te voler quelques baisers (vax)

elle échappe à jax d’une pirouette en se glissant dans la douche, se demandant encore s’il désire qu’elle parte. elle en a bien l’impression, il faut dire. il a l’air de s’être fermé et d’attendre son départ d’un air renfrogné. leur belle relation sans attaches, elle est gâchée. des paroles impossibles à ravaler ont été échangées. des déclarations et des questions qui tourneront dans leur tête longtemps. mais elle est toujours là, pour lui. parce qu’il lui a demandé. et elle reste parce qu’elle ne peut pas abandonner cette relation fougueuse qu’ils entretiennent. c’est trop unique, trop passionné, trop… elle se répète dix fois de ne pas abandonner, de ne pas se sécher, mettre son pantalon et partir en courant. vanille, c’est le genre à ne jamais battre en retraite et ce soir elle ne veut pas partir avec des non-dits. elle le fixe, lit en lui comme dans un livre ouvert. lit sa fatigue, son agacement, sa… tristesse ? et par-dessus tout son découragement. et elle n’arrive pas à compatir, malgré le pincement au cœur qu’elle ressent. parce qu’après tout, c’est lui qui l’appelle à l’envie et ne lui donne pas de nouvelles pendant des semaines. lui qui refuse de s’ouvrir sur sa vie. c’est lui, qui leur fait mal. elle se mord la lèvre en se disant qu’elle aurait dû inverser la dynamique ce soir et ne pas lui répondre. mais merde, elle est pas comme ça, vanille. trop gentille, trop empressée, trop… conne ? elle se masse la nuque, sent ses muscles éreintés gémir sous ses doigts. elle pose la question et le sent prendre une inspiration avant de répondre. se sent rougir légèrement pour une fois, comme une adolescente émue. elle se sent ridicule, merde. elle se savonne doucement en écoutant sa réponse, qui relève finalement plus d’une question et surtout d’un moyen d’éviter d’avoir à se livrer. tu t'es jamais dit il m'aime bien mais je vais crever dans un an donc ça lui fait peur ? elle laisse échapper une légère buée de ses lèvres à demi ouvertes, le visage lisse, seul signe que la question la trouble et la prend au dépourvu. beaucoup d’informations en une seule question. il l’aime bien. il. l’aime. bien. il craint qu’elle ne lui file entre les doigts et disparaisse, il… elle se sent bête, vanille. se dit qu’elle a peut-être mal jugé jax, elle qui pensait n’être qu’une nana parmi de nombreuses filles à venir visiter cette piaule. peut-être qu’elle est plus que ça ? ou peut-être qu’il ne fait que la piquer à son tour. elle dépose une pleine main de mousse sur le crâne du garçon et commence à lui masser les cheveux doucement à l’aide du shampooing, ouvre l’arrivée d’eau chaude pour le rincer ensuite. ils ont toujours eu ça, cette intimité naturelle et immédiate. elle soupire avant de lui répondre. "si, ça m’a traversé l’esprit." laisse courir ses doigts sur les omoplates du garçon, prémices d’un léger massage. "mais j’avais aussi l’impression que tu étais capable d’arrêter de me parler du jour au lendemain et donc… que je n’importais pas tant que ça. tu m’en veux d’être un peu perdue, jax ?". visage du jeune homme qu'elle prend dans ses mains, deux doigts sous son menton, avant de déposer un baiser furtif sur le coin de sa bouche. il lui fera toujours de l'effet, ça au moins ça ne changera pas.

elle peine un peu à retrouver le sourire, c’est sûr. et elle s’engueule toute seule dans sa tête, vanille, en se disant qu’elle fait toute une montagne d’un tout petit truc. après tout, jax, il ne lui a jamais rien demandé ou promis quoi que ce soit. alors pourquoi est-ce qu’elle est rongée par les questions ? pourquoi est-ce qu’elle a envie de le planter là et de ne pas retourner ses appels – et encore, il est probable qu’il ne la rappelle pas. elle a la lèvre qui tremblote et elle est bien contente qu’il ne puisse pas la voir, puisqu’elle se place derrière son dos pour recouvrir ses cheveux de mousse. elle se mord l’intérieur de la joue pour ne pas flancher, se dit que jax, il n’a pas de respect pour les gens qui se laissent aller. et puis il se retourne et il lui mange la bouche, ballet de langues qui s’enroulent et se carressent pendant quelques secondes. elle aurait préféré que le sale gosse s’abstienne parce que cet échange intime ne fait que raviver la flamme qui brûle au creux de son ventre. elle se décide à se laisser un peu aller. après tout, faire la femme forte ne lui a pas apporté grand chose de positif dans ses relations précédentes. elle a eu deux mecs dans sa vie, vanille. qu’elle a laissés partir en gardant la tête haute : résultat, elle est mourante est seule. bilan en demi-teinte, non ? alors elle le laisse la barbouiller de shampooing et renverse la tête en arrière en riant. qu’il comprenne que c’est bon, elle a fini de bouder. et puis elle pose les yeux sur le flacon couleur pêche auquel jax jette un furtir coup d’œil. écarquille les yeux une seconde, décide de ne pas y voir d’indice sur une éventuelle copine