses frères, et c’est à eux de prendre soin d’elle aujourd’hui. A elle, en l’occurrence. Puisqu’elle reste bien plus responsable que Miles, c’est dire. Peut-être que c’est son retour ici, à New-York, qui la change. Peut-être que c’est d’avoir dû affronter les conséquences de son absence, qui l’a responsabilisé. Elle prend conscience, aujourd’hui, qu’elle n’aurait jamais dû partir. Elle prend conscience, aujourd’hui, qu’elle aurait dû se comporter autrement avec Alexios, le seul homme ayant réussi à approcher son cœur. Et elle ne veut plus reproduire les mêmes erreurs. Alors la voilà, prête à parler à sa sœur ce soir. Isabella, qu’elle retrouve dans le salon. - Isa, tu as cinq minutes ? Maladroite entrée en matière. Comme s’il fallait cinq minutes pour annoncer à sa sœur qu’on a une maladie. Elle espère simplement, du plus profond de son cœur, que sa sœur ne sera pas trop affectée. Parce que c’est tout ce qu’elle souhaite éviter.

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crédit/ tumblr ♛  w/@Peyton Cooper

Elle a le cœur un peu ailleurs ces temps-ci, Isabella. Comme chaque année, vers la fin du mois de juillet, elle est envahie par cette mélancolie persistante. La tristesse de compter les années depuis la mort de son petit frère, la mort de l’une des trois personnes qu’elle s’était jurée de protéger de tout alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. Une promesse qu’elle n’a pas réussi à tenir, ni avec Jim, ni même vraiment avec Miles. Une famille partie à la dérive, dont il ne reste que deux rescapées encore debout main dans la main, les deux sœurs. Peyton, elle est la seule ancre qui l’empêche de sentir sa famille couler définitivement. Elle est, dans sa vie, le soleil qu’elle a toujours été. La lumière parmi ses ténèbres. Elle l’aime tellement, Isa. Elle donnerait absolument tout et n’importe quoi pour elle. Malgré toutes les souffrances subies par leur famille, malgré les années passées loin l’une de l’autre, malgré le temps et la distance, elles sont toujours là. Et elles seront toujours là. Aujourd’hui, les deux sœurs ont ce projet de création de bijoux artisanaux ensemble. Une aventure professionnelle qui les lie un peu plus que leurs vies déjà imbriquées l’une à l’autre depuis le retour de Peyton à New York. Elle se sent tellement heureuse de l’avoir auprès d’elle, Isa. Elles ont même emménagé ensemble, jusqu’à ce que la Latina ne choisisse de partir vivre avec l’homme qu’elle aime. Une décision qui a été prise avec facilité, jusqu’à ce qu’elle pense à sa petite Peyton. Elle est encore entre l’appartement des filles et la maison de Nikolaï, encore entre les deux demeures. Parce que, malgré ton statut d’aînesse, au fond, de toute la famille, t'as toujours été celle qui a le plus de mal à couper le cordon. Durant toute sa vie, elle n’a eu qu’eux. C’est difficile de se dire qu’elle choisit de s’éloigner de Peyton après l’avoir tant espérée auprès d’elle. Mais sa petite sœur ne prend pas les choses de la même manière. Elle les prend même avec beaucoup plus de légèreté. Comme toujours. En cette chaude soirée d’été, son petit-ami au travail, elle a choisi de passer un moment avec sa petite sœur. Le besoin plus fort encore de l’avoir auprès d’elle en cette fin de Juillet. – Depuis quand me demandes-tu ? l’interroge-t-elle d’une voix malicieuse quand elle entend sa question. Elle relève les yeux vers son petit bébé, prête à lui accorder toute son attention. – Dis-moi ce qui te tracasse. Car elle la connaît, Peyton. Elle sait quand elle a quelque chose à lui annoncer. Pourtant à mille lieues d’imaginer ce dont il s’agit.

