Ta plus belle insomnie. (Daniel)

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{ ta plus belle insomnie }
crédit/ tumblr ☆ w/@Daniel Lloyd

Robe blanche, trop transparente, trop décolletée. Robe blanche, aux allures angéliques, aux volants candides. L’ange de la nuit sort ce soir, comme tous les autres soirs, à la recherche de cette étincelle qui la fera briller. Elle cherche la lumière qui, à défaut de raviver son cœur trop meurtri, saura lui faire oublier tous ses ténèbres. Tous les moyens sont bons pour y arriver, absolument tous. Elle débute la soirée par un petit joint roulé au cannabis, inoffensif. Les cocktails alcoolisés la rendent déjà d’humeur plus festive. Elle les enchaîne, Ella. Si jolie, Ella, elle n’a pas besoin de faire semblant de vouloir sortir le portefeuilles qu’elle n’a pas. Les hommes se précipitent, les uns après les autres, pour offrir au démon angélique toutes les boissons qui lui plairont. C’est avec l’un d’eux qu’elle choisit de passer le restant de sa soirée, celui qui lui a tout de suite proposé les shots de Tequila. La chaleur commence à envahir son corps demandeur. L’alcool appelle la drogue comme une gamine qui réclamerait sa meilleure amie. Des petits comprimés colorés font leur apparition entre les mains de son acolyte de la soirée. De la MD. Elle en prend deux simultanément qu’elle agrémente d’un nouveau shooter avant d'attendre que les effets l’envahissent. La soirée peut enfin officiellement commencer. Sur la piste de danse, Ella se déchaîne. Elle se laisse aller, elle s’évade, elle est partout sauf à New York. Loin de cette putain de ville et de ses putains de démons. Elle se sent revivre, elle se sent libre. Elle se sent vivante comme cela ne peut arriver que dans l'anonymat de la nuit. Les danses se multiplient, les rapprochements lascifs avec son acolyte aussi. Il finit par l’entraîner à l’extérieur de la boîte, n’en pouvant plus. – Chez toi ? C’est toujours chez lui. Qui que soit ce lui. Il est hors de question qu’elle divulgue son adresse à l’un de ses pigeons. Elle est impétueuse, Ella, elle est fougueuse, elle est imprévisible. Il n’empêche qu’elle a bien plus la tête sur les épaules qu’elle n’y paraît. Quand elle le veut bien. Mais, sous ses airs de fille inoffensive et candide, elle est bien moins naïve qu’elle ne veut bien le faire croire. – C’est pas possible, on va chez toi ? Une petite-amie, évidemment. Elle lève les yeux au ciel. Et se contente d’un. – Laisse tomber. C’était cool. Sauf qu’il n’est pas question de s’arrêter là. Pas pour lui. Il la retient par le poignet. – T’es sérieuse ? Tu m’laisses en plan ? – J’te propose d’aller chez toi, tu veux pas. Chez moi, c’est non. Tant pis, on s’est bien amusé. Pas plus compliqué que ça. Sauf que le gars n’est pas décidé à l’entendre. Il la plaque soudain contre le mur le plus proche. Déjà trop loin de la boîte pour attirer l’attention de qui que ce soit là-bas, elle se retrouve sous son emprise. Elle, Ella, sous l’emprise d’un mec. – Putain, lâche-moi ! – Je t’ai payé des verres toute la soirée, je t’ai donné de l'exta, tu crois que c’était juste pour tes jolis yeux ? – Lâche-moi, j’te dis ! Mais il ne l’écoute pas. Il commence déjà à relever sa robe sous son regard de plus en plus impuissant. Elle n’a pas peur. L’adrénaline, ou peut-être toutes les merdes dans son organisme, l’empêchent d’avoir peur. Comme de pouvoir avoir les réflexes qu’elle aurait en temps normal, ceux qui pourraient peut-être bien la sortir de son putain de contrôle. Elle a peut-être parfois pu jouer les demoiselles en détresse pour son propre plaisir, Ella. Elle n’a rien d’une fille qui a besoin d’être sauvée. Jamais. Jamais sauf, peut-être, ce soir.