officielle. parce qu’elle est pas comme ça, vanille. laisser d’autres nanas toucher à jax, bien sûr, ils ne se sont rien promis. mais continuer à le voir en sachant qu’il a donné à quelqu’un des raisons d’attendre son exclusivité, c’est une autre histoire. elle cherche des réponses dans le regard insondable de jax, qu’il pose d’ailleurs partout sauf sur elle. les coins de sa bouche se sont légèrement affaissés et ce détail n’échappe pas à vanille. et toi tu m'en veux de fréquenter d'autres filles ? elle lui attrape le menton, le force à relever la tête pour planter ses yeux dans les siens. "non, jax. je te le promets. je serais pas là si c’était le cas." elle caresse lentement la mâchoire bien dessinée du jeune homme avant de diriger le jet d’eau sur sa nuque, pour le rincer. elle est pas conne, vanille, mais malgré ses soupçons, elle ne le force pas à parler de quoi que ce soit. ça viendra un jour si ça doit venir. elle veut qu’il sente qu’il peut lui confier ce qu’il veut, qu’il n’y aura pas de colère, de jugement ou de larmes. que s’il a une copine, ils en parleront sans qu’il n’y ait de tension, pour arriver à la solution qui paraîtra la meilleure. mais le pousser, jamais. elle finit de le rincer et attrape la serviette pliée sur la commode attenante à la douche pour la lui passer. "tu veux que je reste dormir ou que je rentre ?" question ouverte pour ne pas l’obliger à choisir la première option, il a besoin de son libre-arbitre, jax. elle commence à bien le connaître, la brunette.

elle voit bien qu’elle le déstabilise toujours un peu, jax. ce gros ours qui tient bien moins fermement sur ses pattes qu’il ne le laisse penser. elle caresse son visage, sa nuque, prend son temps – il est bien trop sauvage pour qu’elle ait souvent l’occasion de lui montrer son affection, autant en profiter quand elle le peut. il commence à s’y faire et à apprécier. elle lui décoche un petit sourire triomphant, après tout qui est-il pour résister à tant de câlins. il faudrait être fou pour refuser une douche sensuelle avec une jolie fille, ou en tout cas il faudrait que lui soit fou. elle le connaît bien plus qu’il ne le croit, jax. elle a compris son penchant pour les femmes et son incapacité à se retenir lorsqu’elle se tortille nue devant lui. et puis elle se recule un peu et c’est fini. le pommeau de douche lui est arraché après quelques secondes de bagarre joueuse, elle ne va pas se laisser faire si facilement. elle lui passe leau dans le cou et lui tend le linge gris qui pend au porte-serviette, le regarde se sécher méthodiquement en se demandant s’il a conscience qu’elle est exigeante avec les hommes. à lui, elle passe beaucoup de choses, c’est vrai. mais quand il s’agit d’autres hommes, elle est extrêmement difficile. deux relations sérieuses dans sa vie, pas vraiment d’autres liaisons charnelles, la qualité plus que la quantité. est-ce qu’il pense qu’on peut l’avoir en un dîner aux chandelles ? lui a-t-il demandé tout à l’heure si elle voyait quelqu’un d’autre parce qu’il la croît ouverte et frivole, parce qu’il s’imagine qu’elle embrasse le premier venu, qu’elle… ce serait vexant, un peu. mais lui faire comprendre le contraire flatterait trop l’égo du sale gosse qu’il est, alors elle lui demande si elle reste dormir sans lui préciser l’évidence. elle ne se fait pas des petites pyjama partys avec mille gars, il est le seul à avoir cet honneur ces derniers temps. la question semble pertinente même s’il semble la trouver futile. oui, il a peut-être – sûrement – très envie qu’elle reste. mais dans le cas contraire, elle aurait l’air de la dernière des lourdes à imposer sa présence. elle le suit alors qu’il se dirige vers le salon et saisit discrètement son sac à main, s’enferme cinq minutes dans la salle de bain le temps de prendre sa tension – ce qu’elle doit faire tous les jours pour vérifier que son cœur se comporte comme il devrait. et après chaque effort physique, en théorie. elle n’a pas pris le temps avant la douche, après avoir fait l’amour avec jax, et elle est soulagée de s’apercevoir qu’il bat à un rythme plutôt régulier et qu’il ne s’est visiblement pas affolé comme il le fait trop souvent. ce vieux cœur usé qui lui donne parfois l’impression d’avoir quatre-vingt ans. elle respire à grandes bouffées et range son matériel, se demande ce qui l’attend quand elle aura franchi la porte qui mène au salon. elle prie pour que jax soit toujours de bonne humeur, lui qui change si vite d’état d’esprit. elle ne comprend toujours pas pourquoi il hausse les sourcils quand elle évoque l’éventualité de rentrer sans passer la nuit avec lui, comme s’ils étaient une évidence, alors que rien n’est évident, entre eux. les événements de la vie font que tout est trop compliqué, qu’ils ne deviendront jamais quelque chose de tangible. mas il y a ce lien presque physique qui les oblige à se heurter l’un à l’autre sans cesse, comme deux aimants. tiens, elle le rejoint sur