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Il n’y a rien de pire, rien de pire que d’annoncer quelque chose à quelqu’un en sachant pertinemment que cela lui brisera le cœur. Il n’y a rien de pire que de savoir qu’elle va blesser sa sœur, plus que tout. De par sa maladie, qui, sans aucun doute va la ravager. Mais aussi par le silence qu’elle a maintenu durant des mois. Elle est coupable de l’une des deux choses, oui. Coupable, et elle sait combien Isabella lui en voudra d’avoir gardé cela pour elle pendant tant de temps. Mais elle sait également qu’elle est sa sœur, qu’elle l’aimera toujours et fera tout pour la comprendre. Plus encore, elle sait qu’elle sera là pour qu’elle, peu importe ce secret. Peu importe le mal qu’elle pourra lui faire. La vérité, c’est qu’elle a eu peur. Peur de la dimension réelle qui s’ajouterait à sa douleur au moment même où elle en parlerait à Isa. Peur de la peine qu’elle aurait pu voir dans son regard. Peur qu’elle la traite comme un petit oiseau blessé pour le reste de ses jours. C’est tout ce qu’elle souhaite éviter. Pourtant, elle sait qu’elle n’a pas d’autre choix. Elle sait qu’elle ne peut pas lui cacher sa maladie pour le reste de ses jours. Parce qu’au fond, aussi différents êtes-vous, vous ne faites qu’un, les Cooper. C’est de cette façon qu’a la mort de l’un deux, à la mort de Jim, la famille a volé en éclat. La famille a volé en éclat, littéralement. Parce qu’ils n’ont toujours été qu’ensemble, parce qu’ils n’ont toujours pu compter que sur eux. Eux, et rien d’autre. Eux, et rien de plus. Et aujourd’hui, elle a peur, une fois encore. Peur de faire de nouveau exploser leur équilibre. Peur de détruire la nouvelle vie de la latina. Parce qu’aujourd’hui, Isabella va bien. Elle est heureuse, et ce n’était pas arrivé depuis longtemps. L’idée même de tout compromettre la rend malade. - Comment est-ce que tu sais que je suis tracassée… Qu’elle demande, un petit sourire amusé aux lèvres. Profitant du moindre moment d’accalmie. Profitant de cette légèreté qui plane encore entre elles. Parce que cela ne durera pas. Parce que dans quelques instants seulement, le sourire de sa grande sœur s’envolera. - J’ai quelque chose à te dire… Enfin, à t’annoncer… Ce n’est pas facile à dire et… Je sais que ce ne sera pas facile non plus à entendre pour toi… Elle est tendue. Extrêmement tendue. En réalité, elle a la sensation que son cœur peut exploser d’une minute à l’autre. Que son cœur peut s’arrêter d’une minute à l’autre. C’est tellement difficile que les mots ne sortent pas. - Mais je veux que tu saches que ça va, d’accord… Ça va aller, alors ne t’affoles pas… Elle plonge son regard noisette dans celui de sa grande sœur. Elle voudrait pouvoir la rassurer. Elle voudrait pouvoir effacer sa souffrance par avance, mais elle sait que ce n’est pas possible. Elle sait qu’elle devra affronter la douleur dans ses yeux.

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crédit/ tumblr ♛  w/@Peyton Cooper