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{ ta plus belle insomnie }
crédit/ tumblr ☆ w/@Daniel Lloyd

L’étau formé contre elle se resserre à chaque instant. La main plaquée avec force sur son buste, il la retient contre le mur froid derrière elle. Mais ce n’est pas cette main qui la préoccupe le plus. Non, c’est l’autre, qui trouve dangereusement son chemin sous les volants de a robe beaucoup trop légère qu’elle porte. Elle gesticule dans tous les sens, Ella, elle se débat comme elle peut. Mais elle ne fait qu’inciter son agresseur à renforcer sa prise. Tout arrive si brutalement. Elle n’a pas complètement conscience de la situation. L’esprit déconnecté par toutes les substances ingérées, elle se bat de plus en plus machinalement, plus que dans un instinct de survie. Et elle se bat, surtout de moins en moins, alors qu’il finit par resserrer ses doigts autour de son cou, l’air bien plus menaçant soudainement. Elle en vient à se dire que tout se terminera plus vite si elle cesse de se rebeller. Si elle cesse de l’affronter. Le bourreau qui devient la victime, c’est peut-être ce que tu mérites, Ella. C’est peut-être le juste retour des choses, pour toi qui a passé toutes ces années à te foutre de la gueule de tous ces mecs. C’est peut-être ce putain de karma qui te submerge. Elle arrête le moindre geste, laissant le loisir à ce dingue de toucher son corps sans plus broncher. Elle n’aurait jamais cru tomber aussi bas, Ella. Elle n’aurait jamais cru pouvoir se sentir à la merci d’un mec. Un inconnu. Un pauvre connard d’inconnu qu’elle ne reverra sans doute jamais. Mais on ne réagit jamais comment on croit qu’on le ferait face à une agression. Elle, les premiers cris laissés échappés vains, elle reste silencieuse. Paralysée. Déconnectée de la réalité. Jusqu’à ce qu’Il arrive. Lui, cet homme qu’elle ne connaît pas, mais qui l’écarte tout de suite de son tortionnaire. Elle recule d’un pas, les jambes encore tremblantes, alors que ce dernier ne semble pas vraiment des plus ravis. – Il a quoi, lui ? Tu devrais aller te coucher, papi, et laisser les jeunes s’amuser. – Je ne m’amusais pas, connard ! Soulagée par la présence de l’inconnu, elle retrouve toute sa fougue. Tout ce qui fait d’elle l’indomptable, l’effrontée Ella. Ou presque. Elle a encore les yeux teintés de cette terreur effroyable qu’elle veut déjà oublier. Vite, trop vite. – Ferme-la salope, tu m’as chauffé toute la soirée ! – S’il-vous-plaît, faites-le partir. dit-elle le ton faible à l'homme qui l'a sauvée, pour qu'il soit le seul à l'entendre, l’air vulnérable. Et, pour une fois, ce n’est pas seulement un air qu’elle utilise pour arriver à ses fins. Non, elle a eu peur, Ella. Elle a même encore peur.

Tu étais de ces gens qui ne regardent que leur nombril, intéressé uniquement par ta petite personne. Qui peut t’en vouloir ? C’est la norme, après tout. Chacun sa vie, chacun ses problèmes. Tu as changé. Après tout ce temps, grâce à cette seconde chance. Tu es quelqu’un de nouveau, un peu rafistolé mais comme neuf. Forcément, tu voles au secours de cette jeune femme. Tu ne peux pas laisser faire, tu détestes chaque seconde de la scène qui t’est donné de voir. Quel malheur. Elle est la combientième à qui ça arrive ? Heureusement pour elle, elle croise ta route ce soir et tu feras en sorte que ça n’arrive pas. La situation t’amuse presque lorsque tu te fais traiter de grand-père. Effectivement, tu as bien dix ans de plus que lui et, franchement, tu n’avais pas besoin de t’en rappeler. Il te plait de moins en moins. L’envie de le cogner monte. Tu sais que tu ne vas pas rester calme bien longtemps, tu as toujours été impulsif. « Qu’est-ce que j’ai ? » Tu jettes un regard à la jeune femme avant de te rapprocher de cet imbécile, comme pour dresser une barrière entre lui et sa victime. « J’ai que je ne supporte pas les petits connards dans ton genre, même pas capables de trouver quelqu’un qui a envie de s’amuser avec eux. » Tu essayes d’être clair mais tu n’es pas sûr qu’il y comprenne grand chose. Il a l’air complétement défoncé le minot. Ça te rappelle des souvenirs, ta propre jeunesse. Sauf que tu n’as jamais abusé d’une fille. Quand il la traite de salope, c’est tout ton sang qui ne fait qu’un tour. Tu ne te maitrises plus. Elle te demande de le faire partir et tu sais qu’il ne te reste plus qu’une chose à faire : le mettre KO. Ce n’est pas une joute verbale qui vous extirpera de cette situation et, franchement, ce ne sera pas volé. Tu attrapes celui qui est devenu ton adversaire par les épaules et le plaque contre le mur. L’effet de surprise y est et tu maintiens ton emprise pour qu’il ne puisse pas s’extirper. « Alors ça te plait, ça ? Tu t’amuses là ? » que tu grondes, les yeux comme des revolvers. Tu le bascules un peu avant, juste ce qu’il faut pour revenir le plaquer contre le mur. Plus violemment cette fois, sa tête ricoche bruyamment contre le mur. « C’est ta dernière chance. Rentre chez toi et oublie la. » Et sinon ? Qu’il te rende seulement les coups. Tu n’as pas peur. C’est un peu comme si tu te sentais invincible depuis ta greffe, intouchable. Il ne sait pas, lui, mais tu as déjà survécu au pire.