le tout petit balcon qui donne sur une rue minable et probablement un peu glauque à cette heure, nue sous la lumière des lampadaires, pour rapprocher sa bouche de la sienne et le laisser souffler la fumée de cigarette qu’il consomme entre ses lèvres à demi ouvertes. elle fume rarement seule, la belle, mais c’est toujours un moment agréable avec un homme. faire l’amour, se doucher, fumer nue, dormir. elle le laisse s’éclipser dans sa chambre avant d’enfiler son string, insouciante des gens qui pourraient la regarder depuis l’extérieur. qu’ils en profitent, pour ce qu’elle en a à faire. elle répond à jax depuis le salon, sans le voir, sentant pourtant le souci dans sa voix. ah, au faite, ma petite soeur va venir vivre chez moi, alors, on se verra plutôt chez toi dorénavant si ça te dérange pas ? "je comprends, pas de problème. un de mes colocs sera probablement assez mécontent, il a une dent contre moi, mais il devra s’habituer, non ?" elle sous-entend presque inconsciemment que jax va passer beaucoup de temps dans cet appartement qu’elle partage avec deux garçons – en a-t-il l’intention ou ne se reverront-ils que peu de fois avant sa mort, elle l’ignore. le rejoint sur le lit, s’allonge gracieusement à plat ventre, la pointe des pieds caressant les plis du drap. "je vais mener l’existence la plus belle possible jusqu’au bout et si ça passe par m’engueuler avec un coloc râleur qui interdit que je baise dans mon propre appartement, tant pis pour lui." sourire rieur, elle a dit baiser au lieu de faire l’amour. ne jamais effrayer jax. surtout pas avec des grands mots.

vanille se blottit dans la couverture, s’enroule confortablement. elle remarque les sourcils froncés de jax à l’idée qu’ils doivent trouver un endroit où se voir, devine qu’il doit songer au plan b, prendre une chambre quelque part. elle ne l’a jamais fait – peut-être au lycée avec son copain qui n’était pas au goût de son père ? aucun souvenir en tout cas. se demande comment elle se sentirait si une chose pareille devait arriver. difficile à dire. comme une pute ? être l’amante d’un garçon comme jax et occuper un lit pour deux heures avant de repartir chacun de son côté, c’est vraiment trop limite. non, elle se battra avec slim pour avoir le droit de le fréquenter chez elle. hors de question qu’elle revienne ici et manque de respect à la petite sœur du jeune homme. elle est trop gentille pour ça, vanille, et elle se doute bien que personne n’apprécierait que son frère fasse crier une jeune femme dans son lit en son absence. elle réfléchit à toutes ces options – peut-être que jax insistera un jour pour parler d’elle à sa sœur, pour lui offrir le droit de la rencontrer. ça n’a pas l’air d’être son genre, cela dit. elle termine sa phrase la tête ailleurs et doit elle-même se remettre dans la conversation une fois sa tirade terminée. après tout, la fatigue se fait sentir. pourquoi t'as besoin de colocs ? en plus pourquoi deux hommes ? "qui t’a amené ici pour me tourmenter de questions ? satan ?" elle tire la langue, se moque gentiment. "j'ai pas besoin de colocs, jax. c’est juste que le prix d’un studio est clairement hallucinant et que c’était l’affaire du siècle. je suis pas timide alors j’allais pas écarter l’annonce sur un motif bidon." il se radoucit un peu, se reprend. enfin, ce que je veux dire c'est les femmes préfèrent toujours êtres entre elles, mais pas toi.  elle considère la remarque un instant, il n’a pas tord. "mais moi je préfère les filles aussi, c’est juste que…" que l’amitié est dénuée de toute ambiguïté avec ryder ? c’est complètement faux. que son deuxième coloc est gay et très ordonné ? tout l’inverse. alors quoi ? "c’est surtout que j’ai du caractère alors je sais réfréner leurs ardeurs – et puis ils ont un peu peur de moi, je suis trop différente des gens qui occupaient ma chambre avant je crois ! je peux totalement les gérer." elle sourit, se demande ce qu’elle doit penser de ce soudain intérêt pour sa colocation. un peu de possessivité mêlé à une envie de faire la conversation ? peut-être. et elle comprend qu’il soit intrigué – elle aussi aurait refusé de cohabiter avec des garçons auparavant. avec deux – dont un particulièrement relou, encore plus. mais elle a bien changé, vanille. elle s’est détendue au fur et à mesure que la maladie progressait. pas le temps pour les caprices. elle ferme les yeux, envahie doucement par le sommeil. se dit que jax doit tenter de déterminer s’il devrait les craindre ou ne pas être impressionné par les deux garçons qu’il ne connaît pas. s’ils vont la distraire et la détourner de lui. elle se blottie contre lui, la tête sous son menton, la mâchoire de jax posée sur le haut de son crâne, sa bouche dans son cou. murmure un petit "désolée d’être désespérée, bizarre et de gratter ton amour en ce moment. ça va probablement me passer." avant de s’endormir, sa poitrine se collant au torse du jeune homme, les mains jointes dans son dos.