Elle est la personne qu’elle connaît le mieux au monde, Peyton. Celle dont elle connaît chaque mimique, chaque expression, chaque regard par cœur. Même ses sourires n’ont pas de secret pour celle qui l’a élevée. Elle est sa grande sœur, Isa, mais au fond, elle a le même amour qu’une mère pour elle. L’amour de celle qui serait prête à tout donner, pour son bonheur. Celle aussi qui ferait n’importe quoi pour la protéger, pour son bien-être. Alors elle est à l’affut de ces petits indices-là, ceux qui lui font entrevoir l’inquiétude profonde qui semble avoir submergé sa cadette. – Je t’ai pratiquée suffisamment d’années. lui affirme-t-elle avec un petit sourire en coin. Elle ne compte pas le nombre de fois où elle a vu la petite frimousse de Peyton approcher, avec cette moue un peu coupable, pour lui annoncer les bêtises qu’elle avait pu faire. Elle pouvait deviner en une seconde ce qui se passait. T’es pourtant si loin de te douter de ce que tu n’as pas su voir en elle. Si loin de réaliser à quel point t’es passée à côté de l’essentiel. Les deux noisettes qui se plongent dans celles, jumelles, de sa petite sœur, Isabella ne dit plus un mot. Elle attend seulement. Calmement. Elle paraît sereine, elle ne l’est pas. À l’intérieur, les questions sont déjà en train de submerger son esprit tortueux et torturé. Est-ce qu’elle en a assez de New York ? Est-ce qu’elle va encore repartir ? Est-ce qu’elle a changé d’avis au sujet de leur collaboration ? Ou est-ce peut-être juste une nouvelle lubie dont elle sait d’avance qu’elle ne plaira pas à son aînée ? Tout, absolument tout lui passe par la tête. Tout sauf ce qui se passe en réalité. Son cerveau se refuse même d’y penser, comme si c’était plus facile de l’occulter. Les mots de Peyton, pourtant, n’ont rien de rassurant. Plus elle essaie de retarder le moment inévitable, plus l’inquiétude de sa grande sœur vient à s’intensifier. La boule dans son ventre qui s’agrandit de plus en plus, alors qu’elle attend toujours l’instant de vérité. Ce ne sont pas les tentatives de la jeune femme pour la calmer qui vont l’aider. Au contraire, c’est pire encore. Parce que si Peyton prend autant de pincettes avec elle, alors qu’elle a toujours parlé sans réfléchir, c’est que c’est grave. Vraiment grave. – Je t’en prie, arrête de tourner autour du pot. Dis-moi. C’est presque une supplique. Chaque seconde qui passe est comme une éternité alors que son cœur, lui, semble prêt à sortir de sa poitrine. Car c’est une torture d’attendre, une torture d’envisager le pire. Mais le pire est déjà arrivé, il ne peut pas revenir, pas encore, n’est-ce pas ? Pas avec elle, n’est-ce pas ? Non, ce n’est pas possible. Elle ne le supporterait pas.

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Quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle tente, elle sait. Elle sait pertinemment qu’il n’y a rien. Elle sait que, rien ne pourra atténuer la souffrance que ressentira Isabella lorsqu’elle lui aura dit la vérité. C’est la raison pour laquelle elle se tait, depuis des mois. C’est la raison pour laquelle elle lui cache ce qui la ronge, en réalité. Parce qu’il n’y a rien de pire qu’une maladie, pour la famille Cooper. Parce qu’il n’y a rien de pire qu’un vulgaire coup du sort. Et tu réagirais certainement comme elle, Peyton, si les rôles étaient inversés. Tu réagirais certainement comme elle, si tu avais peur de la perdre, du jour au lendemain. Parce que la réalité, elle est triste, mais elle est simple. Il n’y a plus qu’elles. Elles sont, l’une pour l’autre, la seule famille qui reste. La seule famille qui persistera toujours. La seule unité dans un monde qui s’acharne à les briser. Dans un monde qui n’a pas voulu d’elles. Jamais. Alors elle sait. Elle sait combien cela sera douloureux, parce qu’elle le ressent aussi. Parce qu’elle ressent aussi cette cassure en elle, depuis qu’elle sait. Depuis qu’elle réalise qu’elle va devoir en parler à sa sœur. Elle esquisse toutefois un sourire, en entendant ses paroles, parce qu’elle aura toujours l’amour et le soutient de sa sœur. Et c’est tout ce qui compte. - J’ai un petit souci… De santé. Les mots tombent comme un coup de massue. Pour elle, peut-être plus encore que pour Isabella. Parce qu’en parler, c’est comme l’accepter. En parler, c’est comme le reconnaître. C’est admettre qu’il n’y a plus rien de normal, dans sa vie. C’est admettre qu’elle devrait apprendre à vivre autrement, et c’est inenvisageable. Inimaginable. Elle a besoin de sa liberté. Elle a besoin de continuer à croquer la vie comme elle a toujours su le faire. Parce qu’au fond, t’as toujours vécu comme si tu n’avais rien, Peyton. T’as toujours vécu comme si ta liberté était ton seul cadeau. Mais peut-être que ce n’est pas ça, ton cadeau. Peut-être que ce n’est plus ça. Et c’est maintenant. Maintenant qu’elle réalise. Tout ce qui compte, c’est Isabella. - J’ai une insuffisance cardiaque. C’est dur. C’est dur, mais c’est fait. Et c’est difficile. Difficile de soutenir le regard de la belle latina. Difficile de voir la lueur dans les yeux de sa sœur s’éteindre. - Mais je… Je vais bien. Je suis suivie. Tu ne dois pas t’inquiéter. Demander à Isabella de ne pas s’inquiéter, c’est simplement impossible. Et pourtant, elle tente. Elle tente d’éviter que cette conversation ne tourne en pas en drame. Parce que c’est typiquement ce qu’elle ne sait pas gérer, Peyton, les drames.