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{ ta plus belle insomnie }
crédit/ tumblr ☆ w/@Daniel Lloyd

Le cœur battant encore à tout rompre, elle assiste à la scène, impuissante. Incapable de tenter la moindre action. Que pourrait-elle faire en réalité ? Appeler les flics, elle ne l’envisage pas. S’enfuir, un peu plus, mais étrangement, elle se sent plus en sécurité en sachant son sauveur auprès d’elle, plutôt qu’à essayer de s’échapper. Alors elle ne bouge pas, Ella. Elle ne fait pas un seul geste, Ella. Elle se contente de regarder l’homme qui l’a sauvée se mettre entre elle et son agresseur pour la protéger. C’est la première fois. La première fois que tu deviens la protégée de quelqu’un. Pas celle à abattre, pas celle à chasser, non, celle qu’il veut protéger. Mais t’es pas sûre de vraiment aimer. Encore secouée, pourtant, elle ne bronche pas. Elle retrouve peu à peu son calme alors que les deux hommes, au contraire, se mettent dans tous leurs états. Il y a celui qui commence à trembler de peur, puis celui qui se laisse submerger par la colère quand elle se fait insulter. Cela aussi, elle n’y est pas habituée. Elle n’y est plus habituée. Elle, elle n’a pas cillé devant les mots prononcés. Intouchable, elle est, Ella. Elle pensait l’être, en tout cas, jusqu’à ce que ce connard tente de la violer. Mais l’homme plus âgé devient un autre quand il les entend. Elle voit son agresseur se faire secouer, plaquer plusieurs fois, violemment contre le mur qu’il avait lui-même utilisée pour la tenir prise au piège. Elle aurait pensé y éprouver un certain plaisir, une vengeance pour la diablesse insatiable. Mais ce n’est pas le cas. Elle veut juste que ça s’arrête, elle veut juste qu’il s’en aille. Et quand, finalement, son sauveur décide de le relâcher, il ne se fait pas prier. Sans demander son reste, il commence à cavaler, loin, le plus loin possible d’eux. Ne reste plus qu’eux. Cet inconnu qui l’a sauvée et Ella. Ella qui ne sait pas ce qu’elle est censée dire. Après tout, c’est la première fois que quelqu’un fait quelque chose pour elle. Pas parce qu’elle l’y a incité, pas parce qu’elle l’a manipulé. Juste parce que t’en as eu besoin. Et c’est nouveau, que t’aies besoin de quelqu’un. Ça te fait froid dans le dos. Elle recule d’un pas, instinctivement, alors qu’il ne lui ferait aucun mal, elle le sait. Mais toi, t’as jamais eu peur qu’on te fasse du mal. Tu connais que trop bien. T’es bien plus effrayée par ce qui pourrait te faire du bien. – Je… Je dois y aller. lâche-t-elle subitement, déjà prête à s’enfuir. Ses parents ne lui ont pas appris à remercier. Ils ne lui ont même pas appris à être aimée. Alors, être protégée, c’est peut-être ce qui l’aura le plus chamboulée au cours de cette soirée.