Antek ♦ Hâte-toi de bien vivre et songe que chaque jour est à lui seul une vie

traits de caractère / On ne peut pas dire qu'Antek soit quelqu'un d'hyper timide, cependant, il est introverti et pudique, dans le sens où il n'est pas du genre à se confier rapidement. D'ailleurs, aux balbutiements de son sacerdoce, il ressentait vraiment du mal à communiquer avec ses paroissiens. Assis en position repliée dans le confessionnal, il écoutait ses ouailles lui faire part de leurs préoccupations, et il ne les comprenait pas. Et lorsqu'il tentait ensuite, après avoir donné pénitence, de renforcer leur foi, il voyait dans leur regard, que c'était eux qui ne le comprenaient plus. Heureusement, cela s'est nettement amélioré depuis. Néanmoins, on le voit davantage longer les murs et s'excuser d'exister, que de rentrer dans le tas.
Diplomate, il sait faire preuve de franchise avec tact.
Il est bricoleur, adroit, sportif. Altruiste, il est la main tendue en toutes circonstances.
Malheureusement, il n'a pas que des qualités. Désorganisé, il a sans cesse beaucoup d'idées, mais sans encadrement, Antek n'en arrive jamais au bout: autrement dit , il commence un tas de choses sans les finir. Tête en l'air et rêveur, il lui arrive également d'oublier des rendez-vous ou des choses de sa responsabilité.

Une jeune femme pose son regard sur l'enfant qu'elle tient dans ses bras, avec mépris. Ce nourrisson, elle le hait, de toute ses forces, et en même temps, à le voir si faible, elle l'aime, elle souhaite le protéger du malheur de ce monde. Il lui rappelle sa honte, son angoisse, la terreur et la violence qu'elle a subie. Car cet enfant, il n'était pas désiré. L'acte engagé pour le procréer n'était pas non plus consenti. La jeune maman tient dans ses bras le fruit des pulsions et de toute la violence d'un homme qui, ivre, n'a nullement su se contrôler, et qu'elle n'a pas su repousser. En observant le poupon, elle revoit la scène dans son esprit: cette odeur fétide d'alcool et de transpiration, ce corps nu qui la maintient et pénètre son intimité, au-delà de sa volonté.
Un mal-être la saisit, alors qu'elle hésite un instant à reposer l'enfant dans son berceau, à le laisser là et s'enfuir, loin de ce souvenir intense et destructif.
Mais, malgré tout, elle tient également dans ses bras son avenir, une vie de famille qu'elle ne pensait pas trouver, du haut de ses dix-sept ans. Une vie qui ne sera pas simple, mais qu'elle se trouve contrainte de mener. Et cette vie porte un prénom: Antoni.

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La jeune femme est allongée sur le canapé, complètement ivre. A côté, à même le sol froid, Antek joue avec une peluche, son unique peluche. Il n'a pas mangé depuis la veille, mais sa mère n'est pas en état de le nourrir.
La grand-mère de l'enfant entre dans la pièce, jette un regard désapprobateur en direction de sa fille, endormie une bouteille de vodka complètement vide à la main, et vient prendre Antek dans ses bras. C'est elle qui s'en occupe, sans relâche. Ce gosse est comme un orphelin. Son père était un salaud, sa mère est emportée par l'alcool. Elle ne rentre pratiquement jamais à la maison, part trouver l'aventure dans une nouvelle boisson, à travers la Pologne. Et son fils, qui grandit, atteignant peu à peu l'âge de comprendre, la regarde partir à chaque fois, en pleurs, derrière la fenêtre, se demandant quand est-ce qu'elle reviendra. Il veut courir derrière elle, lui sauter dans les bras et lui demander sa date de retour. Mais il ne le fait pas. Il a trop peur. Peur qu'elle lui donne une date, qu'il attende, et que le jour J, maman ne vienne pas.

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Antek a huit ans. Les services sociaux ont tranché: cette mère est indigne, elle ne l'élèvera pas. Sa grand-mère en devient le tuteur légal. C'est elle qui l'emmène à l'église, qui l'aide à faire ses devoirs, qui l'élève dans ses valeurs morales. Il apprend beaucoup, il grandit, se développe. Curieux et touche à tout,  les idées germent, et avec elles, les plus grandes bêtises. C'est un bon garçon, studieux, discret, ouvert à son prochain.
Sa mère s'en est allée, pour de bon cette fois. Elle ne revient plus. Enfin, si: lorsqu'elle a besoin d'argent. Mais elle obtient rarement ce qu'elle vient quémander: la famille est pauvre, le frigidaire est faiblement rempli. Heureusement, le potager et les volailles permettent de subvenir aux besoins en cas de crise.

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L'adolescent, âgé de quinze ans, tient la tête bien basse à l'enterrement de sa génitrice. Le silence est présent alors que le prêtre termine son office. Il n'y a pas grand monde; juste lui et sa grand-mère. Il fait moche, c'est l'hiver. Antoni ne le montre pas, il reste stoïque, le visage fermé, mais il souffre. Elle avait beau être absente, c'était sa mère. Il l'aimait. Vraiment.
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Dans le bus pour aller au lycée, dans la ville la plus proche, il y a cette fille. Cette fille qui s’assoit à côté de lui, et qui l'attendrit, qui s'intéresse à lui. Il la regarde, il l'apprécie, mais il n'est pas attiré. Il ne l'aime pas. Cependant, quelques mois plus tard, ils terminent tous deux dans le même lit. Une première fois, suivie par d'autres, qui finissent par faire comprendre à Antek que non, il n'aime pas l'acte charnel. Il n'en veut pas. Et ce n'est pas la faute de cette fille.  Cependant, il ne se pose pas davantage de questions à ce sujet. Ce n'est pas sa priorité.

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Il comprend vite qu'il a la vocation. Cela vient peu à peu, mais avec certitude. Il n'a pas trop de craintes, et lorsqu'il parle à sa grand-mère de sa possible entrée au séminaire, celle-ci est fière et le soutient à fond.
Il a donc 24 ans lorsqu'il est ordonné prêtre. Il commence son ministère dans un village voisin de son village natal, ne perdant pas ses repères. Les débuts sont compliqués, très concentrés sur les écrits, il en oublie la communication. Mais le temps passant, il parvient à se faire une place dans cette paroisse pauvre et perdue. Les idées germent, certaines sont mises en place, d'autres rapidement abandonnées. Ainsi né un journal paroissial, un club sportif pour les enfants des alentours, des aides en tous genre. La vie est belle, tout se passe pour le mieux.

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Antek a 26 ans lorsque la surprise lui tombe sur le nez: il est envoyé à New-York. Il tente de dissuader son supérieur de cette décision, mais rien y fait: pour continuer à suivre sa vocation, il doit quitter sa grand-mère, et partir dans une ville à l'autre bout du monde. Il avait entendu parler de personnes envoyées ailleurs en Europe, mais de là à se rendre aux Etats-Unis? C'est étonnant, mais il ne peut qu'obéir. Il n'a que quelques semaines pour améliorer son anglais, et le voilà qui se retrouve dans cet avion. Son départ a été un déchirement, autant pour sa grand-mère, que pour ses paroissiens. Et pour lui.

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Antek commence à prendre ses marques, dans la grande pomme. Son accent polonais est très fort, ses homélies encore remplis d'erreurs de langage, mais il n'est pas seul, et commence à bien se débrouiller. Il y met en place ses idées, et ne recule devant rien, mais reste cependant très discret...et très désorganisé.