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crédit/ tumblr ♛  w/@Peyton Cooper

Il y a le cœur qui s’arrête. Un battement. Le cœur qui entend, un souci de santé. Deux battements.Le cœur qui attend le pire. Trois battements. Elle sent l’air commencer à lui manquer. Tout son être contracté. Crispé. Paralysée, elle l’est. Elle attend l’échéance comme si elle attendait la mort. Puis ils arrivent, les mots qu’elle ne voulait pas entendre. Les mots qu’elle ne veut pas comprendre.

Une insuffisance cardiaque.

Le cœur qui ne répond plus. Comme si c’était le sien qui ne savait plus fonctionner correctement. Comme si c’était le sien qui était insuffisant. Insuffisant. Le cœur de Peyton, insuffisant. Les mots retentissent, encore et encore, dans son esprit déjà trop écorché. Ils la frappent de plein fouet. Comme un coup dans le ventre, un coup en plein cœur. Une insuffisance cardiaque. Et, tout à coup, elle a l’impression que c’est elle qui va mourir. Parce que ce n’est pas n’importe quoi, ce n’est pas anodin. C’est la maladie qui a pris leur mère. Leur frère. Le cœur trop défaillant dans la famille, ils perdent tous peu à peu vie. Et elle, elle sera incapable de survivre. Pas encore. Pas sans elle. Non, surtout pas sans elle. C’est tellement douloureux qu’elle n’arrive pas à réagir. Qu’elle ne trouve rien à dire. Sa petite sœur, sa petite sœur est malade. Et elle est incapable de trouver les mots.

Incapable d’être là pour elle.
Incapable d’agir comme une sœur pour elle.

Une insuffisance cardiaque.

C’est tout son monde qui s’effondre. Tout son cœur qui se brise. L’idée qu’il puisse arriver quelque chose à Peyton, c’est… Juste la chose la plus horrible à imaginer pour elle. Mais ce n’est pas un cauchemar, c’est bien la réalité. Peyton est malade. Peyton, sa Peyton. Et elle ose prétendre qu’elle va bien. Elle ose dire qu’elle va bien alors qu’elle sait, elle. Elle sait que c’est exactement ce qu'avait leur propre mère. Elle sait que c’est ce qui a fait voler en éclats leur famille. Elle sait que c’est ce qui les a tous détruits. Et ça les détruit encore. – Que je ne m’inquiète pas… répète-t-elle, presque dans un murmure, la gorge trop nouée pour réussir à parler. Elle se lève subitement, comme si elle avait besoin de se calmer. Besoin de réaliser. – Tu me dis que tu es malade… Et que je ne dois pas m’inquiéter. elle répète encore, comme si elle refusait d’y croire. Comme si c’était impossible à croire. Elle tourne le dos à sa sœur, incapable de la regarder dans les yeux. Incapable de la laisser voir cette détresse dans ses yeux. Elle prend une profonde inspiration, laisse glisser ses mains contre son visage. Elle doit se calmer… Elle ne doit pas… Craquer. Pas devant Peyton. Ce n’est pas ce dont elle a besoin, Peyton. Elle se tourne à nouveau vers elle, ses prunelles qui croisent immédiatement les siennes. Un voile d’ombre dans les siennes, l’ombre qui a fait disparaître la lueur présente quelques minutes encore plus tôt. – On va affronter ça… D’accord ? On va l’affronter ensemble. Je suis là. Elle s’approche d’elle pour caresser délicatement ses cheveux, avant d’entourer son bras autour de son dos et l’attirer contre elle. – Je suis là. répète-t-elle, la voix qui se veut rassurante, alors qu’elle a le cœur brisé. Son cœur dont les plaies jamais vraiment cicatrisées viennent à nouveau de s’ouvrir. Mais elle doit être là pour sa sœur, elle se doit d’être là.

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crédit/ tumblr ☼ w/@isabella kingston

C’est une souffrance qui ne ressemble à aucune autre. C’est une souffrance qui n’est semblable à aucune autre. Provoquer une douleur dans le cœur de sa sœur. Provoquer cette tristesse dans son regard. Plus encore, elle est désemparée. Elle le voit, Peyton. Et elle le comprend. Parce que la maladie, c’est la malédiction de la famille Cooper. C’est ce qui a détruit leur famille. C’est ce qui n’a cessé de faire voler en éclat leur équilibre. La mort de leur mère. La mort de leur frère. Et maintenant elle. Et tu sais qu’elle a peur de te perdre. Tu sais qu’elle a peur de te voir disparaître, comme eux avant toi. Tu sais qu’elle n’y survivrait pas, si elle se retrouvait seule. Définitivement seule. C’est un comble. Un comble que ce soit celle qui se sacrifie depuis toujours pour eux, qui se retrouve finalement laissée par tous. Parce qu’elle a toujours tout fait pour les protéger, Isabella. Mais il n’y a des choses qu’elle ne peut pas contrôler. Il y a le destin. Il y a les coups du sort. Il y a la vie, tout simplement. Elle n’a pas le contrôle sur les aléas de la vie. Elle n’a pas le contrôle sur ce qui touche à la santé. Mais avec toi, ça n’arrivera pas, Peyton. Toi, tu refuses de l’abandonner. Tu refuses de te laisser aller. Elle n’est pas faible, Peyton. Et elle le sera encore moins, s’il s’agit de protéger sa grande sœur. Tout ce qu’elle veut, c’est la rassurer. La rassurer, comme elle, elle l’a toujours fait. Et elle reste sans voix, en voyant la belle latina se lever. En la voyant complètement bouleversée par cette révélation. Elle reste sans voix, incapable de dire quoi que ce soit. C’est tout ce qu’elle craignait. C’est tout ce qu’elle craignait, la voir atteinte par sa maladie. T’aurais pourtant dû être préparée, Peyton. T’aurais pourtant dû t’en douter. Mais au fond, tu ne seras jamais prête pour ce genre de choses. Et ce n’est que lorsqu’Isabella revient près d’elle, l’attrapant dans ses bras, que la situation se débloque. - Bien sûr… Elle la serre dans ses bras, immédiatement. Elle la serre dans ses bras, comme jamais depuis son retour. Et la femme forte, indépendante, voyageuse, libre, redevient la petite fille qui avait plus que jamais besoin de sa grande sœur. - On affrontera ça ensemble, comme toujours. Et ça va aller, ça ira forcement. Parce qu’elles sont les sœurs Cooper. Parce qu’elles sont des survivantes. Parce qu’ensemble, elles sont plus fortes que jamais. Cela a toujours été. Cela sera toujours. - Je suis désolée, je… J’aurai tellement voulu éviter ça, te faire du mal. Mais le silence a assez duré. Et comment pourra-t-elle l’accepter, vivre avec, si sa propre sœur n’est même pas au courant ? Si sa propre sœur ignore tout.

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crédit/ tumblr ♛  w/@Peyton Cooper

La maladie frappe de nouveau leur famille. La maladie, elle les marque de nouveau de son sceau. La maladie, elle prend des allures de malédiction. Car c’est ce qui a brisé toute leur vie alors qu’elles n’étaient encore que des enfants. C’est ce qui a pris leur mère, ce qui a poussé l’aînée à prendre soin de ses cadets. C’est aussi au moment du décès de leur mère que leur père s’est révélé aux yeux d’Isabella comme le monstre qu’il est. C’est avec cette putain de maladie que tout a volé en éclats. Mais ils ont survécu. Ils ont réussi à survivre, main dans la main, tous les quatre avec les garçons. Puis, il y a eu Jim. Avec lui, c’est le cœur de leur famille qui s’est rompu. C’est Miles qui est parti. C’est Peyton qui est partie. Peyton, la seule qui est revenue auprès d’elle… Pour lui annoncer, maintenant, ce soir, qu’elle est malade.

C’est ton pire cauchemar qui est en train de se réaliser,
La pire chose qui aurait pu t’arriver.

Parce que c’est comme si cela lui arrivait à elle. C’est même pire que si cela lui arrivait à elle. Elle aurait préféré, Isa. Elle aurait préféré découvrir qu’elle est atteinte d’une maladie qu’elle devrait combattre. Plutôt qu’affronter sa peur de voir partir quelqu’un de cher à son cœur. La personne qu’elle a aimée plus que n’importe qui, la personne qu’elle a aimée toute sa vie. La seule qui lui restait, la seule qui lui permettait encore d’exister. Elle a le cœur en miettes. L’émotion qui la submerge, les nerfs à vif comme jamais. C’est peut-être bien la seule nouvelle qu’elle n’est pas capable de gérer. Car c’est Peyton qui est malade, c’est elle qui doit être présente pour elle. C’est son rôle en tant que sœur, que grande sœur qui plus est. Mais c’est comme si elle était trop submergée elle-même. Elle ne contrôle plus rien, elle qui a tant besoin de tout maîtriser. Seulement c’est sa petite sœur qui a besoin d’elle. C’est à elle de lui dire que tout ira bien, la soutenir coute que coute, lui donner une présence sans faille. Pas le contraire. Alors tu prends sur toi, Isa. Tu mets de côté tous ces vieux démons, et tu te forces à te ressaisir. Tu te forces à te comporter comme elle a besoin que tu le fasses. Comme la grande sœur qui est toujours là pour elle. Et elle sent combien elle en a besoin dès l’instant où elle la prend dans ses bras. Peyton la serre contre elle fort, si fort, aussi fort qu’elle le faisait quand elle était enfant et qu’elle venait de faire un cauchemar. Mais le cauchemar est réel, cette fois. Le cauchemar pousse Isabella à la serrer elle aussi de toute sa force pour la garder contre elle.

Tu la gardes longtemps contre toi, tu veux lui montrer que tu es là,
Ou peut-être que c’est toi qui as besoin de sentir qu’elle est avec toi.

Elle fait un effort considérable pour garder une maitrise d’elle-même. À défaut d’avoir le contrôle sur ce qu’elles vivent, elle doit pouvoir l’avoir sur ses propres réactions. Elle contient ses larmes de toutes ses forces alors que sa voix se veut rassurante. Alors qu’elle entend aussi les paroles remplies de courage de sa sœur. Ça ira forcément. Ou peut-être pas. Parce que rien ne va jamais, rien ne dure jamais. À chaque fois qu’ils retrouvent un équilibre, il faut que quelque chose vienne à nouveau les casser. Les tuer. Elle ne retient plus seulement ses larmes, Isa. C’est sa colère qu’elle refoule, le plus loin possible de son esprit, balayant toutes les émotions négatives qui pourraient atteindre sa cadette. Ce n’est qu’aux dernières paroles de celle-ci qu’elle recule doucement pour croiser son regard. – Hey… Ne t’excuse surtout pas. Tu n’y es pour rien, tu m’entends ? Cela pourrait paraitre dingue à n’importe qui, que Peyton lui dise qu’elle est désolée, comme si c’était elle la responsable. Mais son aînée comprend, elle comprend parce qu’elles pensent la même chose, toutes les deux. Leur famille a essuyé trop de souffrance, trop de pertes déjà, pour qu’elle ne songe pas à elle. Seulement elle n’y peut rien, Peyton. Aucune des deux n’y peut rien. Glissant avec délicatesse sa main contre sa joue, la Latina reprend alors. – Tu es suivie par un spécialiste ? J’ai des contacts, Peyton. On peut te trouver le meilleur spécialiste pour qu’il établisse un diagnostic et nous donne toutes les possibilités. Tu remuerais ciel et terre. Tu ferais n’importe quoi, vraiment n’importe quoi pour elle.

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crédit/ tumblr ☼ w/@isabella kingston

Ce serait surement plus facile, si elle s’était contentée de ne jamais revenir. D’affronter sa maladie seule, loin d’Isabella, loin du malheur qu’elle lui cause aujourd’hui. Loin de la souffrance qu’elle lui inflige. Et loin de son regard, aussi. Loin de son regard qui va inévitablement changer, désormais. Loin de son regard qui ne sera plus jamais le même. Parce qu’elle va s’inquiéter, Isa. Tout le temps. Comme la grande sœur qu’elle est. Comme la grande sœur qu’elle a toujours été. Et t’as l’impression qu’elle n’a toujours fait que cela, s’inquiéter pour vous. Pour toi. Pour Miles. Pour la seule famille qu’il lui reste. Et c’est une inquiétude qui va perdurer, pour le restant de ses jours. Parce que la maladie ne disparaîtra pas, et au mieux, elle pourra simplement vivre avec. Rien de plus. Elle n’a pas envie d’infliger ça à qui que ce soit, Peyton. Elle n’a pas envie d’infliger ça aux personnes qu’elle aime. Elle n’a pas envie d’infliger ça à Isa, elle qui a déjà bien trop souffert. Et c’est pour cette raison qu’elle s’excuse, ce soir. Parce qu’elle lui fait mal, encore une fois. Parce qu’elle sait combien cela va être difficile à encaisser pour elle. Parce qu’elle ne connait que trop bien la maladie. Alors elle s’excuse, même si elle est consciente de ne pas être responsable. C’est qu’un coup de pas de chance, Peyton. C’est tombé sur toi. Une fois de plus. C’est qu’un coup de pas de chance, ou une malédiction qui règne sur leur famille depuis bien trop longtemps maintenant. - Je sais, je sais… Mais, je ne veux tellement pas que tu t’inquiètes… Je ne veux pas que tu sois mal… Et pourtant, elle n’y peut rien. Elle n’est maîtresse de rien. Ce n’est que le destin. Que le foutu destin.
Et elles, visiblement destinées à souffrir. Visiblement destinées à ne jamais plus avoir d’équilibre. Peyton, du moins. Parce qu’Isabella, elle, elle a la chance d’être en bonne santé. La chance de retrouver le bonheur, l’amour, avec Nikolaï. Une stabilité qu’elle n’a jamais eu la chance de connaître étant jeune, et qu’elle retrouve aujourd’hui grâce à cette vie de couple. Sa maladie ne doit pas venir tout bouleverser dans la vie de sa sœur. Parce que tu ne le supporterais pas, Peyton. Tu ne le supporterais pas, si Isa venait à en pâtir. - Je suis suivie à l’hôpital, oui… Tu crois que ce n’est pas assez ? Elle a horreur de cela. Horreur de devoir se rendre à l’hôpital. Horreur de devoir écouter les médecins. Horreur de tout, dès que cela touche à sa liberté. Mais Isa, elle est sa grande sœur. Son avis compte pour elle. Et elle est prête à l’écouter, même s’il est hors de question qu’elle la laisse s’inquiéter.

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crédit/ tumblr ♛  w/@Peyton Cooper

Elles sont liées. Toute leur vie, ils ont été liés, pas seulement elles mais aussi leurs frères. Des existences entremêlées, plus que la majorité des fratries, plus que des amours de toute une vie. C'est quelque chose qui est en chacun d'eux. C'est d'autant plus fort encore avec Peyton. Peyton, la seule qui t'est revenue. Peyton, la seule que tu n'as pas perdue. Elle ne peut pas imaginer vivre sans elle. Non, elle ne peut pas. Elle ne survivrait pas, pas cette fois. Il y a tout ce flot de sentiments qui la submergent sans qu'elle ne puisse les contrôler. Sans qu'elle ne puisse les empêcher. Toute la peur enfouie en elle, toute la souffrance qu'elle ne connaît trop bien, tout remonte à la surface inexorablement. Mais elle les retient, Isabella, elle les contient. Elle ne peut pas tout lâcher, elle ne peut pas craquer. Surtout pas devant sa petite sœur. Elle a appris, ces derniers mois, à lâcher prise devant elle. Mais pas quand c'est à son sujet, pas quand elle est la première concernée.

Toi qui veux la protéger,
Elle qui veut te protéger,
Y'a pourtant qu'ensemble que vous y arriverez.

Elle devine, plus qu'elle ne voit, toute la culpabilité ressentie par sa sœur. Toute la peine de lui infliger cette douleur. Mais ce n'est pas elle qui lui fait subir cette situation, c'est leur vie qui sonne comme une malédiction. Elle ne veut surtout pas entendre ses excuses. Tout autant qu'elle, sûrement, ne veut pas la voir morte de peur. Les yeux envahis par la terreur, ceux qu'elle avait pour leur mère, ceux qu'elle avait pour Jim. Alors elle s'empêche, Isabella. Elle s'empêche de montrer toute cette peur. Masquer tes émotions, tu sais faire. Même avec elle. Surtout avec elle. Peyton, elle a toujours voulu la protéger. Et, cette fois, c'est son rôle plus que jamais. Être là pour elle, comme un soutien, plutôt que comme une source d'inquiétude supplémentaire. - Peyton, crois-moi, tout ce qui m'importe, c'est toi. C'est toi qui comptes, pas mon inquiétude. Elle veut être là. Elle se doit d'être là. Elle se doit d'agir comme la grande sœur qu'elle mérite d'avoir. Elle n'a plus de mère, plus de père, presque aucune famille, Peyton. Si elle n'est pas là pour elle, qui le sera ?

Tu ne peux pas faire autrement,
Même si tu le voulais, ça ne dépend pas de toi,
Ils sont bien plus forts que toi,
Les liens du sang.

Le regard qui ne quitte pas sa cadette, la jeune femme l'écoute avec attention. Elle lui apprend qu'elle est déjà suivie. C'est déjà une bonne chose, c'est déjà rassurant. Elle aurait été capable de ne pas se faire soigner, Peyton, uniquement pour garder sa liberté. Mais elle ne peut pas se contenter de cela. Elle a besoin de plus, elle a besoin de mieux. Elle veut le meilleur pour sa sœur, Isa. Et si elle doit partir à la recherche du plus grand spécialiste du pays, elle le fera. - Je veux que tu aies les meilleures chances de vivre normalement. Elle ne peut pas la forcer, pas l'obliger. Elle n'est plus la petite fille qu'elle entraînait presque de force chez le dentiste. Elle est une adulte, elle le sait, Isa. Mais, devant une telle situation, elle se sent aussi concernée qu'à l'époque.

Parce que c'est ton rôle de t'occuper d'elle,
C'est ce qu'il y a de plus important, prendre soin d'elle.

Sa main qui saisit tendrement la sienne, elle l'attire avec elle jusqu'au canapé. Elle s'installe à ses côtés, le regard toujours posé sur elle, comme si elle avait peur de la voir disparaître. - Ton médecin… Il t'a donné quelles recommandations ? La question qu'elle pose prudemment. Le besoin de savoir, qu'est-ce qu'elle doit changer dans sa vie ?